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Source: Bulletin SHAP, tome XXIX (1902).

pp. 299-332.

DOMME.

 

Origine de la ville. — privilèges accordés aux habitants. — domme prise cinq fois par les anglais. — domme prise par les huguenots.

 

1. Ordonnance du roi de Navarre pour assurer la solde de la garnison.

2. Requête des habitants de La Roque-Gageac à Geoffroy de Vivans.

3. Brouillon de la convention à intervenir entre de Vivans et les habitants de La Roque.

4.  Copie de l'accord définitif.

5.  Lettre du roi de Navarre.

6 et 7. Deux procès-verbaux des séances tenues par les consuls, le gouverneur et autres officiers.

8.    Marchés passés avec divers pour l'approvisionnement de la ville.

9.    Rôles des compagnies venues au secours de la ville avec les noms des officiers qui les commandaient.

10.  Détail des frais faits tant pour le siège de la ville que pour la prise du château.

11.  Etat de la dépense, frais, fournitures et avances faits par Geoffroy de Vivans ou les siens, pour la conservation de la ville.

12. Etat des frais et dépenses faits depuis le dernier jour de septembre 1590, jusqu'au ler mai 1591.

13. Supplique de Geoffroy de Vivans au roi de Navarre, pour obtenir le remboursement des frais par lui payés.

14.  Réponse du roi.

15 et 16. Deux lettres écrites à de Vivans par le chancelier Philippe Huraut, chevalier, comte de Cheverny.

17.  Ordonnance du roi de Navarre concernant le remboursement de Geoffroy de Vivans.

18.  Lettre de François de Bourbon à Geoffroy de Vivans.

19.Mémoires et instructions présentés au roi, au nom de Geoffroy de Vivans, pour lui demander l'autorisation de se démettre de son gouvernement de Domme.

20.Articles convenus entre M. d'Aubeterre et Geoffroy de Vivans pour le gouvernement de Domme.

21 à 27. Sept lettres de M. d'Aubeterre à Geoffroy de Vivans, écrites durant les négociations nécessitées par la cession du gouverne­ment de Domme.

28.  Le roi de Navarre soigné par Guillaume Loiseau, chirurgien de Bergerac.

29.  Lettre de M. de Thémines.

30. Lettre écrite par le maréchal de Matignon, six jours après la cession de la place de Domme, à M de Thémines.

31. Protestation de Geoffroy de Vivans au sujet de son remboursement.

32. Mort de Geoffroy. Lettre du roi Henri IV à son fils Jean de Vivans.

33.  Lettre de jussion en faveur de Jean de Vivans.

34.  Supplique de Jean de Vivans aux président et trésoriers généraux de France.

 

LA VILLE DE DOMME  ASSIÉGÉE  PAR  LE  CAPITAINE   HUGUENOT GEOFFROY DE VIVANS.

Documents inédits de 1588 à 1595.

 

Hardiment perchée sur un rocher à pic dominant la rivière de Dordogne, la ville de Domme, toujours ceinte de ses fortifications, mérite une visite de tous ceux qui s'intéressent aux choses du passé et aussi des touristes qui cherchent des sites pittoresques peu connus, rappelant quelque épisode de l'histoire de France,

Durant l'occupation de notre province par les Anglais ou pendant les périodes des guerres religieuses qui la désolèrent, le rôle de Domme fut des plus actifs, car sa possession était le but de tous les chefs de parti.

Tour à tour, suivant le sort des armes, anglaise ou française, catholique ou protestante, elle subit les assauts les plus furieux et vit sur ou sous ses remparts les combats les plus acharnés et les plus meurtriers.

I. Origine de Domme.

En parcourant les rues de cette bastide, la première question qui se pose est celle-ci : A quelle époque remonte cette ville ? Un moine de l'abbaye de Vaux-Gernay[1] dans sa Chronique de la guerre contre les Albigeois, nous apprend que Simon de Montfort vint de Casseneuil à Domme pour chasser de celte forteresse les ennemis de la foi qui exerçaient toutes sortes de ravages dans la contrée :

Ayant mis son armée en marche, dit-il, le comte vint à l'un de ces lieux fortifiés qui servaient d'asile aux Albigeois appelé Dome et il trouva ce fort vide et sans défenseurs. Cette forteresse était belle et très torte, assise sur le bord du fleuve de la Dordogne, dans un lieu très agréable. Simon renversa les murs de celte forteresse et la ruina complètement.

Cette expédition contre les Albigeois réfugiés en Périgord eut lieu en 1214. Domme existait donc déjà au commencement du XIIIe siècle. On peut même faire remonter l'origine de Domme un peu plus haut. Voici pourquoi :

Le même chroniqueur raconte qu'après avoir détruit la forteresse de Domme, Simon de Montfort s'avança vers trois autres châteaux forts, ceux de Montfort, de Baynac, de Castelnau, situés dans le voisinage, au-dessus des rochers qui dominent les deux rives de la Dordogne ; il voulait en renverser les tours et s'en emparer. Le succès couronna ses efforts. Il conquit tous ces châteaux dans lesquels, dit-il, était-établi depuis plus de cent ans « le siège de Satan. » Le premier fort de Domme, comme les forts semblables, remontaient donc au moins au début du xiie siècle.

Mais une forteresse n'est pas une ville. La ville de Domme doit sa formation à un acte de volonté royale. Vers la fin du XIIIe siècle, Philippe III, dit le Hardi, choisit Domme comme point stratégique d'une grande importance, comme place de guerre capable de résister aux invasions des Anglais, alors maîtres de la Guyenne. Pour réaliser son dessein, il fit acheter en son nom une terre très considérable sur le plateau de Domme. L'acte de vente fut passé le 7 mars l281, vendredi après le premier dimanche du Carême[2]. Par la volonté du roi, un nouveau château-fort fut construit sur la plate-forme qui domine les rochers escarpés de Domme et des murailles entourèrent le terrain acheté autour de la forteresse. Pour attirer des habitants dans cette enceinte, le roi résolut d'accorder des privilèges considérables à ceux de ses sujets qui y viendraient fixer leur demeure.

