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L’Estat de L’Eglise du Périgord depuis le christianisme,

 

(2ème volume)

 

par le R.P. Jean Dupuy, Récollect

 

A Périgueux,

par Pierre & Jean Dalvy Imprimeurs

& marchands libraire, 1629,

avec approbation.

 

 

Table des matières.

 

 

Arnaldus Vitabrensis, Evesque. ― Guillaume, Duc d’Aquitaine.

1

Geraldus de Gordonio, Evesque. ― Guido Duc d’Aquitaine.

9

Guillelmus de Monteberulpho, Evesq. ― Guill. Geoffroy Duc d’Aquitaine.

14

Reginaldus De Tyberio, Evesque. ― Guill. Geoff. 8. Duc d’Aquitaine.

20

Guillelmus de Albaroca, Evesque. ― S. Guillel. IX, Duc d’Aquitaine.

26

Guillelmus de Nauclard, Evesque. ― S. Guillau. IX, Duc d’Aquitaine.

35

Gaufridus de Cauzé, Evesque. ― Louys VII, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

44

Reymondus de Maiolio, Evesque. ― Lovys Le Jeune, Duc d’Aquitaine.

46

Joannes d’Asside, Evesque. ― Henr. II. Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

55

Petrus Minetis, Evesque. ― Richard, Duc d’Aquitaine.

59

Adzemarus, Evesque. ― Richard, Duc d’Aquitaine.

64

Radulphus de Turribus, Evesque. ― Phil., Roy de France & Duc d’Aquitaine.

73

Raymundus de Pons, Evesque & Cardinal. ― Louys VIII, Roy de France & Duc d Aquitaine.

80

Petrus de S. Asterio, Evesque. ― S. Louys, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

83

Helias Paletisis, Evesque. ― Henry IV, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

93

Raymundus Dauberoche, Evesque. ― Edouard, Roy d’Angl. & Duc d’Aquit.

95

Audoinus, Evesque. ― Philippe, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

100

Raymundus, Evesque. ― Edouard II, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

104

Petrus, Evesque. ― Edouard III, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

107

Raymundus, Evesque. ― Edouard III, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

107

Guillelmus, Evesque. ― Edouard III, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

111

Petrus Evesque. ― Edouard, Prince des Galles & Duc d’Aquitaine.

117

Gabriel, Evesque. ― Henry IV Roy d’Angleterre, Duc d’Aquitaine.

128

Raymundus Joannes, Evesque. ― Henry IV Roy d’Angleterre, Duc d’Aquitaine.

128

De Bretenous Evesque. ― Henry IV, Roy d’Angleterre, Duc d’Aquitaine.

128

Berengarius, Evesque. ― Henry V, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

130

Elias Serven, Evesq. ― Charles VII, Roy de France, Duc d’Aquitaine.

136

Petrus de Durfort, Evesque. ― Charles VII, Roy de France, Duc d’Aquitaine.

136

Raymundus Laubariensis, Evesq. ― Charles VII, Roy de France, Duc d’Aquitaine.

136

Godefridus Berengarius darpajou, Evesq. ― Charles VII, Roy de France, Duc d’Aquitaine.

136

Elias de Bourdeille Evesque, Cardinal. ― Charles VII, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

140

Radelphinus, Evesque. ― Louys XI, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

153

Godefridus de Pompadorio, Evesque. ― Louys XI. Roy de France.

158

Gabriel Dumas, Evesque. ― Charles VIII, Roy de France.

158

Godefridus de Pompadorio, Evesque. ― Louys XII, Roy de France.

158

Joannes Auriens, Evesque. ― François I, Roy de France.

164

Guido de Castro-Novo de Bretenous, Evesque. ― François I, Roy de France.

164

Jacobus Murisso de Castro-Novo, Evesque. ― François I, Roy de France.

164

Joannes de Plagnies, Evesque. ― François I, Roy de France.

167

Fulco de Bonneval, Evesque. ― François I, Roy de France.

171

Claudius Givry, Evesque, Cardinal. S. R. E. ― François I, Roy de France.

171

Joannes de Lustrac, Evesque. ― Henry II, Roy de France.

174

Godefridus de Pompadour de Chasteau Bouchet, Evesque. ― Henry II, Roy de France.

174

Guido Bouchard d’Aubeterre, Evesque. ― Henry II, Roy de France.

174

Augustinus de Trivulcis, Card. S. R. E., Evesque. ― Henry II, Roy de France.

174

Petrus Fournier, Evesque. ― Charles IX Roy de France.

182

Franciscus de Bourdeille, Evesque. ― Henry III, Roy de France.

206

Joannes Martin, Evesque. ― Henry IIII, Roy de France.

216

Franciscus de la Beraudiere, Evesque ― Louys XIII, Roy de France.

219

Advertissement aux catholiques de ceste province sur le profit qu'ils pourront

recueillir de la lecture de cét opuscule.

228

Sancti provinciae Petrochorensis.

234

Diptyca Episcoporum Petrochorensium.

235

Capitula dioecesis Petrochorensis

236

Archidiaconatus.

237

Abbatiae

237

Praepositurae

237

Archipresbiteratus

237

Prioratus

238

Conventus

239

Les roys d’Aquitaine, depuis l’an 419 jusques à 852 suivant les Annales d’Aquitaine,

& la Chronique Bourdeloise.

239

Ducs d’Aquitaine François depuis l’an 852 jusques à 1137

240

Ducs d’Aquitaine Anglois jusques à l’an 1200

240

Les comtes du Perigord, recueillis des livres de Piton, Choppin, Corlieu, Belloy, Meynard,

Catel, & tiltres de la Generalité de Bourdeaux, de la maison de ville de Perigueux,

de Nerac, & des plus anciennes noblesses.

241

Notes critiques et historiques sur l'ouvrage du P. Dupuy par M. l'abbé Audierne

243

 

 

 

 

 

 

― Page 1 ―

 

Arnaldus Vitabrensis, Evesque.

Guillaume, Duc d’Aquitaine.

 

Le Successeur de Rodolphus (en marge: L’an de Jesus-Christ 1014) fut Arnaud de Vitabre, qui la mesme année receut la chaire du Perigord (en marge: Chenu. Gal. Chri. Ma. sc.), & fut sacré Evesque à S. Benoist de Nantueil (en marge: son sacre) par Seguin jadis Moyne, & pour lors Archevesque de Bourdeaux, avec d’autres Evesques. Estant promeu à l’Episcopat il se rendit reccommendable & pour la paix & pour la guerre, pour le spirituel & temporel. l’Année d’après son ordination il fut convoqué à la consecration de l’Eglise du Monastere d’Userche (en marge: Eglise consacrée), qui fut consacrée par Guillaume Duret, Evesque de Lymoges, où il faut remarquer que desja les Chrestiens, suyvant l’ancienne religion, pour les dédicaces des Eglises, avoient acoustumé de faire un grand convoy, pour rendre l’action plus magnifique (en marge: Magnificenses). Baronius (en marge: Baro. an. 393, Ex Sozon. lib. 8 c. 17) l’observe mesme dés l’an 393 ce qui ne se faisoit sans une grande despence (en marge: Et Greg. mag. ep. 54; vid. conc. Aurel.), mesmes avec dons, & li­beralités generales, envers les pauvres. La solemnité presente fut faicte à la faveur de la paix, dont l’Eglise jouyssoit en Aquitaine (en marge: 1017 Heretiques), laquelle

 

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neantmoins l’ennemy vouloit desja troubler, y envoyant quelques hérétiques (en marge: Ex frag. hist. aquit. ex Pit. ma. sc.), où plustost Epicuriens, environ l’an 1017 pour estre avancoureurs de la doctrine des Petrobrusiens & Albigeois qui quelque temps apres infesterent plusieurs quartiers du Perigord, comme nous dirons.

Guillaume 6. Duc d’Aquitaine mourut l’An 1025 (en marge: Guido 7. Duc daq.) son frere Guy succeda (en marge: 1025), & se rendit recommendable en son zele, lors qu’une partie du chef de Sainct Jehan Baptiste, praecurseur de Jesus-Chrift, fust trouvée au monastere d’Angeraye, où Angery, dans un cercueil de pierre (en marge: La teste Sainct Jean Baptis.): car il convoqua de toute l’Aquitaine tous les ordres re­ligieux pour venir honnorer ce Sacré reliquaire, auquel lieu non seulement les Aquitaniens vindrent par devotion: mais encore les peuples de France, de Bourgongne, de Bretaigne, de Lombardie (en marge: Extat. post vit. Rober. in apend. ad glab.), & quod etiam magis videtur, omnes congregationes sermorum Dei ex Aquitania cum sanctorum corporibus & reliquiis, & apparatu ecclesiastico psallentes processerunt ad memoriam sancti praecursorum Christi dict un fragment de l’histoire d’Aquitaine (en marge: Processions). Il ne faut poinct doubter qu’il n’y faille comprendre les communautes religieuses du Périgord à cause du voisinage (en marge: Bar. hoc anno; Dupl. to. 2 p. 35), quoy qu’ils n’y pareussent avec la magnificence des moines de S. Martial de Lymoges.

Je crois aussy qu’a ce temps le comte de Perigord Gérard estoit mort (en marge: Corl. chron. eng. Meynard arr; li. 9), son fils aisné Elie luy succede à la charge (en marge: Crime Sacrilege), & pleust a Dieu qu’il eut

 

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hérité lintegrité de son pere (en marge: Elie Com. de Per.): car au contraire il se treuve coulpable d’un crime tres noir. Cest que Ebles Evesque de Lymoges frere, où selon Guydonis oncle de Guillaume Duc d’Aquitai­ne (en marge: Guido in tab. ep. Lemov.), estant desja cassé de viellesse, nomma pour Evesque & son coadjuteur Benoist, qu’il avoit eslevé des son bas aage, à ce qu’il eut ladministration de l’Evesché, auquel il luy succederoit apres sa mort. Elie ne pouvant supporter qu’un sien ennemy fust eslevé à cette dignité, luy dresse une embuscade, le prent & le tenant en prison luy creve le yeux, le relaschant apres telle cruauté. Duquel forfait Ebles eut eu reparation, poursuivant le Comte criminelement (en marge: Annal. du Bou. 3 p. c. 1); mais bien tost apres il mourut en l’abbaye de S. Michel en lair; le Comte peu après bourrellé de la synderese, se resolut pour expiation de son crime sen aller à Rome demender au S. Pere labsolution de son peché (en marge: Penitence); & lors qu’il y alloit en habit de pénitent, il mourut par les chemins (en marge: Ma. sc. S. Anth.). Dautre part il fit battre dans la ville certaine monoye nommée, Helianensis, laquel­le après sa mort causa beacoup de troubles & fut descriée par l’Evesque comme nous verrons. Dans la mesme Année 1025 soubz le regne de Robert Roy de France (en marge: 1025) l’abbaye de Tourtoyrac en Perigord fust fondée par Guido Vicom­te de Lymoges & Imma sa femme (en marge: Abbatia Tortoyracensis fundatur Anno 1025), en consideration d’un de leurs enfans Richard qui fut le premier Abbé de ce lieu, ses freres Ademarus avec Senegundis sa femme; & Pierre avec Sulpi-

 

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cia sa femme, contribuerent notablement à ceste saincte action pour honorer l’Ordre de S. Benoist, auquel lieu plusieurs bons Religieux randirent leurs voeus (en marge: Ma. Sc. Cartul. dioeces. Petroch.). L’ancien Cartulaire du Dioceze nous marque, que jadis il y avoit les Offi­ces suivens, le Prieur claustral , le Sacrestain, le Camarier & 34 Moynes, Stephanus fut le seçond Abbé, toutes aultres memoires sont perdues dans les ruines generales du catholicisme.

Revenons à l’Evesque Arnaldus lequel, à ce que je crois, nous trouverons à Lymoges, à lassemblée des Evesques convoqués pour leslevation du Corps de S. Martial, & la consecration de l’Eglise S. Estiene (en marge: Sacre d’Eglise), l’An 1018 au moys d’Aoust, au rapport de Gaufredy, & comme portent les actes de ceste assemblée où concile: je dis avec beaucoup de probalité (sic) que nostre Evesque y assista pour lors, puis que la mesme année au moys de Novembre nous le trouverons dans la solennité faite pour l’Eglise royale de S. Sauveur, bastie par Pepin, comme il appert par l’inscription du sacre, portant le nom d’onze Evesques desquels Arnaldus est le 4 (en marge: Inscrip. Lemov. cons. 1028) (en marge: Adsistans).

ANNO DOMINI 1018. CONSACRATA EST BASILICA REGALIS SALVATORIS LEMOVICAE, V. CAL. DECEMBRIS, IDQVE AB EPISCOPIS VNDECIM. IORDANVS LEMOVICENSIS, IZEMBERTVS PICTAVIENSIS, ROHO ENGOLISMENSIS, ARNALDVS PETROCHORENSIS, PETRVS GERVNDENSlS, DEODATVS CADVRCENDIS, AEMILIVS ALBIENSIS, ARNALDVS ROTENENSIS, FVLCO

 

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CARCASSONENSIS, ELVS SANTONENSIS, GODEFREDVS ARCHIEPISCOPVS BVRDIGALENSIS. HOC FACTVM EST IN TEMPORE ROBERTI REGIS FRANCORVM; ET IMPERATORVM CONSTANTINI GRAECORVM, ET CONRADI ROMANORVM.

 

Je trouve aussi qu’en la mesme année, ce bon Evesque fut au convoy funebre de Guillaume Taillefer, Comte d’Angolesme, suivant la remarque de Corlieu (en marge: Corl. chr. Engol.). Quittons Engolesme pour passer à Bourges (en marge: Consiles), & y veoir comme un concile d’Evesques y est assemblé du nombre desquels estoit nostre Evesque l’An 1034 le 3 du moys de Novembre (en marge: 1034), pour faire plusieurs bons reglemens Ecclesiastiques, & remedier a beaucoup d’incidens; mais je soubsçonne fort qu’is forgearent là certains articles, qui sentent trop leur rigeur & severité, qu’ils vouloient auctoriser soubs pretexte de zele (en marge: Glaber. lib. 4 ch.), & pour obeir à quelque pretandüe revelation que quelqu’un de ces bons Evesques disoit avoir eu, lesquels arti­cles du despuis furent casses. Repassons à Ly­moges au jour anniversaire du sacre de l’Eglise S. Sauveur pour veoir vn 2. Concile provinci­al auquel les Evesques sont convoqués (en marge: Ex act. cons. 2 Lemov.), premi­èrement pour acoiser les troubles & seditions esmeuës contre les Ecclesiastiques par les perturbateurs du repos public (en marge: Tom. 3 cons. p. 2). La première seance fut conclue par une estrange commination (en marge: Conclusions), contre tous ceux qui enfreindroient la pais publicque, & seroient recogneus autheurs des seditions, les Evesques commandans au Diacre qui avoit leu

 

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l’Evangile, de lire hault & clair la presente malediction (en marge: Excommunication) (en marge: Act. ep. Cad. sub. Deod. Episc.). Ex authoritate Dei patris omnipotentis & filii & spiritus sancti, & Dei genitricis Mariae, & S. Petri Apostolorum principis, & beati Martialis, & aliorum Apostolorum, atque omnium Sanctorum Dei, nos Episcopi in nomine Dei secialiter congregati Aerno Archiepiscopus Bituricensis Jordanus antistes Lemovicensis, Stephanus Aniciensis, Rorico Arnernensis, Ragamundus Mymatensis, AEmilius Albiensis, Deus dedit Cadurcensis, Izembertus Pictavienfis, Arnaldus Petragoricensis, Roho Engolismensis: ex communicamus illos milites de isto Episcopatu Lemovicensi, qui pacem & institiam Episcopo suo firmare, sicut ipse exigit nolunt, aut noluerunt. Maledicti ipsi, & adiutores eorum in malum, &c. (en marge: Ex. Glab. lib. 4) Pour lors les Evesques jetterent en terre & estegnirent les cierges qu’ils tenoient allumés; exhortans au-surplus les peuples à garder la paix & concorde avec leur Evesque. La seconde seance fust pour donner conclusion au grand debat survenu pour le tiltre d’Apostre donné à S. Martial (en marge: Nom d’Apostre), premier Evesque des Lymosins. Contraste qui avoit du­plusieurs ans nonobstant la conclusion faicte au premier Concile tenu il y a cinq ans au mesme lieu (en marge: Scol. ser. Binij. in to. 3 Conc.), & renouvellée au Concile de Bourges, auquel les lettres du Pape Jean avoient esté leües, qui decidoient la cause, & declaroient qu’il meritoit le tiltre d’Apostre; & mesme avoit envoyé l’Oraison ou il estoit nommé Apostre. On faict en suitte lecture des 20 Canons soubscrits par eux à Bourges il n’y avoit que quelques jours,

 

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en outre l’on donna audience aux plaintes que l’Evesque proposoit (en marge: Plaintes). La première fut qu’un Comte de Tholose, puis Comte du Perigord & Vicomte de Combort, avoit par auctorite donné un Abbé laique à l’Abbaye de Beauvais (en marge: Baro. ex M. S. anno 1032 n. 2). Action qui fut detestée par tous les Evesques qui deposerent cet Abbé, disant ces beaux mots, Ecclesiastica officia non secundum carnis orignem, sed secundum meritorum virtutem distribui oportere. Se plaignoit aussi de ce que les excommuniez par les Evesques alloient demander au Pape l’absolution, & plusieurs autres particularitez rapportées dans le troisîesme tome des Conci­les (en marge: Vid. tom. 3 Conc. p. 2), le collecteur desquels l’a emprunte de Baronius, & Baronius partie de Glaber, partie d’un manuscript que j’ay eu nagueres entre mes mains, auquel plusieurs autres propositions sont contenues, lesquelles Baronius juge in­dignes des Evesques François, tant elles sont hardies contre le sainct Siège.

Il se presenta aussi à nostre Evesque une noble occasion en laquelle il fit paroistre son courage & sa vaillance au faict des armes contre les Normans (en marge: Faict d’armes), qui environ ce temps voulurent prendre terre à S. Michel en l’air, in sancto Michaele de Eremo, qui est au bas Poictou contre la mer avec leur fiere & cruelle resolution de venir encore un coup saccager toute l’Aqui­taine. Cet Evesque faict levée de gens d’armes, lesquels comme Capitaine il conduit au danger (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), & ayant joinct ses forces avec Guillaume

 

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Comte de Poictou, homme tres-vaillant: on livre la bataille contre l’ennemy, où les Normans furent presque tous taillez en pieces. Je trouve aussi que l’argent venant à manquer, à nostre Evesque pour l’entretien & solde de ses gens de guerre; il fut contraint d’engager à Anthoine Evesque de Lymoges l’Archiprestré d’Eyssideuilh pour quelque somme d’argent (en marge: Archiprestré engagé), avec laquelle il recompensa ceux qui l’avoient servy. Le vieux cartulaire remarque, que long temps par le peu de soing de l’Eglise du Peri­gord, cest Archiprestré a esté perdu & mis en oubly par ce Dioceze, sans qu’on fut soigneux de le rachapter & reunir comme il est aujourd’huy. Les anciens manuscripts suivis par Chenu (en marge: Chenut. in Ta. ep.) mettent la mort d’Arnaldus l’an 1036 le 14 Juillet (en marge: 1036): mais je le trouve encor en vie l’année après soubscrivant aux lettres du Duc d’Aquitaine Guillelmus (en marge: 1037), comme il se voit dans le cartulaire de S. Jean d’Angeric (en marge: Pet. Ma. Sc. S. Joan Angeriac). Il fut depuis ensevely (en marge: Mort) dans l’Eglise du Monastere Sainct Front, où reposoient les os de ses predecesseurs. (aa)

 

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Geraldus de Gordonio, Evesque.

Guido, Duc d’Aquitaine.

 

Apres la mort d’Arnaldus (en marge: L’an de Jesus-Christ 1037), Gérard fut mis en sa place (en marge: Chenu. Gall. Christ. ma. sc.): il gouverna cet Evesché tout autant de temps que son devancier; mais non avec pareil suc­cez: car le demon embraza & alluma une estran­ge querelle (en marge: Querelle) entre luy & le Comte du Perigord Audebert Cadoyrac (en marge: Audebert Cadoyrac Comt du Perig.), qui avoit succedé à Elie son frere mort au voyage de Rome sans laisser d’enfans (en marge: Comt. d’Angol. par Corl. Ma. sc; don. comm.). Voicy le subject de la combustion. L’Evesque voyant que le Comte Elie durant son vivant avoit faict battre de la monnoye qui avoit eu mise (en marge: Monnoye), peut estre parce qu’il avoit usurpé le pouvoir de l’Abbé de S. Front qui pouvoit faire battre monnoye comme j’ay veu en des pieces d’argent, où d’un costé il y a les ar­moiries du Chapitre, qui sont cinq ronds, & de l’autre une Croix, portant autour Ludovicus. Tant y a que l’Evesque descria le cours de la monnoye d’Elies, suivant la puissance judiciaire qui estoit pour lors aux Officialitez des Eves-

 

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ques. Ce qui anima tellement Audebert qu’impatient de cet affront, desja il met des gens en campagne pour aller assieger & prendre l’Evesque, qui sembloit avoir chocqué sa puissance. D’autre part l’Evesque ne pouvant supporter les ravages du Comte son ennemy & pour l’asseurance de sa personne met aussi des soldats sur pied pour s’opposer à ceste furie, jette des garnisons dans ses chasteaux Episcopaux bastis par Froterius contre les Normans l’an 980. Le desordre dura long temps, puis que l’Evesque pour entretenir ses gens sur pied & les soldoyer, fut contraint d’engager (en marge: Engagemens) & aliéner de sa mense Episcopale deux chasteaux d’importance, Agonac & Auberoche, lesquels furent desengagez du depuis, comme nous trouverons en peu de temps par les hommages rendus pour ces places aux Evesques à muance de Seigneur.

Guido septiesme Duc d’Aquitaine (en marge: Ann. aquit. Chron. Burd.) n’avoit guieres long temps vescu en son Duché (en marge: Duché), succedant à Guillaume teste d’estouppe, l’an 1025 (en marge: 1025) si que je conjecture que son fils Guillaume surnommé Geoffroy (en marge: Guil. Geof. Duc d’Aquitaine) estoit de present le huictiesme Duc d’Aquitaine 1’an 1045 (en marge: 1045).

Nous trouvons dans le Calendrier du grand livre de sainct Sillain (en marge: Ma. sc. S. Syll.) que l’an 1047 (en marge: 1047) l’Archevesque de Bourges Aymo consacra (en marge: Sacre d’Eglise) & dedia le grand Monastere de S. Front, Chenu (en marge: Chenu in Ta. ep. Pet.) l’appelle Aymo de Solliaco le cinquantiesme Archevesque de Bourges, adjoustant que pour lors il faisoit la visite de la province de Bourdeaux, comme

 

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Primat de toute l’Aquitaine, il faut advoüer qu’il s’est porté assez passionné en ceste cause, qui est en l’itispendance dés long temps, sçavoir-mon s’il falloit donner la primauté de l’Aquitaine à Bourges ou à Bourdeaux; car pour la Métro­pole sur les Evesques de la seconde Aquitaine, ceux de Bourges ne nous la disputent point; mais asseurent que le Primat ou Patriarchat est à eux; car le nom de Patriarche chez les Grecs est la mesme chose que Primat chez les Latins (en marge: Primace), suivant la docte remarque d’Azor (en marge: Azor. Just. moral. p. 3 c. 35), qui cite le chapitre Cleros dist. 21. & le chapitre Urbes dist. 80. & le chapitre Provinciae dist. 99 (en marge: Alberic. in Rub. de stat. hom.; Card. Alex. In cap. de sin. dist. 22). La dispute doncques de ce Patriarchat est en Litige dés long temps entre les deux Archevesques, comme il appert par le chapitre dernier de Majoritate & obedientia, & du chapitre exposuit, de dilatationibus tit. de dolo & contumacia; & a attiré plusieurs Docteurs à divers partis, chacun de son costé citant plusieurs rescrits des Saincts Peres, comme l’on peut voir dans Nicolaus Boerius (en marge: Boerius in add. ad tract. in m. conc. num. 14 p. 1) aux additions sur le traicté faict pour l’authorité du grand Concile. Je ne veux donc examiner si l’Archevesque de Bourges faisoit bien ou mal en ceste consecration, je diray en passant que tousjours lors que les Archevesques de Bourges ont voulu s’attribuer ces jurisdictions spirituelles sur la seconde Aquitaine: ceux de Bourdeaux ont reclamé specialement l’an 1052 & l’an 1024 comme il appert par la Chronique Bourdeloise (en marge: Chronic. Burdig.), qui cite aussi une

 

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definitive determination baillée par le Pape Cle­ment cinquiesme l’an 1036 (F.B. lire 1306). adjugeant le Pri­mat d’Aquitaine à l’Archevesché de Bour­deaux.

Je trouve qu’au mesme jour du Sacre de l’Eglise Sainct Front se rencontre le Sacre de l’Eglise cathédrale de S. Estienne (en marge: Chapitre Cathedral), je ne sçay pourtant s’il fut faict en mesme année, & par le mesme: l’antiquité du bastiment me donne à conjecturer que desja ceste Eglise estoit sur pied, quoy qu’elle soit esté bastie à diverses reprises, comme l’on peut voir à l’oeil, sans que nous sçachions ny ses fondateurs, ny ses ampliateurs, contents de dire qu’autres fois ce Chapitre a esté de l’Ordre régulier de Sainct Augustin; & puis que je suis sur ce subject je ne veux obmettre ceste ancienne inscription que nous voyons gravée dans la grande Nef au costé droict de l’Autel, qui fut admirée par le docte Jofeph Lescale estant à Périgueux avec le docte Pythou l’an 1583 (en marge: Josep. scul. 7. de emend. temp. papirius masso de not. Epis. Gall.) de laquelle inscription paschale il advoüe ne sçavoir la raison. Voicy ses mots rapportez par Papirius Masso, dans le Notitia Episcopatum Galliae. Neque causas scimus periodi cujusdam paschalis quam Petrachoriis vidimus una cum Pythaeo nostro, in dextro latere altaris Ecclesiae Majoris, insculptae erant dominici paschalis litterae, meliores quam ut longe infra tempora Justiniani descriptae videantur. Titulus ita conceptus erat. HOC EST PASCHA SINE TERMINO ET NUMERO. CUM FINIERIT A CAPITE REINCIPE.

 

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MARCIVS XXIIII. APR. XII. APR. IIIV. AP. XXIIII. MR. XXXI. AP. XX. & ITA, DEINCEPS IN FINE AUTEM. MR. XXVII. ... IIII. AP. XVI. MR. XXXI. AP. XX. Et mediocriter docto patet initium esse à Cyclo Paschali Dionisiano XVI. Solari XXIIII.

Parmy le calme de l’Eglise la ferveur des Evesques de ce temps se ralentit presque dans toute la France, plusieurs mauvaises coustumes se glissant insensiblement (en marge: Arag. de gest. Rom.). Le sacrilege des Symonies (en marge: 1055) infecta presque tous les Sièges Episcopaux, si que l’an 1055 le Pape Victor tousjours pere commun envoya Hildebrand à Lyon pour assembler un Concile notional (en marge: Epis. 45 Conc. Lugd.) & remedier à ces maux (en marge: Concile), comme de faict plusieurs Evesques Symoniaques se deposerent volontairement de leur charge, ayant veu le miracle qui arriva en la personne d’un d’entr’eux.

Je n’ay rien plus de particulier touchant cét Evesque, si ce n’est sa mort qui fut l’an 1059. Le XXI. Mars après avoir gouverné l’Eglise du Perigord vingt & deux ans quatre mois, & vingt & un jour (en marge: 1059; Mort), il fut ensevely au susdict Mo­nastere de S. Front.

Audebert le Comte du Perigort son andagoniste (en marge: Comtes) estoit desja mort (en marge: Corl. chron. Engol.), n’ayant de gueres survescu son frère Elie, & je croy que ce fut un juste jugement de Dieu, que celuy qui avoit si hostilement traversé le bon Evesque & tout le Clergé, qu’il devoit honnorer comme ses peres, fut troublé après son decez par les siens pro­-

 

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pres: car laissant son fils Bernard pour héritier du Comté, son frere Bozon (en marge: Bozon, Com. du Perig.), Comte de la Mar­che, ne pardonnant au sang & à l’amitié qu’il devoit à son nepveu, s’usurpa le Comté du Perigord par toute voye d’hostilité (en marge: Meyn. 3 par liv. 9 arr.), depossedant son nepveu; & comme un malheur par une entresuitte preste la main à un autre, il perit peu apres par poison qui luy avoit esté donné (comme il est à croire) par ses propres parens, laissant son fils Elie Comte de la Marche & du Perigord. (bb)

 

 

Guillelmus de Monteberulpho, Evesq.

Guill. Geoffroy, Duc d’Aquitaine.

 

Ce n’est pas grand’ merveille d’estre bon parmy les bons: mais de se rendre recommandable en saincteté dans un siecle perverty (en marge:Chenu. Gall. Christ. ma. sc. S. Anthon.); c’est une belle rose remarquable parmy les frimats de l’Hyver, qui attire sur son tein presque miraculeux les amours & les yeux de tous. Je dis cecy en faveur du sainct Prelat Guillelmus (en marge: L’an de Jesus-Christ 1059), qui l’an 1059 incontinent apres le decez de Gerard print

 

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possession de l’Evesché du Perigord, estant desja recommandable par son extraction (en marge: Origine) prinse de la maison illustre de Montberon en Engoumois, de laquelle sont sortis plusieurs Evesques, principalement pour Engoulesme (en marge: Che. in tab. ep. Engol.), Robertus l’an 1255 & un autre Robertus l’an 1420. Mais encor nostre Evesque fut plus remarquable par sa saincteté qui reluisoit comme un Soleil dans un siecle tout ténébreux, Nous avons veu com­me l’an 1055 le Pape Victor fit remedier a la symonie (en marge: Symonies) qui gastoit presque tous les Evesques de France, mais le remede fut seulement palliatif, & ne couppa le mal à sa racine: car l’an 1075 le Pape Gregoire (en marge: 1075) considerant l’estat de tous les Evesques de France (en marge: Desordres), Allemagne & Italie en est presque à mourir de regret, comme il se lamante dans une de ses epistres (en marge: Greg. pap. epist. 49 lib. 2). A peine dict-il, vois-je des Evesques legaux en leur entrée, & en leur vie, gouvernans le peuple Chrestien par l’amour du Chrift, & non par l’ambition du siecle &c. Si qu’estant agi­té de diverses tempestes. Quoquo modo moriens vivo. Je vis en mourant aucunement & comme en regret (en marge: Regret). Parmy le petit nombre de bons Evesques François de ce temps il faut mettre le nostre, puis que Dieu l’honoroit par plusieurs mira­cles signalez, entr’autres que sa malediction avoit telle puissance qu’estant fulminée de sa bouche elle estoit confirmée visiblement du ciel par la punition: Dieu se rendant executeur de ses anathemes, quidquid maledicebat, a Domino erat maledictum dict le vieux manuscript (en marge: Ma. sc.) comme il

 

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parut lors qu’il estoit en ces quartiers de Villeboys, il donna sa malediction sur quelques moulins de la riviere de Nisone, j’en ignore la cause, au moins elle fut si juste devant Dieu, que tout d’un coup & moulin & meusnier, & tout l’attirail s’abismerent miraculeusement.

Depuis peu d’années l’on a faict rencontre dans quelques vieux sepulchres des Moynes Religieux de l’Abbaye de S. Front d’une rare­té, qui monstre la pratique de l’Eglise de ce temps-là: c’est une Croix de plomb (en marge: Croix de plomb, 1072) de la longueur de huict ou neuf poulces, dans laquelle d’un costé estoit gravé (en marge: Inscriptio plumbea 1072) SACRO FONTE BAPTISMATIS DONATVR ILLIANTE, ELIE VOCATVR, OBIIT AVTEM KALENDAS MAII ANNO DOMINI MILLESIMO SEPTVAGESIMO SECVNDO, REGNAN­TE PHILIPPO FRANCORVM REGE, & au milieu il y a un O. & une N. de l’autre costé d’icelle DOMINVS DEVS OMNIPOTENS QVI POTESTATEM DEDIT SANCTIS APOSTOLIS SVIS LIGANDI ATQVE SOLVENDI IPSE TE DIGNETVR ABSOLVERE F. ELIA A CVNCTIS PECCATIS TVIS, ET QVANTVM MEAE FRAGILITATI PERMITTITVR SIS ABSOLVTVS ANTE FACIEM ILLIVS QVI VIVIT ET REGNAT IN SAECVLA SAECVLORVM. De premier abord j’ay creu que c’estoit l’absolution de l’excommunication qui auroit esté donnée à Frere Elie natif d’Heilac en Perigord apres fon trespas: & ce suivant le stile de l’Eglise, qui pour donner de la terreur par l’excommu­nication , & specialement pour declarer aux

 

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fidèles qu’ils peuvent faire prieres publiques pour le deffunct qui estoit mort avec repentance de la faute pour laquelle il estoit tom­bé en la censure, sans pouvoir recevoir son absolution; l’Eglise pour le foro extérieur, comme on dict, se servoit de quelques céré­monies baillant l’absolution sur la sepulture: ce que les Docteurs apres le droict Canonique appellent absolvere mortum ab excommunicatione (en marge: Absolution d’un mort). Non que l’Eglise militante lie & deslie en sa propre signification ceux qui desja sont trespassez, comme il est amplement traicté dans le décret de Gratian (en marge: Dec. 2 p. caus. 24 q. 2), part. 2. caus. 14. quaest. II. cap. Damnationis, §. his auctoritatibus, mais en denonçant que les decedez sont morts fide­les, & que l’excommunication a cessé par la mort: remarque faicte par Covarruvias (en marge: Cova. in c. al. mat. § II n. 8), Ledesma (en marge: Led. 24 qu. 2 6 ar. I), Henriques (en marge: Henric. lib. 13 de exc. c. 25 § post.), Sayrus (en marge: Say. th. lib. I c. 8) & autres Canonistes: & pource non sans subject dans ceste Croix de plomb est faicte mention de son baptesme: car l’Eglise ne peut exercer sa jurisdiction punitive & relaxative sur d’autres que sur ceux qui luy sont subjects par le sainct Bap­tesme, comme le declare le Concile de Trente (en marge: Conc. Trid. S. 14 c. 2). Mais apres tout, dans ceste absolution gravée sur la Croix, je n’y remarque aucun mot d’ex­communication, & aymerois mieux dire que peut estre ceste marque estoit la communion & viatique d’absolution (en marge: Viatique), dont parle le (en marge: Conc. Arans. c. 3) Concile d’Aurange can. 3. qui recedunt de corpore poenitentia accepta, placuit sine reconciliatoria manus impositione

 

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cos communicare, quod morientis sufficit consolationi, secundum deffinitiones patrum, qui hujusmodi communionem congruenter viaticum nominarunt: Sur lequel passage deux doctes lumières de l’Eglise Gallicane (en marge: M. d’Orleans obs. II; M. Coiff. des noms de l’Euc. p. 239) ont de nostre temps remarqué que le mot de communion & viatique ne doit estre entendu de l’Eucharistie adorable (en marge: Viatique); veu que le Concile parle d’une sorte de communion qui estoit baillée sans la reconciliation qui se faisoit par l’imposition de mains, & neantmoins sans icelle on n’eust osé administrer les mysteres sacrosaincts. Partant on conclud que viaticum doit estre entendu en ce lieu tant seulement de labsolution, qui seule quelquesfois estoit donnée aux penitents, mesmes à l’article de la mort, sans administrer l’Eucharistie suivant les rigueurs de la primitive Eglise. Absolution & viatique qui en tesmoignage public de la repentance du decedé seroit pour lors esté gravée sur ceste Croix de plomb, & mise pour accompa­gner le mort au sepulchre.

Revenons à l’histoire, mettant la remarque de Papyrius Masso (en marge: Papir. Mass. lib. de not. episc.), qu’en divers temps plusieurs de Conciles d’Evesques furent assemblez dans le voisinage (en marge: Conciles), sans qu’il en soit faict mention dans les tomes des Conciles, ny par les Annalistes de l’Eglise. Entr’autres il rapporte par les epistres Conc. d’Ildebert (en marge: Hild. epist. Conc. Engol. anno 1060), que l’an 1060 un Concile fut convoqué à Angoulesme par Bertrand second du nom, Archevesque de Bourdeaux , avec les Evesques ses comprovinciaux, soubs la Presi-

 

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dence de Rogerius Cardinal Diacre: comme aussi que l’an 1079 du temps de Gosselin (en marge: 1079) aussi Archevesque de Bourdeaux (en marge: Conc. Burdig. anno 1079), il y assembla un grand nombre d’Evesques, tant suffragans qu’autres convoquez au Concile par Amatus Evesque d’Oloron & Vicaire du pape Gregoire septiesme qui y presida avec son adjoinct nom­mé Hugues Evesque de Digne en Provence, & ce pour arrester & mettre un frain au luxe des Clercs, & reformer leurs moeurs depravées. La Chronique Bourdeloise (en marge: Chronic. Burdig. anno 1095) met plus tard ce Concile l’an 1095. De plus il dict que l’année après il fut convoqué un autre Concile à Xaintes (en marge: Chenut. in Tab. Arch. Burdig.) par le mesme Legat Apostolique & mesmes Evesques. Il nous faut adjouster un Concile (en marge: 1073) tenu premier que ces deux derniers (en marge: Conc. Pictav. anno 1073), à sçavoir l’an 1073 l’Archevesque gosselin ayant assemblé ses Evesques à Sainct Maixant en Poictou contre les fauteurs de l’heresie de Bourges qui desja gastoit la basse Guyenne; nous conjecturons avec beaucoup de probabilité que nostre Evesque Guillelmus avoit seance dans ces Conciles, desquels je n’ay peu trouver les actes dans le thresor de l’Archevesché.

