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Source : Bulletin SHAP, tome LVII (1930)

pp. 63-78.

SUPPLÉMENT A LA CORRESPONDANCE D'ANDRÉ DE BOURDEILLE sÉnÉchal du PÉrigord

(1561-1581) (Suite)

XVI 

1576, 19 avril, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 15 avril 1576.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

J’ay telle et si grande compassion de mon pauvre peuple que je faictz conscience de le surcharger, congnoissant qu'il est prest de succomber soubs le faix qu'il supporte depuis le commencement de ceste malheureuse guerre, singulièrement en mon pays de Perigort, depuis la perte de la ville de Perigueux. Pour ceste cause, dernièrement qu'il feust ordonné qu'il seroit expédié commission pour lever aud. pays le payement de huit cens hommes, vostre estat n'y feut comprins ; joinct que je debvrois plus tost porter telle despense que nul autre, que pour ce que j'estimoys que vous deussiez plus tost venir par deçà. Pour ces mesmes considérations, Monsieur de Bourdeille, et que j'espère estre bien tost esclaircy si j'aurai la paix ou non, je vous prie de voulloir avoir encore patience pour quelque temps, et vous confier sur ce que vous scavez et que je scay bien récompenser mes bons serviteurs. Du nombre desquelz vous reputant, comme je faictz, asseurez vous que vous n'aurez occasion de vous plaindre d'aucune chose. Vous priant de l'aire entendre le semblable au sieur de Puymartin, des services duquel j'ay contentement. Vous advisant au reste que sans l’espérance que j'ay eue jusques icy de conclure lad. paix, j'aurois envoyé en mon pays de Guyenne, longtemps a, mon cousin l'Admiral, ainsi que j'avais résolu, n'en pouvant commettre la charge a autre, tant pour la confiance que j'ay en lui, que pour ce qu'il est mon lieutenant géneral aud. pays en l'absance de mon frère, le roy de Navarre, Je suis après encores à poursuivre lad. paix, dont j'ay plus l'espoir que je n’ay ou ; et pour reste cause, je retiens led. sieur Admiral, lequel je feray partir aussi tost que j'en auray faict une fin en une sorte ou autre. Comme je vous prye faire entendre à la noblesse du pays, afin qu'ilz ne penssent que je face si peu de cas des affaires d'icelluy, comme on leur veut persuader. Si lad. paix ne s'effectue, je vous advise que j'ay six mil chevaulx reistres, huit mil suisses, cent enseignes de gens de pied, et trente ou quarante compaignyes de gens d'armes, que je puis mectre ensemble en trois jours, pour oposer à ceulx qui seront cause de la guerre, et deffendre avecques mon auctorité mes bons et loyaulx subgectz. Mais je prie Dieu que je n’aye occasion de les mectre en besongne, et nous voulloir donner la paix, qui est si nécessaire à tous les subgectz de ce royaume, et vous avoir, Monsieur de Bourdeilles, en sa saincte garde.

Escrit à Paris, le xixe jour d'avril 1576.>.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XVII

 

1576, 1er septembre, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 16 septembre 1576.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

J'ay reçu vostre lettre du 20e du présent par le sieur de Brantosme, vostre frère; par lequel, oultre le contenu d'icelle, j'ay bien au long entendu l’estat des affaires de vostre charge. Vous advisant pour respondre au premier poinct de votred. lettre, que j'auray a singullier plaisir de voir que le repoz soit entièrement restably parmy mes subgectz, et que l'edict de paciffication soit en tous ses poinctz bien exactement observé, et vous prye à reste cause d'y tenir toujours à bon escient la main. Et quant à la citadelle qui se faict à Périgueux, vous scaurez que Monsieur de Foix ma puis naguères escript comme en ayant parlé de ma part à mon frère, le roy de Navarre, suivant la charge que je luy en avoyt donnée. Il luy a asseuré qu'il la feroit cesser et qu'il ne voulait qu'elle eust plus de lieu, en façon que ce feust ; et, à ceste fin, qu'il le manderoyt à ceulx qui commandent en lad. place. Et pour le regard de l'assemblée des Estats de vostre seneschaussée en la ville de Périgueux, que vous trouvez malaysé à faire, à l'occasion de la garnison qui y est, j'escriptz présentement une lettre à vous ou vostre lieutenant en vostred. seneschaussée de mander ceulx qui commandent en lad. ville et à lad. garnison et leur ordonner de ma part qu'ilz ayent à réduire lad. garnison au nombre qui a esté resollu et arresté de soixante hommes ; et donner ordre que chascun puisse venir et séjourner en toute liberté et seureté en lad. assemblée; sinon, et où ils ne voudroyent y satisffaire, d'adviser d'une autre ville et place en vostre seneschaussée, où icelle assemblée se puisse commodément faire, et là, y faire de nouveau publier et proclamer, pour y estre faicte conformement à ce qu'il vous est mandé par mesd. premières lettres. Et sur ce que m'a dict de vostre part led. sieur de Brantosme, touchant les affaires de vostre charge et du bon service que a cy devant et continue chascun jour pour mon service la noblesse qui y est, je ne veux pas faillir à vous pryer ainsy que je faictz de la renvoyer en general et particullier, et speciallement qu'elle n'ayt faict aucune ligne ny association autre que celle qu'elle me doibt naturellement, comme, à son roy et souverain prince, en asseurant chascun d'eux que j'ay toute l'envye du monde de les recongnoistre et les gratiffier en ce qui sera pour leur advancement, ainsy qu'ils méritent : ce que vous ferez en semblable allendroit des sieurs de Beauregard et comte de Lauzun, en leur baillant ou faisant bailler les lettres que je leur escriptz de la substance que m'a dict icelluy vostred. frère. Vous renvoyant des lettres particulières pour fin de lettre de la bonne et grande affection que vous continuez en mon endroict et soyez asseuré que je ne l’oublieray jamais. Priant Dieu, Monsieur de Bourdeilles, vous tenir en sa saincte garde.