Ainsi, Domme devint une citadelle, une bastide comme Montpazier, Beaumont, Montagrier, Sainte-Aulaye, destinée à protéger les Français contre les Anglais.

II. Privilèges accordés aux habitants de Domme.

Nous connaissons les privilèges accordés aux habitants de Domme, non par la charte de Philippe le Hardi qui est perdue, mais par deux chartes de Philippe VI, dit le Valois, qui datent de 1348. Ces privilèges sont détaillés dans le texte même des lettres royales[3]. Citons en quelques-uns en abrégé :

I. La ville pouvait avoir son consulat, composé de six consuls, qui devaient être élus le jour de Saint-Michel.

IL Les consuls remplissaient les fonctions de juges dans les causes civiles.

III.  Pour les causes criminelles, les consuls devaient s'adjoindre au bailli royal qui résidait dans la ville.

IV.Quand il s'agissait des causes civiles, les habitants devaient payer aux consuls et au bailli une redevance de vingt deniers.

V.  Chaque habitant pouvait avoir son four et son moulin dans la ville.

VI.Les consuls, les bourgeois et les membres de la jurade étaient exempts de l'impôt prélevé pour le maintien delà paix générale ; cet impôt était appelé commune pacis, ou dans la langue de l'époque hi commu.

La ville reçut aussi plus tard, comme récompense de sa grande fidélité au roi, la faveur de battre monnaie. On désigne encore dans la ville l'endroit où se trouvait la fabrique. On y fit même de la fausse monnaie, comme le prouve une ordonnance de Charles VI au sénéchal de Saintonge.

En voici quelques passages:

Charles... au séneschal de Xaintonge... nostre procureur en ladite seneschaucée, nous a fait exposer qu'il est venu à sa cognoissance que aulcunes gens des dites parties, affin de décevoir nostre menu peuple, ont porté ou fait apporter du pays de Dome grans quantité de faulses monnoyes contrefaites aux nostres, très mauvaises et de très mauvais aloy... pourquoi nous vous mandons, etc., etc.

Donné à Paris le 13e jour d'octobre de l'an de grâce 1388 et 9e de nostre règne. (Collection des Ordonnances des rois de France, t. 7, p. 767).

Grâce à ces privilèges, la ville de Domme devint considérable. Quelques historiens ont affirmé qu'elle renfermait 4,000 habitants dans ses murs. D'autres pensent qu'elle a pu en avoir de deux à trois mille ; sa population actuelle est de 15 à 1,600 habitants.

Outre le château royal, bâti à une extrémité de la ville, d'autres châteaux-forts furent construits à diverses époques sur le bord des remparts ; il y en avait un à Domme-Vieille, sur le penchant de la montagne qui domine actuellement la petite ville de Cénac.

 

III. Domme prise cinq fois par les Anglais.

Les Anglais s'emparèrent de Domme à cinq reprises différentes ; quatre fois dans le cours du XIVe siècle, 1° de 1347 à 1350 ; 2° de 1356 à 1369 ; 3° en 1383 ; 4° en 1393. Ces deux dernières occupations furent de très courte durée. Ainsi, pendant le XIVe siècle les Anglais furent maîtres de Domme pendant l'espace de dix-huit ans. Quelquefois la trahison en ouvrit les portes aux ennemis de la France. A la fin de la seconde occupation anglaise, en 1350, sept traîtres qui avaient livré la ville furent gardés prisonniers quinze jours dans le château de Domme, et enfin pendus sur le lieu témoin de leur crime. En général, cependant, les habitants de Domme se montrèrent fidèles au roi de France.

En récompense de leur fidélité, en 1370, le duc d'Anjou rendit en faveur des habitants de Domme l'ordonnance qui suit :

Loys, fils de roy de France, frère de monsieur le roy, et son lieutenant es partie de Langue d'Oc, duc d'Anjou et de Tourraine, et comte du Maine, à nostre bien amé Estienne de Montméjan, trésorier des guerres de Monsieur et de Nous esdites parties, salut et dilection, savoir nous faisons que en rémunération des grands pertes et domaiges que nos bien amés les consuls, bourgeois et habitants du Mont-de-Dome ont euz et souffers par les ennemis de monsieur et de Nous, pour ce sont venus à l'obéyssance de Monsieur et de Nous, yceulx de l'auctorité royale dont nous usons, et de grâce spécial, avons donné et donnons par ces présentes la somme de cinq cens francs d'or à prendre et avoir ceste foys sur vostre recepte. Si vous mandons        ….. Donné à Caours le XXVIIIe d'aoust, l'an de grâce MCCC soyssante et dix. (manuscrit de le Bibliothèque nationale.)

Lorsque les Anglais occupèrent Domme pour la cinquième et dernière fois, en 1421, ce lut Bertrand d'Abzac, seigneur de Montastruc, gouverneur de Domme pour le roi de France, qui leur livra la ville. Dix sept ans plus tard, en 1438, Domme leur fut arrachée par un brave gentilhomme Jean de Carbonnières, sieur de Jayac, dont le nom est encore dignement porté par les descendants de cette famille, dans laquelle l'un de nos confrères, M. du Rieu de Maynadié, a contracté, il y a quelques années, une heureuse alliance[4].

Les habitants de la citadelle, souvent trahis ou vaincus, montrèrent un courage admirable pour chasser l'ennemi. Lorsque, en 1356, le traité de Brétigny livra le Périgord aux Anglais, ce ne fut que par l'ordre formel du roi de France que les consuls de Domme consentirent à se soumettre aux vainqueurs. Ils furent toujours prompts à se révolter contre une domination qui leur paraissait odieuse et insupportable.