Durant le Pontificat de nostre Evesque (en marge: 1077) & l’an 1077 Guinamondus Moyne de l’Abbaye de la Chesedieu, tres-bon sculpteur de ce temps (en marge: Ma. sc. S. Anth.), fit une riche architecture (en marge: Scupture) dans le coeur de l’Eglise de S. Front sur le sepulchre du sainct Apostre. Iterius appellé Canonicus Divi Frontonis & Cellariarius, fournit aux frais pour ceste

 

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fabrique. Je ne sçay s’il faut conclurre de là que desja la secularisation eut esté faicte.

Je conjecture aussi qu’environ ce temps le Monastere de nostre Dame, de Castris, de la Chastre, de l’Ordre regulier de S. Augustin eut ses premiers fondemens (en marge: Fondation). Le bastiment de ses tours dont il a pris sa denomination monstre son antiquité (en marge: Fund. Abbatiae de Castris), & dans ses ruines prochaines, demande un bon Abbé qui rappelle la premiè­re ferveur de ses fondateurs. Je trouve dans l’ancien cartulaire du Dioceze (en marge: Cart. Episco. Petrac.) qu’il y avoit jadis ces dignitez, le Prieur Claustral, le Chantre, le Cellarier, & treize Moynes, avec plusieurs Priorez & Curez de la collation de l’Abbé en divers Diocezes. Je trouve ceste Abbaye avoir esté en ruine environ l’an 1440 à raison des guerres & malheurs dont nous parlerons.

En fin Guillaume de Montberon ayant gouverné l’Evesché (en marge: Ma. sc.) durant vingt ans, onze mois & trois jours (en marge: Meurt), rendit son esprit à Dieu le neufiesme Fevrier de l’an 1081 (en marge: 1081) & fut ensevely au lieu de sa naissance à Montberon dans l’Eglise de S. Alduric, laissant un general regret à tous ses enfans d’avoir perdu un si bon & si sainct Pre­lat, mais le mal fut flatté par le merite de son successeur. (cc)

 

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Reginaldus De Tyberio, Evesque.

Guill. Geoff. 8, Duc d’Aquitaine.

 

Dans le champ de l’Eglise (en marge: L’an de Jesus-Christ 1081) les lys & les roses y croissent a foison, la paix & la guerre ont leurs propres guirlandes & tousjours verdoyantes couronnes pour salarier les soldats de Jesus-Christ (en marge: V. Bed. S. 18 de sanct.). Il nous faut maintenant enlasser un tortis de fleurs de lys d’innocence, & de roses empourprées par le sang de ce glorieux Martyr Reynald, (en marge: Origine) de la noble maison de Tyviers (en marge: Chenut. Gall. Chri.): il nous ouvrira un champ assez ample pour escrire ses merites, lequel sera encor de plus grande estenduë (en marge: 1086) si nous prenons garde que l’an 1086 Guillaume Geoffroy Duc d’Aquitaine meurt (en marge: Annal. Aquit. 3 p. c. I; Chron. Burd.), laissant S. Guillaume son fils pere de Heleonor (en marge: S. Guillaume Duc d’Aquit.), pour estre le neufiesme Duc d’Aquitaine: car dans ces siecles infortunez nous verrons de grands schismes, revolutions & malheurs qui grossiront contre l’Eglise & l’estat de l’Aquitaine; & auparavant de nous embarquer au voyage d’outremer, remarquons premierement, (en marge: Cart. episc. Pet.) comme nostre sainct Evesque fit bastir l’Eglise de S. Jean de Colle (en marge: Fundation), le bourg de ce lieu prenant son

 

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nom de la riviere Colla, qui le traverfe: il y fon­da en suitte un Prioré Conventuel de Chanoi­nes Réguliers de S. Augustin, où jadis suivant la Pancarte estoient les Offices suivans, le Secretain, le Chantre, le Prevost, l’Infirmier, & l’Aumosnier. Le nombre des Religieux estoit de seize residents: jugez combien fut magnifi­que la libéralité de cét Evesque pour l’entre­tien & fondation de ce Chapitre.

Environ ce mesme temps (en marge: 1095), au rapport de Sigisbert (en marge: Chron. Sygisb. in fin.), un estrange mal fut presque general dans toute la France (en marge: Les Ardans), causé par un feu occulte qui brusloit & consommoit, au moins mutiloit & defiguroit les membres du corps. Contagion qui donna occasion à la charité d’un noble Viennois d’instituer l’ordre des Freres Servans à ces malades dans les Hospitaux, qu’il erigeoit, & d’autant que le secours des Reliques du grand S. Anthoine apportées à Vienne (en marge: Histoir. Anthon. p. 2 c. 33) estoit le plus souverain remede contre ce mal, les Religieux prindrent ce Sainct pour leur titulaire, portans pour marque sur leurs manteaux un T. le Perigord fut infecté de ce feu S. Anthoine, comme j’ay remarqué dans un manuscript vieux de plus de quatre cens ans, qui jadis servoit de Breviaire dans l’Abbaye de S. Martial de Lymoges (en marge: Brev. Lemo.), où sont rapportez quelques miracles de Sainct Front faicts en faveur de ces ardans ou bruslans; c’est pourquoy nous trouvons à Aubeterre (en marge: Fundation) une Commanderie de cét Ordre, qui a dans ceste province deux Priorez dependans.

 

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Il est temps de porter sa pensée sur les maux & calamitez (en marge: Maux des Levantins) que les pauvres Chrestiens de la Terre Saincte enduroient soubs la tyrannie du Roy de Perse & des Sarrazins, le rapport qu’un bon Ecclesiastique d’Amiens, nommé Pierre l’Hermite, en fit au retour de son pèlerinage, toucha tellement le coeur du pere commun de tout le Christianisme, qu’il indiqua un Concile à Clermont en Auvergne (en marge: Conc. Claremont. to. 3 conc.) pour y conclurre les remedes favorables pour secourir nos Freres du Levant. Ce fut donc le Pape Urbain second qui y venant en personne sur la fin de l’an 1094 (en marge: 1094) arriva à Lymoges (en marge: Plat. in Urb. 2), & le penultiesme jour de cét an, consacra l’Eglise Cathédrale de S. Estienne, & le premier de l’an 1095 (en marge: 1095) consacra l’Eglise Royalle de S. Martial avec grande magnificence (en marge: Chron. S. Mart.), & concours de plusieurs Prélats, Entr’autres de nostre Evesque Reginaldus. Il faut cependant prendre garde comme ceste dedicace n’est incompatible avec le Concile (en marge: Gall. Christ. in tab. epis. Lemo.) que nous avons dict cy-dessus l’an 1028 (en marge: Vide sup. anno 1028). De là ils se rendent a Clermont pour tenir le Concile la mesme année 1095 où parurent treize Archevesques avec leurs Evesques suffragans, & l’on y compta deux cens cinquante bastons Pastoraux (en marge: Concile). Platine dict (en marge: Plat. ibid.) que tous les Evesques de France y comparurent, au moins nostre Evesque n’y fit point defaut, & ce fut là que ceste divine arangue du Sainct Pere, faicte sur la miserable condition des Chrestiens de la Syrie mit le coeur au ventre d’une infinité de Seigneurs

 

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qui se croiserent, pour aller restablir par armes les Chrestiens en leur liberté; concluant par une affectueuse exhortation aux Prelats, à ce qu’ils se rendissent à leurs Eveschez pour porter leurs peuples à l’exécution d’une si saincte entreprise (en marge: Croisade).

L’on conclud aussi dans ce Concile trente-deux articles importans pour les moeurs du Clergé (en marge: Lamb. ep. Atrebat.), afin d’en bannir la symonie, le sacrilege & le concubinage (en marge: Bellef. lib. 4; Ann. Franc.). Je ne veux aussi obmettre que ce fut là qu’il fut commandé que l’Office & les Heures de nostre Dame seroient recitées dans l’Eglise; & afin d’advancer la resolution d’outre-mer, le Sainct Pere vint en personne visiter plusieurs Eglises d’Aquitaine (en marge: Ann. Aquit. 3 p.).

Desja toute sorte de peuples (en marge: 1096), de tous aages & de toutes conditions prennent la Croix, deslogent de toutes parts, ou soubs la conduite de plusieurs vaillans Capitaines, ou à la suitte de leurs Evesques, Prestres & Religieux (en marge: Guill. tyr. hist. sac. c. 25 lib. 3). Reynald nostre Evesque fut du nombre, prenant avec les siens la route vers Constantinople, qui estoit le general rendez-vous des Croisez. Godefroy de Billon ayant contrainct avec puissante armée l’Empereur Alexius fidele de nom: mais notablement infidèle aux vrais fideles de recevoir la paix avec les Occidentaux, passe vers l’Hellespont avec resolution de donner vers la Bithynie, où ayant subjugué la ville de Nicée, l’on pousse dans la Syrie, passant le pied sur le ventre à l’armée de Solimand, composée de trois cens soixante mille archers à cheval (en marge: Soliman défaict): &

 

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comme un torrent impetueux forçans plusieurs villes & places d’importance (en marge: Guill. Tyri. l. 4 c. 11), on vint en fin poser le siege devant Antioche (en marge: Siege d’Antioche) qui pour lors estoit gouvernée par Acxianus, en quoy Duplex (en marge: Duplex ann. t. 2) se semble, a esté trompé, disant que c’estoit Corbagath, lequel de vray fut envoyé par son pere Soliman avec une-très puissante armée de Sarrazins (en marge: Secours) pour fondre sur les nostres. Les nouvelles de cét effroyable orage qui venoit sur le camp des Chrestiens r’alluma leur courage (en marge: Tyr. li. 5 c. 14), tous se met­tent en devoir de soustenir le choc, & n’aban­donner leur entreprise. Les Ecclesiastiques ont recours aux prieres & larmes: nostre Evesque sçachant que la victoire sur les ennemis vient d’en-haut, commence à celebrer le divin sacrifice de la saincte Messe, & tandis qu’il estoit à l’Autel, dans ceste action sacrosaincte les ennemis donnent l’assaut si brusquement qu’ils for­cerent nos Chrestiens à ce rencontre (en marge: Ma. sc. S. Anth.), & parmy les boucheries sanguinaires, trouvent nostre sainct Pontife avec ses habits Sacerdotaux, le massacrent cruellement, luy tranchans la teste sur le mesme Autel où il disoit la Messe (en marge: Martyre): ainsi par son martyre il mésla son sang avec le sang de l’Aigneau sans tache Jesus, plus triomphant & annobly par la souffrance de ceste mort, que le vainqueur par sa première victoire, laquelle il achéta bien cherement: car nos Croisez se rallians donnent sur l’ennemy avec horrible tuerie, restans maistres de la ville d’Antioche, dont Bohemond Prince de Tarente & Normand de nation eut

 

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le gouvernement. Ainsi mourut (en marge: 1099) glorieusement le sainct Evesque le huictiesme Septembre l’an 1099 apres avoir gouverné le Dioceze dix-sept ans, quatre mois, vingt & un jour (en marge: Gall. Christ. in ep. Pet.): son corps fut inhumé à Sainct George de Romas, & nous rencontrons son nom parmy les Abbés de Sainct Martial de Lymoges estant surnommé Lastros. (dd)

 

 

Guillelmus de Albaroca, Evesque.

S. Guillel. IX, Duc d’Aquitaine.

 

Mais (en marge: L’an de Jesus-Christ 1099) comme tousjours les plus grandes prosperitez sont destrempées de malheurs inopinez, du­rant ces longs voyages & sieges nos Croisés ayant souffert beau­coup de disette, & tout d’un coup se trouvans dans l’abondance des provisions conquises sur les Sarrazins, se laissans aller à leur appétit, contracterent plusieurs maladies pestilentielles qui dans peu terrasserent plus de Chrestiens (en marge: Guill. Tyr. lib. 10 de bell. S. c. 12), que le glaive ennemy n’avoit faict par le passé. La mort d’Ademarus Evesque du Puy en Vellay (en marge: Ademarus Eves. meurt) porta un notable regret & perte (en marge: Odo de Giff.), qui pourtant revint au profit spirituel & bon-heur de ceste province du Perigord; damant que les nostres

 

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estans desja possesseurs des principales villes où les Chrestiens avoient d’autres fois conservé les precieuses reliques des souffrances de Jesus-Christ, rencontrerent par divine revelation le precieux fer de la lance qui avoit percé son costé adorable apres son trespas. De plus ce noble Evesque Eymard, comme il estoit puissant & signalé dans l’armée, avoit recouvert un des suaires où Jesus-Christ avoit esté enveloppé apres sa mort lors que Joseph d’Arimathie & Nicodeme rendoient à leur Dieu les honneurs funeraux (en marge: S. Suaire), linge sacré qui estoit le suaire honorai­re qui enveloppoit les autres linges qui estoient baignez de baume. Thresor sacré par la vertu duquel, mesme la maison des infideles avoit prosperé à veuë d’oeil, comme il est insinué dans le venerable Bede (en marge: Bed. tom. 3 lib. de loc. saint.), au livre De Locis Sanctis. Cét Evesque auparavant mourir le donna en garde pour le transporter de deçà à un sien Prestre le plus affidé, lequel estant sur mer pour son retour mourut dans la navire, laissant ce sacré depost entre les mains d’un Prestre du Perigord qui le porta à son Eglise (en marge: Porté en Perigord), où Dieu manifesta ce grand thresor par signalez miracles. L’ancien & autentique tiltre qui est aujourd’huy agraffé à l’Eglise de Cadouin (en marge: Inscript. tabell. in Abb. Cad.) nous apprend ce que dessus, disant que le sainct Suaire trouvé dans Antioche, AB EPISCOPO ANICIENSI, QUI IN PARTIBVS VLTRA MARINIS TRANSFRETAVERAT EST HABITVS, ET ILLVD IPSE MORIENS CVIDAM SVO SACERDOTI TRADIDIT, QVI CVM ESSET SVPRA

 

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MARE VENIENS ETIAM MORTVVS EST, RELINQVENS PRETIOSVM MUNVS CVIDAM CLERICO SERVIENTI SVO; HIC CVM ESSET IN FINIBVS PETROCHORENSIBVS , UNDE ERAT NATVS POSVIT DOMINICVM SVDARLVM IN QVADAM ECCLESIA SIBI COMMENDATA QVAE ERAT PROPE CADUNIVM SITA.

Apres la mort du Martyr Reynald, Guillelmus (en marge:1099) d’Auberoche, la mesme année avoit esté pourveu de l’Evesché du Perigord & Abbaye de S. Front.dans laquelle parut grandement le sainct & venerable Robert d’Asdebrezelo, fondateur des Dames de Frontevaux. Ce fut l’an mil cent quatorze (en marge: 1114), que ce docte & Apostolique Prédi­cateur monta en chaire en la presence de l’Evesque, & fit un si divin Sermon, qu’on le jugea digne de le recompenser par une donation (en marge: Donat. Cap. pro ord. font. ebra. Ma. Sc.) que fit l’Evesque & le Chapitre de S. Front d’une terre qu’ils avoient en propre au bourg de Cadouin pour y fonder un Convent pour des Religieuses de l’Ordre qu’il avoit institué: ausquelles de plus les Sieurs de Bainac, & de Biron donnerent ce qui est des biens laicques. L’année 1115 d’après (en marge: 1115) ceste place fut resignée par ledit Robert & par Petronille Abbesse de Frontevaux en faveur de Guido de Salis Docteur (en marge: Donation), intime amy de Robert (en marge: Cont. pro fund. Abb. Cadun.), puis qu’il l’appelle son fidèle compagnon fidele conserviteur au service de Dieu: il vesquit avec ses condisciples comme heremitiquement dans ce lieu, jusques à ce que l’an d’après (en marge: 1116) ils se mirent soubs la jurisdiction d’Henry

 

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Religieux de Pontigny, premier Abbé régulier de Cadouin: & a raison de ce, ceste Abbaye se recognoist la septiesme de la filiation de Pontigny, & l’onziesme de l’Ordre de Clervaux.

Ce fut là que ces saincts Religieux dans les commencemens de leurs premieres ferveurs menoient une vie Angelique: & Dieu voulut les consoler par le sacré thresor du sainct Suaire (en marge: Ma. Sc.). L’histoire en est telle; le bon Prestre qui l’avoit apporté estant absent de son Eglise champestre, le feu s’embrasa par tout le village du lieu, con­sommant le toict & tout ce qui estoit dans la pe­tite Eglise, sans que les voisins accourus à l’incende peussent arrester sa furie: neantmoins, ô miracle! (en marge: Miracle) tous prennent garde comme le feu n’osoit aborder le sacré escrain ou coffret qui estoit pres de l’Autel, Dieu renouvellant le mi­racle de la victoire qu’eut jadis le sainct Suaire sur les flammes, rapporté par Bede (en marge: V. Bed. tom. 3 de loc. Sanct.) au lieu allegué: les Religieux de Cadouin y accourent pour estre spectateurs de la merveille, & passans à travers les flammes enlevent ce joyau inestimable (en marge: Relique prinse), le portent à leur Monastere, auquel ce bon Ecclesiastique quelques jours apres vint faire ses humbles suppliques de luy rendre ce qu’il avoit apporté au péril de sa vie; & ne l’ayant peu obtenir, supplia affectueusment le Superieur de le recevoir au nombre de ses Re­ligieux; ce qu’ayant obtenu il consacra le restant de ses jours pour vivre & mourir aux pieds de ceste saincte Relique (en marge: Inscrip. tabell. in abb. Cad.); Apres son decez il fut en-

 

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sevely honnorablement dans le sepulchre qui releve deux pieds sur le pavé de la Chappelle de la Magdeleine, ce fut 1’an mil cent dix-huict (en marge: 1118) qu’ils commencerent à bastir l’Eglise qui est aujourd’huy sur pied, & fut parachevée & consacrée l’an mil cent trente-neuf. (en marge: 1139)

Revenons à l’an mil cent (en marge: 1100), nous souvenans comme l’un des motifs qui avoient obligé le Pape Urbain second (en marge: Conciles) de tenir le Concile à Clermont (en marge: Conc. clar. to. 3), fut pour remedier aux pechez (en marge: Guibert. lib. 2 c. 3), scandaleux par un double adultere du Roy Philippe, qui rejettant & exilant sa propre femme, avoit ravy Bertrande de Monfort femme du Comte d’Anjou, de laquelle il avoit eu deux enfans & une fille. Le Roy espouvanté par la foudre de l’excommunication quitta pour lors son adul­tere; Mais apres la mort du S. Pere il r’appella avec plus grand scandale sa concubine. Paschal second successeur à la chaire succeda aussi au zele Pastoral, envoyé en France les Cardinaux Jean & Benoist pour ses Legats, lesquels indirent un Concile à Poictiers (en marge: Conc. Pict. to. 3 anno 1100) au vingt-neufiesme Juillet de l’an mil cent, pour juger cét affaire, & reïterer l’exommunication contre le Roy (en marge: Notae Binii ex Baro. hoc anno num. 19), & il est plus que vray semblable que nostre Evesque y fut present: sur quoy les Annales de Dubouchet (en marge: Annal. aquit. 3 p. c. 2) citées par les Collecteurs des Conciles, & par Baronius, remarquent que le Duc Guillaume vouloit empescher ceste assemblée d’Evesques dans sa ville, comme de faict il leur com­manda de se retirer: mais en fin il acquiessa à la

 

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vision qui avoit paru à l’un des Legats du sainct Pere. Ainsi dans les conclusions de ce Concile nous y trouvons plusieurs bons reglemens presque conformes à ceux de Clermont, & le Collecteur des Conciles indique un second Concile de Poitiers (en marge: Conc. Pict. to. 3 anno 1109) tenu par les mesmes Legats l’an mil cent neuf (en marge: 1109), le premier de Decembre, contenant seize articles qui specialement visent ad reformandos mores Ecclesiae. Et certainement le desordre estoit grand pour lors en tous ces quar­tiers (en marge: Symonie), causé par la symonie & sacrilege usurpation des biens Ecclesiastiques, & trocque du bien du Crucifix; puis que si souvent & a tous ces Conciles les Evesques taschent d’arracher les malheurs qui attirerent le fleau de Dieu sur plusieurs endroits, notamment sur le bourg & Abbaye du Puy S. Front, laquelle tout d’un coup en punition des pechez fut embrasée d’un grand feu (en marge: Incende), si violent que les cloches se fondi­rent au clocher, & encore aujourd’huy l’on re­marque en plusieurs endroits de l’Eglise du costé de l’Abbaye, les marques d’un grand incende qui reduisoit voire les pierres en cendres: voicy les mots d’un vieux & asseuré manuscript (en marge: Ma. Sc. S. Anth.). Hoc tempore burgus Sancti Frontonis Monastenum cum suis ornamentis repentino ïncendio, peccatis id promerentibus constagravit, atque signa in clotario igne soluta sunt, erat tunc temporis monasterium ligneis tabulis coopertum.

Callixte second l’an mil cent vingt (en marge: 1120) estant promeu au Pontificat (en marge: Galt. in Chro. in Calix.) donna au siege Archiepis-­

 

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copal, de Vienne la primauté sur six provinces & sieges Archiepiscopaux, de Bourges, de Bourdeaux, d’Aux, Narbonne, Aix & Aubrun (en marge: Privileges), il donna aussi un Bref à nostre Evesque Guillelmus (en marge: Lib. hom. Episc.), par lequel il confirma a son Eglise tous les privileges faveurs & indults qui luy avoient esté donnez par Paschal second.

L’Eglise du glorieux Confesseur Avitus (en marge: Vide Anno 507) dont nous avons parle aux siecles passez fut consacrée par nostre Evesque Guillaume (en marge: Consecration d’Eglise), l’an mil cent dix-sept (en marge: 1117), comme nous lisons dans l’inscription gravée dans la muraille près de l’Autel qui est à costé droict (en marge: Inscript. lap. anno 1117), ANNO M. CXVII. GVILLELMVS EPISCOPVS PETROCHORICENSIS DE ALBA RVPE IN HONOREM BEATI IOANNIS BAPTISTAE ET SAN. IOAN. EVANG. SEXTO KALENDAS IANVARII HOC ALTARE CONSECRAVIT.

L’année d’après (en marge: 1118) le corps de ce sainct Anacho­rète Avitus, qui avoit esté ensevely & reposoit depuis cinq cens ans dans l’Eglise qui est au pied de la montagne, fut transferé à ceste nouvelle Eglise suivant l’inscription gravée (en marge: Inscript. lap. anno 1118) au costé droict ANNO MILLENO CENTENO TERQVOQVE SENO, AD MONTEM SANCTI TRANSFERTVR CORPVS AVITI.

Il est aussi averé que cét Evesque benist & consacra le Cemetiere pour les pauvres (en marge: Cemetiere) qui est au delà le pont de la ville de Périgueux, vers la riviere de l’Isle. Plusieurs avoient mis sa mort l’an mil cent vingt-trois (en marge: 1123): mais je suis contraint (en marge: Ma. Sc. S; Anth.) de luy prolonger la vie de cinq ou six ans pour un oeuvre tout sainct & religieux.

 

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Desja dés quelques années plusieurs bons Ecclesiastiques s’estoient retirez dans un desert prés de Périgueux, où estoit une fontaine close de grilles de fer, appellée Fons Cancellatus. Ils vivoient là soubs la direction de Folcaudus Abbé de Sellefroin (en marge: Fondation), qui s’estoit associé avec ces hommes de bien pour vivre heremitiquement & pauvrement, n’ayans pour Eglise qu’un petit Oratoire basty de terre & de bois à l’honneur de la Vierge Marie, prés de la fontaine qui dans peu donna le nom à l’Abbaye (en marge: M. Sc. Abb. Canc.): car l’odeur de leurs rares vertus parvint à l’Evesque, qui trouva bon d’agréer la supplique qu’ils luy font (en marge: Abbé), demandans pour Abbé un de leur corps, nommé Geraldus de Montelauduno, lequel il consacra vo­lontiers dans le petit Oratoire pour leur Abbé, & print tellement à coeur ce lieu devot, qu’il y donna souvent les Ordres sacrez , leur benist un Cemetiere tout contre, & pour leur entre­tien leur donna l’Eglise de Beurona, & le lieu de Bord (en marge: Donation), apres y avoir beny le Cemetiere prés duquel cét Abbé fit bastir l’Eglise qui aujour­d’huy est sur pied, & y celebra depuis la pre­mière Messe en la presence du Seigneur Evesque.

Mais apres tout ceste Chappelle & Oratoire basty de terre estoit trop à l’estroit pour ces bons Moynes, il fallut desseigner un nouveau & plus ample edifice (en marge: M. Sc. Abb. Canc.): Ce fut l’an mil cent vingt-huict (en marge: 1128), Domino Guillelmo de Albarupe venerabili Episcopo Petrachoricensem Episcopatum pro-

 

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curante. Ainsi parle l’ancien Cartulaire de l’Abbaye duquel nous apprendrons le nom des pre­miers Religieux qui baillerent le commence­ment à l’Abbaye de Chancelade (en marge: Premiers fundateurs). In nomine summae individua sanctae Trinitatis Patris & Filii & Spiritus sancti, & in honore beatae & gloriosae semper Virginis Mariae genitricis Dei, & Domini nostri Jesu Christi, & in honore sanctae Mariae Magdalenae, atque omnium sanctorum. Bonae memoriae Geraldus de Montelauduno, Venerabilis & primus Abbas de Cancellata, & frater Gerardus Bernardi sacerdos, primus ejusdem loci prior, & frater Helias sacerdos, qui postea fuit secundus Abbas, & Geraldus de Cauze sacerdos, & frater Folcherius Archans sa­cerdos, & frater Gerardus Ranulphi sacerdos, & frater Elias Laoudries Laicus, & frater Gerardus Guiberti Laicus, & frater Guillelmus de Mallesec dignus memoriae Laicus, Monasterium de Cancellata divina virtute & auxilio roborati aedificare coeperunt, atque in festivitate Sanctorum Apostolorum Petri & Pauli quam Catholica Ecclesia tertio Kalendas Julii venerabiliter toto orbe celebrat, magno gaudio spirituali repleti primos lapides in fundamento hujus aedificis in Deo omnium bonorum cum majore firmitate sperantes, posuerunt, anno ab Incarnatione Domini 1128 indictione septima, &c (en marge: Fund. Abbatiae Beatae Mariae Cancell.). Quelque temps apres l’Evesque du Perigord mourut le second d’Avril, & fut ensevely dans 1’Eglise de S. Front (en marge: 1128).

Pour ce qui est du comté du Perigord (en marge: Helie Comte du Perigord), il y avoit grande contraste entre Elie fils de Bozon Comte

 

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de la Marche, & Bernard legitime heritier du Comté (en marge: Comté) que son oncle avoit ravy à son pere Audebert (en marge: Corle. Chron. Engol.). Et le bon-heur fut pour arrester ceste discorde que Elie estant laissé jeune, eut pour curateur Sainct Guillaume Duc d’Aquitaine (en marge: S. Guillaume, Duc d’Aquit.), qui mit la paix entre les deux cousins germains, ordonnant que le Comté de la Marche demeureroit à Bernard, & que Elie seroit Comte du Perigord (en marge: Arrest. Meyn. 3 p. l. 9.), partage un peu injuste, advantageant Elie estranger sur le Seigneur naturel. (ee)

 

 

Guillelmus de Nauclard, Evesque.

S. Guillau. IX, Duc d’Aquitaine.

 

Cependant (en marge: L’an de Jesus-Christ 1130) un grand & no­table malheur se prepare contre l’E­glise d’Aquitaine, dans lequel nous serons enveloppez par la faction du Duc Guillaume: lequel favorisant Roger le Normand & l’Antipape Anaclet (en marge: Vit. S. Bernard lib. 2 c. I) contre le vray Pape Innocent second, causa un notable schisme dans l’Eglise (en marge: Schisme), les uns tenant le party de Pierre Leon surnommé Anaclet, les autres d’Innocent (en marge: Du Bouch. annal. Aqui. 3 p.). Mais ce qui attisa davantage cét incende fut Gerard Evesque d’Angoulesme qui avoit esté

 

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faict Legat Apostolique par le Pseudopape. Cettuy-cy se servant de l’authorité du Duc sur les Evesques d’Aquitaine, en avoit tiré plusieurs du voisinage à son party, espouvantez par la cruauté qu’il exerçoit sur les Evesques contretenans lesquels il n’avoit peu fleschir (en marge: Pet. Clu. lib. 2 mira. c. 14), d’autant qu’ils portoient trop à contre-coeur, que l’innocence fut opprimée en la persecution d’Innocent, & que l’abomination fut erigée dans la maison de Dieu, comme parle S. Bernard (en marge: Bern. ep. 124). Ainsi Guillau­me Evesque de Poictiers, Eustorgius de Lymoges & Guillelmus de Nauclard nostre Evesque, demeurerent inebranlables à la rage de ce meschant Semei (en marge: Ann. Aquit. 3 p. c. 2), faux Legat d’un faux Pasteur: mais aussi exposez à la furie du Duc d’Aquitai­ne qui les malmema au possible, les chassa de leurs Eveschez, mit d’autres en leurs places, apres mille outrages & violences.

Pour remede souverain à tous ces malheurs Dieu se voulut servir du grand & non jamais assez loüé S. Bernard (en marge: Vit. Bern. lib. 2), lequel espousant la querelle de Dieu offensé en la personne de son Lieutenant (en marge: S. Bernard), à la prière de plusieurs gens de bien se porta à Rome pour adoucir par paroles ce meschant Diotrephes qut desiroit tenir le haut bout parmy nous: mais n’ayant peu r’amollir ce coeur de Pharaon s’en revint en France, & sçachant l’oppression que Gérard, pour le spirituel, & Guillaume pour le temporel donnoient à nos Eves­ques deffenseurs de la Justice il leur escrit pour consolation l’epistre cent vingt fix, l’une des

 

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plus eloquentes qui jamais sortit de ceste plume dorée (en marge: Les console), dont voicy le tiltre. Domninis & Patribus honorandis Lemovicensi, Pictaviensi, Petrachoricensi, & Xantonensi Dei gratia Episcopis sanctis, frater Bernardus Abbas dictus de Claravalle Constantiam in adversis (en marge: Bern. ep. 126). Il sembleroit presque necessaire de la mettre icy tout au long, n’estoit sa prolixité, en voicy quelques traicts les plus remarquables traduits en François, commence ainsi. La vertu s’acquiert par la paix, s’esprouve par l’angoisse, est approuvée par la victoire: Il est temps que la nostre se fasse voir maintenant, si tant est qu’il y en ait en vous, elle ne peut demeurer oyseuse. Mes Reverends Peres, & dignes d’honneur: car le glaive de l’ennemy qui en ce temps semble derechef menasser de mort le corps de Christ est pointé speciale­ment sur vos testes, & rage contre vous d’autant plus vivement, qu’il vous attaque de plus prés: si que vous estes contraints ou de resister courageusement, ou de ceder honteusement aux insultats journaliers, &c (en marge: Oppressions). Peu après il leur explique la cause pourquoy Gerard d’Angoulesme avoit abandonné Inno­cent, pour se ranger à l’Antipape, d’autant qu’il avoit esté honteusement refusé de la legation qu’il luy avoit demandé, l’ayant acheptée par symonie du faux Pape, par laquelle puissance il les depossedoit & vexoit à outrance (en marge: Ambition ridicule). Maintenant, dict-il (en marge: ibidem), ce nouveau Legat forge de nouveaux Evesques, afin que son Pape ne soit Pape pour soy seulement, ne mettant pas des successeurs aux deffuncts, ains s’appuyant de sa puissance tyrannique il intruse

 

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des invaseurs sur les vivans, prenant l’occasion de la malice des Princes, qui haissent à mort les Evesques de leurs villes. Au surplus il accuse le faste de ce partisan d’iniquité, lequel, dict-il, est à blasmer en tous, mais specialement à un Evesque. Ambition qui l’eslançoit à deposseder ceux qui ne vouloient fleschir le genouil devant la beste qui avoit ouvert la bouche pour blasphemer le nom du Seigneur & son sainct tabernacle (en marge: Apocal. 13). Voila les couleurs dont il peint ceux qui opposoient Autel contre Autel, Evesques contre Evesques, Abbex. contre Abbez, opprimant les Catholiques, advançant les Schismatiques. Mais après tout il asseure ces Prelats comme la plus grand part, voire tous les vrais Superieurs de la chrestienté recognoissoit Innocent pour legitime Pasteur, desquels il faict un long denombrement (en marge: Obeissans), adjoustant encore les plus celebres Abbayes, & parmy ceux de son ordre il nomme Cadumenses, lesquels je conjecture, avec le commentateur de ses epistres (en marge: Not. F. J. Picard. in epist. S. Bern.), avoir esté les Religieux de l’Abbaye de Cadouin qui pour lors estoient en odeur de saincteté, sans recourir en Normandie à l’Abbaye Sancti Stephani Cadomensis. Enfin S. Bernard conclud ceste epistre par une forte exhortation à ces bons Evesques pour perseverer à la deffense de la cause de Jesus-Christ (en marge: I. Cor. I), La vertu & sagesse duquel estoit avec eux, qui ne permettrait pas qu’ils fussent esprouvez au delà de leurs forces.

Ce ne fut que les commencemens des travaux de Sainct Bernard (en marge: Conc.), il s’employa à ceste

 

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reunion durant sept ans, avec un très heureux succez. Le Pape Innocent chassé de Rome vint en France, assemble en divers lieux plusieurs Conciles pour dissoudre ce schisme (en marge: Conciles). Le premier fut tenu à Clermont en Auvergne (en marge: Claromo. anno 1130 t. 3 p. 2), composé des Evesques des Gaules & de Germanie (en marge: Otto friginsen. l. 7 c. 18), l’an mil cent trente (en marge: 1130). Les Annales d’Aquitaine (en marge: Ann. Aquit.) remarquent que specialement les Evesques de Lymoges & Poictiers depossedez par le Pseudolegat y assisterent; jugez si nostre Evesque en estoit absent? pour condamner avec tous les Peres Pierre de Leon, & recevoir le Pape Innocent, lequel vint à Orleans, fut accueilly par le Roy de France Louys le Gros, la Royne & ses enfans (en marge: Vinc. lib. 27 c. 6). Par apres (en marge: 1131) le sainct Pere fit assembler un Concile à Estampes (en marge: Contre l’antipape), qui fut conclu par son approbation (en marge: Conc. stanp. ann. 1131), comme vray Pape. L’année d’après le sainct Pere en tint encor un plus general à Rheims, auquel suivant la remarque de Robert qui continuë la Chronique de Sigisbert (en marge: Rob. con. Sygis.), ab omnibus Galliae & Germaniae Episcopis, Petrus Antipappa anathematizatur. Peu apres Geoffroy est envoyé en Guyenne, comme Legat Apostoli­que du Pape Innocent, par l’authorité duquel & l’exhortation de S. Bernard (en marge: Vit. S. Ber. lib. 2), accompagnée de signes & prodiges miraculeux, le Duc d’Aquitaine Guillaume se remet à l’obeyssance de l’Eglise, r’establit les Evesques depossedez (en marge: Retour).

Pour lors le Perigord receut le sien à bras ouverts, & plusieurs ressentirent les effects de son zele, specialement les Moynes de Chance-

 

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lade ausquels il bailla plusieurs tesmoignages d’amitié, consacrant plusieurs Autels dans leur nouvelle Eglise (en marge: Ma. Sc. Cancell.): celuy qui est au costé gauche, in nomine summi, & omnipotentis Dei, & in honorem beatorum Apostolorum Petri & Pauli & omnium Apostolorum (en marge: Dedicace). Quelques années apres celuy du costé droict , in nomine Dei omnipotentis, & in honorem beati Protomartyris Stephani, & sancti Laurentii, & sancti Vincentii, atque omnium Sanctorum. De plus il choisit souvent ce lieu pour y conferer les Ordres sacrez, & pour l’entretien de l’Abbaye, leur donna l’Eglise Sancti Sulpitii & Sanctae Innocentiae (en marge: Voeux solamnels). Tandis que l’Abbé Gerard de Montleau cultivoit à la pieté ces nouveaux Religieux, animez par sa saincte parole, ils prennent resolution de voüer entre ses mains la vie religieuse soubs l’Ordre canonical & re­gulier de Sainct Augustin. (en marge: 1133) Ce fut l’an mil cent trente-trois jour de Sainct Pierre & S. Paul, auquel estat ils perfevererent presque tous en odeur de saincteté jusques à la fin.

Revenons au Pape Innocent, qui passe en Italie (en marge: 1134): estant à Pise l’an mil cent trente-quatre il assemble tous les Evesques de l’Occident au rapport de la vie de S. Bernard (en marge: Bernard. in Vit. S. Ber. lib. 2 ca. 2), & quoy que les actes de ce grand Concile soient perdus (en marge: Concile), neantmoins nous avons tesmoignage que nostre Evesque Guillelmus de Nauclard y fut present pour la quatriesme ou cinquiesme condamna­tion d’Anaclet, & reception d’Innocent.