Escript à Paris, le 1er  jour de septembre 1576.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XVIII

 

1576, 16 décembre, Blois. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille.(Reçue le 28 décembre.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

 

Je vous envoye par le sieur de Chemerault mon intention et volunté par escript, suivant ce que je vous ay cy devant faict entendre : vous priant de le garder en lieu qu'il ne puisse estre veu de quelque personne que ce soit, mais vous en ferez faire des doubles des articles pour en faire signer ou bailler, si besoing est, là où vous adviserez, retenant l'original devers vous pour vostre descharge et seureté. Je faictz pareille depesche aux sieurs de Losse, de Lavauguyon et des Cars, avec lesquels je désire que, en ceste affaire, vous ayez communication et intelligence les ungs avec les autres, rapportant toutes vos actions et voluntez à ung mesme but par une mutuelle correspondance ; y usant en outre de telle dilligence que les choses soient du tout arrestées et signées, et les roolles apportez et renduz entre mes mains dans ung moys ou six sepmaines, auparavant la fin et conclusion des Estatz. Vous aurez aussi six lettres en blanc, lesquelles vous ferez remplir pour les bailler et vous en servir où et ainsi que vous verrez estre à faire. Priant sur ce le Créateur vous avoir, Monsieur de Bourdeilles, en sa sainte garde.

Escript à Bloys, le xvie jour de décembre 1576.

Henry

et plus bas, Fizes.

XIX

 

1577, 4 janvier, Blois. — Lettre de Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 18 janvier 1577.)

 

Monsieur de Bourdeille,

 

Depuys vous avoir envoyé la despesche que je vous ai faicte pour le faict de l'association, j'av advisé pour plus claire intelligence du 6e article, de faire adjouster à la fin d’ycelluy ces motz : « Et autres qui après ceulx de lad. maison de Valloys seront appeliez par la loy du royaume à la couronne. » De quoy je vous ay bien voullu advertir pour le faire insérer tant à l'original, qui doibt demeurer par devers vous, que aux doubles que vous ferez signer, et que Vous baillerez à ceux que vous verrez bon estre, suyvant ce que je vous ay escript, Priant Dieu, Monsieur de Bourdeilles, vous avoir en sa saincte garde.

Escript à Bloys, le Ve jour de janvier 1577.

 

Monsieur de Bourdeilles, j'ay aussi ordonné que ces motz : « Et maison de Valoys » contenuz au 3e article seront rayez.

Henry

et plus bas, Fizes.

 

XX

 

1577, 3 mai, Chenonceau. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeilles. — (Reçue le 23 mai 1577.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Je vous escritz présentement ce mot par le sieur des Cars, lequel ne sera à aultre effect que pour vous prier qu'en tout ce qu'il aura à vous dire de ma part pour le bien de mon service, suivant la charge expresse que je luy en ay donnée, vous luy adjoustiez aultant de foy et créance que si estoit à moy mesmes. Et au demourant, vous employez tousjours en ce que vous cognoistrez estre expédian et à propos pour mond. service. Vous asseurant que je scauray tres bien recognoistre et gratiffier mes bons et utilles serviteurs, et vous en particulier. Lequel je prie mon Seigneur vous avoir on sa très saincte et digne garde.

Escrit à Chenonceau, le IIIe jour de may 1577.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXI

 

1577 (en blanc) juillet, Poitiers. — Lettre de la Reyne Mère au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 26 juilhet 1577 sans datte.)

 

Monsieur de Bourdeille,

 

Le Roy, monsieur mon filz, et moy avons receu les lettres que vous avez, escrites du 10e du présent moys, qui nous confirment en l'asseurance que nous avons tousjours eue de vostre valleur et affection au service dud. sieur Roy, mon filz. Je considère bien le besoing que le pays où vous estes a d'estre secouru et désire grandement de ce faire ; comme il adviendra dans peu de temps, qu'il y fera acheminer mon cousin le duc de Nevers, auquel il a baillé la conduicte de l’armée de mon filz, le duc d'Anjou. Au demeurant il a tant de bonnes preuves de vostre mérite et services qu'il ne se présentera jamais si tost occasion de les recognoistre qu'il le désire. En quoi je le seconderay de tout mon pouvoir. Et cependant suplieray le Créateur vous avoir, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte garde.

Escrit à Poitiers, le (en blanc) jour de juillet 1577.

Caterine

et plus bas, Fizes.

XXII

 

1578, 2 juin, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 26 juin 1578.)

 

Monsieur de Bourdeille,

J'ay esté adverti que depuis nagueres plusieurs bœufs, vaches et aultre bestail, apartenans à aulcuns habitans de la ville de Montignac, en mon pays de Perigort, ont esté prins et vollés. Et d'autant que c'est chose très pernicieuse et de laquelle je veulx et entendz qu’il soit faict justice, oultre le desir que j'ay de maintenir mes subjectz et les exempter de pertes, je vous prie et ordonnne que vous ayez au plus tost à vous informer bien et deument de ceulx qui pourroient avoir commis tel acte, et en faire faire restitution ; avec si bonne et rigoureuse punition et .justice que mesd. subjeetz intéressés n'ayent occasion de se plaindre, ny les aultres d'y retourner par cy après ; et m'advertir au plus tost de tout ce vous aurez trouvé et faict pour ce regard. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa tres saincte et digne garde.

Escrit à Paris, le IIe jour de juing 1578.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXIII

1579, ler juin, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 10 juin par la poste de Montlieu.)

 

Monsieur de Bourdeille,

J'ay entendu dire qu'il se doibt faire quelque assemblée en la ville de Sarlat d'aucuns de mes subgectz de mon pays de Perigort, et parce que je n'ay poinct de souvenance que vous m'en ayez adverty, et que telles assemblées ne se doibvent entreprandre ny permectre sans mon congé, je vous faict la présente par laquelle je vous prie m'esclairer promptement de la vérité de ce faict, et de ce qui se doibt traicter en lad. assemblée, avecques quelle permission elle s'entreprens, et pourquoy, si ainsi est, vous ne m’en avez plustost adverty, comme je m'attendz que vous faciez de pareilles choses, quand elles se présentent en l'estendue de vostre charge, dont vous savez que je me repose sur vous. De quoy j'aurois toute occasion de me plaindre si, par faute de advertissement, il se faisoit chose en mon pays de Perigort qui feus préjudiciable à mon auctorité et service: ce que je veulx croire n'arrivera tant, que vous y aurez l'œil et tiendrez le lieu que vous faictes. Je prie Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte garde. Escrit à Paris, le Ier de juing 1579.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXIV

1579. 15 novembre, Nérac. — Lettre de Marguerite de Navarre au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 26 novembre 1579.)