 

IV. Domme prise par les Huguenots.

La forte assiette de cette ville, la difficulté de ses approches, ses multiples et solides fortifications rendaient cette place précieuse pour le parti qui l'avait en son pouvoir. Domme possédait une garnison catholique assez nombreuse, faisant bonne garde, commandée par un vaillant soldat, le gouverneur La Vergniole, dont la vigilance semblait devoir déconcerter toutes les tentatives des Huguenots.

Pourtant, un enfant du pays, un hardi et brave capitaine du roi de Navarre, connaissant toutes les issues de cette place forte, tous ses moyens de défense, tenta à diverses reprises de la surprendre ; ce capitaine était Geoffroy de Vivans, né à quelques kilomètres de Domme, au château de Castelnau.

Sa première tentative fut faite le 18 octobre 1572 ; elle fut repoussée comme celle qu'il tenta quelques jours plus tard, le 4 février 1573. Le 3 juin de la même année, il essaya de surprendre la ville au moyen de fausses clefs qui lui avaient été remises par un soldat de la garnison ; mais la vigilance du gouverneur empêcha encore une fois la surprise de la ville, et le traître, nommé Perch, fut pendu haut et court par ordre de M. La Vergniole.

Tous ces insuccès ne découragèrent pas de Vivans qui, tenace, avait juré de s'emparer de cette forteresse ; secondé par quelques soldats d'élite, il résolut de tenter une nouvelle attaque par l'endroit le plus inaccessible, c'est à dire par la Barre, rocher à pic qui se trouve entre la ville et la Dordogne et qu'on avait laissé sans défense et sans garde, son escalade étant considérée comme impossible.

Nous empruntons le récit de cette téméraire et folle entreprise aux mémoires de Geoffroy de Vivans, publiés en 1887 par feu M. Magen.

Le 25 octobre 1588, deux heures avant jour, le Sr de Vivant par une 4me entreprise prit Dome par escalade qu'il dressa au lieu le plus fort et plus inaccessible du costé de la rivière, dessous un rocher et caverne appelée la Crozo tencho, qui est à demi rocher et néatmoins dans la ville, où la ronde ne descendoit point, passant au dessus du rocher. L'eschelle estoit de neuf pièces, toutes lesquelles montées faisoient soixante-deux pieds de hauteur, encores se trouva elle courte et fallu grimper par les branches des arbres plus de huit pieds. Le dit Sr de Vivant avoit recognu et fait recognoistre diverses fois cest endroict, et parce qu'il avoit esprouvé que les villes ennemis le sachant a leur voisinage veilloient doublement, après avoir disposé toutes choses à son dessein, il s'esloigna à Caumont 15 lieues loin. Et ayant assemblé ses troupes il s'avança avec 103 hommes en tout sur l'exécution, en telle diligence qu'il arriva en un jour à une lieue de Dome si secrettement que, la nuit, ayant, par dizaines, abordé la montagne et le pied du rocher, fit monter le capp ne Bordes le premier et Bramarigues, le 4me, qui commandoit la première dizaine, puis les autres, si scerctte-ment et dextrement qu'ayant fait monter le Sr de Pécharnaud[5] avec 27 maistres et une trompette, sans estre descouverts, coulèrent dans la dite caverne, d'où ils donnèrent droict au corps de garde de la place, qu'ils taillèrent en pièce, et ayant fait sonner la trompette et mis en fuite tous les habitants sans grand combat ouvrirent la porte des Tours au dit Sr de Vivant et au reste de ses gens, où il entra avec ses troupes, etc.

Les pièces inédites qui vont suivre, éclaireront d'un jour nouveau l'occupation de la ville de Domme par les Réformés ; mais avant de les publier, qu'il nous soit permis de dire à nos lecteurs, que, pour écrire la notice qui précède, nous nous sommes servi des écrits de plusieurs historiens[6] qui, avant nous, s'étaient occupés de l'histoire de cette ville ; nos emprunts forcés n'ont été faits que pour servir de cadre aux nombreux et précieux documents que nous donnons ci-dessous, provenant tous des archives de la maison de La Verrie deVivans.

Domme est au pouvoir des Huguenots ; pour assurer la solde de sa garnison, le roi de Navarre signe l'ordonnance qui suit :

Le roy de Navarre, premier prince du sang et premier pair de France.

A nostre cher et bien amé maistre Adrian Auzerce, recepveur des deniers extraordinaires de la guerre, imposés sur les marchandises passant le long de la rivière de Garonne, par nous commis et estably en la ville de Caumont, sallut.

Nous vous mandous et ordonnons que des deniers de vostre charge et commission, vous payés, bailhés et délivrés comptant aux cappitaines, lieutenants, ensseignes et soldats de quatre compagnies de gens de pied, à raison de soixante hommes par chascunes d'icelles, que nous avons ordonnés tenir garnison en la ville de hommes, la somme à laquelle se montera leur solde et payement d'ung moys entier,à compter du premier jour qu'ilz entraient en ladicte garnison, attendant que nous ayons pourveu à l'entreténement d'icelles, sur les deniers royaulx et ecclésiastiques du pays circonvoisin, et ce, à la mesme raison que les aultres cappitaines, lieutenants, enseignes et soldats estant en garnison en noz aultres places circonvoisines et l'estat qui en a esté cy devant faict ; et rapportant par vous le présent mandement avecq le rolle desdictz gens de guerre et leur quittance sur ce suffizante, la somme qui leur aura esté par vous payée et délivrée sera passée et allouée un la despence de vos comptes par les auditeurs d'iceulx, lesquels nous prions ainsin le faire sans difficultés, nonobstant quelle ne soyct aultrement expécifiée ne déclairée.

Donné à la Rochelle, le XXIVe jour de novembre, mil cinq cens quatre vingtz huict.

Signé : « Henri et plus bas Berzian, veu par Du Plessis. »

Vidiméet collationné le présent vidimus à son propre original par nos notaires soubz signés, ce requérant Monsieur deVivans, sans y avoir rien obmis ne adjouster, qui a retiré le tout.

A Caumont, le XIIe mars, mil cinq cens quatre-vingt-dix.