Mais si l’assemblée de tant de nobles Prélats

 

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& leurs conclusions avoient esté triomphantes pour toute l’Eglise, le retour du voyage de ce Concile fut tout autant funeste pour l’Eglise de France (en marge: Tyrannies), a raison des soldats inhumeins qui favorisoient la tyrannie de Conrad, usurpateur de l’Empire sur Clotaire. Ces desnaturez se ruerent sur les sacrées trouppes des Peres du Concile qui s’en revenoient en France, les pillerent, blesserent, massacrerent, les firent prisonniers pour les rançonner, au grand scandale de la Chrestienté. Nostre Evesque de Nauclard fut enveloppé dans ceste calamité, comme nous apprenons de Pierre Abbé de Cluny, l’un des prisonniers, qui au nom de tous escrit au sainct Pere une missive qui arra­che les larmes des yeux du lecteur (en marge: Pet. Cluniac. lib. 3 Epist. 27). Spectacle horrible, dict-il, de voir tirasser, dissiper, blesser, & poursuivre de toutes parts avec les espées, des grands personnages si necessaires à l’Eglise de Dieu; plusieurs des Evesques & Abbez furent violemment traisnez, aux prochaines places, & quelques uns d’iceux après avoir esté battus & blessez, furent jettez. en prison par une cruauté barbare. Entre lesquels Monseigneur de Rheims ayant receu beaucoup de blessures & de playes, est tenu renfermé dans une tour, sans avoir esgard ny à son aage, ny à sa dignité; l’Evesque de Perigueux a esprouvé choses semblables, &c. adjoustant de plus l’infortune de plusieurs Evesques du voisinage.

Mais Dieu jugeant que nostre Evesque nous estoit encore necessaire (en marge: Ma. Sc. St. Anth.) le nous conserva & ren-

 

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dit à son Dioceze, pour esprouver une rebellion estrange, ou sedition qui arriva (en marge: Sedition) contre l’Abbaye de S. Front par la faction du Comte de Perigord Elie Rudel, fils putatif du feu Comte Elie (en marge: Elie Rudel Comt. du Perigord), lequel animant les bourgeois se met en teste d’une trouppe armée, va enfoncer & brusler les portes des greniers qui estoient dans les Cloistres, pille & enleve tout le grain gardé pour la nourriture des Religieux: action si noire que sa propre mere la Comtesse Guasconia en punition de son fils, fit une action qui est bonnement sans exemple: car n’estant retenuë de son propre honneur & interest, au jour de la Cour Ecclesiastique, suivant les formalitez de ce temps: elle vint en face de l’assemblée declarer au Sieur Evesque, que Helie Ru­del son fils naturel n’estoit fils legitime du feu Comte Elie son mary (en marge: Vangeance extraordinaire), ains bastard, conçeu d’adultere, & partant elle demandoit son ex-heredation.

Je trouve aussi que cét Evesque pour la collation des Ordres sacrez (en marge: Ma. Sc. ibid.), primus instituit fieri scrutinium in sacris ordinibus. J’advoüe ne pouvoir comprendre ce Scrutinium, quand bien il s’entendroit de l’examen aux Ordres sacrez, qui suivant les Conciles estoit auparavant en pratique: non plus aussi puis-je sçavoir quelle fut ceste sienne ordonnance, Ut omnes agricolae darent Convivium pro pace obtinenda (en marge: Annal. Aquit. p. 3 c. 3).

Portons maintenant nostre pensée sur le Duc d’Aquitaine Guillaume (en marge: S. Guillaume), de loup devenu plus

 

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doux qu’un aigneau, qui pour penitence d’avoir mal-traicté nos Evesques,. estant à Galice dissimule une maladie, comme disent les Annales d’Aquitaine (en marge: Dup. to. 2 sub. Claud. Crass.), & par la feinte de sa mort se retire à Rome au S. Pere: de là en Hierusalem pour vivre dans le desert en Anachorete. Auparavant sa retraite il faict son testament, donne à Louys le Jeune fils du Roy Louys le Gros le Duché de Guyenne (en marge: Louys le Jeune, Duc d’Aquitaine), à condition qu’il espouseroit sa fille Heleonor: article qui fut receu avec un general applaudissement. Le Roy envoye son fils en Guyenne, arrive à Bourdeaux, celebre le mariage: ainsi le Duché d’Aquitaine (en marge: Duché) fut derechef uny à la Couronne de France: car Louys le Jeune dixiesme Duc, estoit dés quelques an­nées sacré pour Roy de France par le Pape Innocent second au Concile de Rheims dont nous avons parlé.

Ce jeune Prince voulant captiver les bonnes graces du Clergé leur donna une ample descharge & exemption du droict des regales par une Pancarte (en marge: Donation des regales) que du Bouchet dict avoir veu & leu en son original (en marge: Dubouc. ibid.), Choppin la rapporte tout au long (en marge: Choppinus lib. I de sac. polit.), Baronius aussi (en marge: Baro. anno 1134), Pasquier dans ses recherches l’attribue premièrement à son pere Louys le Gros (en marge: Pasquier rech. de fra. lib. 3 c. 31), elle est concleuë en ces mots (en marge: Chenut ex. Chopp.), In nomine sanctae & individuae Trinitatis, Amen. Ludovicus Dei gratia Francorum Rex tibi dilecte in Domino Gaufride Burdigalensis Archiepiscope, cum suffraganeis Episcopis Raymondo Agennensi, Lamberto Engolismensi, Guillelmo Xantonensi, Guillelmo

 

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Pictaviensi, Guillelmo Petrachoricensi, nec-non Abbatibus Burdigalensis Provinciae, vestrisque successoribus in perpetuum, &c. Leur donnant pouvoir d’eslire les futurs Archevesques, Evesques, & Abbez de ladite Province de Bourdeaux sans le congé du Roy ny de ses successeurs, Datum Parisis in palatio nostro, anno Incarnationis M. C. XXXVII (en marge: 1137). Pasquier dict que la mesme remise fut confir­mée par son fils Louys le Jeune en la mesme année estant à Bourdeaux, d’où il conclud que le droict de regale devoit appartenir aux Ducs d’Aquitaine durant leur souveraineté.

Ce mariage avoit de trop heureux commencemens pour une suitte si sanglante & funeste (en marge: Ma. Sc.). Arrestons la vie de cét Evesque en l’année d’a­près ce traicté (en marge: Meurt), le vingt-neufiesme Decembre mil cent trente-huict (en marge: 1138), il fut ensevely en l’Eglise de l’Abbaye de S. Front. (ff)

 

 

Gaufridus de Cauzé, Evesque.

Louys VII, Roy de France

& Duc d’Aquitaine.

 

Geoffroy de l’ancienne & noble maison de Cauzé (en marge: Gall. Christ.; Chenut) fut successeur de l’Evesché la mesme année (en marge: L’an de Jesus-Christ 1138) du decez de Guillelmus. Il ne tint que deux ans la

 

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chaire Episcopale, & pour ce peu de temps il laissa assez de ses marques, tant en ses bastimens, que pour le bien du Clergé (en marge: Zele): specialement tesmoignant son affection envers les Ordres reli­gieux. Pour-lors les Chevaliers du Temple estoient desja celebres par le secours & service religieux qu’ils rendoient aux pelerins du sainct Sepulchre (en marge: Guill. Tyri. lib. 12 c. 7), & dans ce peu de temps depuis leur establissement ils s’estoient rendus redoutables aux infidèles par leurs heureux exploicts d’armes (en marge: Templiers), & recommandables aux Prélats de toute la Chrestienté (en marge: Roderigues de orig. templ.): si que tous à l’envy leur donnoient du fonds pour s’establir soubs le nom des Frères de la Milice du Temple. Ils vindrent en Perigord du temps de cét Evesque qui leur donna l’Eglise de S. Maurice d’Andrivaux (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), auquel lieu avoit esté basty jadis un Monastere de Religieuses (en marge: Fondation), qui par le laps du temps vivans trop libertinement avec un notable scandale de leur incontinence, avoient enfin aban­donné la closture. Les Religieux Templiers, qui pour lors estoient en bonne odeur de zele & vertu, comme nous pouvons voir dans le Concile de Troyes (en marge: Concil. Trec. to. 3) en Champagne, furent envoyez pour le repeupler.

Cét Evesque à l’imitation de ses predecesseurs continua ses affections envers l’Abbaye de Chancelade (en marge: Ma. Sc. Cancell.), pour laquelle il consacra le se­cond Abbé Elie, lequel fit bastir l’Eglise qui est au lieu nommé Delandia (en marge: Donation), dans laquelle l’Evesque Geoffroy dict la première Messe, & y benit

 

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un Cemetiere. Il unit aussi à l’Abbaye le lieu de Merlandia, avec toutes ses appartenances: & apres avoir gouverné l’Eglise du Perigord du­rant deux ans huict mois & onze jours, il mou­rut le vingt-huictiesme Aoust de l’an mil cent quarante-deux (en marge: 1142). Il fut ensevely en la mesme Eglise que ses predecesseurs (en marge: Ma. Sc. S. Anth.). (gg)

 

 

Reymondus de Maiolio, Evesque.

Lovys Le Jeune, Duc d’Aquitaine.

 

Les merites de Raymondus de Maiolio le firent trouver digne de succeder à Geoffroy (en marge: L’an de Jesus-Christ 1142), & augmentans de plus en plus l’esleverent jufques à l’Archevesché de Bourdeaux (en marge: Chenut Gall. Christ.), aussi estoit-il tres-bon Prelat, tout pieux & de bon genie; en voicy des marques par l’affection qu’il portoit aux Religieux de Chancelade (en marge: Affection), ausquels il bailla & annexa à leur manse les Eglises de S. Martial de Artentia, de S. Sernin de Blis, & de S. Vincent (en marge: Ma. Sc. Cancell.): consacra leur Eglise qui est hors l’Abbaye (en marge: 1147), In nomine sanctae & indiuiduae Trinitatis, & in honere beati Joannis Bapt. & Sancti Frontonis Patris nostri, anno Domini 1147. quarto

 

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idus Octobris (en marge: Dedicace). De plus il celebra la première Messe en leur Eglise de Marnac, y benit le Ce­metiere. Mais le plus signalé bien-faict qu’ils receurent de sa main fut la pretieuse Relique d’une pièce de la vraye Croix qui luy avoit esté envoyée par Fulcherius faict Patriarche de Hie­rusalem ceste mesme année mil cent quarante-sept (en marge: Reliques). L’inscription ancienne gravée sur une petite lame d’argent, attachée sur la Croix qui sert de Reliquaire dict ainsi (en marge: Inscript. lam. argenteae), HAE SVNT RELIQVIAE QVAS MISIT FVLCHERIVS PATRIARCHA HIEOROSOZOLIMITANVS REYMONDO PETRACHORICENSI EPISCOPO.

Ce Fulcherius estoit natif d’Aquitaine, jadis Abbé de la Selle à Poictiers (en marge: Guill. Tyri. lib. 16 c. 1), & n’agueres avoit esté pris de l’Evesché de Tyr , & durant le temps qu’il tenoit ce Siège à sçavoir l’an mil [cens] quarante-six (en marge: 1146), un Concile avoit esté tenu à Chartres, auquel Louys le Jeune Roy de France avec Eleonor, se croizerent pour la conqueste de la Terre Saincte (en marge: Sugerius), & partirent l’année dapres avec tel nombre de Seigneurs, specialement des Aquitaniens, que les villes & chasteaux, à ce qu’escrit S. Bernard (en marge: Bernard. ep. 246), demeurerent vuides. Il est vray semblable que le present du bois sacré de la Croix fut envoyé & apporté à nostre Evesque au retour de ce voyage d’outremer.

Retour (en marge: 1152) qui ne fut si triomphant ny si heureux que le départ: car ce Roy Louys le Jeune (en marge: Annal. Gall.) couvoit en son coeur la répudiation de sa femme Heleonor (en marge: Repudiation), malheur funeste à la France, conçeu

 

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soubs je ne sçay quels ombrages de desloyauté. En fin le maltalent esclate: il assemble à Bougency les Princes de son Royaume, convoque plusieurs Archevesques & Evesques, speciale­ment il prie Geoffroy Archevesque de Bour­deaux de s’y rendre avec ses Evesques suffragans.

L’Archevesque (en marge: 1152) pour sçavoir plustost l’inclination de ses Evesques & leur sentiment sur un cas si extraordinaire les assemble à son Concile (en marge: Conc. Burdig.), & apres quelque contraste qui y intervint sur la presseance qui fut adjugée à Lambert Evesque d’Angoulesme (en marge: In tab. episc. Engol. Corl.), on conclud de se servir d’un secret non cogneu à tous (en marge: Conciles), si tant est qu’il fallut venir au mal de la dissolution du mariage (en marge: Chron. Burdig.): de là ils se rendent au Concile de Bougency (en marge: Conc. Bogenc. ex Abb. Sugerio), où la proposition de ce divorce & rupture de mariage fut impugnée au possible par Geoffroy & les siens, qui soustenoient le party d’Heleonor; mais l’oppression donnant la Loy, il proposa son expedient pour dorer la pillule, & ne ren­dre ceste separation si douleureuse, maintenant avec ses Evesques, qu’il y avoit parenté entre le Roy & la Royne du costé de pere & mere dans les degrez prohibez par l’Eglise, ce qu’ayant clairement & moyennant serment verifié, l’on condud la solution du mariage qui fut confir­mée par le Pape Eugene troisiesme. Le Duché d’Aquitaine revenant à Heleonor; elle s’y retira, & bien tost apres condud un second mariage (en marge: Thom. Vualfing.) avec Henry Comte d Anjou, & Duc de Nor­mandie (en marge: Ducs Anglois)

 

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mandie declaré heritier du Royaume d’Angle­terre, auquel il parvint dans deux ans; ainsi le Duché d’Aquitaine passe à la Couronne d’Angleterre (en marge: Ann. Aquit. 3 p. c. 4).

Fascheux eschange (en marge: 1153), de perdre son Seigneur naturel pour subir les loix & caprices d’un estranger (en marge: Henri Roy d’Angleterre & Duc d’Aquit.); qui nonobstant toutes ses protestations vouloit abolir toutes les franchises & immunités que les Roys & Ducs precedents nous avoient donné, comme il parut bien tost, après le decez de ce grand personnage (en marge: 1158) Gaufridus Archevesque de Bourdeaux l’an 1158 (en marge: Chenu. in Tab. Archiep. Burd.). Pour lors il y eut un debat & presque sedition (en marge: Debats) pour l’élection d’un successeur, les Evesques & Chanoines voulans jouyr des privileges donnez par Louys le Jeune, & son pere Louys le Gros: & à ce que le mal n’empirast par sa course (en marge: Compromis), on arresta par compromis que celuy que les Evesques d’Angoulesme, de Poictiers, de Perigueux & d’Agen nommeroient seroit receu pour Archevesque (en marge: Vide sup. anno 1137).

Ces Evesques estans assemblez a Bourdeaux (en marge: Chron. Burdig.), le Roy d’Angleterre Henry second, & mainte­nant nostre Duc, esperant par authorité mener à sa volonté ces Pères, leur propose, avec recommandations & prieres Jean Sochius, Principal du Collège de Poictiers (en marge: Corl. in Tab. Episc. Engol.), homme qui n’avoit cognoissance des divines lettres, encore qu’il fut capable pour les humaines. Nos Evesques demeurerent inebranlables en leur droict pour la cause de Dieu, respondans ces beaux

 

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mots, Honores Ecclesiastici non precibus, non largitionibus, sed virtute & doctrina comparandi (en marge: Courage sans saveur). Ainsi avec le refus ils representent au Roy l’insuffisance de celuy qu’il proposoit. Response qui luy despleut fort, il sort de l’assemblée avec cholere qui coutera cher à l’Eglise de Perigueux: car je conjecture que Reymondus fut pour lors esleu Archevesque (en marge: Chenu. in Tab. Archiep. Burdigal.), quoy que je ne le trouve dans les tables de l’Archevesché de Bourdeaux: ains apres la mort de Godefroy mise l’an mil cent cinquante huict, l’on met Harduin Doyen de l’Eglise de Sens choisy l’an mil cent soixante (en marge: Ma. Sc. Cancell.), & Bertrand Evesque de Lectoure peu de temps apres. Au moins nostre Reymond estoit Archevesque de Bourdeaux l’an mil cent cinquante neuf (en marge: 1159): ainsi le Roy tourna sa passion contre nostre Evesché, si que pour l’appaiser on luy donna du thresor de S. Front une placque d’argent où les douze Apostres estoient en relief.

Sans nous arrester a ces biens temporels prenons garde aux maux spirituels qui avoit bien avant gasté ceste Province, dans laquelle nous voyons un estrange desordre du costé qu’elle regarde le Toulouzain, causé par l’heresie des Petrobrusiens (en marge: Heretiques), fomentée par ce faux Moyne de Toloze Henry (en marge: Geneb. Innoce. 2), avantcourrier de ceste ver­mine d’Albigeois. Impieté si fort accréditée, que comme escrit S. Bernard (en marge: Vit. S. Bernardi. lib. 3 c. 5), Desja l’on trouvoit à tous pas les Eglises sans le peuple, le peuple sans leurs Prestres, les Prestres sans la deüe reverence,

 

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bref les Chrestiens sans leur Christ. Ce sainct homme envoyé de Dieu (en marge: Sainct Bernard) pour estre l’elexitaire des here­sies de son temps, & le Docteur pour le rappel des desvoyez, vint à Toulouze contre l’Heresiarque, comme jadis S. Pierre à Rome contre Simon Magus, de là passant par les pays les plus infectez d’heresie vient en Perigord se rend à Sarlac, & fut passé plus avant vers nous, sans que ce vray humble pour eviter les applaudissemens qu’on luy rendoit se retira comme à la desrobée, specialement pour se garantir du concours des malades qui venoient à luy de toutes parts pour estre participans du grand miracle raconté par l’autheur de sa vie Guillelmus Abbas qui est tel (en marge: Gill. in Vit. S. Bernardi).

Sainct Bernard estant à Sarlac (en marge: Vient à Sarlat) fit une docte predication en presence du Prelat Apostolique Geoffroy Evesque de Chartres, dans laquelle il refutoit par visves raisons les faux dogmes qui avoient infecté plusieurs de ce pays, & comme à la fin de sa predication on luy presenta selon sa coustume des pains pour les benir, alors faisant le signe de la Croix il dict tout haut, vous tous cognoistrez, que ce que je vous presche est vray, & que ce que disent les heretiques est faux, si vos malades ayant gousté de ce pain reçoivent la santé (en marge: Miracle), Le Legat Apostolique adjousta, pourveu qu’ils le reçoivent avec la foy: Sainct Bernard replique, Je ne dis pas cela; mais que tous ceux qui gousteront de ce pain seront gueris, à ce qu’on cognoisse que nous sommes messagers de la vérité, qui vient de

 

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la part de Dieu. De faict si grand nombre de malades après avoir mangé de ce pain furent gueris (en marge: Miracle), que la nouvelle en parvint par toute ceste province, & l’homme sainct rebroussa son chemin par les lieux les plus proches, evitant le concours in­tolerable du peuple, craignant de passer plus avant, dict l’autheur ja cité (en marge: Ibidem in fine).

Le voyage de S. Bernard en ceste Province attira du Clergé de Perigord un homme de condideration nommé Alquerius, pour aller se rendre Religieux à Clervaux, soubs sa reigle. Estant dans ce faux-bourg du Paradis, jouyssant du repos de la solitude, il escrivit une missive à tout le Clergé de ceste Province, exhortant ses compatriotes à donner du pied au monde, & faire un serieux divorce avec sa vanité, se retirans à son imitation dans la solitude de Clervaux. Nous trouvons ceste belle missive (en marge: Missive) dans le second tome de la Bibliothèque des Peres (en marge: To. 2 Bibl. patrum auctu. p. 3) escrite par le Frere Nicolaus Cisterciensis, Secretaire de Bernard (en marge: Nicol. Cist. epist. 36), qui avoit charge de faire la response à toutes les lettres qu’on adressoit aux Religieux de l’Abbaye, Dilectis suis Petrachoricensibus Clericis, frater Alquerius, illam vivere qua in coelo vivitur vitam. Traduisons quelques lignes qui nous serviront pour l’histoire. J’escris à vous d’un pays esloigné, quoy que vous ne soyez gueres loing de mon coeur: car la charité qui r’assemble dans le sacraire de la dilection & l’amy & l’ennemy pour l’amour de Dieu ne me permet pas que pour quelque petite heure vous soyez absens de moy. Je vous attaque

 

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courageusement avec icelle, en icelle, & pour elle mesme, &c. Que faictes-vous donc, mes tres-chers? pour quoy ne vous rendez-vous à ceste maison où les en­fans. d’Israel sans danger & sans se lasser passent le Jourdain en bon equipage, &c. Ceste Religion n’est pas comme les Religieux qui sont en vostre pays, lesquels ressentent plus à des seculiers, tirans à mespris & oppro­bre le nom d’une Religion incorporée a l’estat du siecle. Pour les nostres ils ont du tout rejetté & le monde, ce qui est du monde, &c. Il n’est pas trop asseure pour vous d’avoir la cure des ames, sans soigner le bien des ames. Vivre du patrimoine de Christ, & ne servir point à Christ. Veritables paroles (en marge: Exhortation), autant necessaires pour ce temps icy, voire encore plus que pour lors. Quant à ce qu’il dict de l’estat deplo­rable & mesprisable de nos Abbayes, tousjours il y en avoit quelqu’une où la devotion & ferveur rendoit les Religieux recommandables envers les grands (en marge: Dedicace), comme nous voyons que l’Evesque Raymond estant faict Archevesque de Bourdeaux, voulut laisser aux Religieux de Chancelade (en marge: Ma. Sc. Cancel.) un memorial de ses affections. La mesme année de son decez il fut les visiter, & consacra l’Autel de la Chappelle de l’Infirmerie, l’an mil cent cinquante-neuf, Idibus Aprilis, indictione septima, estant au Chapitre avec l’Abbé & Religieux fut ordonné que tous les jours de l’an, hors du Vendredy Sainct, l’on y celebreroit une Messe basse pour les deffuncts.

Nous apprenons par la table imprimée au pied de S. Bernard (en marge: Vid. in fine), à la dernière impression,

 

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comme dés son vivant (en marge: D. Bernard. Abbatiae) & l’an 1153 l’Abbaye de Petrosa (en marge: 1153), de Peyrouse fut fondée le 39 Mars (sic; il faudrait lire 29 Mars), & se trouve la 69. en rang de l’Ordre de Clervaux (en marge: Fundatio Abb. Petrosae anno 1153) qui est la troisiesme fille des Cisteaux; c’est merveille de 1’authorité que ce sainct Patriarche avoit acquis dans ce peu de temps depuis sa re­formation dans la Chrestienté pour l’establissement de son Ordre, pour lequel tous contribuoient par une saincte aemulation. L’Abbaye de Peyrouse dans peu fut splendide en grands revenus desquels elle dota l’Abbaye de Boschaud (en marge: Fund. Abb. Bosco Cavo), de Bosco Cavo, qui receut pour son establissement une partie de ses revenus de sa liberalité: mais le sacré thresor du corps d’un sainct Martyr, estoit le plus riche gage de l’Abbaye de Boschaud, lequel on voit encor aujourd’huy dans les ruines deplorables de cét ancien edifi­ce soubs le grand Autel sans qu’on sçache son nom (en marge: Martyrol. Rom.). Ce grand amy de Dieu S. Bernard mourut la mesme année de la fondation de Peyrouse le vingtiesme d’Aoust.

Adrian quatriesme l’année suivante qui fut la première de son Pontificat (en marge: 1154), expedia une Bulle à nostre Evesque Reymondus (en marge: Bull. Ad. 4 ad ep. Petroch.) qui luy confir­me tous les revenus que les Papes ses predecesseurs luy avoient donné.

Nous trouvons aussi que de ce temps le Comte du Perigord (en marge: Comté) fit bastir une forte & haute tour prés de l’amphiteatre, peut estre pour se munir à l’encontre des incursions des Rouptiers (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), meschans heretiques qui bien tost nous donne-

 

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ront de la peine. Raymond de Maiolio meurt l’an mil cent cinquante-neuf, n’ayant gueres demeuré au Siège de Bourdeaux, où il fut ensevely dans l’Eglise Metropolitaine de Sainct André. (hh)

 

 

Joannes d’Asside, Evesque.

Henr. II, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

 

Le Poictou n’ayant peu donner d’Archevesque A Bourdeaux sur la recommandation du Roy d’Angleterre, bailIa à Périgueux un Evesque de l’Eglise de Poictiers. Je ne sçay s’il est le mesme que Joannes Sochius Gimnasii Pictaviensis Ludimagister, refusé pour Bourdeaux; il fut recogneu pour nostre Evesque l’an mil cent soixante, auquel temps l’heresie avoit notablement gasté les esprits de ces quar­tiers, si que desja des paroles ils venoient aux armes, se saisissoient des fortes places, exerçoient toutes hostilitez possibles contre les Catholiques: specialement à l’encontre des Religieux qui tousjours ont esté persecutez par les ennemis de l’Eglise.

 

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Le chasteau de Gavaudun en Agenois (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), forte place à raison de son assiete servoit de retraicte à tels brigandages (en marge: Gavaudun), & apportoit notables dommages à leur voisinage. Nous trouvons par memoire que nostre Evesque Jean monstra qu’il sçauoit plus que fueilleter son Breviaire; faisant levée de gens de guerre, il alla assieger ceste pla­ce qui sembloit inexpugnable à raison de sa position, comme il se void encores aujourd’huy: si est-ce pourtant qu’il la força, la print, la fit razer rez pied rez terre (en marge: Prins), humiliant ceste canaille d’heretiques qui desja estoient appellez Ruptaris, parce qu’ils brisoient, rompoient, froissoient les Croix, Images & Autels sacrez, comme on peut voir dans l’epistre première & seconde du venerable Pierre Abbé de Cluny (en marge: Pet. vener. lib. I ep. I & 2); lequel d’un costé par sa doctrine s’estoit opposé à ceste im­pieté faisant brusler à S.Gilles l’autheur de ceste doctrine (en marge: Ma. Sc. ibid.), nostre Evesque en ces quartiers s’opposa aussi par armes a leurs efforts, suyvant dict de luy un vieux manuscript.

Quippe Gavaudunum cui par vix credo nec unum Destruxisse solo constat.

Tous ces desordres avoient bien desbauché l’Eglise en Aquitaine, & nos Annales (en marge: Ann. Aquit. dub. 3 p. c. 4) asseurent que lors que le Pape Alexandre troisiesme assembla son Concile à Rheims (en marge: 1163; Conciles), 1’un des principaux motifs fut pour la reformation des moeurs des gens d’Eglise d’Aquitaine (en marge: Sygebert. contin.). Il est vray que la principale cause estoit pour condamner & exterminer l’Antipape Victor avec ses adherans,

 

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mesme derechef l’an du Seigneur mil cent soixante & trois il assembla à Tours un Concile (en marge: Conc. Turo. t. 3 anno 1163), auquel furent dix-sept Cardinaux, cent vingt-quatre Evesques, & les mesmes annales disent que tous les Archevesques & Evedques d’Aquitaine s’y trouverent; partant disons quelque mot des articles qui y furent conclus (en marge: Conclusions). Specialement fut prohibé aux Ecclesiastiques de s’engager dans le peché sordide de symonie, deffendu aux re­ligieux le meslange trop familier avec ceux du monde, les religieux du dioceze du Perigord avoient bon besoing de ceste reformation (en marge: Reformation necessaire), comme nous avons veu par la missive du religieux de Clervaux (en marge: Vid. sup. epist. Alquer.). Le chapitre quatriesme recommande affectueusement aux Evesques & Curez de ces quartiers de veiller contre les detestables heresies de Tholoze, qui desja avoient glissé comme un chancre dans la Gascongne & Provinces voisines, & partant, disent-ils (en marge: Vid. infra 1220). Nous commandons à tous les Sieurs Evesques & Presres qui demeurent en ces quartiers de veiller à l’encontre d’eux , & prohiber par la menace de l’anatheme qu’aucun n’aye à donner retraicte en son pays, ny secours à ceux qui seroient recogneus sectateurs de ceste heresie (en marge: Eviter les heretiques): mais dans peu il faudra porter des remedes plus forts & violens; l’opiniastreté de l’estiomene ne cedant à la force de ces medicamens anodins, mettra en main le fer & le feu contre sa malice.

Je trouve encor que nostre Evesque Joannes Pictavienfis fit des donations (en marge: Ma. Sc. Cancell.) au Sieur Elie

 

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Abbé de Chancelade & à ses Religieux des Parroisses appellées Lateira & Saccus (en marge: Donation), pour y bastir des Eglises. Bref ayant tenu la chaire Episcopale durant neuf ans moins sept jours (en marge: 1169), il deceda l’an mil cent soixante-neuf, & pour sa sepulture il y eut notable different & procez entre le Clergé de l’Eglise Cathedrale Sainct Estienne & Collegiale S. Front, les premiers pretendans avoir droict pour le corps de leur Evesque l’enleverent par violence, & l’ensevelirent en leur Eglise (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), dont les autres firent un grand procez, qui couta beaucoup de part & d’autre. Nous voyons son epitaphe gravé dans un pilier de l’Eglise Cathedrale prés de sa sepulture en ces mots (en marge: Sepulture). ANNO AB INCARNATIONE DOMINI M.C.L.D.X. NONO. SECVNDA DIE MAII OBIIT DOMINVS IAANNES HVIVS ECCLESIAE EPISCOPVS, SEDIT AVTEM IN EPISCOPATV NOVEM ANNIS SEPTEM DIEBVS MINVS (en marge: Inscript. lapid. epitaph.).

Un peu à costé on peut lire le commencement de la poesie qui ressent la rudesse de ce siecle.

PICTAVIA NATVS HIC PAVSAT PRAESVL HVMATVS FILIVS ERGO DEI PROPITIETVR EI. (ii)

 

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Petrus Minetis, Evesque.

Richard, Duc d’Aquitaine.

 

Nous pouvons apprendre de Petrus Blesensis (en marge: L’an de Jesus-Christ 1169), homme celebre en l’Eglise, le pays & parantele de Pierre Minetis ou Minetz, au­quel il escrivit une epistre qui est parmy ses oeuvres, la trente-quatriesme, par laquelle il se recognoist son cousin & parent proche. Ce fut lors qu’il se retiroit des estudes, ses pere & mere estans decedez (en marge: Origine), lesquels, comme il dict en une autre epistre, estoient des plus nobles de la petite Bretagne: voicy ses mots traduits (en marge: Petrus Blesensis epist. 34). Mon pere & ma mere ont prins leur origine des plus apparents de la petite Bretagne, ce que je ne dis pas par jactance, mais je repute la vraye noblesse des vertus estre plus recommandable lorsqu’elle est conjoincte avec la noblesse de l’extraction, son epistre porte ceste suscription, Reverendissimo Patri Petro Petrachoricensi Episcopo Petrus Blesensis suorum consanguineorum imo servorum mini­mus salutem & continuos ad vota succeffus (en marge: Pierre de Blois). Ce bon

 

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Prelat l’avoit prié voire conjuré de venir faire sa residence avec luy dans son Palais, tant pour honorer ses merites, comme aussi pour se servir du rare sçauoir & conseil de celuy qui fut trouvé digne non seulement d’instruire l’Eglise en ge­neral par ses doctes escrits (en marge: Doctrine); mais par special fut choisi pour precepteur du fils du Comte du Perche qu’il conduit à la Royne de Sicile, où il fut trouvé capable d’enseigner son fils voire & tout celuy du Roy d’Angleterre (en marge: Comment. ex Epis. 49). Ayant donc suivy la fortune qui se presentoit par le Comte du Per­che, il s’excusa envers nostre Evesque, com­mençant par les loüanges de la sacrée dilection plus forte que la mort, puis qu’elle unit les coeurs absens (en marge: Amitié), & la mort separe l’ame d’avec le corps. (en marge: Ep. 34) Et j’ay recogneu cecy en vous, dict-il, à la faveur de l’expérience, puis que vous m’avez regardé d’un oeil plus favorable, moy qui suis le plus petit & comme l’avorton de la magnificence de vostre parantele. Vous m’avez escrit, si tant est que je me souvienne fidelement de vostre commandement, que je me rendisse au plustost à vous pour y demeurer comme vostre domestique & commensal. Soudain mon esprit tressaillit d’applaudissement par la parole de vostre benignité, & desja j’avois deliberé de me rendre à vous, lors que, &c.

Quelque temps (en marge: Chroni. Engol. Corl.) apres la promotion de nostre Evesque (en marge: 1171), il se presenta un employ fort honorable (en marge: Employ) pour luy à raison du mariage d’Heleonor fille du Roy d’Angleterre, & d’Heleonor Duchesse d’Aquitaine, avec Alphonse second Roy

 

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d’Espagne, où elle fut conduitte accompagnée de l’Archevesque de Bourdeaux (en marge: Honorable), & des Evesques de Poictiers, Engoulesme, Xaintes, Perigueux, Agen & Bazas, de Raoul de la Faye Seneschal de la Guyenne, du Comte de Perigord Elie fils de Bozon, & plusieurs autres Sei­gneurs ausquels le Roy d’Espagne fit de beaux & riches presens (en marge: Chronic. Burdig.): l’on proposa aussi le mariage de Richard second fils du Roy Henry avec la fille du Comte de Barcellonne (en marge: Meynard arrest.), luy donnant le Duché d’Aquitaine, & pource Richard surnommé coeur de Lyon (en marge: Dub. Ann. Aquit. 3 p. c. 4), est le douziesme Duc d’Aquitaine (en marge: Richard coeur de Lyon Duc d’Aquit.).

Desja les seigneurs de ces quartiers souspirent apres le gouvernement des François impatiens d’estre opprimez par la domination de l’Anglois, ils se saisissent des places les plus fortes, agissent hostilement contre ceux qui tenoient leur party, ce qui appella Henry Roy d’Angleterre pour venir maintenir en obeyssance ce pays du Perigord qui desja s’estoit revolté contre luy (en marge: Ma. Sc. S. Anth.). Il y vint avec ses fils Henry Duc de Normandie, & Richard Duc d’Aquitaine, assisté du Roy d’Arragon, du Comte de Bre­tagne Geoffroy, & d’Hergamonde Dame de Narbonne pour assieger le Puy S. Front (en marge: Siege faict par les Anglois), & s’il faut agir par conjecture; je crois que la place leur demeura, car nous trouvons que l’an mil deux cens deux ceste ville estoit soubs leur puissance (en marge: Dub. ibid. c. 6), puis que la trahison pretendüe contre Poictiers y fut tramée par les Anglois avec

 

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le Clerc du Maire de Poictiers.

Les actions de pieté furent ordinaires à nostre Evesque, nous en trouvons des marques aux sacres de plusieurs Autels (en marge: Dedicaces); il en sacra un dans Chancelade (en marge: 1171), In honorem sancta Trinitatis, & in honorem sanctae Crucis, & in honorem beatae & gloriofae Virginis Mariae, & sanctorum Apostolorum Philippi & Jacobi, & sanctorum Martyrum Sebastiani & Blasii, & sanctorum Confessorum Augustini & Nicolai, & sanctarum Virginum Agnetis & Caeciliae anno Domini 1171. sexto nonae Maii (en marge: Ma. Sc. Cancell.). En presence du troisiesme Abbé Gérard qui avoit esté beny par ce mesme Evesque quelque temps auparavant.

Je trouve une inscriptîon pour l’année suivante qui marque le sacre de l’Eglise de la glorieuse Martyre Saincte Alvera ou Alvenera (en marge: Sainte Alvere), fille de ceste noble maison de Sainct Alvere en Perigord, & donna le nom à la famille qui a esté plus honorée par son haire, par sa discipline, & par sa mort sanglante, ayant esté martyrisée pour la gloire de Dieu (en marge: Sancta Alvera mart.), que par l’antiquité de sa race. Nous ne sçauons rien du temps de son martyre, les actes ayans esté perdus par les laps du temps, seulement nous voyons aujourd’huy en ce lieu son sacré chef, auquel il y a une ouverture de quatre doigts, faictc d’un coup de cou­telas qui luy emporta sa benite ame. L’inscription du sacre de ceste Eglise (en marge: 1172) gravée au mur parle ainsi (en marge: Inscript. lapid.), AB INCARNATIONE DOMINI M.C.L. XXII ... PETRVS DEI GRATIA

 

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PETRACHORENSIS EPISCOPVS IN HONOREM B. MARIAE, ET S. IACOBI APOSTOLI, ET S. MARII, ET S. BLASII, ET S. CATHARINAE VIRGINIS VI. NO. IVL. HOC ALTARE CONSECRAVIT.

De plus l’an mil cent septante-sept (en marge: 1177) l’Eglise de Sainct Amand de Boisse est dediée par Bernard Archevesque de Bourdeaux, accompagné des Evesques Jean de Poictiers, Pierre de Périgueux, Aymard de Xaintes, Lambert d’Angoulesme, & les Abbés Pierre de S. Jean d’Angeri, Jordain de Charroux, Bernard de Nantuil, Raymond de Baigne, Julien de la Cou­ronne, avec celuy de Sarlat & de Sellefroin (en marge: Chron. Engol. Corl.).