 

Monsieur de Bordeille,

 

Le sieur de la Borie, présent porteur, vous dira que lorsqu'il est arrivé icy, le roy de Navarre, monsieur mon mary, en estoit party pour aller ez Foix, et pourveoir à quelques désordres qui y sont survenuz. Mais ce a esté après qu'il a pourveu aux affaires de Perigueulx par ung bon règlement qu'il a faict et par le moven d'ung bon et honneste gentilhomme, qu'il y a mis pour gouverneur, qui est le sieur de Salignac, duquel la bonté et vertu, accompagnée d'une singulière affection au repos public nous estant fort bien congnue, me faict promettre que la ville et les habitans d'icelle, tant de l'une que de l'aultre religion, en recepvront tout le bon et gratieux traitement qu'ils en pourroient désirer au contentement, des ungs et des aultres. Et affin de l'inviter encore davaintage à cela, je luy en faict une bonne lettre, désirant en cest endroit et en toutes autres choses que je pourray, m'employer pour leur bien et repos, tant pour la pitié que j'ay de leurs misères qu'en faveur de vous, à qui je désire faire paroistre par quelq’autre particulier, la bonne volunté que je vous porte. Donc attendant l'occasion, je prieray Dieu, cependant, qu'il vous ayt, Monsieur de Bordeille, en sa saincte et digne garde. Escrit à Nérac, ce xve novembre 1579.

 

Vostre meilleure et plus aimée amie,

Marguerite.

XXV

1580, 23 avril, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 8 mai 1580.)

 

Monsieur de Bourdeille,

Le plus agréable service que vous me puissiez faire sur vos nouveaux remuemens est de conserver en toute seureté mes bons subjectz et mes villes soubz mon obéissance, les deslivrer de foulle et oppression, autant qu'il vous sera possible ; effectuer ce que mon cousin le maréchal de Biron vous mandera de ma part et avoir toute bonne correspondance avecques eulx, qui sont vos voisins, constituez on pareille charge que vous estes pour mon service ; donnant courage aux habitans desd. villes de se garder et maintenir fidellement soubz mon obéissance, sans se laisser aller, circonvenir ny desecvoir, aux artifices de ceulx qui sont cause de ce trouble : lesquels l’entrepreignent de gayeté de cœur pour achever de ruyner et destruire mesd. pauvres subjectz et cuyder s’advantager aux dépens de mon auctorité. Car chascun sçayt que je ne leur en ay donné autre occasion que de leur avoir peult estre esté par cy devant trop indulgent, pour l'espérance que j'avois que recognoissant ma bonté, ils se rangeroient à leur debvorir et à la raison. Vous déclarant pour le faire entendre à tous mes subjectz que, quoy que facent ceulx de lad. relligion, je n'entendz aucunement rompre et révoquer mon edict de pacification, ny priver du bénéfice d'icelluy ceulx d'entre eulx qui se contiendront paisiblement en leurs maisons, lesquelz a ceste cause vous baillerez en garde aux catoliques et leur ferez observer ma votunté. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte garde.

Escrit à Paris, le xxiiie jour d'avril 1580.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXVI

 

1580, 3 mai, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 11 mai 1580.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Je vous ay, ces jours passez, adverty des bruictz qui courent et advis qui me sont donnez de divers endroitz, que quelques ungs de la religion prétendue reformée reprennent les armes, excitant de nouveaulx troubles ; ce qui m'a encore depuis esté confirmé, sans touttefois que je veoye qu'ilz en ayont aulcune occasion ny fondement, ayant assez tesmoigné et faict congnoistre par effect à ung chacun, que tout mon soing et affection tend à l’entière observation et exécution de mon dernier edit de paciffication et des articles de la conférence de Nerac. En quoy je pense avoir faict mon plein debvoir pour la descharge de ma conscience envers Dieu et montrer le désir que j'ay, selon l'amitié paternelle que je porte à tous mes subjectz, de les faire vivre en paix sous le benefice de mon edit et auctorité de ma justice. Mais pour ce que telz nouveaulz remuemens ne peuvent estre concités que par ceulx qui ont accoustumé de vivre de pilleries, ransonnemens et rapines, (lesquelz pour colorer leurs maulvaises délibérations et persuader à  mes aultres bons et paisibles subjectz de leurd. religion de les suivre, vouldroient, possible, leur revocquer en doubte mon intention sur l'observation de mond. edit de paciffication), je mande et escriptz présentement à mes cours de Parlement qu'ils aient à faire rétablir la publication par tous les baillages et. seneschaussees de leurs ressortz et tenir la main que mond. edit et les articles de lad. conférence de Nerac soient religieusement et estroictement gardez et observez et qu'ils proceddent et facent procedder exemplairement contre ceulx qui les enfraindront et y contreviendront par les peynes y contenues. Ce que j'ay bien voulu vous faire entendre et par mesme moien vous mander, comme j'ay cy devant faict, de vous emploier de tout vostre pouvoir et affection, et aultant que vous aymez le bien de mon service, à faire garder, observer et entretenir inviolablement en vostre seneschaussée mond. edit de paciffication et articles de lad. conférence de Nerac, prestant à ceste fin la main-forte à la justice pour pugnir et chastier lesd. contrevenanz et infracteurs, selon les peynes portées par mond. edit et articles de lad. conférence. Et où il y auroit aulcuns de mesd. subjects qui voulussent par armes s'opposer et empescher ceste mienne intention, ou levassent ou assemblassent gens de guerre sans commission expresse de moy, vous leur courrez ci ferez courir sus et les taillerez en pièces avec des forces que vous pourrez assembler en mon nom, tant de la noblesse que aultre de vostred. seneschaussée, et si besoing est, ferez sonner le tocsaint, en sorte que la force et auctorité m'en demeure et à justice. Déclarant au demeurant et faisant bien entendre à mes aultres bons subjectz la charge que vous avez de moyen cela, qui est de faire garder mond. edit et lesd. articles de la conférence, faire pugnir les contrevenans par voyes de justice et garder les bons de violence et oppression, avec assurance que je n'ay aultre volonté et affection que ceste là, quelques bruictz que puissent artificieusement semer et faire courir ceulx qui taschent d'esmouvoir les nouveaulx troubles. Me deliberant si bientost tels mauvais deportemens ne cessent, de monter moy mesmes à cheval pour redimer mesd. bons subjectz des vexations qu'ilz reçoipvent, à mon tres grand regret, de tels désordres et eslévations, et maintenir aussy l’auctorité qu'il a plu à Dieu me donner. Priant Dieu, Monsieur de Bourdeilles, vous avoir en sa saincte et digne garde.