De Savignac, Tamissé[7] .

Les habitants de La Roque-Gageac[8] désireux de vivre, en bonne intelligence avec Geoffroy de Vivans, lui adressèrent la curieuse requête qu'on va lire :

Requeste faicte par les habitans de la paroisse de la Rocque de Guajac à Monsieur de Vivant, commandant en la ville et place de Domme, pour demeurer et vivre en paix, amytié et bonne grâce, avec ledit sieur de Vivant et aultres estant soubz ses commandemens, et esquels il aura pouvoir et aulthorité :

Supplions très humblement ledit sieur qu'il luy plaise, de sa grâce, tenir et entretenir envers lesdits habitans la promesse faicte par vous estant, dernièrement, dans l’esglise de la Rocque.

Premièrement de nous guarder et conserver et avoir lesdits habitans vos bonnes grâces et amytié, les faire vivre en paix sans estre troublés aulcunement en leurs personnes et biens, tant le petit que le grand, qu'ils ne seront subger à estre prins prisonniers, eulx ny leurs bestialz, o la charge de vous obéy et recognoistre comme nostre supérieur et promestre vous payer la contribussion, tele qu'il vous pléra, imposée sur ladite paroisse, toultes foys ce seroint le plus petit que fère se pourra ; aussy permettre que le passage seroit libre dans le bourg ; aussy que ceulx dudit bourg ne luy fairont poinct la guerre. En marge on lit écrit de la main de de Vivant : Le Seigneur de Vivant offre d'entretenir le contenu au présent article en l’observant de la part des requérans, suyvant ce qu'il a requis d’eulx.

Il vous plaira, Monsieur, de vos grâces, uzer envers lesdits habitans de faire comme de vos subgés et serviteurs qui désirent tous promestre vous obéyr en tout ce qu'il vous pléra leur commander, estant de leur pouvoir et puyssance, payer vostre contribution et aultres charges imposées sur lesdits habitans, de vostre authorité, suyvant leur pouvoir et puyssance ; il vous pléra nous descharger de ladite contribution, ayant esgard aux tailhes ordinaires du roy, pour ce que la parroisse est fort petite et fort pauvre, car ceulx de Sarlat y jouissent de la plus grand part. En marge : Il offre les tenir au mesme rang que les siens propres; et pour les contributions elles sont imposées de l’authorité du roy de Navarre et Monsieur de Turenne et par Monsieur de Saint-Geniez, surintendant des finances, ayant esgard aux tailles et autres charges, les plus doulces toutesfoys que ledit sieur de Vivant a peu et qui sont aussi bien légères.

Que les habitans souffriront librement passer et repasser pour leur bourg, port et passage ledit seigneur de Vivant, ses gens de guerre de ladite ville de Doume et aultres quy viendront, de quelque religion qui soyent, tant d'un party que d'aultre, sans leur meffaire en aulcune sorte ; aussy ne prendre poinct en mauvèze part de guarder et louger les trouppes d'ung party n'y d'aultre, sy avons moyen se faire. En marge :

Le sieur de Vivant ayant le passage libre audit la Roque, pour le danger qui pourvoit y estre et y dresser des embuscades et la ruyne dudit lieu, mais entend que les siens y soient receuz comme amys, mais en payant.

Que doneront des vivres à ceulx quy passeront dans ledit bourg, estant de la guarnison de vostre ville, à juste et raisonnable pris, et faire avec eulx comme amys, aliés et considérés. En marge : Cet article demeure accordé.

Que porteront du poisson et aultres vivres vendre en vostre ville s'il y a quelcung qui en aye à vendre, et les faire payer à bon et raisonnable pris. En marge : De mesme accordé.

Il vous pléra, Monsieur, de vos grâces que lesdits habitans, tant de ladite paroisse que jurisdiction d'icelle, demeurent en vostre bonne amytié et grâce et qu'ilz ayent moyen vivre en paix en leur maison, les maintenir et conserver, tant leurs personnes et biens qu'ilz puissent aller et venir librement, faire tout commerce de traffic de marchandise en vostre dicte ville de Doume et aultres lieulx circonvoy-sins, sans qu'ilz leur soict donné aulcung trouble ny empeschement, faire valloir et jouyr de leurs biens et vivre en paix comme amys serviteurs avec vous et vos gens, tant de vostre ville, chasteau, que chasteau de la Brouhe[9] et de tous aultres lieux. Il vous pléra aussy de nous délivrer ung prisonnier quy est de... qui ne faict nullement la guerre. En marge : De mesme accordé avec promesse de les y maintenir tant en leurs personnes que biens, familles, liberté de commerce et trafic, avec telle assurance et sauvegarde qu'ilz désireront; pour le prisonnier il ne luy sera faict aucun tort, ains remis à la justice.

Il vous pléra aussy qu'il soit de vostre bon plaisir faire cesser ce que font à la Brouhe tous ceulx de la guarnison, font une infinité de dommages auxdictz habitans, les menassent de les tuer et prendre tous ceux qu'ils trouveront, qui est la cause que n'y a personne qui auze aller audict villaige lever vostre contribution,et nous soulager de guarde, tant ceux de la Brouhe que d'aultres et mettre accort à tout, et en récompense demeureront obligés à jamais à vous faire très humble service. En marge : Ledit Sr empeschera que de ceulx de la Brouhe soit faict ny donner aucun dommage au bourg ny habitans dudit la Roque ny d’aultres de ce party.

Aussitôt cette requête reçue, il fut fait un brouillon de la convention à intervenir entre de Vivans et les habitants de La Roque-Gageac ; en voici la copie :

Monsieur de Vivant, pour estre résolu comme il doibt vivre avec les habitans de la Roque de Gaiac, soubz le gouvernement de ceste ville de Doume.