L’année apres (en marge: 1178) r’appelle encore nostre Evesque à Chancelade pour le sacre d’un Autel (en marge: Ma. Sc. Cancell.), In nomine Dei, & honorem S. Crucis, & S. Marci, & S. Martini, & S. Catharina Virginis, & S. Thomae Cantuarensis (en marge: Dedicaces). Il y avoit seulement sept ans de­puis son martyre, & les Anglois estans maistres de ceste Province l’honnoroient desja grande­ment, comme j’ay veu dans plusieurs vieilles peintures de nos Eglises. Il confera aussi à ceste Abbaye les lieux de Cantamerlé, de Fata, de Capefrico, de Giranno, esquels lieux l’Abbé Gérard fit bastir des Eglises.

Il ne faut obmettre le soing Pastoral (en marge: Action pieuse) qu’eut nostre Evesque de r’affembler tous les ossemens des Evesques ses predecesseurs ensevelis dans l’Eglise S. Front (en marge: Ma. Sc. S. Anth.), lesquels il transporta avec grande solemnité dans des cercueils de pierre qu’il fit poser autour de la Chappelle qu’il de-

 

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dia & consacra a Saincte Catherine, faisant peindre au dessus leurs effigies, qui commençoient depuis Bertrandus, jusques à Gaufridus de Cauzé, avec les inscriptions de leurs noms. Dans ceste action toute pieuse il peut apprendre la leçon de bien mourir (en marge: Meurt) pour la pratiquer l’an mil cent huictante-deux (en marge: 1182), l’onziesme d’Avril, ayant tenu la chaire douze ans cinq mois vingt & deux jours (en marge: Chenu. in tab. episc.), il fut ensevely dans son Egli­se Cathedrale S. Estienne. (jj)

 

 

Adzemarus, Evesque.

Richard, Duc d’Aquitaine.

 

Desja le cours du temps & des affaires avoit apporté de l’ambarras à la cognoissance des droicts de l’Evesque (en marge: L’an de Jesus-Christ 1182); c’est pourquoy deslors qu’Aymard fut promeu à l’Evesché il eut recours au Sainct Siege, obtenant du Pape Urbain troisiesme une Bulle tres-autentique, par laquelle ce Pape à l’imita­tion de ses predecesseurs Alexandre & Lucius, met soubs sa protection & sauvegarde l’Eglise du Perigord, & déclare au long plusieurs droicts qui requierent que je l’insere icy tout au long.

 

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(en marge: Bulla Urbani Papae anno 1187) Urbanus Episcopus servus servorum Dei venerabili fratri Ademaro Petrachoricensi Episcopo, ejusque successoribus canonice substituendis in perpetuum. In eminenti sedis Apostolica specula dispositionis dominio constituti, fratres nostros Episcopos tam propinquos quam longe positos fraterna debemus charitate diligere, & Ecclesiis à Deo sibi commissis paterna sollicitudine providere. Ea propter venerabilis in Christo frater Ademarus Episcopus, tuis justis postulationibus clementer annuimus & foelicis recordationis praedecessorum nostrorum Alexandri & Lucii Romanorum Pontificum vestigiis inhaerentes, Petrachoricensem Ecclesiam cui auctore Deo praesse dignosceris, sub B. Petri & nostra protectione suscipimus (en marge: Sub apostolicae sedis, protectione), & praesentis scripti privilegio munimus. Statuentes ut quascumque possessiones, quaecunque bona eadem Ecclesiae in praesentiarum juste & canonice possidet, vel in futurum concessione Pontificum, largitione Regum, vel Principum, oblatione fidelium, seu aliis justis modis praestante Domino poterit adipisci, firma tibi, tuisque successoribus illibata permaneant, in quibus haec propriis duximus exponenda vocabulis (en marge: Bona & pheoda episcopatus). Ecclesiam S. Aviti senioris, Ecclesiam S. Joannis de Cola, Ecclesiam S. Cypriani, Ecclefiam de Plazaco, Ecclesiam de Peyraco, cum omnibus earum pertinentiis. Phoedum insuper eum debito do­minio quod habet a Petrachoricensi Episcopo vicecomes Lemovicensis, & Dominus de Gordon, & illi de S. Asterio, & illi de Agonaco, & illi de Roca S. Christophori, & illi de Albaroca, & illi de Bordelia, & caetera pheoda quaecumque à Petrachoricensi Epis-

 

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copo teneantur, unum quoque Molendinum & caeteros reditus quos in tuo Episcopatu juste habere dignosceris: (en marge: Ne distrahantur) Statuimus praterea ut nullus cujuscumque ordinis Clericus Ecclesias in vita sua tantum sibi con­cessas ad jus Episcopale pertinentes, faciat censuales, neve monachi, aut canonici seu quilibet aliis c1erici in Ecclesiis ad hunc Episcopatum pertinentibus, sine tua auctoritate vel removere audeant, vel instituere capellanos, nisi forte privilegiis Romanorum Pontificum vel antiqua vel justa consuetudine committantur. Sensemus etiam ne canonici majoris Ecclesia (en marge: Pro canonicis cathedralis Eccle.), canonicos vel clericos in ea ponere, thesaurum distrahere, vel minuere, seu bona ipsius Ecclesia te inconsulto alienare ulla ratione praesumant. Decernimus insuper ut tam clerici majoris Ecclesia (en marge: Et colleg. S. Front.), quam clerici S. Frontonis in omnibus tibi obedientiam & honorem impendant, institiam tuam tibi cum integritate conseruent. Praterea quod communi consensu capituli vel sanioris partis consilio in utraque Ecclesia per te canonice fuerit institutum, id ratum & firmum volumus permanere. Cemeteria quoque Ecclesiarum & Ecclesiastica beneficia nullo haereditario jure nemo audeat possidere: Paci quoque & quieti Petrachoricensis Ecclesia providentes inter dicimus ut infra terminos canonice ad jus ejusdem Ecclesiae specialiter pertinentes (en marge: Immunitates & inalienationes domorum), domibus Episcopi & clericorum deputatis nulli laico liceat mansionem habere, vel alicui fas sit etiam domum quam ibi habet, dare, vendere, vel cuilibet dimittere nisi Ecclesiae, vel saltem clerico, & non sine assensu Episcopi, qui pro tempore fuerit (en marge: Pro monachis). Porro quia quidam monachorum jus suum Episcopis

 

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aufferre contendunt, prohibemus ne monachi in Dioecesi Petrachoricensi capellanias teneant, saceredotis capellani officium seu benefcium non assumant, sed praasbiteris capellanis integre conserventur quacumque ad jus capellania pertinere noscuntur. Auctoritate quoque Apostolica interdicimus ut nec clerici, nec monachi, seu quilibet religiosi interdictos sive excommunicatos Petrachoricensis Episcopi (en marge: Pro excommunicatis), vel ministrorum ejus in Ecclesiis scienter recipiant, vel illis praesentibus divina celebrent officia, nec ad religionis habitum eosdem excommunicatos sine satissactione suscipiant, si satisfaciendi potestatem habeant, nec si mortui fuerint eos sepelire praesumant. In parochialibus siquidem Ecclesiis (en marge: Pro parrochis & capellanis), Petrachoricensis Dioecesis ad Episcopum pertinentibus, absque licentia & assensu Episcopi presbyter capellanus minime statuatur. Prohibemus autem ne presbiteri capellani Ecclesiarum ad jus Petrachoricensis Episcopi distrahere vendere vel obligare praesumant, seu alio quolibet titulo alienare, & si factum fuerit irritum habeatur. Sacrorum quoque canonum auctoritatem sequentes, interdicimus ut nullus Episcopus vel Archiepiscopus (en marge: Pro Archiepisc. & Episc.) absque assensu Petrachoricensis Episcopi in Dioecesi Petrachoricenfi conventus celebrare, causas & Ecclesiastica negotia ejusdem Dioecesis tractare praesumat, possessiones etiam seu quaelibet dona Petrachoricensis Episcopi, vel qua ab ipso in pheudo vel alio modo tenentur, nulli Ecclesia seu persona contra aliquam & rationabelem consuetudinem, & sine assensu ejusdem Episcopi liceat conferre, impignorare, vendere, seu cuilibet dare, vel quolibet alio titulo alienare.

 

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Quartam vero partem decimarum (en marge: 4. pars decimarum pro Episc.) juxta canonicam sanctionem, sicuti antecessores tui hactenus habuerunt, tibi tuisque successoribus auctoritate Apostolica confirmamus: Decernimus ergo ut nulli omnimo hominum fas sit praefatam Ecclesiam temere perturbare, aut ejus possessiones auferre, vel ablatas retinere, minuere, seu quibuslibet vexationibus fatigare, sed omnia integro conserventur eorum pro quo­rum gubernatione ac sustentatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva sedis Apostolica auctoritate, & Burdigalensis Episcopi debita reverentia. Si qua igitur Ecclesia in futurum, vel secularis persona hanc nostrae constitutionis paginam sciens con­tra eam temere venire tentaveris, secundo tertiove commonitus nisi praesumptionem suam digna satisfactione correxerit (en marge: Comminationes), potestatis honorifique sui careat dignitate, reumque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat, & a sacratissimo corpore & sanguine Dei, ac Domini Redemptoris alienus stat, atque in extremo examine districtae ultioni subjaceat, cunctis autem eidem Ecclesia sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jesu Chrifti, quatenus & hic fructum bonae actionis percipiant, & apud districtum judicem praemia aeterna pacis inveniant. Amen.

(en marge: Signaturae) Ego Urbanus Catholicae Ecclesiae Episcopus. Ego Petrus Debutz Presbiter Cardinal tituli S. Susannae. Ego Laborans Presbiter Cardinalis Sanctae Mariae Transtyberim, tituli Calixti. Ego Presbyter Melior Cardinalis SS. Joannis & Pauli tituli Pamachis. Ego Adelardus tituli S. Marcelli Presbiter Cardinalis.

 

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Ego Henricus Albaniensis Episcopus. Ego Paulus Praenestinus Episcopus. Ego Theobaldus Hostienfis Zelletinensis Episcopus. Ego Jad. Diaconus Cardinalis S. Mariae in Tosnudum. Et ego Cratianus SS. Cosmae & Damiani Diaconus Cardinalis. Ego Radulphus S. Georgii Ad velum aureum Diaconus Car­dinalis. Datum per manum Alberti S. Romanae Ecclesiae Presbiteri Cardinalis & Cancellaris decimo Kalendas Octobris indictione sexta Incarnationis Domini anno 1187. Pontificatus vero Domini Urbani Papa tertii anno secundo. (en marge: 1187)

Ceste Bulle Apostolique signée par douze Cardinaux, assoupit beaucoup de querelles entre le Clergé de ceste province.

Je conjecture avec beaucoup de probabilité que dés quelques années le Monastere des Dames Religieuses de Ligueurs en Perigord (en marge: Fund. monilium lygurii ord. S. Bene.) avoit esté fondé par nos Roys (en marge: Ligueulx), soubs la reigle estroicte de S. Benoist. Les premieres asseurances que j’en trouve apres les ruines des siecles passez, sont la Bulle du Pape Clement troisiesme don­née en leur faveur à l’arrivée de son Pontificat. tertio Kalendas Junii anno 1188. Pontificatus anno primo (en marge: 1188), par laquelle plusieurs privileges sont conferez à ceste Abbaye (en marge: Bull. Clem. 3. an. 1188), la quelle estant accreüe par les liberalitez de plusieurs Seigneurs du voisinage, ce Pape la met soubs sa protection pa­ternelle, donnant à l’Abbesse le droict de presentation aux Eglises dependantes de leurs manses & autres privileges, qui furent derechef confirmez par le Pape lnnocent quatriedme dans

 

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sa Bulle (en marge: Bull. Inn. anno 1243) baillée à Lyon decimo quinto Kalendas Julii anno 1243. Pontificatus anno secundo (en marge: 1243). Et ce sans prejudice de la jurisdiction & droicts appartenans à l’Evesché.

N’advançons tant le pas, sans prendre garde que nostre Evesque l’année mil cent huictante-neuf (en marge: 1189) fut à la compagnie de plusieurs Archevesques & Evesques assemblez au transport des Reliques de S. Estienne de Muret (en marge: Reliques honorées), fondateur de l’Ordre de Grandmont, comme tesmoigne Guido en ces mots (en marge: De Cruce in Tab. Episc. Cadurc. ex p. Guid.), Circa finem mensis Augusti sub annum Domini millesimum centesimum, octuagesimum nonum celebravit digno cum honore relevationem corporis S. Stephani Confessoris cum processione solemni convocatis & praesentibus ibidem tribus Archiepiscopis scilicet Henrico Bituriensî, Helia Burdigalensi, & Raymondo Apamiensi qui apud Grandimontem de Partibus tranfmarinis exul advenerat; nec non sex Episcopis, Silvando Lemovicensi, Guillelmo Pictaviensi, Adzemaro Petrachoricensi, Gerardo Cadurcensi, Bernardo Agennensi cum multis Abbatibus & Religiosis.

L’année après nous apportera la paix en ses commencemens, & finira en guerres & oppressions: car Richard Duc d’Aquitaine surnommé Coeur de Lyon (en marge: Richard Duc d’Aquitaine), est faict Roy d’Angleterre (en marge: 1190) l’an mil cent nonante (en marge: Ann. Aquit. 3 p. c. 5), & desja la Croizade avoit esté conclüe au Concile de Paris (en marge: Concil. paris. to. 3. anno 1190) contre Saladin, qui avoit pris sur les Chrestiens la ville de Hierusalem, ce qui avoit obligé le Roy de France Philippe de faire paix avec Henry & Richard (en marge: Duché), ils

 

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s’en vont de compagnie au voyage d’outremer avec tres-puissante armée (en marge: Gagni. lib. 6). Mais nostre Roy pour certaine cause rebroussant chemin vint en Normandie assieger des villes qui appartenoient au Roy d’Angleterre. Richard vint au secours, & prenant terre est prins prisonnier par le Duc d’Austriche qui le met à rançon de cent cinquante mille marcs d’argent (en marge: Rançon): payement qui vint fondre sur les benefices, sur les croix, calices, chasses , & joaliers des Eglises d’Aquitaine. Ceux qui en cachette les peurent sauver firent un bon coup (en marge: Ann. Aquit. ibid.), ce que je n’espere des Eglises de ceste province trop asservie soubs la puissance Angloise.

Nous pouvons en suitte apprendre qui estoit en ce temps le Comte du Perigord par l’autentique inscription du sacre de l’Eglise de Sainct Martin de Limueil (en marge: Dedicace), faict par nostre Evesque l’an mil cent nonante-quatre (en marge: Inscript. lapid.; 1194). ANNO AB INCARNATIONE DOMINI MILLESIMO CENTESIMO NONAGESIMO QVARTO, INDICTIONE DVODECIMA CONCVRRENTE QVINTA, EPACTA XXVI. TERTIO KALEND. FEBRVARII DIE DOMINICA, LUNA QVARTA, DEDICATA EST HAEC ECCLESIA ET ALTARE A DOMINO ADEMARO PETRACHORICENSI EPISCOPO, IN HONOREM S. TRINITATIS, ET S. MARIA VIRGINIS, ET S. MARTINI EPISCOPI ET CONFESSORIS, ET B. PAVLI APOSTOLI, ET B. THOMAE ARCHIEPISCOPI ET MARTYRIS ET S. CATHARINAE VIRGINIS ET MARTYRIS, ET OMNIVM SANCTORVM DEI.

 

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HEBRARDO DEVILLARS HVIVS ECCLESIAE DIACONO EXISTENTE, PHILIPPO REGE FRANCORVM IMPERANTE, RICHARDO REGE ANGLIA DVCATVM AQVITANIAE TENENTE, ELIA TALEYRANDO PETRACHORIORVM COMITE, IN METRAPOLICA BVRDIGALENSI ELIA RESIDENTE (en marge: Helie Taleyrand Comte de Perigord; Comté).

Quelque temps apres ce Roy Richard fut tué à Chalus (en marge: 1200) en punition de son avarice (en marge: Ann. Aquit. 3 p. c. 5; Chron. Burdig.). Jean sans terre succede au Royaume & au Duché (en marge: Jean sans Terre Duc d’Aquit.; Duché), lequel bien tost apres fut reuni à la couronne de France, d’autant qu’il fut convaincu des cri­mes d’avoir faict mourir son nepveu le Duc de Bretagne, & de rebellion audit Roy Philippe.

Ademarus restoit encore nostre Evesque l’an mil deux cens neuf (en marge: 1209), & fut choisy avec l’Arche­vesque de Bourdeaux Elie (en marge: Arbitres) pour arbitrer & ac­corder les differens survenus entre les Abbés de Pontigni & de Cadouin (en marge: Ma. Sc. Cadun.), & fut déclaré par eux que Cadouin estoit de la filiation de Pontigni la septiesme en rang des Abbayes qui luy sont subjectes en divers diocezes.

Je ne puis obmettre la saincte resolution de trois nobles freres de ceste province, de la mai­son de la Faya, qui ceste mesme année 1209 consacrerent leur maison & tout leur bien (en marge: Fondation), qui estoit és Parroisses de Laguliac & de Mensegniac pour eriger un Prioré Conventuel de l’Ordre S. Augustin (en marge: Fund. priorat. convent. de la Faya anno 1209), dependant de l’Abbaye de la Couronne prés Angoulesme, soubs le tiltre Beatae Mariae de Faya. Arnaldus l’aisné des trois freres estoit Chanoine de S. Front (en marge: Ma. Sc.);

 

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Joannes estoit Moyne de la Grand Selve; & Guillelmus le troisiesme renonça à l’heritage & à son patrimoine pour en faire une offrande à Dieu & à sa saincte mere, Pro se & toto genere suo, in suarum & suorum patris & matris, & omnium parentum remedio animarum, dict le tiltre de la fondation, qui fut confirmé par Archambaud qui fut dans peu Comte du Perigord. (kk)

 

 

Radulphus de Turribus, Evesque.

Phil., Roy de France & Duc d’Aquitaine.

 

Nous descouvrons un peu tard (en marge: L’an de Jesus Christ 1209) le mal tout chancreux de l’heresie Albigeoise (en marge: Catel. lib. 2 Com. Tholos.), qui adjoustant sa malignité sur les escarres de la Vaudoise & Petrobrusienne (en marge: Heretiques), rendit enfin les parties nobles de ce pays irremedia­bles; le voisinage de l’Agenois nous communi­qua le venin qui l’avoit tout à faict infecté (en marge: Darn. Antiqui. Agenn. c. 12), d’autant qu’il appartenoit au Comte de Tholoze Raymond (en marge: Rebelles), assez diffamé pour estre le fauteur & promoteur de ceste detestable impieté (en marge: Aeneas Sylv. ex Sygib.), qui fut mesmes appellée Agennoise, aussi bien que Albigeoise. Durant prés de cent ans l’Eglise fut

 

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affligée par ce party rebelle à Dieu & au Roy. Enfin l’an mil deux cens dix (en marge: 1210) le S. Pere fit publier contr’eux la Croizade (en marge: Geneb. Chronol.), dont Symon Comte de Montfort fut general (en marge: Guill. Nang.), & apres plusieurs no­bles exploicts de guerre faicts dans le Languedoc (en marge: Humiliez) il vint subjuguer en Aquitaine les places re­belles (en marge: Paulus aemil.). Cassaigneul qui est en Agenois estant pris sur les ennemis le Comte passe au Perigord, vint au Chasteau de Domme ou Domnis (en marge: 1213), trouve qu’à son arrivée ces heretiques enragez l’avoient abandonné, & partant il ordonna qu’on demolist une grande tour du chasteau.

Demy lieuë au delà le chasteau de Montfort estoit commandé par Bernard de Casnac, à qui la cruauté naturelle à l’heresie, n’avoit rien laissé d’humain que la face. Sa femme estoit soeur du Vicomte de Turaine, qui de beaucoup encor surpassoit la cruauté felonne de son mary, & partant la memoire de ces deux Lestrigons sera à jamais en malediction dans ceste province (en marge: Pet. vall. Sern. hist. Albi. c. 142); tous deux notables pilleurs de nos Eglises, meurtriers inhumains des soldats croisez, qu’ils surprenoient aux passages, lors qu’ils s’alloient joindre aux armées du Comte Montfort, bour­reaux inhumains des pauvres Catholiques, desquels le Comte Montfort trouva au Monastere de Sarlac plus de cent cinquante refugiez, qui ayans esté pris par ce tyran leur avoient couppé les pieds & les mains (en marge: Cruautés), poché les yeux (en marge: Noger. lib. 2 c. 25); & la femme plus sanguinaire avoit arraché les mammelles aux femmes, couppé les poulces

 

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pour les rendre inhabiles au travail, & plusieurs autres inouys phalarismes que deux anciens historiens escrivans ceste persecution des Catho­liques, s’excusent si plus au long ils n’osent dire de plus grandes inhumanitez: desquelles la natu­re la plus desnaturée auroit horreur. Au bruict de l’arrivée du Comte Montfort ces sanguinaires quittent la place, s’enfuyent au devant de sa furie justiciaire, le chafteau est donné pour estre demoly à l’Evefque de Carcassonne, tres-zelé en cét oeuvre de Dieu.

De plus le chasteau de Castelnau n’estant guere loing de ceste place forte & dangereuse (en marge: Places remises), fut d’abord abandonné par les Routiers (en marge: Chron. de Sym. de Montfort): ainsi estoient encore appellez les rebelles, pour la raison desducte cy dessus (en marge: Vid. sup. anno 1163). Le Comte ne voulut faire démolir ceste forteresse: ains y fit dresser une citadelle pour la garnison qu’il y mit. Le quatriesme lieu estoit le chasteau de Beynac ou Bariac, appartenant à un Seigneur signalé persecuteur de l’Eglise (en marge: Persecuteurs d’Eglise), qui avoit pillé, volé, bruslé plusieurs Temples & biens Ecclesiastiques. Le Comte de Montfort luy envoya le choix, ou de rendre aux Eglises ce qu’il avoit si injustement & violemment ravy, ou bien de se resoudre à voir son chasteau desmoly, luy assignant temps prefix pour se resoudre. Cependant il se saisit de la place abandonnée comme les autres.

Beynac tardoit trop a la response sur l’esperance que le Comte laisseroit son chasteau comme le precedent pour estre frontiere contre

 

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l’Anglois, qui tenoit tout ce qui estoit au delà en sa domination contre le Roy de France Philippe (en marge: P. Vall. ser. c. 143 & noger. ibid.); mais il commanda la demolition des Tours & murailles (en marge: Demolitions); de forte que la prinse de ces quatre chasteaux où l’heresie avoit regné, dont ils sont appellez le Siège de Sathan, apporta beaucoup de repos & de paix non seulement à nostre pro­vince (en marge: Paix), mais encor à l’Agenois, Quercy & Limousin, suivant la remarque des Autheurs dont je me suis servy, specialement de la Chronique ancienne, qui depuis quelques années a veu le jour à la fin des Comtes de Tholoze faicte par Catel (en marge: Siege de Sathan). In praedictis quatuor castris, scilicet Doma, Monteforti, Castro novo, Beynaco, Petrachoricenfis Dioecesis, à centum annis, & ante a sedes fuerat Sathana ab iis egressa fuerat iniquitas super faciem terrae illius, quibus subjugatis reddita est pax & tranquillitas non solum Petrachoricensibus, & Cadurcencibus; sed & Agennensibus & Lemovicensibus pro magna parte: quoy que la guerre contre les heretiques ne finit qu’environ l’an mil deux cens quarante & trois, selon Paul Aemile (en marge: Paul Aemil. l. 7; Chronic. incerti auth. ab anno 1202 ad 1311 apud cat. comit. Thol.).

Cependant dés l’année mesme (en marge: 1213) de ce grand bien apporté à ces quarties par le Comte Montfort, 1’Archevesque de Bourdeaux avec nostre Evesque & celuy de Bazas, escrivent au Pape Innocent (en marge: Epistol. Arch.) la paix comme asseurée en ceste pro­vince, pourveu que le Comte Reymond ne fut remis dans les terres, dont il avoit esté justement depossedé; Cum enim, disent-ils, in partibus dictis pestis haeretica gravitatis jam adeo pullu-

 

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lasset, quod eisdem corruptis poenitus partes affines affectura morbo simili videbatur, cumque Rothariorum violentia principibus omnibus ejusdem terrae consentientibus & hoc idem facientibus, Ecclesias, fidemque Catholicam, omnemque Religionem Christianam nostris impugnaret, vestrae providae discretioni placuit has incommoditates sapienti consilio refraenare, quo fidelium signatorum, & Comitis Montisfortis mediante labore per mandatum vestrum in parte maxima tam haereticos quam Rotharios de sedibus suis dejecit; ita quod divinus cultus & pax Ecclesiastica videatur in dictis partibus restorere, &c (en marge: Burdigal. & Episc. Petroch. & Vasat. ad Inno. Pap.; Advertissement necessaire). l’encourageant au surplus, & suppliant qu’il ne se laissast fleschir par les prieres du Roy d’Arragon, de peur que l’oeuvre de Dieu de­meurast acroché par la remise de la confiscation du Comté de Tholoze, & qu’ainsi error novissimus esset peior priore & excidium inde clero & Ecclesia immineret (en marge: Ibid.). Le semblable fut escrit par plusieurs autres Prelats de ces quartiers soubs la crainte de ceste remise, laquelle aussi ne fut aucunement accordée.

Mais ce n’est pas tout d’apporter les remedes temporels contre le poison des ames (en marge: Remedes spirituels), les spirituels sont encore plus necessairees (sic) affin de rappeller les desvoyez par doctrine & bon exem­ple. Dieu pour lors avoit donné du ciel à son Eglise deux plantes alexipharmaques contre la secte Albigeoise, les deux grands Patriarches S. François & S. Dominique fondateurs des deux ordres celebres, l’un des Prescheurs, &

 

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l’autre des Mineurs, lesquels dés leur naissance toutes les provinces vouloient transplanter à l’envy dans les villes & lieux opportuns pour antidote de l’infidelité. Raouil de Lastours estoit en ce temps (en marge: 1217) nostre Evesque (en marge: Chenu in tab. ep.; Gall. Christ. ib.), voire dés l’an mil deux cens dix-sept, auquel il avoit esté arbitre sur les differens intervenus entre les habitans de la ville de Périgueux & ceux de la cité (en marge: Ma. Sc. dom. publ.). Il fut soigneux pour la singuliere & tres-rare pieté de l’ordre du glorieux Pere S. François (en marge: Convents de S. Franc.) d’appeller à sa ville les Freres Mineurs (en marge: Fundatio com. fra. min.), qui dans peu se peuplerent beaucoup dans son Diocese: ce Convent fut le trentiesme en rang de fondation dans la province d’Aquitaine appellée Recentior, ayant soubs sa custodie six Convents du mesme ordre; celuy d’Aubeterre fondé par le Seigneur du lieu, de saincte Foy, d’Essideul, de Sarlac, de Montignac, de Bergerac (en marge: Ordo. Seraphic. Gonzag.), qui tous de nostre siecle ont notablement senty les rages & ravages des successeurs à la malice de ceux qui pour lors estoient impugnez & convertis par les armes spirituelles de ces saincts ouvriers. Ce fut l’an mil deux cens vingt (en marge: 1220) que l’Evesque Raoul posa la premiere pierre de l’Eglise du Convent de Perigueux (en marge: Wandi. t. 2 ann. minorum), bastiment qui fut tres superbe, comme nous lisons dans le relief de mazures qui sont encor sur pied.

Je juge qu’en suitte au mesme temps (en marge: Religieuse S. Claire), l’establissement des Filles de Sainct Claire fut faict (en marge: Fund. Con. S. Clarae), par le don que le chapitre (en marge: Ma. Sc. cap. Sanc. Steph.) de S. Estienne fit de l’Eglise & bastiment de l’Hospital S. Jacques

 

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tout proche la riviere de l’Isle, où jadis un pont la traversoit: cest’ Eglise, bastimcnt & clos leur furent donnes à la charge qu’à la muance d’Abbesse, elle porteroit par hommage au grand Autel de S. Estienne un cierge d’une livre allu­mé durant la grande Messe (en marge: Hommage); comme aussi que tous les ans elle donneroit de rente un Marbotin d’or, vallant vingt sols, & deux livres d’en­cens: ce qui me faict conjecturer que ce Mo­nastere fut estably pour les Religieuses qui vivoient soubs la modification de la première reigle que Sainct François donna à Saincte Claire (en marge: Reg. S. Clarae) & à ses filles. Choppin dans son Monasticon (en marge: Chopp. Monasticon lib. I), faict mention dun arrest du grand Conseil, donné le dix-huictiesme Janvier l’an 1595 (en marge: Arrest) par lequel l’Abbesse de ce Convent nommée par les suffrages des Religieuses est confirmée contre celle qui avoit esté nommée par le Roy: d’où il infere que ceste Abbaye, ny toutes celles des pauvres Dames de Saincte Claire ne peuvent tomber soubs la nomination des Roys de France. (ll)

 

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Raymundus de Pons, Evesque & Cardinal.

Louys VIII, Roy de France & Duc d Aquitaine.

 

Henry Roy d’Angleterre por­tant à contre-coeur que le Duché d’Aquitaine avoit esté (en marge: L’an de Jesus-Christ 1223), quoy que tres justement, osté à Jean son frère & predecesseur, envoye à Bourdeaux son frère Richard avec trois cens vaisseaux. Le Roy Louys huictiesme ayant besoing de la faveur du Perigord pour le passage de son armée contre ses ennemis, donna au Seneschal de ceste province commandement expedié l’an mille deux cens vingt & trois (en marge: Ma. Sc. do. comm), de conserver & honorer les habitans de Perigueux, parce qu’il les avoit retenus perpetuellement annexes à la couronne de France; En suitte il depeche à l’encontre de l’Anglois son Mareschal (en marge: Ann. Franc.), qui pour traverser la Dordougne met le siege devant Limeul (en marge: Anglois depossedez), qui luy resistoit, & descendant plus bas contraint Bragerac de se mettre en l’obeyssance du Roy (en marge: Math. Paris.): ainsi l’arrivée de ce foudre de guerre fit flechir tout le Perigord, &

 

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presque toute la Guyenne luy obeyt (en marge: Dubouch. p. 3 c. 7): si que Richard fut contraint de revoir l’Angleterre avec ses vaisseaux chargez de honte & confusion. L’an 1226 S. Louys succede à la couronne de France (en marge: 1226), & sur l’an 1230 nous avions pour Evesque Raymond de Pons (en marge: 1230), de ceste ancienne & tres-illustre maison (en marge: Andr. le Chesne recher. des vill. de France), qu’on croit tirer son origine de Helius Pontius nepveu de Pompée (en marge: Sieur de Pons). Nostre prelat estoit fils de Bertrand de Pons, qui fut tué au premier voyage de la terre Saincte dans le siege de Hierusalem baillant l’assaut, & forçant la tour de David avec les trouppes qu’il conduisoit de son oncle Raymond Comte de Tholoze quatriesme du nom (en marge: Catel. compt. de Thol. lib. 2 c. 1), parrain de nostre Evesque. Il fut le premier des trois Cardinaux qui se trouvent dans la genealogie de ceste famille (en marge: Ma. Sc.), qui contient aussi plusieurs Evesques de Xaintes & d’Angoulesme. Je conjecture aussi qu’il ne fit residence en son Evesché, estant ordinairement occupé à la Cour du Pape Gre­goire neufiesme.

L’an 1231 (en marge: 1231) marque Archambaud premier du nom pour Comte de Perigord (en marge: Archambaud I, Comte du Perigord), & l’année suivante met Elies Taleyrand Comte (en marge: Helies Taleyr.; Com. Augenius Comte du Perigord), il fut mary de Brunisande fille d’Augenius jadis Comte de la mesme province.

Il ne faut obmettre en ce lieu ceste divine & toute extraordinairement prodigieuse punition (en marge: 1233) qui arriva l’année suivante 1233 à ce blasphemateur & mespriseur sacrilege de la saincte Croix au bourg de S. Leon prés de la Vezere

 

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en Perigord. L’inscription sur la pierre nous faict foy comme B. Boni seruiteur domestique de la Peyronnie en deqpitant la saincte Croix qui est hors le bourg, lança un dard qu’il avoit en la main contre le sainct Crucifix, dont sou­dain le sang rejallit; pour accuser l’impieté de ce nouveau deicide, qui soudain tomba roide mort sur la place (en marge: Punition divine), ayant son visage tourné derrier devant. J’ay veu le sepulchre de ce sacrilege, qui n’est guieres loing du piedestal de ceste Croix de pierre, prés duquel il y a quelques années on trouva l’inscription suivante (en marge: Inscription lapid.) qu’on a de nouveau gravé sur la porte de l’Oratoire.

L’AN DE GRACIA 1233. ET LO 5. DE NOVEMBRE SAVI ET MALVAT B. BONI SERVITOVR DE LO PEYRONNIO EN IVRAN. DIV SE COVRROVÇANT CONTRE LA CROVX DE L’HOSPITAL, GITET DARD QVE SANNET ET LO VISA­GE LI TOVRNET DAAN DARRE, ET MOVRIET AQVO EN PRESENCE DE THEVE TALONARY ET IEAN THEVLETI, ET FO FAOT UN BEL MIRACLE , SIGNE. B. FILIOV. (en marge: 1233)

Sans doubte le blasphemateur estoit Albigeois, qu’on appelloit Rouptiers (en marge: D’un Albigeois) pour les raisons cy-dessus alleguées (en marge: Vid. sup. 1160). Du depuis ce lieu a esté dans le pays fort en vénération. (mm)

 

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Petrus de S. Asterio, Evesque.

S. Louys, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

 

Pierre de S. Astier (en marge: L’an de Jesus-Christ 1233), issu de la noble maison de l’Isle (en marge: Chenu Gall. Christ.; Origine), marqua bien avantageusement son zele & sa pieté envers son dioceze durant trente & trois ans, & sa fin sera couronnée du martyre non sanglant de la vie religieuse. Il estoit Evef­que de Perigord dés l’an 1233 & fut tellement accredité parmy les eiens, qu’és affaires les plus importans pour le public on luy deferoit toute la decision, comme au pere commun de tous.

Desja plusieurs contrastes survenoient entre ceux qui habitoient le Puy S. Front & l’ancienne cité (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), d’autant que le nombre des maisons du bourg redifié depuis qu’il fut bruslé, surpassoit de beaucoup ceux de l’ancienne ville; & partant ils vouloient attirer à eux les droicts & jurisdictions de la maison commune (en marge: Debats); voire bien sou­vent les uns tenans le party Anglois, les autres celuy du Roy de France, mettoient tout en sedition implacable par tout autre que par leur Evesque. Ainsi l’an 1240 il fut nommé arbitre (en marge: 1240)

 

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avec Elies de Valbec Donzellus, & le Majeur ou Maire de la ville (en marge: Arbitres), par lesquels fut arresté que doresnavant ces deux communautez ne seroient qu’un mesme corps sans se faire guerre: mais ceste playe se r’ouvrira dans peu; au moins en l’année suivante 1241 le bon-heur & comme la branche de l’olive pacifique (en marge: 1241), fut posée entre les deux villes par restablissement de l’Ordre des Freres Prescheurs (en marge: Freres Prescheurs), au lieu où jadis Sainct Euparche fils du Comte du Perigord avoit basty une Abbaye (en marge: Vid. sup. anno 850), & du depuis les Chanoines reguliers de S. Jean de Colle avoient un Prioré & Eglise dediée à S. Martin. Joannes Balistarius Lymosin, conduisant les premiers Religieux de son Ordre depuis peu estably par S. Domini­que pour l’antidote de la secte Albigeoise, qui encore repulluloit de tous costez, se vint presen­ter à l’Evesque, qui le receut avec sa troupe religieuseuse à bras ouverts, & Bernard Guidonis qui escrit ceste fondation (en marge: Ma. Sc.; Bernard. Guido. in thes. F. Praed. Burdig.), remarque que pour lors dans le Chapitre Cathedral, multi reverendi & magna probitatis veri florebunt: lesquels unanimement s’accorderent avec l’Evesque pour faire un eschange avec les Chanoines de Sainct Jean (en marge: Eschange), jugeans que leur Prioré & Eglise sembloit convenable pour l’edifice d’un Convent de l’Ordre des Freres Prescheurs, ils leur donnerent au commencement en eschange l’Eglise du Toulon, & depuis l’Eglise de S. Martin prés des murs de la ville. Commençans donc leur Eglise en ce lieu, ils y trouverent la precieuse

 

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relique du Cranne de S. Denis l’Areopagite (en marge: vide sup. ann. 850), qui avoit esté conservée depuis le temps des Normans dans les ruines de ces bastimens, anciens comme nous avons dïct.

