Le démon
Le démon, presque
adossé à l'arc de soutien de la voûte se rapproche, selon Jean-Claude SCHMITT, du monstre
de Pervillac dans le Quercy, et tient vraisemblablement comme ce dernier une
massue ou tout autre objet permettant de frapper les pécheurs que l'on
devine à sa merci en contrebas. Son corps est velu, couverts de touffes de poil
brossées à gros traits noirs, la cuisse droite disparaît derrière la tête du
personnage partiellement découvert. Il n'a pas de sexe,
mais son caractère ithyphallique est suggéré par le fouet dressé de sa queue.
Ce sont surtout les traits de sa tête qui imposent sa lubricité, du groin à
la langue projetée, de la trompe frontale à l'oeil fortement contrasté, alternant
cercles noirs et fond très clair. les principaux caractères du monstre sont de type ursin (station debout, corps hérissé de poils, dextérité des membres supérieurs, lubricité suggérée), et sa connivence avec le Diable illustrent parfaitement à notre avis le propos de Michel Pastoureau, L'ours, histoire d'un roi déchu, Ed. du Seuil, Paris, 2007.
Du personnage dont
la tête se place dans l'entrejambe du démon, positionnement qui accentue encore
cette attitude obscène, nous pouvons imaginer qu'il est plongé dans un chaudron
d'où jaillissent les flammes qui lèchent son corps. L'extrémité de cette marmite
infernale de couleur ocre est visible au pied du sabot gauche du monstre. Il
s'agit peur-être d'un personnage féminin, en raison d'une épaule
très arrondie, très peu marquée. Les cheveux sont courts, l' épaule et le bras
sont nus, mais le sein gauche est masqué, sans qu'on puisse établir la nature
de ce premier plan.
Trois étoiles à six
branches assez peu géométriques parsèment le décor : curieusement l'une semble
en avant-plan (devant la jambe du démon, mais il s'agit peut-être seulement
d'une impression liée à l'effacement presque complet à
cet endroit de la jambe du démon), les deux autres, au niveau de la poitrine
et de la cuisse, paraissent avoir été peintes en premier sur le
mur.
Le ventre du démon
comporte une énigme. Un travail d'agrandissement au scanner à ce niveau montre
un oeil dissymétrique assez nettement dessiné. Un point noir entouré d'un petit
cercle sur fond clair apparaît également un peu plus bas. Il n'y a pas d'explication
complètement satisfaisante de ces détails. L'hypothèse d'un nombril ou de l'esquisse
d'un autre décor ne semble pas devoir être retenue. Laissons-nous donc aller
à notre imagination : l'artiste aurait voulu inclure une peinture dans sa peinture
(au siècle suivant, Arcimboldo en fera profession jusqu'au maniérisme). Disposons
l'agrandissement à l'horizontale, on devine alors les contours d'un poisson
dont le corps se confond avec la cuisse droite du monstre tandis que les flammes
de l'enfer deviennent ondulations marines où évoluent des étoiles de mer ...
(Claude RIBEYROL)
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