Demande en premier lieu que lesdicts habitans soient obéyssans aux mandemens qui leur seront faictz de l'authorité du roy de Navarre, de Monsieur de Turenne, son lieutenant-général en Guienne, ou dudict seigneur de Vivant, commandant en ceste ville et place de Doume et du gouverneur y étably en son absence, tant pour les contributions et fortifications de ceste ville et place, que autres charges qui, pour icelle leur seront imposées, lesquelles néamoins ledict sieur de Vivant laschera en toutes sortes de modérer avec toute la douceur dont il se pourra advizer.

Que lesdictz habitans souffriront librement loger, passer et repasser par leur bourg, port et passage, ledit sieur de Vivant, ses gens de guerre de ladicte ville de Doume et autres qui y viendront à son adveu, sans leur meffaire en aucune sorte, ains leur donneront toute faveur et assistance de ce qui sera en leur puyssance, en payant toutesfoys ce qu'ils fourniront, à juste et raisonnable prys.

Qu'ils chasseront de leur dict bourg tous ceulx qui voudroient fère la guerre ou entreprendre quelque chose contre ledict sieur de Vivant et ses gens, ladicte ville et chasteau de Doume, ainsy que le chasteau de la Brouhe et ses dépendances, ou bien les mettront entre les mains dudict sieur de Vivant ou dudict gouverneur en son absence, et à desfauld de ce faire, respondront de celluy ou ceulx qui se trouveront en faulte.

Qu'ils seront tenus porter en ceste ville de Doume des poyssons et autres vivres ou denrées qu'ilz vouldront vendre, qui leur seront achetiez à juste et raisonnable prys, avant les pouvoir porter en autres villes circonvoysines.

En quoy faisant et soubz les susdictes conditions, ledict sieur de Vivant leur promet les maintenir et conserver. Qu'ils pourront aller et venir librement, fère tout commerce et traffic de marchandises en ceste ville de Doume et lieux circonvoysins, sans leur estre donné aucun trouble ne empeschement, ains tenuz comme amys, aliez et considérés, leur promettant et jurant, sur sa foy et honneur, d'entre­tenir et fère entretenir tout ce que dessus, despuys le plus petit jusqu'au plus grand, et le fère observer à tous ceulx sur lesquels il aura pouvoir et authorité[10].

Enfin le 5 mars 1589, de Vivans et les habitants de La Roque-Gageac, arrêtent en ces termes l'accord définitif survenu entre eux :

Cappitulation et accord par Monsieur de Vivant, seigneur de Doissac, Castelviel, la Beuze et autres lieux, conseiller au Conseil privé du roy de Navarre, son chambelant ordinaire, maistre de camp de sa cavalerie légère, commandant généralement pour ledict seigneur roy de Navarre, soubz l'authorité de Monsieur de Turaine ez villes de Doume, Caumont[11], Monhurt[12] et autres places, faicte et accordée ladicte cappitulation avec les habitans du bourg, paroisse et jurisdiction de la Rocque de Guajac.

Premièrement est accordé que lesdicts habitans ne seront troublés ny empeschés en leur religion catholicque, ny vexés en leurs personnes et biens ; ilz jouyront paisiblement, en payant la contribution et fortification de ceste dicte ville et place de Doume, que pour icelle leur seront imposées, suyvant leur pouvoir et puissance, lesquelz néanmoingtz ledict sieur de Vivant taschera, en toutes sortes, de modérer, comme a promis, avecque toute la douceur dont il se pourra advizer.

Que lesdicts habitans souffriront librement passer et repasser par leur bourg, port et passage d'eau ledict seigneur de Vivant, ses gens de guerre de ladicte ville de Doume, sans leur meffaire en aulcune sorte, leur donner des vivres en payant à juste et raisonnable pris.

Qu'ilz ne fairont la guère de leur dict bourg ni entreprendront quelque chose contre ledict seigneur de Vivant et ses gens de guère, ny contre ladicte ville et chasteau de Doume, ny contre le chasteau de la Brouhe.

Que lesdictz habitans ne receuvront ny souffriront entrer, louger ny séjourner dans leur bourg, aulcuns gens de guère du contrère party, ny passer par leur port et passage dudict lieu, ains les empescheront de tout leur pouvoir ; toutesfoys sy quelques ungs de leurs amys dudict contrère party se présentent pour passer seulement par ledict bourg, ilz les y pourront recevoir et laisser passer, entrer et sortir, jusques au nombre de vingt et sans y arrester, afin d'empescher que dans icelluy bourg ne se fasse aulcune enbeuscade ny desplaisir contre ceulx de ceste ville de Doume ou chasteau de la Brouhe.

Seront tenus lesdicts habitans, pourter en ceste ville de Doume du poisson et aultres vivres qu'ilz voudront vendre, que leur seront achaptés à juste et raisonnable prix.

Que lesdicts habitans souffriront librement passer et repasser toutes gens de la relligion par leur dict bourg, port et passage; toutesfoys sy quelques ungs n'estant poinct de ladicte guarnizon de Doume voulloient loger audict bourg et paroisse, lesdicts habitans les en pourront guarder s'ilz ont le moyen de ce faire.

En quoi faisant et soubz lesdictes conditions, ledict Sr de Vivant promet ausdicts habitans de ladite paroisse et jurisdiction de la Rocque les maintenir et conserver en toute assureté et sauvegarde, tant leurs personnes que leurs biens, envers et contre ceulx de ceste guarnizon de Doume que dudict chasteau de la Brouhe et autres de son parti.

Qu'ilz pourront venir en ceste dicte ville et s'en retourner librement, faire tout commerce et trafficque de marchandize en icelle ville et marchés dicelle et autres lieux circonvoysins, sans leur estre donné aulcung trouble ny empeschement, et seront tenuz comme amys, alliés et considérés, despuis le plus petit jusques au plus grand.

Et pour l'observation et entretennement de tout ce que dessus, en sera faict deux coppies, signées dudict seigneur de Vivant et de tous ceux de ladicte parroisse et bourg de la Rocque qui se scauront signer.