Délors que S. Louys fut appellé à la couronne (en marge: Revolte), & la Regence fut donnée à sa mere; plusieurs seigneurs mescontens couvoient dans le coeur la rebellion (en marge: Annal. Aquit. p. 4 c. I), specialement le Comte de la Marche & Angoumois, qui poussé par la superbe de sa femme accreut ce malheur (en marge: Joinville), après le mariage d’Alphonse frere de S. Louys avec la fille de Raymond dernier Comte de Tholoze. Pour lors le Roy erigea le Comté de Poictou en Duché (en marge: Nangis), & le donna à son frère, ce qui mit le fumet dans ces deux esprits tous disposez à la rebellion (en marge: Paul. Aemil.). Ils appellerent en Guyenne Hen­ry Roy d’Angleterre avec une puissante armée navalle, qui traina apres soy le soulevement de tout le pays, dans lequel le Comte du Peri­gord Elie, comme aussi nostre Evesque furent enveloppez, tenant le party de l’Anglois, sans en demordre ny par la victoire que S. Louys emporta sur eux à Taillebourg, ny par la dou­ceur ayant accordé tresves à ses ennemis (en marge: 1246): veuque l’année 1246 Pontius Seneschal du Perigord par vertu de la commission qu’il avoit du Roy, se presenta avec main forte au chasteau de Rolphius (en marge: Sieges), qui estoit proche de l’amphiteatre, sommant le Comte de rendre la place au Roy (en marge: Ma. Sc. domus comm.), & sur ce refus il somma l’Evesque de rendre aussi son chasteau Episcopal qui estoit proche, mais

 

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il n’y receut que du refus & injures, voire des tours en avant on blessa son cheual; dequoy irrité il fit dresser sur le champ les machines de batterie contre le chasteau Episcopal, deffendant de tirer contre l’Eglise Cathedrale qui estoit contigüe. Je ne sçay l’issue de ces sieges, seulement trouve-je que l’année suivante (en marge: 1247) fut faict un traicté de paix entre Elie Comte de Pe­rigord, le Chapitre de S. Estienne, les chevaliers & bourgeois de la ville, & quelques habitans du Puy S. Front (en marge: Paix): mais cela ne fut de longue durée (en marge: 1250); car l’an 1250 une estrange sedition derechef s’allume entre les deux communautez, & pour l’estouffer en sa course, ils font un compromis de croire le Sieur Evesque en ce qu’il ordonneroit sub poena duodecim mille solidorum. Par sa sentence il condemna les habitans de la cité d’aller en procession à l’Eglise des Freres Prescheurs tous en chemise, & que là à ge­noux ils demanderoient pardon à ceux de la vil­le, veu qu’ils les avoient notablement offencez (en marge: Satisfaction).

L’an 1258 nous apprend (en marge: 1258) qu’Archambaud second du nom estoit nostre Comte (en marge: Archambaud 2, comte du Perigord; comté); il eut pour femme Marie fille de Raymond quatriesme du nom Comte de Tholoze (en marge: Belloy l’est. de la mes. darm.), a laquelle Alphonse Duc de Poictiers, & successeur de la Comté de Tholoze, donna en dot la terre de Labardat. Et l’année suivante (en marge: 1259) nous presente une notable union entre les deux communautez si souvent divisées (en marge: Ma. Sc. D. C. titul. & ne nos.); elle fut traictée à la promotion de nostre Evesque, & ce en suitte

 

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de l’accord general que fit le Roy S. Louys avec le Roy d’Angleterre, lequel il avoit attiré en France, avec ses femme & enfans, & les princi­paux de son Royaume: & pour satisfaire à quel­que scrupule de sa conscience (en marge: Math. Paris.), neantmoins con­tre l’opinion de son conseil, il luy donna à hommage une partie de l’Aquitaine (en marge: Paul. aemil.), qu’il appella Guyenne, prenant l’ethimologie des Ducs Guielmes. L’estenduë de ce Duché comprenoit seulement trois Seneschaussées, Bour­deaux, Bazas, les Landes, ou Bayonne, avec Xaintonge, Perigord, Agenois & Lymosin. Auparavant cet accord, qui est plustost un don faict gratuitement à l’estranger (en marge: Donation à l’Anglois), le Roy avoit envoyé Thomas de Monthalairdon chevalier, maistre de ses arbalestiers vers le Comte de Pe­rigord pour le sommer derechef en presence de l’Evesque de remettre son chasteau à l’obeyssance du Roy avec Geoffroy du Pont qu’il y tenoit prisonnier (en marge: Ma. Sc. do. comm.). Le Comte demanda un jour pour y deliberer (en marge: Sommation), mais ne pouvant gaigner la volonté des soldats qui tenoient la place, vo­lontairement il se rendit prisonnier soubs esperance de fléchir les rebelles qui tenoient sa maison. Le tiltre qui testifie ce narré est seellé du cachet Episcopal, & commence par son nom Petrus.

Enfin la paix entre les souverains fit que tout le pays jouyt d’une grande tranquillité (en marge: Paix), dans laquelle nostre Pasteur s’estudia aux actions de pieté, specialement d’avancer la fabrique du

 

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Convent des Freres Prescheurs (en marge: Bern. Guido. Ma. Sc.), pour laquelle il donna bonne somme d’argent, unde non imme­rito, dict le manuscrit, D. Episcopus fuit conventus fratrum Praedicatorum vere pater & patronus. (en marge: 1260) Et augmentant de plus en plus en affection l’année 1260 il ordonne (en marge: Fondation) l’establissement d’un Convent de cét Ordre dans la ville de Bragerac (en marge: Fund. Conv. F. Praed. Brager.). Il fut secondé de Marguerite de Turene, femme de sire Renaud de Pons seigneur de la ville, & leur donna cinquante livres de rente annuelle pour un commencement. Elias Bruneti bour­geois donna par pieuse liberalité le fons & place où le Convent fut basty soubs la premiere dire­ction de Frere Bernard de Porcheres. Deux ans apres F. Guillelmus de S. Asterio, cousin de l’Evesque, fut le premier Prieur de ce nouveau Convent composé de douze Religieux.

Mais parmy toutes ces sainctes occupations (en marge: Ma. Sc. Guid.) nostre Evesque aspire par un sainct eslans au repos spirituel (en marge: Desir de Religion), les grandeurs luy sont à contrecoeur, la perfection religieuse l’attire puissamment à la retraicte; desja il sollicite les Papes Gregoire neufîesme, Innocent quatriesme, Alexandre quatriesme, à ce qu’ils receussent la cession de son Evesché, & luy accordassent la liberté de la retraicte dans l’Ordre de S. Domi­nique. Ainsi l’an 1266 il fut demeurer au Convent des Freres Prescheurs à Lymoges (en marge: 1266) atten­dant la grace, qui luy estant accordée par le Pape Clement quatriesme, il print l’habit de cét Ordre, auquel il vesquit sainctement durant

 

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huict ans quatre mois & demy, où il mourut le huictiesme Juillet l’an 1275 fut ensevely au milieu du cheur de leur Eglise, ou nous voyons à costé gauche un tableau posé comme pour epitaphe , qui contient l’epitome de sa vie en ces mots (en marge: Epitaphe; Inscript. tabellae), F. PETRVS DE S. ASTERIO EPISCOPVS PETRACHORICENSIS, summa scientia & eloquentia praeditus, magnus ac solemnis vir, utique bo­nus ac devotus: filius DOMINI DE INSVLA prope PETRACHORAS, venit ad hunc Conventum PRAEDICATORVM LEMOVICENSIVM prima die Marcii 1266. Et in habitu Episcopali mansit ibidem per annum, tandem magna cum difficultate praecibus im­portunis cessionem sui Episcopatus obtinuit à Domino CLEMENTE QVARTO, dignitate EPISCOPALI in omnibus & per omnia reservata, quam cessionem non potuerat obtinere à tribus summis Pontificibus praefatis Clementi, scilicet GREGORIO NONO, INNOCENTIO QVARTO, et ALEXANDRO QVAR­TO, post paucos dies a dicta cessione obtenta, habitum ordinis reverenter accepit & honorabiliter in eo Deo & ordini militavit annis octo, mensibus quatuor, cum dimidio: fecit multa & infinita bona Conventui tam in ornamentis Ecclesia quam in libris & edificiis, fecitque edificare domum DE BALALEV. Obiit autem pridiè IDVS IVLII, ANNO DOMINI 1275 ET EST SEPVLTVS IN ECCLESIA HVIVS CONVENTVS IN MEDIO CHORI. ANIMA EIVS REQVIESCAT IN PACE.

Il ne faut ensevelir la memoire d’une action tres-saincte, qui comme une belle perle enri-

 

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chit sa thiare l’an 1261 auquel temps soubs les doubtes & conjectures touchant le lieu où reposoit le corps du glorieux Apostre S. Front, plusieurs asseurans qu’il estoit perdu dans la furie des Normans és siecles passez: d’autre part ceux de l’Abbaye de S. Pons en Provence asseurans (en marge: Chrono. insulae Lerinensis), comme ils disent encore, que ce corps sainct estoit chez eux: mais aussi Dieu mesmes avoit baillé à quelques saincts personnages cer­taines revelations & visions que ce thresor nous restoit encor dans son sepulchre (en marge: Invention du corps sainct). Pour vuider ces differens l’Evesque de S. Astier assembla son Clergé avec les principaux bourgeois pour fai­re l’ouverture du sepulchre du sainct, dans le­quel estans descendus, ils trouvent un cercueil de bois, qui renfermoit un coffre de plomb, à l’ouverture duquel ils virent les ossemens du glorieux sainct, ensemble deux lames, l’une de plomb, & l’autre de cuivre, dequoy il fit ostension au peuple le lendemain dans son Sermon, ordonnant que la veille des Apostres S. Jacques & S. Philippe on celebrat anniversairement ceste translation avec Indulgence de 40 jours. Le procez verbal merite d’estre inseré en ce lieu (en marge: Procès verbal).

(en marge: Rescriptum Petri Episcopi Pet. anno 1261) Petrus Dei gratia Petrachoricensis Episcopus viris venerabilibus & discretis Abbatibus, Prioribus, Ecclesiarum Rectoribus, Clero ac populo universo Petrachoricensis Dioecesis ad quos praesentes litterae pervenerint, salutem in Domino Jesu Christo. Cum de corpore beatissimi Frontonis primi Pontificis Pe-

 

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trachoricensis longis retro temporibus fuisset a pluribus dubitatum, utrum in Ecclesia sua esset in sepulchro quod tumba S. Frontonis vulgariter appellatur, quibusdam ex ignorantia, aliis ex malitia dicentibus ipsum à Normannis fuisse ablatum. Nos & Capitulum & burgenses podii Sancti Frontonis volentes de hoc habere certitudinem pleniorem, auditis primitus & plenius intellectis quorundam proborum virorum revelationibus seu visionibus ostenfis à Domino ad ho­norem Sancti, de hujusmodi veritate: pridie Kalendas Maii devote praedictum sepulchrum intrantes, assistentibus nobis infra sepulchrum multis fratribus minoribus & Praedicatoribus, & multis Canonicis Sancti Frontonis, & duobus Burgensibus; exterius autem circa sepulchrum existentibus & assistentibus aliis multis Canonicis, Presbiteris, & Clericis, & Consulibus villae pradictae, aliis multis Burgensibus, cum magnis luminaribus cereis; aperuimus cum magno labore tumulum lapideum, in quo per famam publicam & alias conjecturas dictum sacratissimum corpus requiescere firmiter credebamus & invenientes in praedicto tumulo magnam capsam ligneam fortem & bene ferratam ipsam aperuimus, reperientes in ea magnam aliam capsam plumbeam, in qua invenimus sicut sperabamus sanctissima ossa corporis in­tegra, & per Dei gratiam incorrupta, & magna frusta capitis solida atque firma; & antequam de praedictis reliquiis aliquid tangeremus ambas capsas cum omnibus contentis in eis de praedicto tumulo extraximus, & ante oculos omnium praedictorum, & plurium aliorum de praedicta capsa plumbea, cum

 

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ingenti gaudio & devotione circumstantium, extraximus ossa singula, & universa reposuimus in quodam pulcherrimo novo instrumento ligneo, interius panno cerico involuto: quibus peractis & magnis laudibus & gratiarum actionibus Domino persolutis, praedictis omnibus videntibus, dictas reliquias reposuimus in sepulchro & tumulo de quibus extraxeramus (en marge: Vid. infra anno 1463, sub Elia Bourd. epis.), easdem servandas ibidem quousque in capsa nobili reponantur, quod erit in brevi Deo concedente. Poft istam autem translationem hora tertia de concilio cleri & populi, festum translationis incoavimus ad honorem Domini Jesu Christi, de beato Frontone missarum solemnia solemniter celebrantes innumerabili populo qui ad Ecclesiam istam confluxerat; finito sermone omnia supradicta fideliter exponendo, ostendentes eidem po­pulo laminam plumbeam in qua littera hujusmodi erant scripta (en marge: Inscript.), HIC IACET CORPVS BEATI FRON­TONIS IESV CHRISTI D1SCIPVLI, ET BEATI PETRI IN BAPTISMATE DILECTI FILII. Item ostendimus eidem populo aliam laminam cupream, vel aeream, litteras hujusmodi continentem (en marge: Vid. anno infra ad capit. I. Sanct. Fronton.). HIC IACET CORPVS BEATISSIMI FRONTONIS IESV CHRISTI DISCIPVLI, ET BEATI PETRI APOSTOLI IN BAPTISMATE FILII, EX LICAONIA REGIONE ORTI, DE TRIBU JVDA, EX SIMONE ET FRONTONIA. OBIIT OCTAVO KALENDAS NOVEMBRIS ANNO QVADRAGESIMO SECUNDO POST PASSIONEM DOMINI IESV. Istae duae laminae inventa fuerunt à nobis in capsa plumbea cum sanctissimo corpore supradicto, & quasdam alias literas invenimus in ipsa capsa plumbea inscriptas, multos

 

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versus ad laudem praedicti sancti compositos continen­tes. Cum igitur totus clerus & populus dictae dioecesis Petrachoricensis de tanto patrono, quisdem Catholicam primus in istis partibus praedicavit (en marge: Contra abbatem Solemnia censem in concilio Lemo. anno 1034), & populum ad Christum convertit gaudere debeat in immensum, universitatem vestram attente requirimus & rogamus, vobis in virtute sanctae obedientiae firmiter jungentes, quatenus festum praedictae translationis in vigilia Philippi & Jacobi ad honorem Dei, & beatissimi Frontonis perpetuis temporibus solemniter celebretis, nos enim omnibus pradictum festum pie & cum devotione celebrantibus quadraginta dies de injunctis sibi poenitentiis misericorditer relaxamus, datum sexto nonas Maii anno Domini 1261. (nn)

 

 

Helias Paletisis, Evesque.

Henry IV, Roy d’Agleterre (sic) & Duc d’Aquitaine.

 

Cependant (en marge: L’an de Jesus Christ 1269) le coeur du grand & tousjours sainct Louys (en marge: Joinville c. 62) demeuroit transpercé du regret sur l’infortune du premier voyage d’outremer (en marge: Voyage d’outremer) sans avoir peu suffisamment secourir les Chrestiens Levantins (en marge: G. nangis). Il assembla à Paris les principaux de

 

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son Royaume, se croize derechef avec ses trois enfans, se met au voyage, passe en Perigord pour aller s’embarquer à Aygues-mortes (en marge: Paul. Aemil.): estant à Sourzat il fit bastir l’Eglise de la Parroisse qui s’appella à raison de ce la Bastille de S. Louys. De là il fut à Cadoin pour rendre ses voeux au S. Suaire, & honorer ceste Abbaye par ses libera­litez. Je conjecture qu’en ce voyage il adoucit les coeurs de ceste province, qui par le passé avoit tenu le party de l’Anglois contre luy; si est-ce pourtant qu’après sa mort ceux du Pe­rigord se souvenans des maux passez soufferts par ses Officiers, refusoient de le recognoistre pour sainct.

Alors Elies Paletisis estoit nostre Evesque (en marge: Chenu. Gall. Christ.), & je trouve que ceste mesme année 1269 le dernier de Septembre (en marge: Dedicace) il consacra le grand Autel du Convent des Freres Mineurs de ceste ville (en marge: Consecratio altaris f. min.), In honorem Sancti Frontonis Apostoli B. Laurentii B. Francisci, & B. Agnetis Virginis. J’ay veu aussi dans le livre des hommages de l’Evesché une transaction qu’il fit avec l’Abbé & Reli­gieux de Sarlac, pour le Prioré de Sainct Leon qui luy fut assigné pour rachepter quelque ren­te qu’ils luy devoient: passons à plus amples mémoires. (oo)

 

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Raymundus Dauberoche, Evesque.

Edouard, Roy dAngl. & Duc d’Aquit.

 

Edouard premier du nom (en marge: L’an de Jesus Christ 1283), successeur de son pere pour la Couronne d’Angleterre & Du­ché de Guyenne (en marge: Nangis) estoit souvent troublé par les Seigneurs ses vassaux en la posseffion de ce qui n’agueres avoit esté baillé à son pere. L’an 1283 Raymond de la maison d’Auberoche tenoit ce siege Episcopal. Je trouve dans le thresor de la generalité de Guyenne (en marge: Ma. Sc. generali. Aquit. anno 1283), que ceste mesme année le Sieur de Bonnes obeyt au jugement de cét Evesque (en marge: Arbitrage), en rendant son hommage au Roy d’Angleterre pour la Seigneurie de Lymeuil, & chasteau & ville de Sainct-Drieux: le tiltre est cacheté du sceau Episcopal (en marge: Cachetes), portant d’un costé un Evesque gravé, & Raymundus autour, de l’autre l’effigie de S. Estienne: surquoy je prens occasion de faire deux remarques pour les escritures publi­ques & privées: la première est, que presque dans tous les tiltres de ce temps il n’y avoit de signature; ains seulement divers sceaux ou

 

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cachets pendus à des rubans ou lassets. Ceste pratique s’observe (en marge: Bern. Epistr. 330) dans S. Bernard en l’Epistre 330. Sygillum non erat ad manum, sed qui leget agnoscet stilum quia ipse dictavi. Il repere (en marge: Et ep. 339) le mesme en l’Epistre 339 ce qui est commandé par l’ordonnance de Philippe le long de l’an 1319. & encor aujourd’huy est pratiqué dans l’Allemagne & Suede (en marge: Vid. Pasquier en ses rech. lib. 4. 611). Secondement il estoit assez ordinaire à la pieté de ce siecle de deferer la decision des affaires temporels aux Ecclesiastiques (en marge: 1286): comme l’an 1286. Archambaud Comte de Perigord, ayant different avec les Magistrats de la nouvelle ville de Perigueux sur leurs jurisdictions (en marge: Ma. Sc. domus comm.), nomment avec plain pouvoir decisif le Pere Prieur des Jacobins, & Estienne de Juvenals, avec puissance d’augmanter ou diminuer aux articles de la transaction pendant deux ans, laquelle ils ratifierent, & Philippe le Bel l’approuva par ses lettres l’an 1293 (en marge: Acord).

Dés la première année du regne de ce Roy en aoust 1286 fut faict accort entre luy & ledit Roy Edouard (en marge: Du tillet recueil des traictés des Franc. avec les Anglo.), par lequel fut convenu que tout ce qui estoit des pays de Lymosin, Perigord, Quercy, seroit pour le regard du Roy Philippe audit Edouard specialement Brantosme en Perigord, excepté les acquets faicts par les Roys de France depuis la paix de l’an 1259.

L’Abbaye de Ligueulx (en marge: 1287) avoit esté honorée de la precieuse Relique d’un bras de S. Symeon apporté de Constantinople (en marge: Reliques): & d’autant qu’il ne falloit pas que ceste seule province jouyst

 

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de ce bras celuy qui de ses doigts soustient l’univers, l’Abbesse nommée Eyna print des lettres de l’Evesque (en marge: Lit. Reymond. episc. pro brach. S. Sim. anno 1287), expédiées & scellées, Octavo Kalendas Martias anno 1287 rendant tesmoignage à l’Archevesque de Bourdeaux, & à l’Evesque de Xaintes de la vérité de ceste Re­lique, conformement à ce que son predecesseur en avoit escrit, recommandant ceux qui l’apporteroient aux liberalitez des fideles. Dubouchet escrit (en marge: Dubouc. p. a. anno 815) que Charlemagne apporta de Jerusalem & de Constantinople entr’autres Reliques, un Suaire de Jesus-Christ, la chemise de la Vierge, & un bras de Sainct Simeon, neantmoins ce voyage est impugné par les plus doctes. En suite nous trouvons environ l’an 1191 que Louys fils unique du Roys Philippe II estant à Paris (en marge: Paulus aemil. in Phil. 2), attaint mortelement de la dysenterie, on luy apporta en procession un clou du crucifiement de Jesus Christ, la Saincte espine, & un bras de Sainct Simeon (en marge: Joa. Meyer), lequel on appliqua sur le ventre du Dauphin, & soudainement il reprint sa vi­gueur & sa vie (en marge: Miracle); je ne sçay si ce fut le mesme bras gauche qui est aujourd’huy honoré à Ligueulx.

En suitte de ce temps nous trouvons la fondation du Monastere de S. Pardoux la Riviere (en marge: 1291) faicte par Marguerite fille du Duc de Bourgongne pour les Religieuses de Sainct Dominique (en marge: Funda. Convent Sanct. Pardulp.). Gérard de Malmont, Abbé de Brantolme, tres-honorable Ecclesiastique, avoit esté nommé executeur testamentaire par ladite Dame; ce pourquoy il transigea avec le Prieur du Con-

 

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vent de Périgueux, se reservant quelques biens de la defuncte, & assignant pour la fondation & dotation du Monastere des filles plusieurs grands revenus (en marge: Fondation); or pour affermir le repos de ces servantes de Dieu, ledit de Malmont supplia le Roy Philippe le Bel qui estoit à Melun, de met­tre ceste maison religieuse soubs sa protection, & ratifier la transaction qu’il avoit faicte avec ledit Supérieur de l’Ordre. Ce qu’il luy accorda par les patentes qui commencent (en marge: Litt. Philip. Reg. Gal. ann. 1291). Philippus, concluant en ceste façon (en marge: Confirmée), Nos autem ipsius Magistri Gerardi devotis supplicationibus pro salute animae nostrae, & progenitorum nostrorum piè condescendimus, in hac parte volentes & concedentes quod Prior issa, & conventus praedicti loci pacifice gaudeat assignatione, concessione, & donatione praedictis, & praefatum Monasterium cum omnibus praedictis sibi assignatis acquisitis seu etiam acquirendis sub nostra tuitione suscepimus & ea recepimus in nostra custodia, & gardia speciali, & ut liceat famulantibus Domino in dicto Monasterio sub nostra & successorum nostrorum Regum Francorum Gardia & custodia in pace & tranquillitate vivere, & pro salute nostra & stabilitate regni nostri liberius contemplationi & orationibus vacare, praedictum Monasterium cum omni­bus sibi concessis, assignatis, & datis de praedictis, gardia & custodia speciali per hoc nostrum regale privilegium ad robur praemissorum, & ad aeternam rei memoriam communivimus, salvo in aliis jure nostro, & jure quolibet alieno, &c, Actum apud Meledunum, anno Domini millesimo ducentesimo nona-

 

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gesimo primo, mense Februarii.

L’année après (en marge: 1292) Raymond estoit encore no­stre Evesque, suivant les tiltres de Chancelade, il estoit surnommé Bardus, si je ne me trompe (en marge: Bardus): car dans l’afieusement du Sieur de Cugniac de Biron faict à Gérard de Fumel l’an 1285 (en marge: Ma. Sc.) il est dict Regnante Domino Edouardo illustri Rege, & Bardo Episc. Petrachoricensi, où nous remar­querons en passant la saincte coustume prati­quée durant plus de cinq ou six cens ans, de marquer dans les actes publics le nom de l’E­vesque, & de les cacheter du seel Episcopal, & du Chapitre Cathedral (en marge: Nangis), qui estoit gardé par le Capischol ou maistre-schole de l’Eglise.

L’Anglois trop impatient d’avoir n’agueres rendu l’hommage pour le Duché de Guyenne (en marge: Paul Aemil.) au Roy Philippe, dresse ceste année une armée navalle pour surprendre la Rochelle qui appartenoit aux François (en marge: Ann. de Franc.), lesquels d’autre-part estans opprimez soubs la domination de cét estranger se reclament au Roy de France (en marge: Plaintes). Le Perigord (en marge: 1293) fut des premieres provinces à se plaindre (en marge: Dubouchet pa. 4 c. 2). Surquoy nostre Roy envoya sommer Edouard de luy envoyer à Perigueux (en marge: Delest. recher. des Gaul.) ceux qui luy avoient voulu surprendre la Rochelle (en marge: Dutill. traict. entr. les Franc. & Angl.); en suitte le faict adjourner à comparoistre en personne à la Cour des Pairs par deux Chevaliers & le Seneschal du Perigord & Quercy Jean Darrablay. Sur son deffaut & contumace la Guyenne est saisie par le Connestable de Nefle, lequel venant à Bourdeaux est receu presque de tout le pays (en marge: Guienne aux François), & le

 

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Roy Philippe le Bel en recognoissance de la particuliere fidelité du Perigord, voulut que le Puy Sainct Front fut entouré de murailles pour estre la ville capitale de ceste province (en marge: Ville bastie), leur baillant les tailles d’icelle, qui montoient douze mille livres par an (en marge: Ma. Sc. do. com.), pour commencer & conti­nuer ceste fabrique. Il approuva aussi par les patentes de ceste mesme année la transaclion que le Comte Archambaud avoit faict avec les habitans pour les limites & bornes de leur jurisdiction. (pp)

 

 

Audoinus, Evesque.

Philippe, Roy de France & Duc dAquitaine.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1294) Nous rencontrons Audoin pour nostre Evesque dés l’an 1294 & lan 1300 & trouvons que pour la police & bon reglement de son Chapitre Cathedral, il fit plusieurs bonnes ordonnances & statuts capi­tulaires. Pour lors Elie Talairand cinquiesme du nom (en marge: Elie 5 com. du Perigord), fils d’Archambaud second, & de Marie de Tholoze, estoit nostre Comte; il fut marié en premières nopces à Philippe Vicomtesse d’Auvilar & de Loumagne (en marge: Ex Beloy en l’estat de la maison d’Armagnac), de laquelle provint

 

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Marqueze de Perigord, laquelle desdaignant les grandeurs de sa naissance en parangon des thresors de la pauvreté religieuse, se cloistra par une saincte resolution dans le Convent des filles de Saincte Claire à Périgueux (en marge: Religieuse), où elle fit donation de tous ses biens à son Ordre: mais le Roy cassa ceste donation , & voulut que ces grands biens fussent donnez au Comte son pere, qui en secondes nopces espousa Brunezinde, fille de Rogier Bernard Comte de Foix (en marge: Ma. Sc. do. com.), duquel mariage sortirent les trois lumières de ceste province, Archambaud, le Cardinal Thaleyrand, & Rogier Bernard. Le gouvernement du Compte Elie fut assez paisible (en marge: 1302), mesmes l’an 1302 il ratifia la transaction que son pere Archambaud avoit faicte avec les habitans de la ville.

Son fils Archambaud troisiesme du nom fut marié à Jeanne de Pons (en marge: Archambaud 3, Com. du Per.), & demeura peu de temps Comte de ceste province: neantmoins dans ce temps il tesmoigna sa pieté en la fondation de la Chartreuse de Vauclaire en Perigord (en marge: Fund. Carthus. vallis Clarae), & après avoir bonnement posé la première pierre de ce bastiment il deceda (en marge: Fondations); mais son frère le Cardinal Evefque d’Albe, homme incompa­rable en pieté, continua munifiquement le dessein de son frère; comme aussi il se rendit signalé par la fondation du Collège de Peri­gord à Tholoze; sa mémoire est encore plus celebre dans tout l’Ordre des Pères Chartreux, lesquels ordonnerent dans leur Chapitre gene-

 

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ral qu’à perpétuité dans toutes les Chartreuses de la Chrestienté on diroit tous les ans apres son decez (en marge: Concessio Triennarii Card. Petroch. Taleyrando) un trigennaire de Messes pour son ame (en marge: Tricennaire): l’un des motifs de ceste ordonnance fut parce que ipse domum, seu Monasterium Vallis Clarae nostri ordinis inchoatum, per inclitae recordationis principem Archimbaudum Comitem Petrachorensem germanum suum praeclarissimum, quasi in primo lapide praematura morte, sed tamen devota & Deo grata sublatum erexit, munivit, magnificeque dotavit, & nihilominus quasi desuper abundanti pro supplemento aliquorum edificiorum restantium, duodecim millia florenorum in manibus ordinis novissime numeravit, & ut tenemus haud dubie maturius ma­gnificentiusque consummasset nisi guerrae quae ibidem perseveraverunt inter Reges Franciae & Anglicae viginti quinque annis & amplius obstitissent. Remar­quons icy comme le trouble de l’estat tempo­rel mettoit en desarroy l’Eglise de ceste province: ce qui m’obligera d’arrester quelque peu dans la suitte.

Roger Bernard troisiesme fils de Elie Taleyrand succeda a son frère (en marge: Rogier Bernard Com. du Perig.), il fut mary de Heleonor, fille de Bouchard Comte de Vandosme (en marge: Belloy ibid.) dés l’an 1308 jusques à l’an 1323 duquel mariage provint Archambaud quatriesme Comte du nom (en marge: Archambaud 4 Com. du Per.).

(en marge: 1305) L’an 1305 nous mena en ceste province le Sainct Pere Clement cinquiesme au retour de son sacre faict à Lyon pour revoir son pays originaire de l’Aquitaine (en marge: Vita summ. Pont.); il passe de Lymoges

 

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à Perigueux; de là vient à Bourdeaux où il avoit esté Archevesque l’année auparavant (en marge: Genebr. anno 1305): peu après il deposa Gautier Evesque de Poictiers, & le remit dans son Cloistre des Freres Mineurs (en marge: Concile); la cause estoit arrivée l’année auparavant, lors que le Pape estant Archevesque visitoit les Egli­ses de Poictou, il intervint de grands debats entre ces deux Prelats, à raison de leurs jurisdictions. Papirius Masso (en marge: Papir Mass. Not. Episc.) remarque que ceste année-là 1304 un Concile de ses Evesques suffragans avoient esté convoqué par cét Ar­chevesque au bourg de Rouffignac en Poictou (en marge: Conc. Pictav.), si que l’année suivante, ayant l’authorité en main, il deposa son andagoniste (en merge: Ann. Aquit. 4 p. c. 2). Ce qui ne fut approuvé du Ciel; comme le Pape recogneut après la mort du S. Religieux, suivant le rapport de S. Anthonin (en marge: Anthon. 3 p. tit. 24 c. 10). Peu de temps apres l’Evesque de Cahors Raymond Pauchelly fit avec plus de liberté cession de son Evesché (en marge: Demission), n’ayant peu supporter les oppressions contre les immunitez Ecclesiastiques: toutesfois il se vist contraint de demander au Pape quelque charité pour son entretien, desirant finir ses jours en repos sans aucune charge Ecclesiastique. Le Sainct Pere sur sa supplique, & du Cardinal son successeur à l’Evesché (en marge: 1312), expédia un Bref aux Archidiacres de Périgueux, Lymoges & Sarlac, specialement à l’Archiprestre de Sainct Meard (en marge: De cruce act. ep. Cadurcens.), à ce qu’ils donnassent à Raymond du bien d’Eglise jus­ques au revenu de trois cens francs (en marge: Breve Clem. 5), de peur qu’au préjudice de la dignité Episcopale il ne fut à

 

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raison de son zele reduit aux angoisses d’une amere pauvreté & honteuse mandicité. Commence Clemens Episcopus servuus servorum Dei dilectis filiis Lemovicensi Sarlatensi Petrochoricensi Archidiaconis & Sancti Medardi Petrachoricensis dioecesis Archipresbitero Ecclesiarum salutem & Aposlolicam benedictionem, &c. Le nom & la pratique des pensions estoit pour lors incogneuë. (qq)

 

 

Raymundus, Evesque

Edouard II, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1306) Edouard premier du nom, Roy d’Angleterre estoit mort dés l’an 1306 (en marge: Polidorus; Du tillet), laissant le Royaume à son fils Edouard second sans qu’il jouyt du Duché de Guyenne jusques à l’an 1308 lors Philippe le luy rendit moyennant hommage (en marge: 1308; Duché), & ce à raison du mariage qu’il luy accorda avec Izabelle fille de France.

Jean vingt & deux (en marge: 1316) natif de Cahors fut Pape l’an 1316 (en marge: Geneb. hoc anno) & d’autant que dans peu nostre Evesché changera de face, je veux dresser un tableau racourcy des lineamens qu’il avoit conservé

 

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durant plusieurs siecles (en marge: Estat du dioceze), disant comme auparavant les demembremens. Il y avoit dans le dioceze de Perigord sept Archidiaconez (en marge: Ma. Sc. cap.). Le premier & grand Archidiacre avoit soubs soy cinq Archiprestres, à sçavoir de la Quinte, de Tyviers, d’Issidueil, de Champagnac &d’Avaleuil. Le second Archidiacre en avoit trois, celuy de Neuvic, deVilades & de Velines. Le troisiesme Archidiacre en avoit trois, Perdurix, Vieux Marueil & Piliac. Le quatriesme avoit deux Archiprestres, Sarlac & Castelnau. Le cinquiesme en avoit deux, Limeuil & Beauregard. Le sixiesme en avoit trois, Montreuil, Galiardon & Caprasium. Le septiesme Archi­diacre avoit trois Archiprestres, Villebois, de Gouts & de Ladouble: mais il fallut sur ce corps mettre deux testes (en marge: Division). Le Pape Jean 22 or­donna un nouveau Evesché dans le Perigord, luy donnant ce qui est de ceste province au delà des rivieres de la Vezere & Dordongne, depuis l’Arche jusques au Fleix, soubs tiltre d’Evesque de Sarlac. La mesme multiplication fut faicte par luy dans plusieurs lieux de l’Aquitaine (en marge: Chron. Eccl. S. Pauli Narbonn.), l’Evesché de Tholoze estant erigé en Archevesché avec six nouveaux Evesques fuffragans (en marge: Extrav. Joannis Papae 22), Mirepois, Montauban, Lavau, Rieux, Lombés, & Sainct Papoul. Dans l’Archevesché de Narbonne il multiplia deux Evesques à l’Abbaye d’Alet, & à Sainct Pons de Thoumieres. Castres fut mis en deux. Il démembra aussi Alby; Agen eut de nouveau l’Evesché de Condom (en marge: Nouveaux Eveschez), Lymo-

 

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ges donna Tulle, Clairmont a de surcroy S. Flour, & Rodez eut Vabres, Poictiers receut deux nouveaux Eveschez, Maliezé & Lusson. Tout ce remuëment & multiplication sembla rude & fascheux à plusieurs, veu mesme l’ordonnance du Pape Anaclet (en marge: Epist. Anacl. Pap.), Episcopi in castellis aut modicis civitatibus ne constituantur, sed presbiteri per castella & modicas civitates & villas ab Episcopis ordinentur singuli tantum per singulos titulos suos, &c. Nonobstant ce (en marge: 1317), dans l’Abbaye de Sarlac sur estably un Evesché (en marge:Ma. Sc.), duquel Raymundus de Roca fut le premier l’an 1317. J’ay rencontré dans un vieux manuscript ses successeurs, comme aussi le nom des Abbés ses predecesseurs (en marge: Abbés), Raymundus de Felendou commençant l’an 1160 jusques au dernier Abbé Arnaldus de monte Elemardo; & d’autant que ceste chaire Episcopale & ses Prelats doivent se recognoistre estre sortis de nostre matrice; voicy leurs noms (en marge: Chenu ex quo Gall. Christ.) qui sont aussi rapportez dans le Gallia Christiana (en marge: Evesques de Sarlac). Le second Evesque de Sarlac fut Bertrandus Berengarius. 3. Arnaldus Ramiard. 4. Guillelmus de Sendrieus. 5. Petrus Berengarius. 6. Petrus de Mirolac. 7. Petrus Iterius. 8. Elias de Saligniac. 9. Asterius de Sancta Columba. 10. Joannes de Roussillon. 11. Giraldus de Paleirac 12. Raymundus de Bretenous. 13. Joan­nes Amici. 14. Joannes Arnaldi. 15. Bertrandus Lacropte. 16. Petrus Bonaldi. 17. Bertrandus de Rouffignac. 18. Pontius de Saliniaco. 19. Carolus de Bonavalle. 20. Guido

 

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de Idie de Ribeirac. 21. Arnaldus de Gontaud de Biron. 22. Franciscus de Bourgeul. 23. Joannes de Rolliac 24. Jacobus de Larmendia. 25. Cardinalis Nicolaus de Gaddis. 26. Fran­ciscus de Sancto Nectorio. 27. Franciscus de Saligniaco. 28. Ludovicus de Saligniaco. 29 Ludovicus de Saliniaco, qui aujourd’huy tient ce Siege Episcopal.

Au temps de ce demembrement Raymundus estoit Evesque de Perigueux, & suivant le livre des hommages il occupoit le Siege depuis l’an 1314 jusques à l’an 1328. (rr)

 

 

Petrus, Evesque

Raymundus, Evesque

Edouard III, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1328) Charles le Bel Roy de France mourant sans enfans (en marge: Nangis), appella à la couronne Philippe de Valois, comme son plus proche (en marge: Froissard I Vol.). Souvent il fut aux prises pour le Duché de Guyenne avec le fils d’Edouard (en marge: Duché), qui estoit mort en prison la mesme année du decez du Roy de France (en marge: Ann. de Franc.). Ce nouveau Prince Edouard troisiesme pretendant de grands

 

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droicts sur tout nostre Royaume, se fit apeller Roy de France, ce qui causa de grands soulevemens dans tout le pays, mesmes, ô malheur! Archambaud quatriesme du nom, fils de Roger Bernard & de Heleonor, se rendant au party de l’Anglois (en marge: Comté), obligea le Roy Philippe de Valois (en marge: 1328) de confisquer le Comté du Perigord l’an 1328. Ce que depuis fut revoqué, & le Comté rendu à Roger Bernard Chanoine de Paris (en marge: Rogier Bernard, Com. du Perig.), nepveu de Archambaud, duquel je trouve plusieurs actes 1’an 1331 & 34 specialement dans la generalité de Guyenne; nous voyons la transaction qu’il faict avec le Roy Philippe de Valois, pour l’eschange de Bragerac avec la Seigneurie de Monscuq l’an 1339 (en marge: Ma. Sc. de la general. de Guien.).