Escript à Paris, le IIIe jour de may 1580.

Henry

et plus bas, Pinart.

XXVII

 

1580, 13 mai, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 1er juin 1580.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Par mes précédentes, je vous ay aplement adverty de mon intention sur ces nouveaux remuemens d'armes, et me prometez que, suivant icelles, vous aurez donné bon ordre; à la seureté des villes qui sont en l’estendue de vostre charge, spetiallement à Domme et à Nontron. Et d'autant, que j'ay esté, adverty que le roy de Navarre a quelque espérance de la dernière, soit par le moyen de quelque intelligence ou autrement, je vous prie y pourveoir de façon que il n'en puisse mesadvenir et m’advertir de ce que vous en aurez faict, et pareillement de tout ce qui se passe en vostred. charge. Et je prieray Dieu vous avoir, Monsieur de Bourdeilles, en sa saincte garde.

De Paris, le XIIIe jour de may 1580.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXVIII

 

1580, 5 juin, Paris. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 10 juin par la voie de la poste de Montlieu.)

 

Monsieur de Bourdeille,

Il ne fault pas endurer que Vivans ou ses adhérens et complices dorment la loy à mes bons subjectz et moissonnent de leur substance, comme ilz s'efforcent tous les jours de faire, sans avoir aucun esgard à ma bonté ny au désir que j'ay de les faire jouyr de mon edit de pacification. Au moyen de quoy, je vous prie exhorter tous mes bons serviteurs, tant de la noblesse que aultres, de se joindre et unyr avecques vous, soubz mon auctorité, pour ung si bon effect, et que ceulz qui ne pourront servir de leurs personnes y aydent, prestent et contribuent de leurs moyens et facultez, pour fournir aux fraiz qu'il convient faire. Car je n'y puis emploier mes deniers ordinaires, à cause des aultres despensses que je supporte. Néanmoings, j'ay commandé à ceux de mes finances de vous assigner de deux mil livres, qui vous ont esté cy devant ordonnez. A quoy ilz satisferont, comme; je désire que vous faciez à m'advertir souvent de touttes les occurrences. Priant Dieu vous avoir, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte garde.

 

A Paris, le Ve jour de juing 1580.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXIX

 

1580, 3 juillet, Saint-Maur des Fosses. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille.— (Reçue le 16 juillet 1580 par la voie de la poste de Montlieu. )

 

Monsieur de Bourdeilles.

Je vous faictz ceste lettre sur ce que j'ay esté adverty que plusieurs mes serviteurs et bons subjectz se sont refroidys de monter à cheval et aller trouver mon cousin le mareschal de Biron, pour me faire services ès occasions qui se présentent, par delà, sur le bruit et qui a couru de l'accord d'une suspension d'armes; affin de vous esclaircir de ma volunté, laquelle est veritablement très encline et disposée à l'assoupissement et dissipation de ces nouveaux remuemens, lesquels ont esté entreprins à mon grand regret, comme j'ay faictz assez paroistre par les commandemens que j'en ay faictz à mes ministres et serviteurs, et par mes depportemens. Mais d'aultant que je ne veoy pas comment je doibve ny puisse adjouter aucune foy aux parolles et promesses de ceulx qui veullent accorder lad. suspenssion, après avoir manqué à celle qu'ilz m’avoient si sollennellement jurée, et mesme réitérée dans les mains de la Reyne, madame et mère, sur l'observation de mon edict de paciffication : j'escriptz presentement aud. mareschal de Biron de n'y avoir aucun esgard, mesmement voyant qu'ilz n'ont laissé à commettre tous actes d'hostilité despuis que mon frère le duc d'Anjou leur a fait sçavoir la bonne volunté que j'avois, et luy aussi, de composer ces altérations. De sorte que je me resoulz à leur continuer la guerre la plus roidde que je pourray jusques à ce qu’ilz ayent, par effect, effacé la faulte et desobeyssance qu'ilz ont commise, en me restituant les villes qu'ilz ont surprises connue ils sont tenuz de faire. Vous priant pour ung des plus agreables services que vous me puissiez faire, voulloir renforcer et secourir led. sieur mareschal de tout ce qu'il vous sera possible, avant esté bien ayse d'entendre que le sieur d'Aubeterre s'y soit acheminé avec ung bon nombre de gentilzhommes qui l'y ont accompagné. Je prie Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeilles, en sa saincte et digne garde.

Escript à Sainct Mor des Fossés, le IIIe jour de juillet 1580.

Henry

et plus bas, De Neufville.

 

XXX

 

1580, 27 juillet, Saint-Maur-des-Fossés. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 5 août 1580).)

 