Faict et arresté à Doume, le cinquiesme de mars, mil cinq cens quatre vingtz et neuf. »[13]

Heureux des succès qu'il avait obtenus, Henri IV écrivit la lettre qu'on va lire à Geoffroy de Vivans, son fidèle et vaillant compagnon d'armes :

Monsieur de Vivans,

J'envoye le Guarnier, l'ung de mes serviteurs, que vous cognoissés, en Guyenne ; et luy ay recommandé de vous voir, pour vous faire entendre de mes nouvelles l'heureux succez qu'il plaist à Dieu de donner à mes affaires. J'espère qu'il continuera ceste mesme bénédiction envers moy tant que j'en verray la ruine de mes ennemys. Croyés-le de ce qu'il vous dira de ma part, et vous disposés pour me venir trouver ce printemps, comme je fais estat que tous mes anciens subjects et serviteurs feront. Vous serés le très bien venu ; à tant je prie Dieu vous avoir, Monsieur de Vivans, en sa saincte garde.

Au Mans, ce vu décembre 1589.

Henry »[14] .

Pour assurer la garde de la ville de Domme, et pourvoir à la nourriture et à l'entretien de la garnison, les officiers se réunissent et convoquent les consuls de cette ville. Ecoutons les procès-verbaux de ces assemblées :

Aujourd'huy vingt-huitiesme d'aoust mil Vc quatre vings dix, à Domme, estant huict heures du mattin, au lougis de noble Françoys de Fumel, sieur baron de Monségur, gouverneur pour le roy en ladicte ville, assemblés en conseil les seigneurs de Thémines[15], les capitaines de Rignac[16], de Murat[17], d'Ailes ; de la Clausade, de Fraytet, Jacques la Rocque, Antoine de Gordon, Françoys Mireul, Jehan du Rutier, consulz, et Jehan Lacombe, scindic, et aultres sieurs cappitaines, gens de guerre ou juratz de ladicte ville. Le susdict seigneur de Monségur, gouverneur, a représanté avoyr heu advertissement qu'il y a des traîtres en la présant ville et entre autre ung nommé Manière[18] qui a intelligense avec l'ennemy, et qu'il a envoyé homme de la présent ville au chasteau leur donner advertissement, à quoy il est requis de pourvoyer, et que de toutes partz il arrive grand nombre de gens de guerre, tant de pied que de cheval pour le secours d'icelle, et que la pauvretté des habitans est sy grande qu'il n'y a nullement vivres pour les nourrir s'il ny est promptement porveu, comme ont illec rapporté en la présant assemblée Anthoine de Gordon[19] et Bernard Borderie, depputés à faire la vizite des vivres qui sont en la présant ville, et qu'il est à craindre que à faulte de vivres la plasse ne se perde. Estant de nécessité adviser de recouvrer des vivres des lieux plus proches et circonvoysins qu'il s'en pourra trouver, et atandu la povretté desditz habitans est requis de donner argent aulx souldatz qui sont desja en nombre de cinq cens dix, oultre la guarnizon ordinayre, et fault trouver expédiant et trouver argent à emprompter, pour subvenyr à ce dessus. A quoy, d'ung commung accord, a esté arresté qu'il est expédiant de se saysir de la personne dudict Manières et de celluy qu'il a envoyé audict chasteau, pour, par leur bouche ou aultrement entendre la véritté de la trahizon ; pour le surplus, attendu que Monsieur de Vivans a commandement de la garde de ceste ville et qu'il est homme de moyens pour en faire les nyanses, toutz d'ung commung accord ont esté d'advis que, en son absence[20] ledict sieur de Montségur doibt advertyr Madame de Vivans[21] et la pryer de fornyr les vivres et argent nécessayres à la conversation de ceste place, à la charge que le roy sera supplyéde luy en donner remboursement. Délibéré audict Domme, les an et jour susdictz.

Tricou, greffier.

Séance du 29 août 1590.

 

Aujourd'hui vingt-neuflesme du moys d'aoust, an mil Vc nonante, à Domme et lougis de Madamoyselle de Chastelain, dans lequel est lougé le seigneur de Thémines, assemblés en conseilh, ledict seigneur, les cappitaines Rignac, Murat, la Clauzade, Fraytet, Ailes, cappitaine dudict Domme, Jacques Rocque, Anthoine de Gardon, Françoys Mireul, Jehan du Rutier, consulz; Jehan Lacombe, scindic et aultres cappitaines et juratz de ladicte ville, a esté représanté par Monsieur de Monségur, gouverneur pour le roy en la présent ville, comme suyvnnt la deslibération faicte le vingt-cinquiesme du présent moy s, il a adverty Madame de Vivans des nécessités que l'ons a en la présant ville, laquelle a envoyé, pour y supplir, deulx mil escus à syre Jehan du Rutier, avec procuration expresse d'elle pour emprompter ce que sera requis, et quelle mande n'avoir de bledz ny aultres vivres ; toutesfoys, quelle mettra dilligenses d'en recouvrer et les faire conduyre en la présant ville, le plus dilligemment quelle pourra; et detant qu'il appert de la pauvretté des habitans, il seroict recquis distribuer dudict argent aulx souldatz qui vivront de leurs deniers ; et que s'il plé soict au susdict sieur cappitaine Rignac et Me Eymar Delz Champz, fermier de monseigneur de Turenne de la plasse de Montfort, vouloir prester certaine quantité de bledz, que on luy en feroict bailher obligation par ledict du Rutier, en vertu de sa procuration de ladicte damoyselle de Vivans; a esté arresté, d'ung commung accord, qu'il sera bailhé de ladicte somme envoyée par ladicte damme, à chascung souldart, deulx escus pour quinze jours et pour eulx nourrir sur lesdicts deniers ; et après que ledict sieur de Rignac a offert librement prester ce qu'il aura en sa puissance, a esté arresté que ledict du Rutyer s'en obligera en vertu de sa procuration audict de Rignac, de ce qu'il bailhera comme d'aultres choses nécessayres à la conservation de la présant ville.

Délibéré audict Domme les an et jour susdicts.