La revolte du Comte avoit mis du desordre par toute ceste province, mesme nostre Evesque nommé Pierre, est aux prises contre les Magistrats de la ville (en marge: Division), se maintenant estre en droict & possession de garder les clefs de la por­te de la ville ancienne, nommée Bourderie, pour son service de nuict & de jour (en marge: Ma. Sc. domus comm.): ce qui fut une bluette qui dans quelques ans embrazera & demolira la maison Episcopale, quoy que pour lors d’un commun accord les clefs furent don­nées à son Official & au Vicaire general, avec pouvoir de decider ce differend, lequel compromis fut violé par les Officiers de la ville qui firent mettre une ferrure à ceste porte; ce qui donna occasion à nostre Evesque de fulminer contr’eux par son Official la sentence d’excom-

 

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munication, de laquelle s’estans rendus appellans au Sainct Pere, le mal couva quelques ans (en marge: 1333), jusques à ce qu’il se presenta un second affaire plus fascheux, qui porta le sieur Evesque à jetter une seconde excommunication contre les officiers & les habitans. Le subject fut que le Roy Philippe de Valois ayant dressé une puissante armée par mer & par terre contre Edouard troisiesme (en marge: Froiss.; Du Till. I vol. in Phil.), & ses finances desja epuisées, pour avoir de l’argent, non seulement il mit à la presse les banquiers Italiens, signalez uzuriers dans son Royaume: mais encore il imposa sur son peuple des notables sommes, dont les officiers de la ville voulurent faire contribuer les Ecclesiastiques contre toute sorte de droicts & immunitez. L’Evesque ayant donné son excommunication contr’eux (en marge: Excommunication); ils s’en plaignent au Roy, qui l’an 1333 envoya commission au Seneschal de Perigord (en marge: Ma. Sc.) pour mettre le temporel de l’Evesché en la main du Roy, & retenir le bien jusques à ce que les Ecclesiastiques eussent payé: tant la necessité oblige souvent les grands d’enfraindre les loix les plus sacrées.

L’Evesque Raymond ne tient long temps l’Evesché. Je trouve son nom & Episcopat l’an 1336 parmy les tiltres de Chanselade (en marge: 1336). L’an 1339 est marqué par un acte tout pieux (en marge: 1339), c’eut la première fondation de la maison-Dieu en la ville nouvelle, soubs le tiltre de Saincte Marthe par le tres honorable & charitable Chanoine Brunet. Le tiltre de sa fondation est datté du

 

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Vendredy apres la Feste Sainct Barthelemy, soubs le Pape Boniface, disant comme le Chapitre Collegial de Sainct Front (en marge: Fondation de l’Hospital), composé de Jean Chalignac Chantre, Guillaume du Puy Rudel, Guillaume de Montardy, Girard de Armagnac, Pierre de Leiguié, Gérard de Mont-Preignac, Archambaud du Puy, Pierre Brunet, Maffre de Vigier, Jean de Chatillon, & Itier Boudin, Chanoines capitulairement assemblez, recognoissent qu’il y a une Aumosnerie en tiltre d’office dans leur Chapitre (en marge: Fundatio Zenochii Petroch.), d’où dependent certains revenus pour la nourriture journaliere de cinq pauvres, avec quelques au­tres charges annexées à cét office; & d’autant qu’il n’y avoit de maison pour retirer ces pauvres & les aumosmer, Pierre Brunet declare avoir faict eslever un Autel prés une maison qu’il avoit acquis, en intention de la consacrer pour recevoir les pauvres qu’il vouloit entretenir journellement, jusques au nombre de treize dans la maison de Sainct Amans, & à cét effaict il baille plusieurs belles rentes & revenus (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), qui s’agrandirent apres, tant par l’union d’autres cinq Hospitaux du voisinage (en marge: Unions), qui fut faicte l’an 1552 comme aussi par les liberalitez des particuliers. (ss)

 

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Guillelmus, Evesque.

Edouard III, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

 

Dans peu de temps (en marge: L’an de Jesus Christ 1342) plusieurs & trop importuns changemens ne nous marquent rien de recommandable, fors que Guillelmus l’an 1342 & 1346 reçoit quel­ques hommages (en marge: Liber homm. episc.), comme Evesque de Peri­gueux (en marge: 1346). Rapelons en memoire le Cardinal du Perigord Taleyrand, qui voulut laisser dans sa ville un memorial de ses bien faicts, fondant la Chapelle qui aujourd’huy est apellée de S. Anthoine (en marge: Fondation); & pour le service d’icelle y establit douze Vicairies (en marge: Fund. 12 capel. S. Anth.), comme porte la supplique faicte au Pape Clement 6 qui demandoit à sa saincteté d’agréer ceste fondation, avec les statuts & bons reglemens qu’il avoit dressez pour polisser les douze Chapellains (en marge: Bulla Clem. 6), ce qui fut faict par Bulle expédiée l’an 1347 (en marge: 1347).

Nous voicy insensiblement engagez dans les funestes desordres de la guerre (en marge: Froiss. I vol.), qui troublerent l’Eglise de ceste province durant les vingt ans ja mentionnez (en marge: Guerres): car dés l’an 1344 (en marge: Paul Aemil.) Edouard troisiesme est au prinses contre le Roy de

 

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France, envoyant à Bourdeaux le Comte d’Herby avec une puissante armée (en marge: Bell. Forest.): d autre-part le Comte de l’Isle Gouverneur de Guyenne pour s’opposer aux ennemis, rassemble à Bragerac l’eslite de la Noblesse du party du Roy pour s’opposer à l’estranger, qui dans peu les assiege, les bat en ruine; le Comte Valantinois y est tué à l’assaut, le Comte de l’Isle blessé, les principaux des nostres saisis d’effroy abandon­nent de nuict la ville; ainsi les habitans se ren­dent le lendemain entre les mains de l’Anglois. Le siege d’Auberoche est encore plus funeste aux François (en marge: Infortunées): car dix mille furent surpris par mille; plusieurs Seigneurs sont faicts prison­niers, entre lesquels fut le Comte du Perigord. De là à quelque temps le vainqueur repasse dans ceste province, ravageant comme un tor­rent débordé rout ce qui s’opposoit à sa furie. Toutesfois peu apres Philippe reconquit plusieurs places dans la Guyenne, & mourant l’an 1350 le Roy Jean luy succede (en marge: 1350). Ces malheurs grossirent par la perte de la bataille de Poi­ctiers, les Anglois demeurans vainqueurs sur les François. Auparavant que ces deux gros nua­ges vinsent à s’entrechocquer par la bataille, le Sainct Pere Innocent 6 natif du Lymosin (en marge: Vie des Papes Inn. 6), envoya en diligence deux Cardinaux ses Legats (en marge: Legats Apostoliques), pour dissiper cét orage, & empescher que les armes du Roy de France & du Prince de Galles ne s’entrechoquassent (en marge: Froiss. c. 155 & 160 t. I), le Cardinal Taleyrand, l’un des deux Nonces (en marge: 1356), porté d’un zele particu­lier

 

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lier envers son pays, se rendit en diligence aux deux armées, abouchant à diverses reprises les deux generaux, avec des paroles qui pouvoient tout à faict dissiper la tempeste (en marge: Pour appaiser); puis que sur le poinct de donner le signal de la bataille il obtint surceance d’armes pour un jour: voire desja le Prince des Galles luy avoit donné parole de se retirer, son honneur & celuy des siens demeu­rant sauve: mais l’impatience naturelle aux François, le desir de reparer la honte du passé, specialement le Cardinal du Perigord leur semblant suspect, d’autant qu’il avoit trois grands Seigneurs ses proches parens dans l’armée des Anglois, les fit totalement resoudre à livrer le lendemain la bataille (en marge: Bataille) à leurs ennemis (en marge: Ann. Aquit. 4 p. c. 3), qui à la faveur de ceste surceance d’armes s’estans en­core mieux revanchez (en marge: 1357), soustindrent l’assaut, & en suitte se ruerent tres-funestement sur nos trouppes (en marge: Du Till.): si que le Roy Jean demeura leur pri­sonnier ayant perdu la bataille (en marge: Belleforest). Le Cardinal de Perigord l’année apres ne perdit courage de poursuivre le traicté de paix à Bourdeaux (en marge: Chron. Geneb.), où le Roy avoit esté mené prisonnier; mais il est remis en Angleterre, où le Roy fut conduit pri­sonnier, jusques au traicté de Bretigny faict l’an 1359 par lequel il est dict specialement (en marge: 1359) que le Poictou, l’Agenois, Perigord, Lymosin, Quercy & Angoumois seroient donnez en souveraineté à l’Angleterre (en marge: Traicté).

Jaçoit que ces lugubres desordres divertissent grandement les sainctes intentions du Cardinal

 

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Taleyran, si est-ce pourtant que de coup à coup il portoit son souvenir sur le bien spirituel de ceste province (en marge: Cardinal Taleyran), dés l’an 1342 il obtint une Bulle du Pape Clement 6 en faveur de l’Eglise Collegiale Sainct Front, par laquelle le Cha­noine qui est en Hebdomade a puissance de reconcilier l’Eglise & le Cemetiere lors qu’ils sont pollus. Plusieurs autres sainctes actions de ce grand Prelat sont celebrées dans l’acte de la fondation du Trentenaire (en marge: Concessio Triennarii in brevario Carthusianorum) qui luy eet accordé par les Peres Chartreux dont nous avons parlé cy-dessus, comme aussi nous voyons en plusieurs lieux ses armories, qui marquent le soing qu’il a eu des edifices Ecclesiastiques, tant dans l’Abbaye de Chancelade dont il estoit Abbé, comme en plusieurs autres endroicts.

Le Pape Innoccnt 6 estant à Avignon (en marge: Vita Pontif. Gallice) donna le chapeau de Cardinal à quelques Prelats de France: Pierre Iitier Evesque d’Acqs, originaire de ceste Province (en marge: Ma. Sc. Cancell.), fut faict Cardinal le 16 Septembre l’an 1361 (en marge: 1361).

Nous avons veu comme par le traicté de Bretigny nous demeurions subjects à l’Anglois: rnais il estoit bien rude de flechir les volontez de nos François. Jeanne fille du Comte Roger avoit demeuré heritière de son pere (en marge: Meyn. 3 part. l. 9), a raison dequoy elle porta à son mary Jean d’Armagnac second du nom le Comté du Perigord (en marge: Jean d’Armagnac, Com. du Perigord). Ils s’opposerent fortement avec plusieurs autres Sei­gneurs à ceste distraction l’an 1364 ce que fit aussi Archambaud estant remis en grace (en marge: 1364), & ses

 

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enfans furent honorablement dans l’employ pour les François sans vouloir flechir à l’estranger: toutesfois l’instante prière de Charles cinquiesme depuis peu Roy de France (en marge: Froiss. t. I) les porta à recognoistre l’Anglois pour le bien de la paix, mesmes lors que le Prince des Galles fut secourir le Roy de Castille Pierre le cruel (en marge: Dupl. t. 2), le Comte Archambaud luy fit compagnie avec le Seneschal du Perigord.

Papirius Masso (en marge: Papir. Mass.) remarque que l’année suivante 1365 Elie Archevesque de Bourdeaux assembla les Evesques ses suffragans dans un Concile (en marge: Not. Episc. Gall.) pour remedier par la faveur de la paix aux desordres de l’Estat Ecclesiastique (en marge: Conc. Burd. anno 1365). Aujourd’huy nous ne trouvons les actes de ce Synode, le tout estant perdu dans les confusions qui se preparent: car les playes à demy consolidées se r’ouvrirent dans peu, lors que le Duc (en marge: Annal. Aquit.) voulut imposer sur toute la Guyenne le droict de foüage (en marge: 1369; Fouage), le Comte de Perigord avec quelques autres Seigneurs forment leurs oppositions pardevers le Roy Charles (en marge: Chronic. Burdigal.) qui les receut à bras ouverts (en marge: Froiss. t. I), les mit soubs sa protection, tant cét appel estoit juste, par l’adveu mesmes des Historiens Anglois, quia, dict Polidore Virgile (en marge: Polyd. lib. 19 Hist.), nimis vectigalium exactionibus ab Anglis pramebantur. Le Roy Charles pour faire droict aux plaignans envoya à Bourdeaux adjournement personnel (en marge: Adjournement) au Prince de Galles pour comparoistre à la table de marbre (en marge: Chronic. Engol. Corl.), auquel il respondit, qu’il comparoistroit de vray, le bassinet en teste, accompagné de soixante

 

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mille hommes de guerre (en amrge: Ma. Sc.). Soudain Louys fils & Lieutenant du Roy en Guyenne, faict Taleyrand frere & fils du Comte de Perigord General de son armée, avec commission de faire telle levée de gens de guerre qu’il seroit requis: commande aussi à Archambaud cinquiesme du nom (en marge: Archambaud 5 Com. du Per.), de faire la plus forte guerre qu’il pourroit contre l’Anglois.

Ces tristes nouvelles mirent le miel en bou­che du Roy d’Angleterre pour couvrir la rigueur dont son fils nous avoit voulu traicter, il expedia ses patentes qu’il fit publier à Bourdeaux (en marge: Chron. Burdig.), disant avoir esté adverty, que son fils le Prince de Galles molestoit l’Aquitaine (en marge: 1370); partant qu’il luy commandoit de cesser ces exactions, & de restituer ce qu’injustement estoit pris (en marge: Litt. Edouardi Regis Anglorum), & si aucun de nos feaux amis & subjects, tant Prelats comme gens d’Eglise, Universitez, Colleges, Evesques, Comtes, Viscomtes & Barons, Communautez, gens de ville, se sont retournés, & se sont voulus tenir par mauvaises informations & pauvre advis au Roy de France nostre adversaire, nous leur pardonnons le mesfaict, si ces lettres veuës ils retour­nent à nous, ou dans un mois apres, &c. Ce que nous avons solemnellement juré sur le corps de le Jesus-Christ le cinquiesme Novembre l’an 1370 (en marge: 1370). Voila les inventions d’Angleterre pour arrester les esprits de l’Aquitaine qui tournoient leurs affections vers Charles cinquiesme, qui aussi de son costé par ses patentes données la mesme année 1370 promettoit aux habitans de Périgueux de les

 

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traicter avec les mesmes immunitez, franchises & privileges que les bourgeois de la ville de Paris, les exemptant de tailles, d’estre subjects à l’appel du ban & arriere-ban, permis d’acquérir fiefs nobles sans finance, & autres grands advantages (en marge: Litt. Carol. 5 anno 1370 sub nota Socii), partie desquels ils avoient desja accordé l’année precedente. Ainsi l’Anglois ne peut adoucir ceux de ceste province, c’est pourquoy il envoya fondre sur eux le Comte Pennebrot (en marge: Froissard t. I) avec une puissante armée qui nous fit sentir des premiers la cholere de son Roy (en marge: Furie Angloise), les voisins confederez en eurent leur bonne part, Lymoges est mis à feu & à sang, l’Evesque de la ville fut compagnon de l’eschaffaut à trois mille habitans: bref tout est en desolation qui par son hor­reur me faict arrester la plume. (tt)

 

 

Petrus, Evesque.

Edouard, Prince des Galles & Duc d’Aquitaine.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1370) Charles cinquiesme recognoissant la fidélité du Comte de Peri­gord, en foy & parole de Roy, luy promet par ses patentes, que luy ny ses successeurs à la couronne de France, ne mettroient jamais hors leurs souverainetez (en marge: Meynard p. 3 lib. 9) les

 

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terres feodales de son Comté, desquelles il luy avoit rendu hommage: mais, ô jugement de Dieu! ce fidel vassal deviendra rebelle à son souverain peu de temps après; mesme sa soeur Eleonor fut mariée à Gaillard de Durford, sieur de Duras, laquelle mourant laissa sa fille Marguerite de Perigord Comtesse Doné en Poictou, qui luy estoit substituée pour le Com­té du Perigord, laquelle dés l’an 1364 fut ma­riée à Renaud de Pons, à condition qu’il tiendroit le party de l’Anglois; à quoy pourtant il ne s’arresta lors que Charles cinquiesme envoya Duguesclin son Conestable dans la Guyenne (en marge: Hist. Duguesc. c. 50): pour lors le Comte Sire de Pons se met de son party, & se trouve avec honneur pour la France dans nos histoires (en marge: Froissard): à raison dequoy (en marge: Confiscation) Edouard donna & confisqua à sa femme Marguerite de Perigord les biens de son mary (en marge: Paul. Aemil.), par lettres que j’ay veu, expédiées à Xaintes le septiesme de May l’an 1371 (en marge: Litterae Edouardi anno 1371) dans lesquelles Edouard se nomme fils aisné du Roy de France & d’Angleterre, Prince d’Aquitaine & des Galles.

Desja le Duc de Lenclastre faict descendre à Calais une seconde & tres-puissante armée contre la France (en marge: 1373), & comme un torrent debordé, forçant & renversant tout, traversa l’Auvergne, Lymosin (en marge: Polyd. Virgi.), & vint en Perigord, desolant tout le plat pays (en marge: guerres), jusques à Bourdeaux, où il fit sa retraitte (en marge: Ann. de Franc.). L’année suivante 1374 nous trouvons pour Evesque du Perigord un Petrus (en marge: 1374), lequel siegera plus long temps dans son Pontificat que

 

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ses predecesseurs (en marge: Ma. Sc. Cancell.), quoy que non si paisiblement, à raison des malheurs publics qu’il nous faut poursuivre.

La mort du Prince des Galles (en marge: 1376) l’an 1376 mit un peu d’eau au vin boüillant de 1’Anglois (Annal. Aquit. 4 p. c. 6), estant suivie du decez de son pere Edouard: joinct que Richard fils du Prince des Galles, heritier du Royaume d’Angleterre, estoit assez jeunet ce qui donna occasion au Duc d’Anjou frere de Charles, de venir soudain avec nouvelles for­ces dans la Guyenne (en marge: 1377), commençant des conquestes par Bragerac en Perigord, contre lequel il pose le siege (en marge: Bell. Forest.; siege), le bat de furie: l’Anglois qui vient au secours est mis en pièces (en marge: Froiss. t. 2), les assiegez se rendent, & sont suivis de plusieurs places de ceste province, comme d’Auberoche, de l’Abbaye de Cadouin & autres (en marge: Paul. Aemil.). Il est à croire que nostre Evesque tenoit le party de l’Anglois, & les habitans de la ville celuy de France: puis qu’ils se ruent sur la maison Episcopale (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), la bruslent, la demolissent, se servent des materiaux pour renfermer leur ville (en marge: Evesché demoli). A raison dequoy l’an 1379 à la faveur de quelque tresve il les actiona (en marge: 1379), le procez fut devolu pardevant Clement septiesme (en marge: Chronol. geneb.), qui estoit a Avignon, recogneu par les François pour Pape. Apres plusieurs contrastes le Roy de France accorda ce differend, ordonnant que les habitans payeroient à l’Evesque trois mille Francs d’or, desquels le Scindic paya mille contents, les autres deux mille payables dans un an: mais ne pouvant acquiter ceste fomme l’année

 

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suivante, ils eurent recours au Roy, lequel manda à l’Evesque qu’il se rendoit plaige de ce debte, lequel il vouloit payer à la descharge de la communauté (en marge: Accord unique), pour laquelle il luy demandoit acquit: ce que l’Evesque refusant, le Roy mande au Seneschal de l’y contraindre; mais lors qu’il voulut proceder contre luy, l’Evesque l’excommunia, & sur l’apel interjetté pardevant le Roy, sa Majesté s’obligea à l’Evesque, & luy fit donner quittance du debte à la communauté. Que falloit-il esperer de mieux en ce temps déplorable? auquel la France avoit colloqué l’idole dans le Siège de S. Pierre, qui n’avoit d’yeux pour voir l’oppression de l’Eglise, point de langue pour crier, point de mains pour la deffendre: cepen­dant le Seneschal demeuroit dans l’excommu­nication, jusques à ce qu’elle fut levée (en marge: 1382) par Monsieur le Cardinal d’Ans l’an 1382.

A peine ceste querelle estoit assoupie, que la mesme année un autre (en marge: Querelle) se r’alume entre l’Evesque & la maison de ville (en marge: Ma. Sc. Ibid.) sur l’estenduë de leurs jurisdictions, l’Anglois cependant se saisit du chasteau des Rolfies, qui appartenoit au Com­te Archambaud, comme nous avons souvent dict, celuy qui commandoit dedans ayant traistreusement abbatu le pont au Seigneur de Mussidan Anglois: ceste place estant tout contre la ville de Périgueux, qui tenoit pour les Fran­çois, contraint les habitans de composer avec le preneur, à la somme de trois mille francs d’or, ainsi la place fut remise.

 

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Mais quoy? la desloyauté du Comte Ar­chambaud demeurera elle impunie? non sans doubte; car l’an 1391 le Roy Charles envoye mandement (en marge: 1391) au Seneschal de ceste province pour le prendre prisonnier (en marge: Comte) avec ses complices hors de lieu sainct. De plus Robert de Betune Viscomte de Meaux, Lieutenant du Seigneur de Coussi, qui estoit Capitaine general du Roy en Guyenne, faict demolir le chasteau de Rolphius (en marge: Ma. Sc. dom. comm.) , duquel le seul emphiteatre à retenu le nom de Cacorotta: en suitte dequoy les officiers de la ville degagés de ceste oppression font serment de fidélité au Roy de France dans l’Eglise de Sainct Front entre les mains dudit Sieur Viscomte, & d’Aymeric de la Roche Choüard Seneschal: ainsi ceste année donne un peu de respir à la paix. Mesmes l’accord est arresté sur la querelle desja intervenuë entre la maison de ville & le Sieur Evesque pour les bornes des jurisdictions (en marge: Bornes), estant convenu qu’aux limites accor­dez on releveroit des grandes pierres, qui d’un costé porteroient les armes de la ville gravées, de l’autre celles de l’Evesque, qui sont trois bezans traversez d’une barre lesquelles nous voyons en plusieurs endroits, pour marque que ce Prélat avoit contribué notablement aux bastimens Ecclesiastiques.     

Tous ces maux racontez cy-dessus (en marge: Schisme) n’estoient rien au prix de celuy du Schisme qui attaqua le chef de toute l’Eglise par l’Antipape nommé Clément (en marge: Plat. in vita pont. Paul Aemil. Naucler.), lequel avoit excommunié, fulminé,

 

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& anatematizé Urbain 6 avec les Anglois qui luy adheroient. De ceste generale combustion nasquirent mille desordres; en voicy un notable. Nous avons veu comme un des saincts Suaires de la sepulture de Jesus-Christ fut apporté à l’Abbaye de Cadoin en Perigord, il y a tantost 270 ans: de present ceste Abbaye estoit sur la frontière du pays qui tenoit pour l’Anglois, lesquels toute la France reputoit pour excommuniez & fauteurs de l’Antipape: comme reciproquement les Anglois nous reputoient pour tels, & partant indignes de posseder ceste sacrée Relique: ainsi ils estoient desja aux aguets pour l’envahir. L’Abbé de Cadoin Bertrand de Molinis trouva bon de prendre secretement ce S. linge, & le porter en lieu d’asseurance (en marge: Sainct Suaire à Tholoze): la ville de Tholoze (en marge: Ma. Sc. domus comm. Tholosae) luy sembla convenable pour ceste garde, & ce sera des nobles memoriaux de leur maison de ville que j’emprunteray le recit de ceste histoire, apres ce que Nicolaus Bertrandi (en marge: Histor. Tholoz. Nicol. Bert. anno 1392) en dict en ces mots, Anno Domini 1392 cum Reverendus in Christo Pater Dominus Bertrandus de Molinis Abbas de Cadunio, certificaretur quod aliqui schismatici, de partita adversaris Domini nostri Regis nitebantur per vim à dicto Monasterio de Ca­dunio abstrahere sanctum Sudarium, in que Dominus noster Jesus Christus in sancto Sepulchro fuit involutus quod per ducentos septuaginta annos in dicto Monasterio permanserat, causa ipsum translatandi in aliquem locum obedientiae adverfaris Antipapae Domini nostri Regis Gallia. Considerans etiam di-

 

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ctus Abbas dictum Monasterium esse in fronterio dictorum schismaticorum, & pluribus aliis rationibus, dictum sanctum Sudarium secrete portare voluit in praesentem civitatem: quelques autres conventions entre le Sieur Abbé & le Chapitre de S. Sernin de Tholoze sont accordés, entr’autres, que le sainct Suaire seroit mis en l’Eglife du Taur pour y estre veneré, & que le Chapitre achepteroit un logis tout contre pour la residence de l’Abbé & de ses Religieux.

Cela condud, au jour de S. Simon & Jude, la solemnité de la translation du sainct Suaire de Jesus-Christ fut faicte par l’Archevesque de Tholoze Pierre de Molendino, lequel accom­pagné de neuf Evesques le porta par la ville (en marge: Ostension) où plus de trente mille ames, soit forains ou habitans, s’estoient assemblez (en marge: Ma. Sc. domus comm. Tholosae), & pour l’ostension il choisit l’Eglise depuis peu bastie hors la porte d’Arnaud Bernat, in Cernio Sancti Quentini. De là il fut remis en l’Eglise du Taur, & gardé fort religieusement: toutesfois les Tholozains ne nous raviront si impunément ce sacré thresor; car les habitans de ceste province se liguent avec l’Ordre de Cisteaux, font un Scindicat pour poursuivre leur droict devant le S. Pere contre le Chapitre de S. Sernin (en marge: Ma. Sc. domus comm. Tholosae), comme j’apprens de ce qui suit (en marge: 1394), Anno Domini 1394 die I 10 mensis Maii, Domini de Capitulo praedicti, fecerunt plures fieri legationes ad Dominum nostrum Pappam, & ad Dominum nostrum Regem, & ad Dominum Abbatem Cisterciensem; & quia gentes Petrachoricenses

 

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petebant restitui in loco de Cadunio dictum sanctum Sudarium asportatum huc; super quibus in curia Romana diu fuit litigatum inter gentes partitae praedictorum Petrachoricensis, procuratorem fiscalem Do­mini nostri Papae, procuratorem generalem Ordinis Cisterciensis ex una parte, & scindicum Dominorum de Capitulo, & dictum Dominum Abbatem ex parte altera.

Durant ces contraires faisons une reveuë (en marge: 1394) chez le Comte Archambaud devenu un peu plus sage par sa perte (en marge: Ma. Sc. do. com.), l’an 1394. il traicte avec leViscomte de Meaux, luy remettant en sa puissance soubs l’obeyssance du Roy les chasteaux d’Auberoche, Roussille & Bourdeille (en marge: Paix): ainsi tout demeure en calme, mesme le ciel semble promettre une gratieuse paix à tout le pays (en marge: Chron. Burd.), par l’entreveuë de Richard Roy d’Angleterre, avec Charles sixiesme, le mariage de l’Anglois conclu avec Isabeau fille de France (en marge: Du Till.), la solemnité parachevée elle est conduite en Angleterre par son espoux (en marge: Froiss t. 2), qui commit au Duc 1’Enclastre son oncle le duché de Guyenne (en marge: Juvenal des Ursins): lequel neatmoins ne fut au goust des Bourdelois (en marge: Polid. Virgil.), qui refusent de recevoir tout autre pour Gouverneur que le Roy Richard (en marge: 1395); mais estant peu après depossedé de son Royaume par Henry son cousin germain le duc de l’Enclastre (en marge: Froiss. t. 2 c 110), fut en suitte reduit à la perpétuelle prison.

Henry (en marge: Henricus 4 duc Aquit.) se voyant de nouveau receu à la couronne d’Angleterre ne voulut recevoir tous ces traictez que ses predecesseurs avoient conclu

 

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avec les François, ains regaigna doucement les affections des principaux Seigneurs de la Guyenne: voire il attira à son party le Comte de Perigord (en marge: Comte), lequel s’eschappa à plusieurs actes d’hostilité (en marge: Ma. Sc. do. com. munis.), mesmes contre l’Abbaye S. Front & tout le Clergé de ceste province (en marge: Ma. Sc. dom. de Pons.), dequoy ils forment leurs plaintes à Charles Roy de France, qui luy manda de se tenir coy, sans traicter hostilement ses subjects, à quoy il n’obeyt; ains se declara tout à faict ennemy de ceste couronne, faisant plusieurs felonnies contre les serviteurs du Roy, specialement la lubricité de son fils Archambaud (en marge: 1396), desja recogneu pour Comte, causa un sanglant desordre au Puy S. Front; ayant jetté l’oeil de concupiscence sur une fille d’une honorable famille. Il se resolut de la ravir par l’assistance de ses satellites (en marge: Archambaud 6 comte du Perig.); mais ses parens avec les habitans du lieu se mettent en deffence, dont plusieurs furent massacrez, & en suitte continua plusieurs violences. Les Maire & Consuls forment leurs plaintes au Roy de France, obtiennent contre le Comte condemnation a trente mille livres d’amende à la fondation de de deux Chapellanies destinées pour prier Dieu pour les ames des tuez; tous les adherans bannis hors du Royaume fors un Moyne qui fut laissé à la justice de son Ordre, le chasteau de Roussille où se tenoient les brigands conquis au Roy.

Cecy effaroucha davantage le Comte & les siens (en marge: 1398), qui s’esleverent (en marge: Juvenal des Ursins) à de plus grands desor-

 

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dres: surquoy le Roy envoya à l’encontre une armée conduitte par le Mareschal de Bousicaud qui le cita, & sur la contumace le condamne cri­minel de leze Majesté avec tous ses adherans, & que les chasteaux de Montignac, de Bourdeille, Auberoche, Causade, & autres seroient razez. Bientost apres il le cantonna dans le chasteau de Montignac (en marge: Prisonnier), le contraignit de se rendre, & se soumettre au jugement du Parle­ment de France, auquel il est amené & con­damné attaint du crime de felonnie, le Comté du Perigord est confisqué au Roy.

Ceste punition du Comte (en marge: Condamnation) fut de beaucoup plus severe que celle qui avoit esté obtenue par les mesmes Magistrats contre le Comte Elie Taleyrand l’an 1247 par nous obmise (en marge: Vid. sup. 1247): car pour lors, soit à raison de violences, razemens de maisons, & meurtres des habitans du Puy S. Front, que pour les ruines causées à l’Eglise Cathé­drale S.Estienne, soustenant le siege dans son chasteau des Rolphies, il fut seulement con­damné envers les parens des deffuncts au revenu du Comté qui proviendroit dans trois ans dans l’enclos du Puy S. Front: mais encor les citadins fauteurs de sa rebellion furent condamnez à la fondation d’une rente notable pour prier pour l’ame des murtris (en marge: Ma. Sc. dom. comm.); aussi le menu peuple executeur de sa fougade perdit les biens qui estoient dans l’enclos du Puy, & fut banny hors la banlieue; de plus les autres habitans de ce lieu qui tenoient le party du Roy contre le Comte,

 

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pour avoir lancé par leurs machines de batterie des quarreaux contre l’Eglise Cathedrale, quoy que par mesgarde, furent condamnez à donner un ciboire d’argent doré du poids de sept marcs. Ainsi ceste punition avoit esté divisée a plusieurs; mais maintenant tout l’orage vint fondre sur le Comte. Bref (en marge: 1397) la justice de la ville & banlieue fut adjugée à la maison de ville par arrest de l’an 1397 (en marge: Arrest du Parlement de Paris l’an 1397) à raison des trente mille livres d’amende non payée (en marge: Justice adjugée). Pour le Comté du Perigord (en marge: Comté confisqué) le Roy le donna à son frère Louys en partage de la maison de France (en marge: 1399) avec le Duché d’Orléans & Comté des Vertus le vingt-quatriesme Janvier 1399 nonobstant toutes les oppositions qui furent formées par les successeurs d’Archambaud, & de ses soeurs Eleonor & Brunisande, qui encore aujourd’huy suivant l’observation de Choppin (en marge: Chopp. de Dominio lib. 3 tit. 12 & lib I, tit. 7, num. 4), demandent au Parlement de Paris leur estre faict droict pour leurs légitimes assignées sur le Comté de leur frère.

Le Roy Charles sixiesme par notable accident estant tombé en frenesie (en marge: Ann. Galliae), qui sembloit irrémédiable au secours humain, manda à son Conestable Louys de Sanserre, qui pour lors estoit à Toloze (en marge: Hist. Thol. Bertrand), qu’il luy envoyast le S. Suaire de Jesus-Christ, priant ceux du Chapitre de Sernin de vouloir faire compagnie a la saincte Relique (en marge: Saint Suaire à Paris); l’Archevesque se met en chemin avec l’Abbé de Cadouin, & les députez de la ville, & du Chapitre, craignans que le Roy retiendroit ce qui nous appartenoit; toutesfois ils

 

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furent congediez apres que le Roy eut faict ses devotions (en marge: 1399), & reviennent en triomphe dans Tholoze au jour de S. André (en marge: Rendu à Tholoze). Le nombre sans nombre des grands & autentiques miracles que Dieu voulut operer dans tout ce pays Tholozain lors que ce gage sacré leur fut rendu sont incroyables, je veu les fragmens de leur verification, &m’estonne grandement qu’en ce siecle nostre ferveur soit tant attiédie, puis que nous avons maintenant en nostre puissance ce que les Roys, les Princes & les villes ont d’autresfois si esperducment desiré. (uu)

 

 

Gabriel, Evesque.

Raymundus Joannes, Evesque.

De Bretenous, Evesque.

Henry IV, Roy d’Angleterre, Duc d’Aquitaine.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1399) Nous apprenons par l’information qui sera faicte d’icy à six vingts ans pour la saincte vie & moeurs du Cardinal de Bourdeille (en marge: Inquisitio de vit. & morib. Card. anno 1526), comme soixante ans auparavant l’an 1447 auquel il fut appellé à nostre Evesché, aucun

 

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Evesque n’avoit ozé resider dans le Perigord, à cause de la cruauté des guerres qui ne pardonnoient mesmes au Clergé (en marge: Desolation), veu que les Anglois les traictoient hostilement, & comme schismatiques. Desja l’Abbaye de Brantosme avoit esté demolie par le Sieur de Mucidan (en marge: Ex Ma. Sc. abbat. anno 1463), plusieurs autres lieux saincts desolez., & presque toutes les Eglises ou démolies, ou polluës de meurtre. Il est vray (en marge: 1400) que le commencement de ce centenaire 1400 fut adoucy par quelques petites tresves pour la Guyenne, interrompues de coup à coup par les attentats des François: l’an 1405 Gabriel estoit Evesque en ce Siège (en marge: 1405).

Mais d autre-part (en marge: Paul Aemil.) le Duc de Bourgongne ayant faict assaziner Louys son cousin germain, & frere de Charles sixiesme (en marge: Du Till.), r’alluma dans le gros du Royaume de plus en plus le malheur des desordres passez. Louys estoit Duc d’Orleans & Comte du Perigord (en marge: Monstrelet, t. I, c. 36). Il laissa trois enfans, Charles, Jean & Philippe: le second (en marge: Jean de Valois, com. du Perigord) eut pour son partage les Comtés du Perigord & Angoumois. L’an 1407 & l’an 1408 nous presente Raymond de Bretenous (en marge: 1497 et 1408), qui comme nostre Evesque reçoit les hommages deus à son Evesché (en marge: lib. hommag. episcop. pet.). Je conjecture qu’il estoit de la maison de Bretenous, qui aujourd’huy est incorporée ou dans la famille des Sieurs de Roquefeuil, ou du Comte de Clermont. J’apprens des documents de la maison de ville (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), que ceste mesme année Jean fut promeu à cet Evesché, & sans faire d’autre rencontre je parviens à l’an 1413.

 

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auquel les trois fils du deffunct Duc d’Orléans (en marge: 1413) appellerent à leur party l’armée Angloise pour vanger la mort de leur pere contre le Bourguignon: mais la paix intervenuë congedia les Anglois sans coup ferir, lesquels pourtant ne veulent se retirer sans avoir composé avec ceux qui les avoient apellez à la somme de cent quarante mille escus pour leurs frais de la guerre; dont le Duc d’Orléans paya cent quarante mille contents, & pour le restant deux cens quatre vingt mille livres, monnoye de France, selon Monstrelet, le Comte de Perigord fut donné en ostage aux Anglois, qui le menerent en Angle­terre sur la nouvelle de la mort de leur Roy Henry quatriesme, estant succedé par Henry cinquiesme son fils. (vv)

 

 

Berengarius, Evesque

Henry V, Roy d’Angleterre & Duc d’Aquitaine.