Monsieur de Bourdeille,

Je vous ay renvoyé au mareschal de Biron, quand vous m'avez fait instance vous permectre de employer les deniers de ma recepte à l'entretenement de gens de guerre qui sont nécessaires pour la tuition de ce qui reste en mon obeyssance en l'estendue de vostre charge, non pour aulcun mescontentement que j'ay de vous, mais seullement par ce que j'avois auparadvant dellaissé aud. mareschal lesd. deniers pour subvenir aux fraiz qu'il luy convient faire. Je scay que vous m'avez tousjours très bien et fidellement servy, à l'imitation de vos prédécesseurs. Aussy ne présentera il jamais occasion de vous en remercier que je ne l'embrasse très volontiers ; et si j'avois autre intention, je vous en advertirois fort franchement et de l'occasion que vous m'en auriez donnée, n'ayant pas accoustume de juger des voluntés de mes serviteurs par les rapportz d'autruy mais par leurs depportemens. Au moyen de quoy je vous prie demeurer on repoz pour ce regard, vous advisant que je trouve bon que vous remectiez sus vostre compaignye de gendarmes, et, avecques cela, que vous leviez jusques à deux cens soldatz, pour mectre dedans Domme et aillieurs, où vous congnoistrez estre besoing. Et par ce que je ne puis retrancher les assignations que j'ay données aud. mareschal sur mesd. deniers, et que je n'ay autre moyen de soudoyer lesd. gens de guerre, je vous euvove commission pour faire imposer et lever sur mes subjectz dud. pays six mil livres d'une part, pour faire faire monstre à deulx compaignyes par quartier, et la solde desd. deux cens hommes sous deux enseignes pour toute ceste année. Laquelle vous ferez exécuter, vous asseurant que je suis tres marry surcharger de ceste façon mon pauvre peuple, mais puis que c'est pour le deffendre des incurssions et violences de noz adversaires, et que je n’ay autre moyen d'y pourvenir, je suis contrainct de le faire avecques ferme propoz de y avoir esgard et le soullager, quand Dieu m'aura faict la grâce de le deslivrer desd. Persécutions. En quoy je m’attendz que vous continuerez à me servir et assister avecques le mesme soing et debvoir que vous avez faict jusques à présent, ce dont je vous prie, et pareillement secourir et renforcer led. mareschal de tout ce que vous pourrez, affin qu'il puisse mieux résister au roi de Navarre, en quoy conciste le principal poinct et advantage de la guerre qui se faict de ce costé là. Ayant esté bien ayse scavoir que le sieur de Aubeterre le soit allé trouver avecques la troupe qu'il lui a menée, vous priant l'asseurer que je recongnoistray à jamais le service qu'il me y fera, comme je faictz Notre Seigneur qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeilles, en sa saincte garde.

Escript à Sainct Mor des fossés, le XXVIIe jour de juillet 1580.

Henry

et plus bas, Pinart.

 

(A suivre)        Mis de Bourdeille.

pp. 103-117.

 

SUPPLÉMENT A LA CORRESPONDANCE D'ANDRE DE BOURDEILLE

SÉNÉCHAL DE PÉRIGORD (1561-1581)

(Fin)

 

XXXI

1580, 27 juillet, Saint-Maur-des-Fossés. — Lettre de la Reine Mère au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 5 aout 1580.)

 

Monsieur de Bourdeille,

 

Vous serez si avant esclarcy du contentement que a de vous le Roy, monsieur mon filz et de l'occasion pour laquelle il vous ranvoya dernièrement au mareschal de Biron, que je masseure que vous perdrez l'opinion que j'ay veu par vostre lettre du xviiie dernier de ce mois, que vous en aviez conceue; et au lieu de habandonner vostre charge au besoin extrême quelle a maintenant de vostre présence, vous vous y randrez plus songneux et vaillant que jamais, avecques les moyens que le Roy, mond. sieur et filz vous en donne : ce que je vous prie de faire. Et en considérant, que tout l’advantage de la guerre qui se faict par delà consiste à résister au roy de Navarre, il est nécessaire de fortifier led. mareschal tant que l'on pourra pour cest effect, et se contenter de pourveoir cependant aillieurs à la seureté des villes et chasteaux qui restent en l’obeyssance du Roy, mond. sieur et filz ; et, pour ce faire, avoir bonne, correspondance et intelligence avecques ceulx qui commandent aux autres provinces, pour s'entre-ayder et secourir, quand il en sera besoing. Voilà ce que je vous puis escrire pour response à vostre lettre, en vous asseurant que vous me trouverez tonsjours preste à vous faire plaisir en tout ce qui se présentera. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte garde.

Escript à Sainct Mor des Fossés, le xxviie jour de juillet 1580.

Caterine.

et plus bas, Minart.

XXXII

1581, 5 février, Cadillac, — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 8 février 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

 

Sur la confiance que j’ay prinse de l'affection que vous avez et portez particulièrement au service du Roy, monseigneur et frère, et le zelle d'aultre part, qui vous accompagne au bien de la paix, repos et union des subjectz de sa Majesté, je vous ay choisy et eslu pour l'un des commissaires que j'ay advisé devoir estre envoyez, en chascune seneschaulcée, pour procéder à l'exécution de l'edict, articles et conferances de Nerac et du Fleix. Ne pouvant me transporter en tant d'endroitz, comme il seroit bien requis et nécessaire; je vous prie, ainsi que je faiz le sieur de Campagnac, nommé de la part du roi de Navarre, mon frère, et ceulx de la religion prétendue reformée, vous assembler promptement en la ville de Perigueulx, principale et première de vostre séneschaulcée de Perigort, où, par ensemble et d'ung commun accord, vous procedderez à lad. exécution et establissement, selon qu'il est contenu ausd. edict et articles, et en l'instruction qui vous est envoyé pour ce regard : dont par ma commission je vous donne tout pouvoir et auctorité. L’asseurance que j'ay que vous en saurez, très bien et dignement aquiter fera que je m'en remetray sur vostre suffisance, vous priant me donner advis de ce que vous jugerez et congnoistrez estre necessaire, et faire bon et ample procès verbal de tout ce qui se traitera et negotiera en ce faict, servant à vostre descharge. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte et digne garde, Escript à Cadillac, le Ve jour de février 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

 

Je vous prie faire venir incontinent aud. sieur de Campagnac le pacquet cy encloz, affin que par sa response qu'il vous mandera, vous sachez du jour et hont vous pourrez trouver ensemble.

 

XXXIII

 

1581, 12 février, Saint Germain. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 6 mars 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Ce n'est pas assez qu'il ayt pleu à Dieu nous redonner la paix et faire cesser les armes et hostilitez, si l'exécution et establissement ne s’ensuit de mon dernier edict de paciffication et articles des conferences de Nerac et de Flex. Et pour ce mon intention est d’y donner ordre le mieulx et le plus promptement qu'il me sera possible, affin de ne laisser plus longuement mes subjectz sans jouir du fruict et beneffice de la paix. Pour laquelle exécution et establissement estant besoing amploier, en chacune province des païs et lieux de mon royaume, aulcuns bons dignes et notables personnaiges, bien zellez et affectionnez à mon service et à la chose publicque d'icelluy mond. royaume, et saichant que ceste charge ne pourroit estre donnée en mon païs de Perigort à personne qui mieulx s'en acquicte que vous, j'ay bien voullu vous faire ceste lettre pour vous dire que vous et le sieur baron de Salignac, si avant la commission et instruction qui vous seront baillées par mon frère le duc d'Anjou, vous advisiez et regardiez de procedder à l'exécution et établissement de lad. paix, suivant mon dernier edict de pacification et les articles desd. conférences de Nérac et de Flex, que je veulz estre gardez et observez de poinct en poinct et selon leur forme et teneur. Vous priant de vous y emploier avec la plus grande affection et dilligence que vous pourrez, selon la fiance que j'en ay en vous et que l’affaire le veult et désire, et vous me ferez fort grand et agréable service. Priant Dieu, Monsieur de Bourdeilles, vouz avoir eu sa saincte et digne garde.