Tricou, greffier.

 

Et la mesmes, par ledict sendic, a esté représenté estre recquys commettre des personnes suffizans pour veoyr faire les payemens et frays nécessayres pour, sur le tout, dresser estat ; sur laquelle proposition a esté arresté que ledict Lacombe et syre Jehan Tailhefer, assisteront à faire les payemens des souldatz et aultres frays nécessayres avec le susdict du Rutier que a devers soy la somme envoyée par ladicte damme de Vivans. Deslibéré audict Domme les an et jour susdictz.

Tricou, greffier, [22].

Du 1er au 6 septembre 1590, neul marchés furent passés pour l'achat des vivres nécessaires au ravitaillement de la ville ; tous sont garantis par de Rutier, procureur de Mme de Vivans[23].

Voici la copie d'un de ces marchés :

Faict à Doume en Périgort, le premier du moys de septembre an mil cinq cens quatre vingtz et dix, estant midy, régnant Henry par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, par devant moy notaire royal et présans les tesmoingts soubs nommés, a esté constitué en sa personne sire Jehan du Rutier, consul dudict Doume, lequel au nom et comme procureur de dame Jehane de Cladech, femme de messire Geoffroy de Vivant et en vertu de sa procuration reçue par Me Thomas Bouyer, notaire royal, du xxviiie d'aoust mil cinq cens quatre vingt et dix, a confessé devoir a noble Pierre de Rignac, gouverneur de Monfort et à sire Aymart des Champs, d'illec ledict des Champs absent et ledict de Rignac présent, et tant pour luy que pour ledict des Champs, stipulant et acceptant, la somme de sept cens soixante dix escus, faisant trois livres pièce, pour vante et vraye délivrance de cent soixante charges de bled ou farine[24], que ledict sieur de Rignac a faict porter en la présant ville et dellivré le tout audict de Rutier, et icelle dicte somme de sept cens soixante dix escus, ledict de Rutier, audict nom et comme procureur susdict, a promys payer de jour en jour et à la volonté dudict sieur de Rignac et des Champs, sur peyne des despens, domaiges et intérètz, et pour ce faire a obligé les biens dudict sieur de Vivant et de ladicte dame sa femme, et a renontié voulu estre compellé et juré, et de quoy, et présans, Anthoyme Delbos et Jehan Couze dit Poupes, habitans audict Doume, tesmoins, lequel dict c'est icy signé et non les tesmoingtz ne sachant escrire et moy.

Rutier, débiteur susdict.

de Roffignac.

 

Dans la liasse 23 des archives de la maison de La Verrie de Vivans, figurent 17 rôles de compagnies, donnant les noms et surnoms des officiers, sous-officiers et soldats qui les composent; dans quelques-uns le pays d'origine de chaque soldat est indiqué. Ces rôles sont généralement écrits sur des feuilles doubles mesurant 37c x l3c 1/2 ; tous sont signés par les capitaines qui commandaient les compagnies, et contresignés par un syndic de la ville de Domme ; quelques-uns portent la signature d'un contrôleur nommé de Roffignac. Ces différents rôles nous permettent de rétablir la solde de chaque unité.

Le capitaine touchait, pour cinq jours de solde, 10 livres ; les lieutenants et enseignes un peu moins ; le sergent 3 livres et le soldat 45 sols.

Voici maintenant par compagnie les noms des officiers qui les commandaient :

Troupes envoyées par M. de Thémines, gouverneur du Quercy : compagnie conduite par le capitaine Courrau, le lieutenant Raymond d'Urval, écuyer, et Antoine Piquant, enseigne ; elle se composait de 143 hommes, il lui fut donné 286 écus pour 15 jours de solde. La compagnie du capitaine Picquemie, Brandely Cleyrac, lieutenant, et Isaac du Per, enseigne ; elle compte 147 hommes, arrive à Domme le 29 août et touche pour sa solde de 15 jours 294 écus.

La compagnie commandée par M. de Rignac, gouverneur de Montfort, a pour lieutenant Jean de Bourgade et pour enseigne Antoine de Rignac ; elle est composée de 110 hommes, arrive à Domme le 29 août ; on lui compte pour sa solde de 15 jours 220 écus.

La compagnie du capitaine Murat, gouverneur de Turenne, compte 110 hommes, elle a pour lieutenant noble Pierre des Tas et pour enseigne Jean Delpy, arrive à Domme le 29 août et reçoit 220 écus pour sa solde de 15 jours.

La compagnie du capitaine Lescure a pour lieutenant Jean Del Battit, son enseigne est Antoine de Poux ; elle se compose de 65 hommes, y compris les deux sergents et de quatre caporaux ; la revue en fut faite par Jehan Lacombe, sindic et Jehan Tailhefer, commis à voir faire les revues. Le capitaine reçoit 67 écus pour le paiement de sa troupe durant huit jours.

La compagnie du capitaine Duffau a Jehan Agrefeilhe pour lieutenant et Antoine Duffau pour enseigne ; elle se compose de 64 nommes, arrive à Domme le 23 septembre et reçoit pour sa solde de huit jours, 67 écus.

Celle qui était commandée par le capitaine Raymond Lavaur, a pour lieutenant Pierre Lalonde et Raymond Lavaur pour enseigne ; elle arrive à Domme le 23 septembre et touche 67 écus pour huit jours de solde.

La compaguie du capitaine Fraytet se compose de 43 hommes qui pour huit jours de solde touchent chacun un écu. C'est cette compagnie qui était chargée de la garde de la porte des Tours ainsi que le prouve la pièce qu'on va lire figurant sur le rôle de cette compagnie.

Roolle du nom et surnom des soldatz commis par M. de Monségur à la garde de la porte des Tours, de la présent ville de Doume.

Et premièrement :

M. Pipaut cappitaine.........................           V. l.

Jean Verdure de Monségur...............       IIII. id.

Arnaud Solie de id................................. IIII. id.

Anthoine Lacroix dudit lieu.............       IIII. id.