 

Tandis que le restant de la France est ampourpré du sang de ses propres enfans, l’Anglois demeurant plus souvent vainqueur que vaincu, la guyenne demeure en sa profonde paix soubs

 

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Henry cinquiesme, lequel fut de surcroy telle­ment favorisé de la fortune (en marge: Anglois insolens), qu’ayant eu en mariage la fille de France, il se faict declarer administrateur & legitime heritier de ceste couronne, & abusant de l’incommodité d’esprit du bon Roy Charles cinquiesme, prend son advantage contre Charles le legitime successeur: si que le voila eslevé à lapogée de ce que ses predecesseurs avoient tant ambitionné, s’establissant dans le throsne d’autruy jusques à sa mort (en marge: 1422), qui fut l’an 1422 suivie de prés par Charles sixiesme. Ainsi Charles septiesme & Henry sixiesme fils des deffuncts, restent pour demesler ces de­bats implacables. L’Anglois estoit presque generalement recogneu par toute la France (comme si la couronne des fleurs de lys pouvoit tomber en que­nouille, & la loy Salique fondamentale du Royaume estre si facilement renversée) (en marge: Annal. de Franc.). Il n’en sera pas ainsi, Dieu retirera ce Royaume bien aymé du bord du tombeau: car il pleut au ciel (en marge: Remede divin) d’envoyer à Charles septiesme ceste pucelle d’Orléans Jeanne Darc, tant renommée, affin d’affermir par ceste foible main la couronne branlante & demy élochée de dessus sa teste (en marge: 1428). Comme de faict ce jeune Roy suivant & pressant les Anglois pied à pied, reprenant ville apres ville, enfin ses ennemis estans deconfits à plusieurs rencon­tres , il fut recogneu pour Roy de France, mesmes dans la capitale de sa Monarchie, avec le tiltre de Charles le victorieux: mais il estoit desja temps qu’il soignast la police & le calme de son

 

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Royaume, reparant dans l’estat Ecclesiastique & civil les bresches causées par la malice des siecles passes.

De faict le Pape Martin cinquiesme, soubs la faveur du Roy Sigismond, & à la sollicitation du Roy de France (en marge: 1430), 1’an 1430 indiqua un Con­cile oecumenique en la ville de Basle (en marge: Concil. Basilense, anno 1430), & ce suivant les decrets du dernier Concile tenu à Constance (en marge: Conc. Constanciense). Le subject pour convoquer les Prélats de toute la Chrestienté fut pour mettre la reformation des moeurs dans le Christianisme, pour accoiser les troubles survenus en Boesme: mais par special pour mettre meilleur ordre au stile de la Cour Romaine. Le Cardinal Julianus Caesarius est deputé Legat du sainct Siege pour presider à la tenue du Concile, & bonnement sur le poinct de l’ouverture, le Pape Martin cinquiesme mourut (en marge: 1431), & Eugène qui le succeda en commanda la première seance au dix-neufiesme Juillet l’an 1431. Berengarius Evesque de Périgueux fut à ce grand Concile, homme bien en­tendu & rccommandable dans les affaires; puis que dans la cinquiesme seance où l’on proceda à la nomination des Juges pour les causes de la foy, des Promoteurs & Notaires du Concile; il fut choisi avec autres deux Evesques pour examiner generalement toutes les causes devolues au Concile (en marge: Juges), hormis celles qui appartiendroient a la foy. Voicy les termes (en marge: Sess. 5 Conc. Basil. memb. 3) de cét article, constituit, ordinat, & deputat Judices seu commissarios ad audiendum omnes causae ad dictam sanctam

 

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Synodum devolutas seu desoluendas, causis fidem concernentibus exceptis, venerabiles Berengarium Petrachoricensem, Petrum Augustensem provinciae Mogunciae, & Delphinum Parmensem Episcopos. Tout alloit assez heureusement dans ceste venerable assemblée (en marge: 1438), jusques à l’an 1438 auquel le Pape Eugene piqué par la conclusion de quel­ques articles qui derogeoient à l’authorité du sainct Siege, commanda aux Peres soubs paine des censures Ecclesiastiques de se transporter à Ferrare pour la continuation du Concile: mais la plus-part des Evesques se roidissent contre ce commandement, excommunient les Prelats qui se rendroient à Ferrare (en marge: Conciliabule), voire dans la seance trente & uniesme (en marge: Sess. 31), tenuë le neufiesme Febrier; ils declarent le Pape Eugene contumace aux commandemens du Concile, 1e suspendent de l’administration du Pontificat, tant au spirituel qu’au temporel. Hardie & inouye entreprise! mesmes ils dresserent des articles & reglemens au Roy Charles septiesme, le suppliant de vou­loir les verifier dans son Royaume (en marge: Articles), les princi­paux Canons estoient (en marge: Gaguin, lib. 10), que le Pontife Romain de dix en dix ans indiquera un Concile general au lieu qu’il luy plairra que s il est négligent à le convoquer ceste puissance passera aux Peres de l’Eglise; que le Pontife ne changera sans necessité le lieu qui aura esté indiqué pour l’assemblée; que l’authorité du Concile de Basle avec ses droits demeure inviolable; que ja­mais aucun, ny mesme le Pontife Romain, n’attente de les oster, infirmer, ou transporter. Avec plusieurs

 

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autres chefs qui estoient extraits de ce que desja avoit esté conçeu dans le Conciliabule de Basle.

Le Roy Charles voyant que le trouble luy donnoit beau jeu faict une assemblée à Bourges de plusieurs Evesques de son Royaume (en marge: Conciliabulum Bituricense, to. 4 conc.), qui justement est appellé Conciliabulum Byturicence, d’autant que la pragmatique cension y fut concluë suivant les articles proposez (en marge: Pragmatique cension). Ce fut le septiesme Juillet de l’an 1438 auquel jour (en marge: 1438) l’authorite Pontificale receut un notable deschet; mais comme Dieu laisse tousjours des Phinées zélés pour sa querelle (en marge: opposition), lors que son party semble plus desesperé; aussi il sussita Pierre Archevesque de Bourdeaux (en marge: Gaguin, ibid.), qui envoya ses deputez à Bourges avec nostre Evesque Berengarius pour maintenir l’authorité du S. Pere (en marge: Paul Aemil.), & s’opposer à la pragmatique cension (en marge: Du Till.), entreprise toute courageuse! qui pourtant ne peut reussir: car par authorité Royale elle fut promulguée au Parlement de Paris le treiziesme du mesme mois de Juillet (en marge: Vignier).

Ce ne fut pas seulement pour lors que le Pape reclamoit contre ces injustes usurpations, mais encor du depuis les Papes ses successeurs l’ont euë en horreur tout autant qu’une pernicieuse heresie. Ce sont les mots de Gaguin, aucun d’iceux ne l’ayant jamais vouluë approuver: mesme le Roy Louys onziesme successeur de Charles estoit sur le poinct de l’abolir, voire l’avoit accordé à la persuasion de Jean Balue

 

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Evesque d’Evreux, sans que le Procureur general, Jean de sainct Romain, s’opposa à la verification de ceste revocation (en marge: Annal. Aquit.), jusques à ce que François premier fit le concordat avec le Pape Léon dixiesme avantageant après plusieurs an­nées le droict de S. Pierre, qui pour lors n’avoit peu estre conservé par nostre Evesque.

Tandis que le Comte du Perigord & des Vertus fut retenu en ostage en Angleterre pour le payement de 280000 livres (en marge: Chronic. Comitum Engol. Corl.), son Comté estoit administré soubs le nom du Duc d’Orléans tuteur, jusqu’à ce qu’après plusieurs ans de sa retenuë il fut contraint de la vendre à Jean de Bretagne Sieur de Legle, Viscomte de Lymoges 25000 florins (en marge: Jean de Bretagne, comte du Perig.), ou seulement selon Chopin (en marge: Chopp. lib. 3 de Domin. titul. 12) seize mille escus sans que jamais ses freres l’eussent voulu secourir. Quelque temps après l’Advocat du Roy au Parlement de Paris, soustint ceste vendition estre nulle (en marge: C. imperialem § praeterea de prohibit. feud. alienat. per Frideric. in feudis), & que le possesseur du Comté à tiltre d’apanage, avoit les mains liées pour l’aliéner, si ce n’est avec congé & permission du Roy: de plus, que le Comté du Perigord faisoit une bonne partie de l’apanage donné au pere de Charles pour un temps, & a la charge de reversion, & quoy qu’elle eut esté purement donnée, neantmoins qu’il ne luy estoit loisible de l’ipotequer: toutesfois ceste vente & achapt ont demeuré pour valables. (xx)

 

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Elias Serven, Evesq.

Petrus de Durfort, Evesque.

Raymundus Laubariensis, Evesq.

Godefridus Berengarius darpajou, Evesq.

Charles VII, Roy de France, Duc d’Aquitaine.

 

Dans moins de huict ou neuf ans (en marge: L’an de Jesus Christ 1438) nous changeons quatre ou cinq fois de Prélat, desquels nous ne trouvons bonnement l’année de leur reception; comme s’il n’eut fallu faire memoire d’eux dans la posterité puis qu’ils n’avoient residé en leur Evesché par defaut de courage (en marge: Changemens importuns). Elias Serven succeda (en marge: 1437) à Beranger dés l’an 1437. Ce qui me baille soupçon que son predecesseur avoit suivy le party du pape Eugene puis que l’année 1438 Beranger se trouva au Conciliabule de Bourges (en marge: Vid. sup. anno 1438) pour s’opposer à la pragmati­que

 

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que sanction; & neantmoins celuy-cy qui est apellé son successeur, est marqué nostre Eves­que un an auparavant; & pour continuer les conjectures peut estre Berengarius d’Arpajou que nous trouverons dans peu sur les rangs de nos Evesques, sera le mesme Berengarius qui auroit esté remis a l’Evesché, lors que Charles septiesme s’accorda avec le Sainct Pere, haec dubitanter.

Pierre de Durfort succede à Elies; plusieurs ont estimé que Durfort est la maison de Duras; il fut promeu par le Pape Clement qui l’avoit pris de l’Ordre des Freres Prescheurs, & nous conjecturons (en marge: Mort) que l’epitaphe gravé dans la muraille de l’Eglise Cathédrale du costé gauche du Choeur luy appartient (en marge: Epitaph. Pet. Episc.).

 

Praesul erat Petrus, jacet hic in puluere puluis,

Sit coelum requies sit tibi vita Deus

Obiit die 10. Aprilis.

 

Raymundus Laubariensis auparavant Eves­que de Sarlat fut advancé à cét Evesché par le Pape Benoist. Auquel succeda Geoffroy Berangarius d’Arpajou pourveu par le Pape Jean.

Souvenons-nous des dessains que l’Evesque Pierre faisoit l’an 1261 (en marge: Rescript Pet. episc. anno 1261) pour colloquer plus honorablement le corps de l’Apostre S. Front, lesquels pourtant n’avoient encor esté executez sans le vouloir du S. Siège; c’est pourquoy le Pape Eugene expedia la Bulle suivante (en marge: License de lever le corps sainct) qui nous maintient sur le possessoire contre l’Abbaye de Sainct Pons (en marge: Chronol. Insulae Lerin.), & donne plusieurs tiltres

 

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d’honneur à nostre Apostre (en marge: Bulla Eugenii anno 1441).

 

Eugenius Episcopus servus servorum Dei, dilectis filiis Capitulo Ecclesiae S. Frontonis salutem & Apotolicam benedictionem. Piam sanctorum memoriam recolendam, qui Christi sequendo vestigia, aeternae beatitudinis praemia consequenti, cuncti fideles Christi eo debent libentius honorare, quo in eorum merita gloriosa uberior justis tribuitur gratia & peccatoribus delictorum suorum venia ipsorum intercessionibus facilius indulgetur; propter qua fideles populos ad eorumdem venerationem sanctorum tanto attentius invitamur, quanto id efficacius eis proficere novimus ad salutem. Sane sicut ex serie petitionis pro parte vestra nobis nuper oblatae percepimus, licet bonae memo­riae Petrus Petrachoricensis Epis. revolvens & pie considerans quod altissimus ipsius sancti qui in illis partibus patronus, & Christicolarum intercessor praecipuus habetur meritis plurima miracula operari dignatus est (en marge: Miracula S. Front), prout in dies operatur, quodque ejusdem sancti corpus in loco minus decenti requiesceret (en marge: Vid. sup. anno 1261); cupiensque summopere ut corpus hujusmodi decentius, & venerabilius conservaretur ac per amplius exaltaretur, quandam argenteam satis pulchram, & preciosam thaecam, ad hoc quod corpus ipsius inibi collecaretur, ac de loco ubi consistit ad aliquem alium in praefata Ecclesia locum pro illius veneratione magis convenientem atque congruum fieri procuraverit, & diem translationis sive exaltationis (en marge: Festum translationis) dicti sancti ultima die mensis Aprilis singulis annis solemniter ibidem celebrare instituerit, & ordinaverit; pro eo ta­men quod dictus Episcopus dudum , sicut Domino

 

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placuit, debitum naturae persolvit praemissa ad effectum nondum deducta fuerint, nec perduci potuerunt; quare pro parte vestra nobis fuit humiliter supplicatum (en marge: Supplica capituli), ut vobis corpus hujusmodi in theca praedicta reponendi, & etiam transferendi licentiam concedere de benignitate Apostolica dignaremur. Nos igitur institutionem & ordinationem hujusmodi aliorumque per eundem Episcopum circa venerationem & exaltationem ipsius corporis factam plurimum in Domino commendantes (en marge: Concessio), ac cupientes ut illud a Christi fidelibus congrue veneretur, & decenter conservetur, ejusmodi quoque supplicationibus inclinati. Vobis cor­pus praedictum juxta intentionem, institutionem, & ordinationem Episcopi in dicta theca reponendi (en marge: Translationis), necnon de loco in quo existit, ut praesertur ad aliquem altum decentem, & ad id congruentem in ipfa Ecclesia locum de quo melius videatur transferendi, ac etiam caput dicti sancti de corpore hujusmodi per aliquem Catholicum Antistitem separandi (en marge: Et separat. capitis), in aliquo condecenti tabernaculo seu vase precioso, necnon supra majus Altare, vel alibi ubi in dicta Ecclesia congruentius videbitur, ut populo melius & decentius ostendi possit, quotiescunqne vobis videbitur, etiam reponendi licentiam auctoritate Apostolica tenore praesentium largimur. Nonobstantibus, &c. Nulli ergo hominum, &c. Datum Florentiae anno Incarnationis Dominicae 1441 decimo septimo Kalendas Januarii, Pontificatus nostri anno undecimo.

Berengarius d’Arpajou finit ses jours l’an 1447 (en marge: Ma. Sc.) nous laissant en sa place un tres digne ouvrier pour reparer les ruines de l’estat Ecclesiastique. (yy)

 

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Elias de Bourdeille, Evesque, Cardinal

Charles VII, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

 

Combien le Ciel fut liberal de ses grace envers ce dioceze (en marge: L’an de Jesus Christ 1447), lors qu’il luy donna pour Pasteur celuy qu’il avoit faict naistre (en marge: Chenu, Gall. Christ. in Tab. ep. Pet. & Archie. Turon.), non tant pour soy-rnesme, que pour servir d’eschole de vertu à la noblesse, de modelle aux bons Prelats, de prototype à l’austerité des Religieux, de pourtraict de saincteté pour tout le Christianisme (en marge: Loüange). Ce fut Elie de Bourdeille, qui dans le cours de sa vie fut loué pour sa saincteté, obey pour sa prudence, respecté pour sa gravité, aymé pour sa douceur, & par le violent esclat de tant de grandeurs, la grandeur de tant de ferveurs, la ferveur de tant de sainctes actions de lumière, se rendit plus esclatant dans ce siecle tenebreux, que les lumières & flambeaux qui apres sa mort brusloient continuelement dans l’Eglise de Tours devant son sainct sepulchre (en marge: Ma. Sc. Ann. 1526), plus que le cierge ardent qui estoit posé prés du grand Autel de l’Eglise S. Front

 

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devant son chapeau de Cardinal qui luy fut en­voyé sur ses derniers ans par le Pape Sixte quatriesme. Il semble que la recherche que nous avons faict des Evesques ses predecesseurs de­puis cinquante ou soixante ans ne soit que pour rehausser davantage l’esclat de ses perfections, comment cognoistroit-on la rareté des diamans? s’il n’y avoit d’autres cailloux, & la beauté de l’or si le cuiure n’estoit en usage? aussi luy estoient-elles données d’en-haut pour maistriser les coeurs des plus grands, specialement pour retenir les pieces du debris de ce pauvre dioceze desolé par les guerres contre l’Angleterre, pour lesquelles ceste province servit souvent de funeste theatre, ce qui avoit obligé les Evesques durant 60 ans, de s’en absenter.

Tout ce que nous dirons de ce grand Prelat aura pour garand les auteurs anciens & modernes: mais par special sera averé par treize tesmoings jurez (en marge: Tesmoings), tous gens de marque, qui furent interrogez juridiquement quarante ans apres sa mort (en marge: Inquisitio pro Elia Card. anno 1526), lors qu’on procedoit à l’inquisition de ses vie & moeurs (en marge: Speciatim ex Ma. Sc. Petri de Boys), ce sera de leur deposition (en marge: Morin à secretis & confessionibus d. Card.) que nous recueillirons l’eslite des fleurs qui embaumerent pour jamais l’ancienne & noble famille des Sieurs de Bourdeille, desquels il print naissance.

Arnaud de Bourdeille, Seneschal & Lieutenant du Roy en Perigord eut cinq enfans (en marge: Origine), entre lesquels Elie dès son bas aage donna des augures de sa saincteté future (en marge: Origo nobilis), ce sainct enfant mesme

 

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à l’aage de sept ans (en marge: Vocatio in septemnio), ayant veu souvent dans le chasteau d’Agonac le Pere Bertrand de Combort de l’Ordre des Freres Mineurs, fut saisy d’un violent desir, qui porta son courage plus grand que son corps à embrasser la saincte Re­ligion de S. François; déclare son desir à ses parens tous estonnez de la resolution de cét en­fant: Madame sa mere est encore plus aux affres de perdre son fils, & met en jeu tous moyens possibles pour divertir ce qu’on croyoit du commencement ou despit, ou fantaisie puérile: mais sa perseverance de trois ou quatre ans fit paroistre qu’il n’avoit rien d’humain dans son desir; mais plustost qu’il venoit du ciel, auquel son pere craignant de s’opposer; d’autre-part pressé des importunitez de l’enfant parvenu desja à l’aage de dix ans (en marge: Novitiatus in decennio); se resolut de le mener au Convent des Religieux de S. François à Pe­rigueux. Et d’autant que les troubles des guerres estoient fort eschauffés dans tout le pays, Monsieur le Seneschal assembla soixante ou septante chevaux pour la conduite de son fils, lequel donna bien de l’estonnement à toute ceste noblesse, lors qu’après les derniers adieux donnez à sa mere, on luy amena un bon cheval pour le monter: ce devot enfant s’opiniastre à ne pren­dre de cheval pour son voyage, disant qu’il ne vouloit qu’un asne pour sa conduitte, à l’imita­tion du Pere S. François, auquel il se vouloit desja conformer. Il est mené en cét equipage, & mis dans le Novitiat, apres lequel il estudia

 

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en Philosophie, de là envoyé à la Théologie dans le grand Convent de l’Observance à Toloze (en marge: Doctrina in Theolog.), où il fit paroistre la rareté de son esprit à l’aage de dix-neuf ans, soustenant durant huict jours les Theses du Chapitre general celebré en ce lieu, composé de l’eslite des plus doctes de ce temps: de là il fut conduit au Convent refor­mé de Mirepoix pour y faire les premiers essais de ses prédications.

Durant ce temps l’Evesché de Périgueux vaqua par la mort de Geoffroy Berengarius d’Arpajou (en marge: 1447), l’an 1447 le droict des nominations restant encore aux Chapitres par la pragmatique cension, les Chanoines unanimement eslevrent F. Elie pour leur Evesque (en marge: Fit episc. aetat. 24 anno), qui à ces nouvelles s’effaroucha, & se disant incapable de ceste charge se roidit pour ne l’accepter (en marge: Faict Evesque); mais afin qu’il ne peut se desgager, on deputa deux Chanoines vers son Provincial, à ce qu’il luy commandast par obedience de les suivre vers le Pape Eugene, qui pour lors estoit à Boulogne, où estans arrivez les Deputez supplient sa saincteté d’agreer leur eslection, & dispenser à ce qui manquoit sur l’aage de vingt-sept ans pour l’Episcopat; mais la docte & eloquente harangue de F. Elie fut plus admirable, desadvoüant les vingt-sept ans d’aage que les Deputez luy donnoient, & qu’il estoit seulement au vingt & quatriefme, partant qu’il supplioit sa saincleté de ne le dispenser sur son incapacité. Humilité! qui seule sembla meriter sa confirmation. Le

 

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Pape commandant au Cardinal de Saincte Croix de le sacrer pour Evesque. Ainsi en despit de tous ses efforts il faut obeyr; il vient à sa ville, faict son entrée solemnelle le 3 Aoust de l’an 1447. Trouva que le vice s’estoit authorisé dans tout son dioceze (en marge: Status dioecesis Petr.), les Eglises desolées, bruslées, renversées, sans service divin, le Clergé sans ordre ny discipline, l’impunité des vices alloit eshontéement la teste levée.

Grande moisson pour un si bon ouvrier, qui avec l’aide de son Dieu s’appliqua au travail, à la visite, exhortation, confirmation, re­conciliation des Eglises, & à tous les autres exercices de sa charge, qui pour l’ordinaire reculoient son repas à deux heures après midy, avec un plus grand fruict qu’il n’eut ozé esperer de ce grand desordre. Specialement faut noter le puissant remède dont il se servit heureusement pour extirper le blaspheme qui regnoit pour lors en la bouche de tous (en marge: Jureurs punis); c’est que dés le commencement de sa promotion il fit une ordonnance (en marge: Decretum cont. de jeran...), que tous ceux qui auroient juré fussent citez par le Curé du lieu à comparoistre devant luy, & que deslors les denoncez subissent les peines des excommuniez, jusques à ce qu’il parut par lettres testimoniales de leur absolu­tion, menassant par censures les Curez pusillanimes à la denonciation, encourageant les zélés à l’exécution. La peine qu’il imposoit (en marge: Poena) pour le blaspheme estoit que durant la Messe le criminel se tiendroit à la porte de l’Eglise un cierge

 

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en main, nud pieds, sans chapeau ny ceinture, quelquefois en chemise, & qu’a la fin il se presentast au pied de l’Autel pour recevoir publi­quement l’absolution; ainsi, faisant subir inexorablement ceste peine à toute sorte de personnes, il n y eut dans un an aucun si huppé, & pour noble qu’il fut, qui osast ouvrir la bouche contre le ciel (en marge: Effectus). O Dieu! que ne revelliez-vous en nostre siecle le feu de ce nouvel Elie, puis que nous en avons besoing plus que jamais?

Ces heureux commencemens faisoient enrager de despit tout l’Enfer avec ses partisans; il suscita le bastard de Gramont Anglois, qui commandoit dans le chasteau d’Auberoche, lequel espiant l’occasion de se saisir de nostre Evesque lors qu’il alloit innocemment pour reconcilier l’Eglise de S. Anthoine (en marge: Capitur ab Anglis), qui avoit esté polluë par les meurtres faicts par cét Anglois dénaturé, n’ayant d’autre escorte que l’Abbé de Brantosme, & quelques autres Eclesiastiques: ainsi facilement il le print pour prisonnier de guerre, luy accordant à peine un sien Prestre pour le servir (en marge: Espreuve). Durant sa prison il fut plus mal traicté par louyë, suivant son dire, qu’au­trement: parce qu’il estoit contraint d’entendre ordinairement ses ennemis qui blasphemoient en damnez. De là il est conduit au chasteau de la Roche Chalais, & sur la crainte que les preneurs avoient que son frère le Seneschal de la province ne vint assieger & forcer la place, deliberent de le conduire à Lybourne, pour de

 

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là l’envoyer en Medoc, ou en Angleterre. L’Archevesque de Bourdeaux Pierre Berland, vray homme de Dieu (en marge: Eripitur per Archiep. Burdig.), & reputé pour sainct, apprint le danger où se trouvoit nostre Evesque, & secondant la noblesse qui estoit desja aux champs pour l’enlever, il conduit si adextrement l’entreprise qu’ils le retirent de leurs mains à Lybourne (en marge: Delivrance), le jettent dans un bateau, & conduisent heureusement à Bour­deaux. L’Archevesque accompagné de son Clergé & du corps de la ville le vint accueillir au port, le mene à l’Archevesché, le festina par plusieurs jours, avec les principaux de la ville.

Par ce narré nous passerons au temporel (en marge: Montreslet), comme desja la ville de Bourdeaux estoit en l’obeyssance (en marge: 1450) du Roy de France, lequel dés l’année 1450 (en marge: Annal. Aquit.) ayant heureusement reconquis la Nor­mandie, il porta sa pensée à déguerpir des mains estrangeres nostre pauvre Guyenne (en marge: Alain Chartier), & pour cét effet il commença ses reprises par la ville de Bragerac (en marge: Dup. t. 2), qui tousjours a esté reputée une des clefs de la Guyenne (en marge: Bragerac rendu): il y envoya le Comte de Pontieure & de Perigord avec puissante armée, qui aux premieres aproches contraint les assiegez à demander capitulation: le Comte reçoit la ville au nom du Roy, permettant à l’Anglois de sortir bagues sauves, & les habitans sont maintenus en leurs privileges (en marge: Regestre de la gener. de Bourd. fol. 186): ce qui fut confirmé par lettres Royaux de Charles l’an 1451 le 24 Novembre (en marge: 1451), avec abolition du passé, & promesse que leur ville ne seroit jamais se-

 

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parée dé la couronne de France.

L’année suivante (en marge: 1452) nous ramenera en Guyenne le Comte Dunois avec puissante armée, qui dans moins de deux mois conquit toutes les villes & places les plus opiniastres, hormis Bayonne, de fléchir soubs les armes Françoises, specialement la ville de Bourdeaux (en marge: Chronic. Burdigal.), despourveuë de secours Anglois, le receut avec toute son armée le 21 Juin.

Ainsi trois cens ans après que nous avions esté démembrez de la couronne de France par l’infortuné mariage d’Eleonor, nous revenons heureusement à la domination de nostre premier maistre, par la faveur du ciel, & la vaillance de la noblesse (en marge: Loüange): surquoy je ne puis taire ce qui a esté remarqué en ce lieu par Gilles, Dubouchet, Dupleix & autres (en marge: Annal. Aquit.); c’est que parmy le grand nombre de ceux qui servirent le Roy de France, pour reconquerir l’Aquitaine, seulement deux Seigneurs acquirent le nom de Chevaliers sans reproche (en marge: Gill. nic. Chronic. de Franc.). Le Seigneur de Barbazan (en marge: Dup. t. 2), & François de Bouchard Viscomte d’Aubeterre, Cham­bellan du Roy, Seneschal d’Angoumois, fils de Jochin, fils de Savary, fils de Pierre, qui aussi porterent le tiltre de Comte, possedans de plus les Seigneuries de Castillon, Mucidan, Puinorman, Cadillac, Rochefort, Roussilles, Sainct Jean d’Angles, Rochemeaux, Sainct Martin de la Coudrée. Ce qui soit dict en faveur de nos Evesques sortis de ceste noble famille.

 Mais (en marge: 1452) la grande & longue maladie de l’Aqui-

 

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taine ne peut se guerir tout soudain sans quelque recheute qui fut l’année suivante 1452 la ville de Bourdeaux (en marge: Polid. Virg.), & en suitte les villes du voisinage se rendent derechef à la rébellion (en marge: Rebellion); ce qui a soudain apella à Bourdeaux le plus signalé des Capitaines Anglois Thalabot (en marge: 1452); mais ce fut pour finir bien tost ses jours dans le Perigord; car accourant pour secourir les quinze cens Anglois assiegez dans Castillon par les nostres, il fut porté par terre d’un coup de coulevrine, & au sepulchre dans la Chapelle nommée S. Jean de Colles, bastie au desa du ruisseau qui separe ceste province du Bourdelois. Mort qui fut suivie de celle de son fils, & de l’estonnement des rebelles qui aux aproches du Roy Charles (en marge: Alain & Jean Chartier), rendirent à sa discretion la ville de Bourdeaux, la Guyenne rebelle trouva la misericorde dans ce coeur vrayement Royal pour les Ecclesiastiques & Nobles (en marge: Misericorde Royale). Neantmoins pour punition exemplaire il se reserva sur eux le chastiement de vingt personnes, & le payement de cent mil escus, tant pour leur Chef que pour leurs prisonniers.

Accompagnons le retour de nostre Evesque (en marge: Eliae ep. reditus in urbem) qui par la faveur de la paix revint à sa ville, qui le receut comme jadis Alexandrie & Constantinople les Chrysostomes & Athanases apres leur exil: aussi virent-ils sa ferveur redoublée (en marge: Fervor), & plustost un Evesque Religieux, qu’un Religieux devenu Evesque (en marge: Actions saintes): n’ayant retranché rien de trois Caresmes de sa regle (en marge: Jejunia); & au surplus y adjoustant les jours du Mecredy & Samedy: la veille des

 

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grandes solemnitez estoit au pain & à l’eau, lavant les pieds à certain nombre de pauvres, suivant la solemnité du jour, lesquels il servoit à la table teste nuë, & auparavant prendre son repas, qui tousjours pour quelle compagnie qu’il y eust, fut assaisonné de la lecture des saincts livres: un banc estoit sa couche ordinaire, un livre pour cuissin, son habit un rude gris brun (en marge: Vestis), de vingt & cinq sols l’aune, son manteau presque de si vil prix; & quand il fut Archevesque l’aulne de son drap coutoit quelque quarante sols, aussi le disoit-il estre trop precieux. Enfin le vray esprit & la vertu d’Elie estoit avec luy, par laquelle il estoit plus-que fervent à repren­dre les vices (en marge: Conciones), comme il parut dans une quarantaine preschant à son peuple deux heures tous les jours sur les sept pechez capitaux. Son assiduité aux confessions estoit toute pastorale: ne permettant qu’aucun se retirast sans consolation (en marge: Benignitas), tant il estoit bening envers les pecheurs repentans: mais severe & plus que lyon envers les superbes opiniastres. Certains Chanoines, Prieurs, voire Abbés de son dioceze pour eviter sa correction, ne vouloient recognoistre sa jurisdiction; mais il les ramena puissamment à leur devoir (en marge: Magnanimitas); voire il intenta procez contre les universitez qui bailloient si facilement les degrez à ceux qui par leurs chicanes rongeoient le pauvre peuple. Dc plus sa charité estoit no­toire envers les pauvres necessiteux, desquels il estoit le nourrissier dans sa maison, le Mede-

 

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cin dans l’Hospital (en marge: Charitas), leur Curé pour les Sacremens & sepulture. C’estoit du sanctuaire sacré de l’oraison & contemplation (en marge: Oratio) qu’il empruntoit ce brasier de charité toute fervente, passant le peu de la nuict qu’il desroboit à ses occupations pour vaquer à sa méditation, qu’il destrempoit pour l’ordinaire d’un ruisseau de larmes respanduës pour ses diocezains. C’estoit pour eux qu’il consacroit tout ce qu’il possedoit, donnant sa santé, sa vie, ses pensées, & son revenu pour les Eglises (en marge: Aedificia sacra), bastimens, pauvres & necessiteux; sa liberalité fut grande aydant à rebastir l’Eglise collégiale de S. Astier, ruinée par les guerres passées; il rebastit aussi la moitié de l’Eglise S. George qui est dans les faux-bourgs de la ville; comme aussi fit dresser le grand Autel de son Eglise Cathédrale que le vieux manuscript dict par exaggeration, avoir estè le plus beau & magnifi­que de ce Royaume.

Mais il semble que Dieu avoit reservé ce S. Evesque Religieux de S. François, pour executer apres plus de deux cens ans les dessains d’un autre Evesque Religieux de S. Dominique (en marge: Vid. sup. anno 1261), qui l’an 1261 avoit determiné de lever le sainct corps de l’Apostre du Perigord (en marge: Corps sainct honnoré), & n’agueres nous avons veu le congé que le Pape Eugene (en marge: Vid. Bull. Eugen. 1441) en a donné au Chapitre. Ainsi le vingt-cinquiesme ou vingt-septiesme May de l’an 1463 Elies de Bourdeille (en marge: 1463), assisté de l’Evesque de Sarlac, & de son oncle l’Evesque de Rieux (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), & jadis de Sarlac, tous deux de la maison de Rouffignac

 

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en Lymosin, celebrerent l’élevation du corps du bien-heureux S. Front, colloquans à part son chef dans un grand tabernacle qu’il avoit faict eslever & richement elabourer au milieu du Choeur, basty de lames de cuivre, esmaillées & dorées, renfermé de grilles de fer; ouvrage d’un merveilleux artifice, qui à nostre siecle a demeuré en proye aux harpies huguenotes.

Ce fut en suitte un coup de la prudence de nostre Prelat d’accoiser (en marge: Accord) les differens intervenus entre les deux Chapitres Cathedral & Collegial (en marge: Ma. Sc. dom. comm.), chacun pretendant devoir posseder le chef de ce corps sainct, l’accord faict par le sainct Evesque fut portant processionnelement à l’E­glise Sainct Estienne un bras de S. Front le jour de Saincte Quitere.

Sur ce sujet il ne faut obmettre comme ceste mesme année (en marge: 1463) redonna à ceste province le sainct Suaire que les Tholozains avoient possedé depuis l’an 1392. Certains escholiers de l’or­dre de Cisteaux envieux de ce qu’il avoit esté ravy à leur Ordre par droict de represaille l’enleverent habilement de l’Eglise du Taur (en marge: Sainct Suaire), le rapportant à Cadouin, & peu de temps apres le portent a l’Abbaye d’Aubasine, où il fut retenu durant sept ans, non sans plaintes des Tholozains, & de l’Abbé de Cadouin, jusques à l’an 1463 (en marge: Ma. Sc. Abb. Cadunii); pour lors le Roy Charles commanda par ses patentes à M. Pierre de Combort Evefque d’Evreux, & Abbé d’Aubasine, de rendre à l’Abbé de Cadouin P. de Gain, le sainct Suaire,

 

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comme il appert par l’inscription de son sepulchre (en marge: Epitaphium Abbatis Cad.).

HIC IACET CORPVS F. PETRI DE GAIN,

qui senior Abbas hujus monasteris, per cujus opem recuperatum fuit Sanctissimum Sudarium, videlicet die decimo mensis Junii anno Domini 1463 de manibus reverendi in Christo patris Petri de Combornio Eboracensis Episcopi, administratoris Aubasinae.

 

Je suis estonné sur la merveille des miracles approuvez & verifiez par l’Archevesque de Toloze l’an 1413 lesquels continuerent dans ceste province, suivant le tesmoignage que l’Archevesque de Bourdeaux Arturus de Montauban, baillé l’an 1470. Ce qui obligea les Papes Inno­cent huictiesme, Urbain cinquiesme, Boniface septiesme, & Alexandre quatriesme, Grégoire onziesme, Jules second, Clement septiesme, & plusieurs autres plus anciens de bailler beau­coup de privileges à ceste Abbaye, confirmez par le Pape Paul l’an 1535.

Revenons à l’année 1463 qui donna assez pour d’incommodité à ceste province (en marge: Commiss. pour les francs-fiefs), par la commission baillée au Seneschal du Perigord sur le faict des francs-fiefs (en marge: anno 1463), & nouveaux acquests faicts specialement par les communautez Ecclesiastiques & Religieuses, qui apres tant de ruines se trouvoient bonnement sans tiltres pour prouver ce que les Commissaires demandoient.

De la passons à nostre Evesque Elie, lequel Dieu relevoit tout autant qu’il se deprisoit par les actions de son humilité ordinaire (en marge: Archevesque de Tours). Le Roy Louys onziesme successeur de Charles eut co-

 

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gnoissance de ses merites, le choisit pour son confesseur, & l’Archevesché de Tours vacant, il le ravit à ceste province pour le colloquer (en marge: 1468) en plus haut grade, l’an 1468.

Pour le Comté du Perigord, il avoit esté en­tre les mains de Jean de Bretagne Sieur de l’Aigle (en marge: Corl. Comit. Engol.), Vicomte de Lymoges (en marge: Juvenal des Ursins); il eut un fils nommé Guillaume de l’Aigle (en marge: Guillaume de l’Aigle, comte du Perig.) son successeur l’an 1443 qui decedant sans hoirs, fit sa soeur Françoise de Bretagne son heritiere, qui l’an 1460 fut mariée à Alain Sire d’Albret (en marge: Alain d’Albret, Com. du Perig.) d’où nasquit Jean d’Albret. (zz)

 

 

Radelphinus, Evesque.

Louys XI, Roy de France & Duc d’Aquitaine.

 

Par la promotion d’Elie à l’Archevesché de Tours (en marge: L’an de Jesus Christ 1468), nostre Siège Episcopal escheut à Radelphinus ou Ranulphius, pourueü par le Pape Paul second (en marge: Bulla Paul 2 anno 1468), suivant la Bulle expediée l’an 1468.

Quant au Duché d’Aquitaine l’année suivan­te (en marge: 1469) Louys onziesme donne pour apanage (en marge: Duché) à son frere Charles (en marge: Charles Duc de Guyenne), non toute l’Aquitaine; ains seulement le Bourdelois, 1e Bazadois, les Lannes, la Xaintonge & la Rochelle; mais trois ans

 

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après la mort luy ravissant la vie (en marge: Nicol. Gilles), causa la reunion totale de la Guyenne à la couronne de France (en marge: 1472) par reversion d’apanage: ainsi tousjours jusques aujourd’huy elle a demeuré en propre au Roy de France.