Escript à Saint Germain, le XIIe jour de février 1581.

Henry

et plus bas, Minart.

 

XXXIV

 

1581, 14 février, Cadillac. — Lettre de Monsieur, frère, du Roi, au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 18 lévrier 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

 

J'ay eu plainte des levées de contributions et aultres choses extraordinaires que le cappitaine La Morie, qui est dans la ville de Belvès, faict et commet journellement au contraire de l’ecdict fait pour la paciffication des troubles et des conferances de Nérac et du Fleix. Qui est cause que je vous ay escript ce mot pour vous prier que, suivant lesd. edict et articles de conferances, ensemble l'instruction que je vous ay envoyée pour procedder à l'exécution d'icelluy, et. donner ordre que led. La Morie desloge de lad. ville, et par conséquent cesse lesd. levées et actes contraires ausd. edict et articles, faisant informer de ce qu'il a faict et commis depuis la publication de la cessation d'armes, affin que justice et restitution soit faite. N'estant à ce aultre fin, je prie Dieu qu’il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa saincte et digne garde.

Escript à Cadillac, le XIVe jour de février 1581.

Voullant signer ceste lettre, j'ay eu encores aultre plainte de ce que, jeudy dernier, fut thué ung soldat et blessé ung aultre à la mort, à deux lieues près de Bragerac, par ceulx de la garnison de Montréal, où commande le cappitaine Bonnes. Je vous prie, faictes donner ordre à ce que justice en soit faite et proceddez incontinent au faict de vostre commission affin que tant plus tost (establissement de la paix estant) en soiés là cessant.

Vostre bon amy,

Françoys.

XXXV

 

l581, 19 février, Cadillac — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 27 lévrier 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Vous avez remarqué par l'instruction que je vous ay envoiée pour l'exécution de l’ecdict et conférences en Périgort, comme je vous en ay chargé, par ung article d'icelle, de faire restablir la justice et officiers ès lieux où elle souloyt estre. Et pour ce que le juge mage et autres officiers de Périgueulx exercent la justice de la seneschaussée de Perigort à Sainct Chastier  et que je desire qu'elle soyt remise, où antiennement elle estoyt, je leur escris la lettre que je vous envoye que leur ferez tenir. Et suivant, votred. instruction, je vous prie donner ordre qu'ilz satisfacent à ce que je leur mande, que est de se retirer audict Perigueulx, d'aultant que j'ay esté requis de ce faire et qu'il est raisonnable qu’il soit ainsi pour restablir peu à peu toutes choses. Qui est tout ce que je vous diré pour ce coup que pour prier Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeilles, en sa sainte et digne garde. A Cadillac, le xixe de février 158l,

Vostre bon amy,

Françoys.

 

XXXVI

 

1581 (en blanc), février, Cadillac. — Lettre de Monsieur, frère du Roi au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 4 mars 1581 par M. de Saint-Marsaud.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

Ce sieur de la Faye n'est poinct venu vers moy et n'ay aulcunes nouvelles nouvelles de luy  et parlant je vous envoyé une recharge, affin qu'il satisface promptement à ce que je luy mandé, que je vous prie luy faire tenir. Et quant au cappitaine de Nontron, je donnerai ordre de luy faire fournir ce qui lui est deu en m'en faisant apparoir. Cependant il n'est pas raisonnable qu'il face difficulté d'obéir à ce qui luy est commandé : ce que je vous prie luy luire entendre, et m'en mandez sa résolution, affin que j'y pourvoye selon que j'adviseray, ayant faict commander le payement de la somme que vous me mandez luy estre deue. Je suis tres ayse de l’assemblée que vous avez faicte des uns et des aultres habitans de Perigueulx, que vous m'asseurez se vouloir contenir paisiblement en lad. ville. Ce que je vous prie mettre en si bon chemin qu'il n'y faille plus retourner, trouvant très bon que ceulx de la religion se soyent soubzmis, pour adviser à leur seureté, à l'arbitrage de mon cousin le viscomte de Turenne et vostre ; ne vous pouvant dire quand led. sieur viscomte doit venir à cause qu'il s'en va en Daulphiné, pour establir la paix, comme il parachève faire en Languedoc. Qui est tout ce que j'ay à vous dire, sinon vous prier ne perdre une seulle heure de temps qui ne soit, employée à l'exécution de votre commission, de laquelle je m'asseure que vous vous saurez tellement et si dignement acquitter que le Roy, monseigneur et frère, y sera très bien servy : dont je recevray beaucoup de contentement. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeilles, en sa très sainte et digne garde.

A Cadillac, le      jour de lévrier 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

XXXVII

 

1581, 1er mars, Saint-Germain-en-Laye. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 19 mai 158l.)

 

Monsieur de Bourdeilh

Envoyant Me Vincent Gelée, conseiller et auditeur en ma chambre des Comptes, pour l'advancement des deniers à moy deubz par le clergé et diocese de votre gouvernement ; je vous ay bien voullu escrire la présente pour vous prier et neantmoings ordonner, d'aultant que c'est chose qui touche grandement le bien de mes affaires, de voulloir assister en l'exécution de sa commission, et luy prester tout ayde, secours et force dont, il vous requerra pour l'effect d'icelle, selon que j'espère de vous. Priant. Dieu, Monsieur de Bourdeilles, vous avoir en sa garde.

Escript a Sainct Germain en Laye, le 1er jour de mars 1581.

Henry

ef plus bas, Brulart.

XXXVIII

 

1581, 3 mars, Cadillac. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, à Messieurs de Bourdeille, sénéchal du Périgord, et de Campagnac, commissaires députes pour l’exécution de ledit. — (Reçue le 7 mars 1581.)