Les occupations de l’Archevesque de Tours ne luy avoient faict oublier son pays (en marge: 1476): si que l’an 1476 il obtint par sa sollicitation du Pape Sixte quatriesme une Bulle des grands pardons en forme de Jubilé (en marge: Indulgences) pour dix ans en faveur des fidèles qui visiteroent les Eglises de Sainct Estienne & S. Front és jours de leurs festes (en marge: Bullae Sixti 4 anno 1476), ou quatre jours suivans, & y seroient leurs liberalitez pour reedifier leur ruine imminente, à la charge que le tiers des oblations viendroit à la Chambre Apostolique. En suite l’Archevesque Elie par une autre Bulle est commis pour General Pénitencier & Surin­tendant à ce Jubilé, avec puissance d’absoudre & dispenser sur les voeux & irrégularité. Dans la première Bulle nous aprenons les Reliques qui reposoient pour lors dans l’Eglise de Sainct Estienne, in qua certae reliquiae ejusdem Sancti, & corpora Sancti Leonis Papae qui magnus Leo dictus, & beati Patrocli, & Sancta Sabina martyris requiescunt. Il dict en suitte plusieurs tiltres d’honneur de l’Eglise S. Front, qu’il apelle un des septante deux Disciples de Jesus-Christ, &c.

Le mesme Pape Sixte quatriesme l’an 1481 ordonna (en marge: Chron. Burd. anno 1481) à la requisition du Roy Louys onziesme (en marge: 1481) qu’on fit inquisition de la saincte vie & miracles faicts par Pierre Berland cy-devant Ar-

 

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chevesque de Bourdeaux, & pour cét effet commet Raoul Evesque de Perigueux, & Raymond Evesque de Bazas Inquisiteurs (en marge: Gabr. Lurb. de Viris, Illustr. Aquit.), qui après plusieurs & fidèles recherches, rapporterent leur procez verbal en l’assemblée de tous les Ordres de la ville de Bourdeaux le dix-huictiesme De­cembre audit an, pour envoyer des deputez en Cour de Rome poursuivre la canonization de ce grand Prelat: ce qui pourtant fut sans effet.

Je ne veux encor quitter la memoire de l’Archevesque de Tours Elie de Bourdeille; car il n’abandonnera jamais son pays par esprit & affection. Ce nouveau grade ne luy avoit enflé le coeur; moins encore quand le Pape Sixte quatriesme l’an 1483 le fit Cardinal du tiltre de Saincte Luce in Silice (en marge: Cardinal); il demeura tousjours sur son cube inébranlable en sa simplicité contre ces faveurs humaines: c’est le tesmoignage que Rodolphius Tosciniacensis (en marge: Rodolphius Toscin. lib. 2 hist.) luy donne dans son histoire Seraphique, sic in rebus secundis quae caeterorum etiam sapientum animos fatigant, ne qui­dem latum unguem à recto statu vel cursu huc atque illuc deflexit, sed sapienter vento nimis secundo vel contrahere cum coelestibus praeceptis, tum exemplis edoctus, prosperitatem humanam judicavit vento similem aut vitro quod maxime frangitur cum maxime splendet; quippe qua falsis imaginibus ludit, quam adversitas qua instar lapidis Lydii filios Dei non extus auratos sed intus aureos indicio demonstrat, & tactu probat, &c. Il ne s’agrandit qu’en noble coura­ge pour la deffense des immunitez Ecclesiasti-

 

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ques, s’opposant aux usurpations des Officiers du Roy; mesme au péril de sa vie. Desja le Chancelier de France & le grand Conseil l’avoient faict adjourner à comparoistre personnelement (en marge: Défenseur du S. Siege); mesme tout le temporel de son Archevesché estoient mis entre les mains des Comrnissaires; mais contre tous ces tonnerres il s’arme de sa plume; escrit plusieurs traictez de la puissance du Pape, & la defense des concordats faicts contre la Pragmatique sanction (en marge: tractatus de potest Pap. per Eliam de Bourdeille, Arch. Tur.), l’un desquels commençoit à summo coelo (en marge: Deffensorium concord. cont.). Q’estoit mettre de l’huile au feu, qui embrasoit les cervelles politiques, & quoy que desja il eut par sa parole adoucy le coeur du Roy; neantmoins certains courtisans le mettent en totale disgrace, l’un d’iceux est substitué à son office de Confesseur du Roy; mais dans peu de jours finissant sa vie, laissa de l’estonnement aux autres (en marge: Chenu. in ep. Pet. & Archie. Turon.), & bailla de l’admiration à toute la France sur la constance de nostre Prelat.

Le temps de sa mort s’approchoit, il le cogneut estant malade dans le chasteau d’Artene prés de Tours (en marge: Gall. Christ.): il s’arma des Sacremens, defend toute pompe funèbre, & ne veut d’autre lict pour mourir que la cendre, d’autre sepulture que le cemetiere des pauvres (en marge: Mort); aussi mourut-il vrayement pauvre ne s’estant rien laisse: mais ayant tout mis en depost dans les mains des pauvres aux Hospitaux, ou Eglises & Monasteres ruinez. Il mourut faictement l’an 1484 laissant la ville de Tours plus desolée qu’elle n’avoit esté depuis

 

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le decez du grand Sainct Martin. Les Tourengeaus par plusieurs jours honorerent ce Sainct, & Dieu du ciel voulut le recommander par plusieurs miracles (en marge: Miracles), comme il avoit faict durant sa vie (en marge: Miracula ex Inquis. vitae & sanct.). Raportons-en quelques-uns: estant à Tours celebrant la saincte Messe, un Capitaine de l’armée du Roy Charles aliéné de son esprit se jetta à ses pieds, & soudain fut remis en son bon sens. A Amboise estant dans son Convent en la mesme action au jour de la Feste de S. Fran­çois, le Maistre d’hostel de la Royne de France Charlote l’advertit à l’oreille du danger de mort où elle estoit dans le travail d’enfant, il s’arresta un peu, offrit à Dieu sa prière pour elle, & sou­dain elle fit heureusement ses accouches. De plus deux demoniacles, l’un à Tours, l’autre à Périgueux, furent delivrez par son exorcisme, Guil­laume Chalupy Advocat, & jadis son domestique, rend tesmoignage qu’ayant appris à Tours, la maladie de son frère qui tiroit aux abois, de­manda congé à son maistre pour venir en ceste ville servir le malade: mais cét homme de Dieu respondit n’estre necessaire qu’il seroit bien tost en santé, ce qui fut vray par la vertu de sa prière. Guillelmus de Valle habitant de ceste ville tesmoigne comme ayant sa cuisse rompuë depuis quinze mois, & despendu son bien à se taire traitter sans apparence de guerison, oyant le rapport des merveilles du bien-heureux Cardi­nal, demanda affectueusement à Dieu sa gueri­son par les prières de ce bon Prelat qu’il croyoit

 

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estre bien-heureux au ciel, & dans peu se voit miraculeusement guery: cecy suffira pour declarer une partie des merites de celuy qui durant vingt ans a esté noftre Evesque. (1)

 

 

Godefridus de Pompadorio, Evesque.

Louys XI, Roy de France.

 

Gabriel Dumas, Evesque.

Charles VIII, Roy de France.

 

Godefridus de Pompadorio, Evesque.

Louys XII, Roy de France.

 

Nous trouvons (en marge: L’an de Jesus Christ 1481) que Geoffroy de Pompadour surnommé de Chasteaubouchet (en marge: Ma. Sc. D. pub.), tint le baston Pastoral de ce dioceze l’an 1481 (en marge: Chenu in Tab. ep. p.). Peu d’années après on commença l’establissement (en marge: Fondation) du Convent des Peres Augustins hors la ville (en marge: Gall. Christ.) par son consentement & de la com­munauté de la ville l’an 1483 à la promotion

 

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de FF. Jean, & Prongentius de Villezaio Religieux de cet Ordre: plusieurs bien-facteurs contribuerent à cét oeuvre pie (en marge: Fund. August. anno 1483): Jean Dupuy Sieur de Trigounan donna le fonds où l’Eglise fut bastie; ce lieu fut beni par nostre Evesque Geof­froy, assisté de F. Pierre d’Abzac de la maison de la Douze (en marge: Ma. Sc. do. comm.), Religieux de l’Ordre de S. Augustin, Evesque de Rieux, & du depuis de Laitoure; il demeura Prieur jusques à l’an 1494 auquel il fut faict Archevesque de Narbonne.

Revenons à l’année 1483 funeste par la mort de Louys onziesme (en marge: 1483) qui obligea la Royne de convoquer les Estats generaux l’année suivante (en marge: 1484), ils furent premierement assignez à Orléans (en marge: Nic. Gill. Chronic.), de là à Tours, où se trouverent les deputez des trois Estats de ce Royaume, l’Evesque Geoffroy de Pompadour y assista pour le Clergé de ceste province (en marge: Ma. Sc. dom. comm.) avec les autres deputez (en marge: Estats generaux); lesquels obtindrent du Roy la confirmation des immunitez & franchises bailléez par les Roys de France à ceste province; plusieurs bons reglemens y furent conclus, specialement on donna au Roy Charles huictiesme fils unique du defunct la somme de douze cens mille livres, & cent mille escus pour son couronnement (en marge: 1485). De là nostre Prelat augmentant de grade, est faict grand aumosnier du Roy, president en la Chambre des Comtes à Paris. Mais sa fortune receut une notable secousse par l’accident qui luy survint en ce temps: car la minorité du Roy Char­les, fit naistre à deux Princes ambitieux l’occa-

 

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sion de poursuivre la regence du Royaume (en marge: Nic. Gill.) avec telle violence qu’ils sembloient plustost vouloir conduire cet Estat au sepulchre, que le gouverner & recourir de l’orage; c’estoit le Duc de Bourbon contre Louys Duc d’Orléans, qui estoit poussé & possedé par François Comte du Dunois (en marge: Revoltés), homme de prompt & violent esprit (en marge: P. Des Rey); qui voyant le Competiteur eslevé à l’office de Conestable de France, fit resoudre le Duc d’Orléans en tiltre de premier Prince du sang & le plus proche de la couronne, de se liguer avec les principaux Seigneurs pour venger ses interests & mescontentemens pretendus: desja le mal esclatoit en guerres civiles; mais les plus zélés François travaillerent à reconcilier le Duc d’Orléans avec sa Majesté, ce qui fut heureusement conclu à Bougency (en marge: Appaisées), à la charge que le Comte de Dunois promoteur de la revolte vuideroit le Royaume (en marge: Argentré lib. 12 c. 27).

Toutesfois l’impatience de cét esprit tout bouffi de rage ne peut se tenir coy plus long temps en la ville d’Ast en Piedmond (en marge: Rengregées); il revint en France sans rappel, à son arrivée fortifie Partenay pour son asseurance, de là en avant il remuë ciel & terre, tasche de renouer la ligue des Princes mécontens, sollicite puissamment le Duc d’Orléans à poursuivre ses premieres pointes; mais Anne de France tante du Roy, qui par les Estats de Tours avoit eu le gouvernement de sa Majesté, ne dort pas, elle descouvre les principaux conjurez, nostre Evesque de

 

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Pompadour, l’Evesque de Montauban de la maison de Caumon, avec le Seigneur de Bussi son frere (en marge: Jaligni), & Philippe de Commines, sont convaincus par leurs propres lettres d’estre adherans à celle ligue, à raison dequoy ils furent arrestez prisonniers (en marge: Ligueurs faictz prisonniers); les Evesques estoient traictez honorablement; tandis cependant qu’on leur faisoit leur procez par les Commissaires de la Cour de Parlement de Paris (en marge: Convaincus). Duquel procé­dé le Pape Innocent huictiesme estant adverty envoya en France des Commissaires de sa part pour l’instruction de ceste cause (en marge: Dupleix, to. 3), lesquels ayant ouy les Prelats, & recogneu leur conspiration par trop criminelle se rendirent de Juges, advocats pour obtenir du Roy leur pardon (en marge: Pardonnez), qui se tesmoignant vrayement Roy & clement, se contenta de consiner les Evesques à quelque canton de leur dioceze.

Ceste mesme année nous trouvons nostre Evesque dans la chaire du Puy en Vellay (en marge: P. odo de Giff. lib. 3 c. 38); mais quittant nostre Siege Episcopal (en marge: Chenut. Epis. Podiens.), il ne voulut pourtant se descharger de plusieurs benefices importans qu’il possedoit dans le dioceze (en marge: Benefices) & ailleurs, suppliant le Pape Alexandre sixiesme qu’il luy fut permis de retenir avec l’Evesché du Vellay les Abbayes de S. Anian de Boisse en Angoumois (en marge: Ex schedis dom. comm. Engol.), de nostre Dame de Chancelade en Perigord, les Priorez de S. Cyprien en Sarladois, de S. Jean de Colle en Perigord, les Prevostez de S. Pardoux & d’Arnac, un Canononicat & Prebande en l’Eglise de Lyon. Ce

 

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qui luy fut accordé par le Pape Alexandre, le 17 Juillet, l’an neufiesme de son Pontificat.

Gabriel Dumas l’année mesme du départ de Geoffroy (en marge: Chenut.), fut aussi prins de l’Evesché de Mirepois, & pourveu de ce siege de Perigueux l’an 1485 par Innocent huictiesme (en marge: 1485), l’an second de son Pontificat (en marge: Bull. Inno. 8 anno 1485), comme il est marqué par sa Bulle, & l’an 1490 fut faict accord entre luy & la maison de ville pour les limites de leurs jurisdictions (en marge: 1490). L’année precedente & le vingt-huictesme Avril, le Seigneur Pierre d’Anton faict don au Chapi­tre de S. Front de Perigueux (en marge: Ma. Sc. Eccles. S. Front) de la precieuse Relique de la saincte Coiffe ou Voile de la Vierge (en marge: S. Voile) qu’il avoit apporté de son voyage d’outre mer, & ce à certaines charges & conditions portées par la transaction. Un habitant de la ville Olivier de Brehault par testament donna tout son bien pour fonder une Vicairie (en marge: 1500) pour servir & honorer la mere de nostre Dieu, laquelle par son usage & attouchement de son corps tout virginal avoit sanctifié ce linge sacré.

Nous trouvons (en marge: 1500) Geoffroy de Pompadour pour nostre Evesque pourveu par Alexandre 6 l’an 1500, le 18 de son Pontificat (en marge: Bull. Alex. anno 1500), il estoit nepveu de Geoffroy, qui n’agueres nous avoit quitté, passant à l’Evesché du Puy en Vellay. Il fit son entrée Episcopale le 12 de Novembre de ladite année sans continuer dans ceste charge au delà de l’an 1503 quoy qu’il vescut davantage (en marge: 1503), jusqu’à l’an 1514 Joannes Auriens luy succeda (en marge: 1504) à son Evesché l’an 1504.

 

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Quant au Comté du Perigord (en marge: Comté), Jean sire d’Albret (en marge: Jean d’Albret Com. du Per.), fils d’Alain Albret, fut heritier de son pere, & marié à Catherine de Foix Royne de Navarre, d’où provint Henry d’Albret (en marge: Henry Dalbret), qui du costé de son pere fut Comte du Perigord, & (en marge: 1517) du costé maternel Roy de Navarre l’an 1517.

Je ne veux passer soubs silence comme Anthoine de Sainct Symphorian (en marge: Juve. des Ursins) Abbé régulier de Brantosme, estant mort à S. Valeric l’an 1501 (en marge: Du Till. invent. des Roys de France) les Religieux de ceste Abbaye en nombre de quatorze vocaux s’assemblerent pour l’eslection d’un successeur, & procedans par voye de Scrutin (en marge: Ma. Sc. Abb. Brant. anno 1501), ils furent mi-partis, sept ayans nommé frere Hugues d’Abzac de la Douze, qui desja estoit Abbé de Allodiis de l’Ordre Sainct Benoist, les autres sept esleurent frere Pierre de Sandalesses Prevost de Puychambaud, qui estoit de leur famille: (en marge: Abbé de Brantosme) à raison dequoy il intervint des grandes contrastes. Enfin Sandalesses, ne se voyant assez puissant pour resister à Dabzac, resigna son droict de l’Abbaye au Car­dinal d’Albret Amanée. Malheur qui apporta le premier Abbé commandataire dans ce lieu, où pourtant il fit plusieurs & magnifiques bastimens, qui encore aujourd’huy presentent ses armoiries. Il mourut à Casteljaloux l’an 1520 chargé des Eveschez de Bazas, de Pamies, de Pampelone, avec les Abbayes de Brantosme, du Mas-dazil, de Lozac, & de S. Amand. (2)

 

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Joannes Auriens, Evesque.

Guido de Castro-Novo de Bretenous, Evesque.

Jacobus Murisso de Castro-Novo, Evesque.

François I, Roy de France.

 

Nous rencontrons (en marge: L’an de Jesus Christ 1504) un nouveau Prélat dans une saincte action, pour honnorer un sainct qui par excellence porte le titre de Grand sans reserve (en marge: Ma. Sc. Capit. Cathed.). Ce fut l’an 1504 que Joannes Auriens Evesque de Perigueux au jour de S. Thomas l’Apostre, esleva & transporta dans un nouveau Reliquaire d’argent les ossemens sacrez du grand S. Leon Pape (en marge: Corps sainct), qui des plusieurs années avoient esté portez à l’Eglise Cathédrale de S. Estienne. Peu de temps apres & l’an 1509 Anthoine de Luzec Evesque & Comte de Cahors (en marge: 1509) estant mort apres ses obseques, le Chapitre assemblé, suivant l’ancien

 

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droict des communautez, proceda à l’eslection & nomination d’un successeur qui fut l’Abbé de Bonneval, de l’ancienne & illustre maison de Castelnau de Bretenoux. Le Pape Jule 2 con­firma l’eslection ceste mesme année le 13 de Juin; mais desja nos Roys vouloient acrocher ceste amorce qui restoit pour les bonnes lettres dans la Pragmatique sanction, s’approprians les droicts des nominations qui par icelle restoient aux communautez. Ainsi le Roy Louys onziesme estant à Vienne le quatorziesme Aoust de ceste année 1505 envoya deffenses au Clergé de Cahors de recevoir autre pour Evesque que Germain de Ganay frere du grand Chancelier de France (en marge: Evesché), auquel il avoit donné son placet, comme nous apprenons des documens de la maison de ville de Cahors, rapportés par la Croix (en marge: De Cruce in actis epis. Cadurc.; ex quo Chenut. & Gall. Christ.). Surquoy intervindrent grands procez, & pour les appaiser fut trouvé bon que l’Abbé de Bonneval relaschant son droict a l’authorité Royale, fut pourveu à l’Evesché de Perigueux (en marge: 1511), l’autre demeurant à Germain de Ganay. Ainsi l’an 1511 Guy de Chasteau-neuf, le dernier jour de Fevrier, fit son entrée Episcopale à Perigueux; ses armes estoient trois tours d’argent en champ d’azur, lesquelles nous rencontrons en plusieurs edifices sacrez qui ont eschappé les derniers saccagemens, specialement au pilier-boutaut de la Chapelle S. Estienne, où aujourd’huy le Chapitre faict le divin service, on lit ceste inscription (en marge :1521), L’AN MIL V. C. XXI. ET

 

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LE XIII. D’AVRIL FVT COMMENCEE LA PRESENTE CHAPELLE. GVIDO DE CASTRO NOVO (en marge: Inscript. lapid.). Il fut suivy en l’Evesché par Jaques Murisse de Castelnau, qui le 5 d’Octobre 1523 fit son entrée Episcopale (en marge: 1523): mais ce ne fut pour vivre long temps apres, decedant à Cahors l’année suivante, le 10 jour d’Aoust jour de S. Laurens (en marge: 1524). Ceste année fut remarquable par la donation que fit Pierre Ruffis ou Roux, Curé de Montagut, pour la fondation de la Chapelle adjoincte à l’Eglise de S. Front (en marge: Fundatio Capell. Sanctae Annae anno 1524), soubs le tiltre de S. Jean Baptiste. La première pierre de ce magnifique & bien entendu bastiment (en marge: Fondation) fut mise en ceste année 1524 le contract passé avec [avec répeté] les maistres qui receurent pour commencer six mille cinq cens livres; le fondateur ne peut voir son entreprise conduite à chef, estant prevenu de la mort: mais pour la continuation de la fabrique il donna tout son bien à la communauté de Perigueux (en marge: Ma. Sc. dom. comm. anno 1524), qui l’an 1549 fut en procez (en marge: Et anno 1549) contre les Architectes pour n’avoir bien assis leurs premieres voutes, & contractans avec d’autres font con­tinuer ceste fabrique jusques aux années infor­tunées par la prinse de la ville, & sur la reprise ceste Chapelle changea de nom, estant consacrée à Saincte Anne en recognoissance du bien­fait receu au jour de sa Feste, comme nous dirons. (3)

 

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Joannes de Plagnies, Evesque.

François I, Roy de France.

 

Incontinent (en marge: L’an de Jesus Christ 1524) apres le decez de Jaques, dans la mesme année 1524 le dixiesme Novembre Jean de Plaignie (en marge: Chenu.), ou Planis, fut destiné pour son successeur (en marge: Gall. Christ.). Il estoit de ceste ancienne & illustre famille de Desplas en Lymosin (en marge: Ma. Sc.), qui jusques à nostre temps a produit de tres-grands & tres-dignes Prelats és sieges de Bazas & de Leitoure (en marge: Origine), dans lequel nous honorons encor la venerable & pieuse vieillesse de l’oncle, & le zele du nepveu. Nostre Evesque estoit fils aisné du sieur Anthoine Desplas, & de Marie de Miramont, portant pour armes trois barres de geule my-parties en champ d’argent. Le 23 d’Avril 1525 il fit son entrée Episcopale (en marge: Ex schedis capit. Cathedralis), de laquelle ayant parlé si souvent je veux maintenant d’escrire la solennité. Les quatre Barons du Perigord estoient convoquez, à sçavoir Bour­deille, Mareul, Biron & Beinac (en marge: Reception de l’Evesque), lesquels par devoir portaient sur leurs espaules l’Evesque nouveau assis sur une chaire, depuis l’Eglise de S. Pierre Laneys, jusques dans son siege Epis-

 

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copal, à l’entrée de son Eglise Cathédrale il estoit acueilly du Clergé, auquel il juroit sur les saincts Evangiles les articles suivants. Premierement, qu’il garderoit en general les coustumes & statuts qui sont observez dans l’Eglise Catholique. Secondement, qu’il conserveroit au possible les droicts Episcopaux, recouvreroit les biens alienez, & en particulier conserveroit les privileges de ceste Eglise. Tiercement, qu’il vouloit selon son pouvoir guarantir de leurs ennemis & de toutes hostilitez ceux de son dioceze. Haec omnia, disoit-il, praedicta promitto & juro ad sancta Dei Evangelia me facturum & servaturum pro posse (en marge: Jurement de l’Evesque). En suitte il frappoit de son baston Pastoral la porte de son Eglise, disant le verset, Attollite portas principes, &c. Le Choeur respondoit, Quis est iste Rex gloriae, &c. A l’ouverture l’on chantoit, Sint lumbi vesti praecincti, jusqu’au Maistre-autel, où l’Evesque di­soit l’Oraison de S. Estienne; de là chantant le Cantique, Te Deum laudamus, il estoit porté par les Barons dans son siege Episcopal. Ce font les devoirs du Clergé envers leur nouveau Prelat, qui en suitte leur devoit faire plusieurs liberalitez.

Deplaigne estant acueily avec ceste magnificence, s’occupa à plusieurs sainctes actions (en marge: Sainct Espine trouvée). La mort du Capitaine des Anglois Talabot (en marge: Vid. sup. anno 1453), tué prés de Castillon, avoit donné parmy les despoüiles prises sur luy à noble Michel Peyrounin, une Croix d’or, garnie de diamans, trouvée au

 

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col du deffunct, laquelle apres quelques années tomba entre les mains de noble Pierre de Pombrian sieur de Monreal, lequel faisant ouvrir ce sacre Reliquaire, trouva au dedans une espine enchassée, & n’ayant asseurance s’il la falloit honorer, comme ayant servy à la Passion de Jesus-Christ. Il consulta sur ce doubte nostre Evesque de Plaignie, qui commit l’examen de cét affaire à son Théologal Maimont Gardien du Convent de S. François, lequel dans sa consulte baillée par escript, respond qu’il falloit de­mander à Dieu des signes extraordinaires par jeusnes & prières publiques, afin qu’il luy pleut de declarer en quel estat il vouloit qu’on tint ceste espine. Il est vray-semblable que dans l’essay faict, divers miracles parurent (en marge: 1526): car l’an 1526 nostre Evesque expedia un Bref (en marge: Rescriptum Joannis de Plagn. anno 1526) en faveur de la transaction faicte par le Sieur de Pombrian avec Sudiraut Curé de la Parroisse d’Aysac, declarant apres plusieurs consultes qu’on peut & doit honorer la saincte Espine, commandant de la porter processionnelement; j’ay veu l’ori­ginal de ce rescript dans le thresor du chasteau de Montreal.

Dés la mesme année nostre Evesque expedia une commission autentique à Jean Ganeoti No­taire Apostolique, à ce qu’il procedast à l’inquisition de la vie & moeurs du deffunct Elie de Bourdeille jadis Evesque de Perigueux, puis Archevesque de Tours, & Cardinal, decedé depuis quarante & deux ans. Ne tanti viri me

 

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moria, dict l’Evesque (en marge: Inquisition), in clero & populo praedictae dioecesis sepulta remaneat, ut ejus exemplo caeteri ad vitae sanctitatem & laudem facilius trahantur, generosaque nobilitas tantis virtutitus excrescentibus, etiam proclivior ad similia peragenda invitetur (Commiss. Episc. de Pla. pro inquis. anno 1526). Ceste inquisition fut faicte à la promotion de son nepveu, noble Jean de Bourdeille Proto­notaire Apostolique, qui avoit entrepris la ve­rification de dix-huict articles proposez sur les merites du deffunct; & à cét effet il fit ouyr quatorze ou quinze tesmoings, & jaçoit que sa canonization ne soit esté du depuis poursuivie en Cour de Rome, neantmoins il a esté tousjours tenu en odeur de saincteté, comme nous avons dict. L’evesque Jean de Plaignie fit bastir le chasteau qui porte son nom sur les frontières du Perigord & Lymosin, comme l’on void aujour­d’huy par ses armoiries qui y paroissent.

L’an 1530 le Chapitre de S. Front pour agrandir l’authorité de la maison de ville (en marge: Hommage pour la Vigerie, ex Ma. Sc. do. com.), contracta avec ses officiels, pour la Justice de la Vigerie, qu’ils donnerent aux Maire & Consuls, a la charge qu’ils leur rendroient hommage-lige lorsque la Feste du Martyr S. Sillain tomberoit au jour de Dimanche (en marge :Hommage), & ce en la qualité suivan­te. Le Maire ayant les deux genoux, le chapeau & ceinture en terre, teste nuë, le chaperon posé sur le bureau, les mains jointes dans les mains de l’Abbé ou du President du Chapitre, donnant trois florins d’or pour l’achapt, & leur promet­tant vassalité fidele, reservé l’hommage & service

 

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deu au Roy. Semblable hommage-lige doivent ils rendre pour la Justice du Cellarier (en marge: Hommage pour le Cellarier), lors que la Feste de S. Front tombe au Dimanche, posant le chaperon & ceinture sur le bureau du lieu capitulaire, se mettant teste nuë & mains jointes dans les mains du President au Chapitre (en marge: Hommage), puis les posant sur les saincts Evangiles, pro­mettant vassalité au Sieur Abbé, Chanoines & Chapitre, puis se levant bailler le baiser à la joüe du President (en marge: Ma. Sc. cap. S. Front), luy donnant pour leur achapt un paire de gands tissus de laine blanche. L’achapt de ceste Juftice avoit esté faict l’an 1484 pour huict cens livres: desja le Sieur Abbé & le Chapitre en avoit vendu au Roy le plus liquide l’an 1336. (4)

 

 

Fulco de Bonneval, Evesque.

Claudius Givry, Evesque, Cardinal. S. R. E.

François I, Roy de France.

 

(en marge: L’an de Jesus Christ 1531) L’evesché de Bazas estoit possedé par Foucaud de Bonneval (en marge: Chenu. in tab. ep. Vasatens.); il fit permutation de son Siege & du Prioré de Leyrac avec nostre Evesque Jean de Plaigne, qui fut succedé en celuy de Bazas par

 

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son dernier frere Annet de Plaigne: ainsi le pre­mier jour de Janvier 1531 Foucaud fit son en­trée dans Perigueux, estant porté par les depu­tez des quatre Barons, ayant esté inhibé ausdits Seigneurs de s’y trouver en personne, à raison du desordre qui fut survenu sur la preseance, disputée entr’eux (en marge: Ma. Sc. do. com.). Ce Prelat fut amateur du bien public (en marge: Fondation), faisant conduire la fontaine de Jameau jusques au milieu de la ville, à quoy la communauté contribua (en marge: 1535): car l’oeuvre estoit de haute entreprise, puis qu’il falloit traverser la riviere de l’Isle par des aqueducs qui bien-tost furent renverfez par l’effort du coulant des eaux.

La mort du Cardinal d’Albret arrivée l’an 1520 avoit desja aporté de grandes desolations dans l’Abbaye de Brantosme (en marge: Abbaie), dont il estoit le premier Abbé commendataire (en marge: Ma. Sc. Abb. Brant.), plusieurs fascheux & presque implacables procez intervindrent durant plus de dix-huict ans, entre FF. Claude Rafin, & Pierre Saunier Religieux de cét Ordre, pour succeder à ceste Abbaye, qui comme la Sabine tirassée par les Romains expiroit; & destituée de Religieux, rendoit les abois entre les mains trop avides. Enfin (en marge: 1538) Saunier resigna ses droicts à M. Pierre de Mareul Pro­tonotaire Apostolique, qui l’an 1538 obtint du grand Conseil arrest d’adjudication; & comme tousjours nostre Dieu tout admirable, qui est en ses oeuvres, tire d’un grand desordre un bon reglement, le grand Conseil ordonna à la requi-

 

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sition du Procureur general du Roy que ceste Abbaye de Brantosme seroit reformée (en marge: Reformatio Abb. Brantosm.) selon les statuts & definitions de l’Ordre S. Benoist, & que Commissaires seroient deputez pour cét effet: ainsi (en marge: 1539) l’année suivante 1539 les Com­missaires arrivent pour executer l’arrest, accom­pagnez de R. P. F. Placide Leger, Prieur de l’Abbaye dc Sainct Germain des prés, & Frere Quentin de Condé, à ce commis de par le Roy François premier, ceux-cy avec l’Abbé de Brantosme dresserent les articles de la reforma­tion de ce lieu, tant pour le spirituel que pour le temporel.

Foucaud de Bonneval (en marge: 1540) fit vaquer l’Evesché (en marge: Ma. Sc. cap. S. Steph. & do. com.) par son decez l’an 1540. Il fut ensevely dans son Eglise Cathédrale, audevant le grand Autel, accompagné des pompes funebres, or­dinaires à sa dignité Episcopale, laquelle de surcroy tomba dans les mains du Cardinal Claude de Givry du tiltre de Saincte Agnes in agone (en marge: Cardinal), appellé Evesque de Langres, Pair de France, administrateur perpetuel de l’Eglise, & Evesché de Perigueux durant dix ans. (5)

 

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Joannes de Lustrac, Evesque.

Godefridus de Pompadour de Chasteau Bouchet, Evesque.

Guido Bouchard d’Aubeterre, Evesque.

Augustinus de Trivulcis, Card. S. R. E., Evesque.

Henry II, Roy de France.

 

Tandis (en marge: L’an de Jesus Christ 1551) que nos Pasteurs estoient endormis dans le calme apporté à la France par les armes victorieuses de nos Roys, l’Enfer qui ne dort jamais estoit aux aguets pour surprendre le troupeau du Seigneur si mal gardé par les Prelats nonchalans (en marge: Abus), lesquels s’ils veilloient c’estoit pour se joüer du bien du Crucifix, comme d’une pelotte, se le renvoyant l’un à l’autre par un tripotage tout sacrilege (en marge: Flori. de Raymond Ness. de l’her. lib. I). Dieu du ciel ne peut davantage suporter les excez des prophanateurs

 

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de son sanctuaire, il lasche les alonges dont Satan estoit attaché, & selon le stile ordinaire qu’il pratique en sa fureur, pour chastier son peu­ple permet que les loups carnassiers, soubs la toison des simples brebis entrent dans sa ber­gerie, pour renouveller toutes les cruautez & boucheries sanguinaires, que les siecles passez de l’Eglise eussent senty.

Desja Martin Luther sur la fin de l’an 1517 (en marge: Heresie) avoit sonné le baffroy dans Vitemberg en Saxe (en marge: Thuanus Sleyden.), pour reveiller les esprits panchans à la rebellion contre l’Eglise par le desir des nouveautez (en marge: Annal. Nicol. Gilles); desja les placards mal attachez & plaquez contre l’ancienne Religion, voloient dans toute la Chrestienté (en marge: Lutherienne), mesme dans l’année 1534 nostre pauvre France commença de sentir la puanteur de ces libelles diffamatoires portez jufque dans la chambre & cabinet du Roy François premier, qui pour lors estoit à Blois, attentat qui oultra de douleur son cœur tout Chrestien! mais l’im­pudence passant jusques à la ville de Paris avoit aussi mis en la main de ce bon Roy le fer & le feu contre ceste hydre venimeuse (en marge: Jean le Febvre): mais quoy! c’estoit de vray coupper les testes qui renaissoient à centaines (en marge: Calvienne), à la faveur d’un nouveau faux Prophete (en marge: Institution de Calvin anno 1535), qui ceste année 1535 bastit son institution pour former la Samarie au milieu de la France, diviser l’union de l’Eglise, & par un attentat sacrilege renversa l’estat & la foy des François pour remettre sur pied des ruines de ceste Monarchie, les idoles de ses fantaisies,

 

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fonduës du billon des heresies descreditées dés long-temps

Henry second l’an 1547 successeur du zele (en marge: 1547) & de la couronne de France, oppose à ce venin les plus opportuns remedes que le temps & la pieté de ses ancestres luy fournit: mais la rebellion de l’Aquitaine (en marge: Paradin hist. lib. c. 5 & 7) contre ses edicts & de son pere arrivant l’an 1547 fut le sujet de la gabelle (en marge: Gabelle), arma la cholere de Dieu contre les villes du Xaintonge, Angoumois, Poitou, Lymosin, Perigord (en marge: Annal. Aquit.; 1548), & autres qui sentirent & les effects de la justice du Roy offensé (en marge: Chro. Engol.), & de la part de Dieu, elles furent abandonnées aux plus funestes accidens qu’il permet arriver contre les peu­ples les plus rebelles à ses loix divines, specia­lement la ville capitale du Perigord, dans laquelle le Sieur de Brandon Conseiller au Parle­ment (en marge: Parad. c. 7) avoit esté inhumainement traicté pour ce sujet verra dans peu la divine punition.

Jean de Lastrac l’an 1550 comme Evesque de Périgueux faict son entrée le 14 Juin (en marge: 1550): mais ce ne fut pour y faire long sejour: car l’année suivante 1551 Geoffroy de Pompadour du Chasteau Bouchet (en marge: Ma. Sc. Eccles. Cat.) fut receu (en marge: Evesque) dans la ville pour Evesque avec les pompes ordinaires le 13 Decembre (en marge: 1551); j’ay apprins son extraction dans Chasteau Bouchet, maison noble du Lymosin, qui est sur la frontière du Perigord, où l’on voit inscript dans une galerie les vieux pourtraicts (en marge: Inscript. in pariete) des cinq enfans du sieur Geoffroy de Pompadour, dont le troisiesme est nostre Evesque, suivant l’in­-

 

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scription, qui l’apelle aussi Abbé de S. Maurin.

Mais nous tardons trop d’entamer nos mal­heurs, qui commencerent en ce pays au vingt-quatriesme jour de Janvier de ceste année 1551 par le plus estrange sacrilege que jamais les Rouptiers eussent commis dans leurs persecutions (en marge: Sacrilege). C’est que desja la rage Lutherienne eslançoit ceux qu’elle possedoit, specialement contre les marques de nostre redemption; desja ils se ruent au débris des Croix, Images & representations de Jefus-Christ. Ainsi à la faveur de la nuict ils rompirent, abatirent & briserent toutes les Croix qui estoient arborées depuis Perigueux, jusqu’au bourg de Marsac (en marge: 1551), & sur les autres advenuës de la ville; deschargeant & leur rage & leur ventre sur le piedestal qu’ils ne pouvoient arracher. Sacrilège qui donna au coeur de tous les bons Catholiques! specialement aux Officiers de la Justice qui se portent sur les lieux, font procez verbal de ces excez (en marge: Ex processu verbali Stephani Bertin Majoris urbis & Consulum anno 1551), & sur les violens soubçons que cét excez avoit esté commis en partie par certains Ecclesiastiques & Chanoines infectez du Calvinisme (en marge: Recherché), ils font exacte perquisition dans la cité pour ren­contrer les indices des auteurs de ce crime, sans trouver aucune preuve, sauf contre un Prestre nommé Chaulet, qui fut retenu prisonnier. Et pour appaiser le juste courroux de nostre Dieu lezé, l’on dressa une procession generale, demandant à Dieu misericorde: mais ce n’estoient que les premières esgratigneures du foüet de Dieu,

 

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qui coup fut coup nous escorchera plus visvement: car dés le lendemain vingt-huictiesme de ce mois, l’infortune fut plus grande. Ces har­pies d’Enfer sur la minuict enfoncent la grille de la Chapelle apellée Nostre Dame de Pitié, en l’Eglise Cathedrale, où le thresor du Chapi­tre estoit gardé (en marge: Pillage), pillent tous les vaisseaux sacrez d