 

Messieurs,

Je vous ai envoyé il y a plus de quinze jours ma commission, instruction, editz, articles secrets et de conférance de Nerac et du Fleix, vous ayant choisis et nommez pour commissaires et exécuteurs d'iceulx, affin d'establir la paix le mieulx et le plus promptement que faire se pourra en la sénéchaussée de Perigort. Et d'aultant que je désire entendre, quel commencement vous avez donné à l'exécution de ceste affère, et si les choses sont aux bons termes que je me veulx promettre devoir estre par vos sages conduites et diligences, selon le zelle et affection que je scay que vous portez au service du Roy, monseigneur et frère, repos et unyon de ses subjectz, et particulièrement à moy, qui ay si chèrement recommandé l'establissement de lad. paix ; je vous prie que vous me faciez entendre à quoy vous en pouvez estre, l'obéissance que vous trouvez en proceddant à l'exécution de vostre charge et commission, et s'il y a aussi aucuns, comme je n'en fay doubte, de qui n'estans encores les esprits si tranquilles et rassis qu'ilz se puissent ranger à désirer et recevoir le bien, comme ilz se sont liçanciés et desbordez au mal, qu'ilz ne peuvent oublier, vous proceddrez allencontre d'eux selon la qualité de leurs comportemens par les peines indites et portées par lesd. editz et instruction que je vous ay envoiez : vous asseurant qu'où il sera besoing d'interposer mon authorité en m'en donnant advis, je y pourvoiray à telle sorte que les desobeissans serviront d'exemple à tous aultres pour l’advenir. Et partant je vous prie de m'en tenir bien adverty et user de toute dilligence, selon que l'importance de ceste affaire le mérite, et qu'il vous est par les lettres du Roy, monseigneur et frère, enjoinct et commandé. Priant Dieu, Messieurs, qu'il vous ayt en sa très saincte et digne garde. A Cadillac, le IIIe jour de mars 1581.

Françoys.

(En bas et à gauche) Messieurs les Commissaires de Perigort.

 

XXXIX

 

1581, 30 mars, Libourne. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 1er jour d'avril 1581.)

 

Monsieur de Bourdeille,

J'ay receu le procès verbal que vous m'avez envoyé et recongneu par icelluy ensemble la teneur de vostre lettre, le devoir et diligence dont vous avez usé en l'exécution de votre commission. Auquel je vous prie de continuer jusques à l’entière perfection d'icelle, selon que vous jugerez et verrez estre nécessaire, observant le contenu en vos instructions, ainsy que je m'asseure que vous le saurez très bien faire. Cependant, j'attens des nouvelles de Mende et de Montaigu et croy que dedans peu de jours, nous saurons ce qui aura esté faict et exécuté, dont je vous donneray incontinent advis, et quant au sieur de la Faye, j'ay entendu ce que vous m'en avez mandé par ce porteur, à qui l’on regardera de satisfaire le mieulx que l'on pourra, s'estant le sieur de Belièvre chargé de reste response que je remés à ce qu'il vous en mandera, comme aussy pour le chasteau  de Nontron, Mais il fault que led. sieur de la Faye se résolve à mettre le chasteau  entre mes mains, comme il est porté par la conférence, qui saura y bien choisir personnage propre qui le recevra en mon nom, duquel il ne pourra prendre suspicion, à quoy je vous prie le disposer. Qui est tout ce j'ay à vous dire que pour supplier le Créateur, Monsieur de Bourdeilles; qu'il vous ayt en sa tres sainte et digne garde. A Libourne, le pénultième jour de mars 1581.

Vostre bon amy,

Françoys

 

XL

 

1581, 30 mars, Libourne. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, à messieurs de Bourdeille et Campagnac, commissaires députés pour l’exécution de l’édit en Périgord. — (Reçue le 1er avril 1581.)

 

messieurs,

J'ay esté très ayse d’avoir veu par vostre procès verbal les diligences dont vous avez usé au progrès de vostre commission, à laquelle je vous prie vacquer, parachevant selon le bon commencement que vous y avez donne. Et quand j'auray eu certaines nouvelles de la restitution des villes de Mende et Montégu, qui sera dans peu de jours, vous en serez à l'instant mesme advertis. N'estant d'advis que vous attendiez mon cousin, monsieur le viscomte de Turaine, pour proceder à ce que vous pouvez faire par ensemble, ainsy que le porte vostre commission, d'aultant qu'il est assez occupé au bas Languedoc, où, ayant parachevé ce qui est de sa charge, il se doit acheminer en Daulphiné. Dont je vous ay bien voulu advertir affin que vous ne soyez sur ceste attente aucunement interrompus en ce que vous aurez à faire. Qui sera l'endroit où je prieray Dieu qu'il vous ayt, Messieurs, en sa très saincte et digne garde.

A Liborne, le pénultième jour de mars 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

 

(En bas et à gauche) Les commissaires de Perigort.

 

XLI

 

1581, 2 avril, Libourne. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille. ( Reçue le 3 avril 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

 

Ayant entendu par vostre lettre la dispute qui est entre les sieurs de Neufvy et de Puyguillan et l’amas qui se faict de part et d'aultre de leurs amys, ce que je trouve très mal à propos, j’ay voulu encore plus expressement depescher le sieur de la Garde vers vous , qui, aveq l'effect que vous verrez par la mienne première, pourra aller trouver lesd. sieurs de Neufvy et de Puyguillan, ausquelz il dira de ma part, oultre ce que je leur esrips, qu'ilz ayent l'un et l'autre à me venir trouver à Cotras ou aux environs, où je seray, pour regarder à composer leur différent; et qu'ilz n'ayent avecq eulx plus de dix chevaulx chascun pour tout train. Cependant je désire que vous leur faciez deffense de par moy qu'ilz ayent à se rien demander l’ung à l'aultre, attendant ce que dessus sur les peynes prescriptes et ordonnées aux transgresseurs et infracteurs desd. deffenses. Et n'estant la présente à aultre fin, je prie Dieu, Monsieur de Bourdeille, qu'il vous ayt en sa très saincte et digne garde.

Escripte à Libourne, le IIe avril 1581,

Vostre bon amy,

Françoys.

XLII

1581, 8 avril, Coutras. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, à Messieurs de Bourdeilles et de Campagnac, commissaires députés pour l’exécution de l’édit en Périgord. — (Reçue le 12 avril 1581.)

 

Messieurs,

 

Vous ayans choisiz et nommez pour commissaires et exécuteurs de l'ecdict de pacification, articles et conferance de Nerac, et du Fleis en Perigort et n'ayant encore entendu quel acheminement vous avez donné à l’établissement de la paix qui est plus que nécessaire, et dont la longueur apporte infinis inconvénients, je désire savoir si les choses sont aux bons termes que je me veulx promettre debvoir estre par vos sages conduictes et diligences, selon le zèle et affection que scay que vous portez au service, du Roy, monseigneur et frère, repos et union de ses subjectz, et particulièrement à moy, qui ay si chèrement recommandé rétablissement d'icelle. Et partant je vous prie qu'en m'envoyant les procès verbaux de ce que vous aurez fayt, je puisse, par iceux juger de l'obéissance que vous trouvez en l'exécution de vostre charge et commission, afin que s'il y a aucuns, comme je n'en fais doubte, de qui n'estans encore les esprits si tranquiles et rassis qu'ils se puissent renger à désirer et recevoir le bien comme ilz se sont licentiés et desbordez au mal, qu'ilz ne peuvent oublier, il soit procédé à l’encontre deux par les peines indictes et portées auxd. esdicts et instruction que je vous ay envoyez, selon la qualité de leurs comportement, rendant, tous les subjectz du Roy, mondict seigneur et frère, indiferamment et sans acception de personnes, tant de l'une que de l'autre religion jouissans du bien qu'ilz ont espéré par le moien de lad. paix. Vous asseurant qu'où il sera besoing d'interposer mon aucthorité et m'en donnant advis, je y pourvoyray de telle sorte que les désobéissans serviront d'exemple à tous ceulx qui par cy après seront si mal conseillez de ne la recevoir et de contrevenir à ce qui leur est prescript et ordonné, par icelle. Et partant je vous prie de me tenir incontinant adverty, usant de toute diligence, selon que l'importance de reste affaire le mérite, et qu'il vous est par les lettres de sa Majesté et miennes plusieurs fois réitéré, enjoinct et commandé. Priant Dieu qu'il vous ayt, Messieurs, en sa saincte et digne garde.

Escript à Cotras, le VIIIe jour d'avril 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

 

XLIII

 

1581, 9 avril, Coutras. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 12 avril 1581.)

 

Monsieur de Bourdeilles,

 

Par lettre que vous m'escrivez, je voy la diligence de laquelle vous usez en l’execution de vostre commission : qui me donne grande espérance devoir les choses si bien disposées en peu de temps dedans l’estendue du vostre gouvernemnent que, de ce costé là, il restera fort peu à exécuter de l’establissement de la paix. Le principal est que le sieur de la Faye effectue ce dont tant de fois je luy ay escript, ne pouvant trouver bon qu'il me remette tous les jours sur les excuses, estant ma promesse assez suffisante pour chose d'aultre conséquence que ce qu'il demande et enfin, me lassant d'y envoyer, je vouldray estre satistaict à quoy il peult bien penser que, quand il me plaira, je me sauray donner tout contentement. Je vous prie de luy en parler. Il a les lettres du sieur de Believre qui luy asseure sa debte; et quand il a faict en l'un, il demande l’aultre, sans considérer que c'est à luy à obéir, sans s'enquérir d'aultre chose. Quant à Nontron, il y sera pourveu ainsy que j'ay dit aud. sieur de Believre, Vous verrez les aultres lettres que je vous escris en commun, auxquelles je vous prie satisfaire le plus tost que vous pourrez, et avoir le contenu en icelles pour singulièrement recommandé. Et sur ce, je prieray Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa très saincte et digne garde. A Cotras, le IXe jour d'avril 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

 

XLIV

 

1581, 9 avril, Blois. — Lettre du roi Henri III au seigneur de Bourdeille. — (Reçue le 16 avril 1581.)

 

Monteur de Bourdeilles:

 

J'ay receu vostre lettre escripte le penultieme jour du moys passé, par laquelle j'ay esté bien ayse de sçavoir que vous avez donné si bon acheminement que vous me mandez à l'establissement de la paix en l'estendue de vostre charge. Vous me ferez service très agréable de l'assurer de façon que mes subjectz en puissent tirer le repos et fruictz que je leur désire. Vous avez bien faict aussy d'avoir faict deffense de ma part aux sieurs de Neufvy et de Puignillen de se rien demander, à l'occasion du différent qui est entre eulx pour les considérations deduictes par vostred. lettre, et d'avoir requis mon frère, le duc d'Anjou, de les mettre d'accort. Ce que je vous prye de poursuivre jusques à ce qu’ilz soyent réconciliez; et cependant empescher de tout vostre pouvoir touttes voyes de faict d'une part et d'aultre, usant pour cest effect de l'aucthorité que je vous ay donnée en vostred. charge et des moyens que vous jugerez estre convenables. Je prye Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa tres saincte garde.

Escript à Bloys, le IXe jour d'avril 1581.

Henry

et plus bas, De Neufville.

XLV

 

1581, 15 avril, Coutras. — Lettre de Monsieur, frère du Roi, au seigneur de Bourdeille.   — (Reçue le 18 avril 1581.)

 

Monsieur de Bourdeille,

J'ay reçu vostre lettre par ce porteur et, puisque vous et le sieur de Campagnac estes résoluz de me venir trouvez, vous y serez les très bien venuz. Vous priant de prendre le chasteau de Nontron en voz mains, pour l’effect de quoy je vous ay envoyé les depesches. Et quant à celuy de Montagnac, je désire, avant que vous vous achemynez de deçà, que le sieur de la Faye satisface à le remettre aussi en voz mains, et que, à vostre arrivée près de moy, je sache qu'il vous aura baillé le tout, ainsi que cy devant je vous ay escript, et à luy aussi. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bourdeille, en sa très saincte et digne garde.

Escript à Cotras, le XVIe avril 1581.

Vostre bon amy,

Françoys.

(Fin.) 

NOTA

Ces sceaux représentés page 104 sont datés : 

·           Le I du 9 août 1568. — (Bibl. Nat., Clairambault. r. 123, p. 497.)

·           Le II du 28 juin 1569. (Id., ibid., p. 499.)

·           Le III du 20 novembre 1571. — (Bibl. Nat. Pièces originales, t. 462, p. 26.)

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