Jehan Marem de Castelnau..............       IIII. id.

Mathieu Vistorte de Moncla................... IIII. id.

Le vendredy sixiesme jour d'apvril mil Vc quatre vingtz onze, les sus nommés ont receu chascun quatre livres par les mains de Me Estienne Daujau, commis à faire le paiement des gens de guerre de la dite garnizon, pour leur gaige, salaire et appoinctement de dix jours, commencés le cinquiesme du présant moys d'apvril et quy finiront le dimanche seiziesme jour dudit moys d'apvril, jour et feste de Pasques. En foy de quoy, nous soubsignés, avons signé le présent certificat.

A Doume, les an et jour susdits.                    Monségur.

Le rôle de la compagnie du capitaine Piquet n'indique ni le nom du lieutenant, ni celui de l'enseigne.

Voici maintenant le détail des frais faits tant pour le siège de la ville de Domme que pour la prise du château et la conservation du tout sous l'obéissance du roi. L'original sur lequel nous avons copié ces dépenses, est un cahier dont les feuilles mesurent 0.25c de largeur X 0.36 1/2 de hauteur. La marque qui figure dans la pâte du papier est une fleur de lys de 0.02 1/2 de hauteur.

18 janvier 1589.

C'est l’estat daulcuns fraix par monsieur deVivans faictz à la prinse de ceste ville de Doume et despuys icelle, avec les certifficats des cappitaines et autres qui les ont veu faire.

Premièrement feust achapté et recouvert par ledict sieur de Vivans, bientost après ladicte prinse que feust le 25 d'octobre dernier passé, des lieux de Saint-Sibra[25], Beynac[26], de Bodefou[27], des Millandes[28], et de Feyrac[29], la quantité de six quintalz de pouldre d'arquebuze, pour le prix de vingt cinq escutz le quintal, montant huict vingt escutz.

Plus en plomb et mesche à la défiance du chasteau et siège de Monsieur le maréchal de Biron[30], oultre ce que feust trouvé dans ladicte ville, et encore despuys pour deux quintals de plomb faict pourter de Limeul[31], et a esté mis au magazin, pour le prix de quarante escutz, ensemble un quintal de souffre, acheté à Sainct-Sibra, pour dix escutz.

Fust emprompté du cappitaine Guy, six quintaulx de pouldre à quatre vingtz livres pour quintal, et quatre vingts douze charges, six cartons de farine, mizes dans le maguazin et quy luy sont encore deuz et à Balmes, à raison de troys escutz deux tiers la charge, tant froment que seygle, comprins la conduicte et les faire mouldre, monte tout cinq cens escus, cinq sols.

De Madame de Caumont feust emprompté trente sacs farines, et de sieur de Fayrac[32] auttant à mesme pris, monte cent dix escutz.

Pour faire accommoder les canons de Turenne, a esté despendu vingt escutz. En marge de cet article se trouve l'annotation suivante : «  Et daultant que ledict canon n'est sourty de Turenne, mondict sieur de Turenne n'estime ceste partie estre comprinse aux présans fraix. »

A esté envoyé quatre messagers vers le roi de Navarre à La Rouchelle, dont l'ung estoyt à cheval, et employé pour ce trante cinq escutz.

Dotant que le désordre feust tel lors du siège et combat, qu'on ne pouvoyt faire cuyre du pain, et qu'il falhoict arrester les soldatz aux barriquades sans en bouger, feust achapté pour quarante escutz de pain qu'on pourtoyt de Montfort[33]).

A la capitulation qui feust faicte sur la reddition du chasteau[34], fallut donner un prisonnier à ceuls de dedans qui estoyct aux sieurs de Pelhgrys de Soulmignacet de la Clausade, qui leur avoyt promis sept cens escutz, et leur en a esté despuys remborsé quatre cens cinquante escutz.

Pour traiter les blessés, maistres Françoys Lourfaure et Nycolas, chirurgien et appoticaire de Lymeuil, pour leurs médiquamens ou vacations, en ont receu dudict sieur de Vivant, deux cens vingt escutz.

Plus en absence de mondict sieur de Vivant, estant à Caumont, a esté emprompté de monsieur de Monségu[35] et mosieur de Feyrac, pour bailher aux compagnies, neuf vingts escus.

Despuys a fourny ledict sieur de Vivant, en deux diverses foys, pour payer les compagnyes estant en garde dans ceste ville, mille escutz.

A bailhé à ceulx qui ont aydé à l'entreprise par une seulle foys, cent dix escutz, oultre aultre despence sur ce faicte.

Aux massons et trasseurs quil avoinct ung puys et aux charpentiers qui ont travailhé au chasteau ou à la ville jusques la fin de décembre, a bailhé cent escutz.

Et oultre ce, feuet envoyé à Figeac[36]) et à Saint-Cerré[37], devant Monsieur le vicomte de Gourdon, pour avoir du secours, et encore pour le conduyre, à quoy a esté employé douze escutz.

Monte tout ce dessus deux mille neuf centz quatre vingt deux escutz et cinq sols.

Nous soubzsignés, certiffions le contenu aux susdictz articles estre véritable et le tout avoir esté fourny ou employé comme dessus, pour avoir esté présens nous avoir esté remonstré.

Faict à Doume, le dix-huitiesme janvier 1589, pour ladicte somme de deux mille neuf centz quatre vingt deux escutz, cinq soubz.

Vivant.                              J. Roque.

de Lanteul.           de Roffignac.

Eymier, consul, Lagarde, consul,

Manières, consul, Mauriac, consul.

Oultre ce dessus feust prins et employé, pour la desfense susdicte, quatre quintaulx de poudre, trouvée dans le logis du cappitaineRoques, qu'il requiers luy estre payé, et il supplie Monsieur de Turenne la luy faire payer, montant cent escutz.

Vidimé et collationé a esté le susdict vidimus à son original, par nous notaires soubz signés, à la requeste de Monsieur de Vivant, sans rien y trouver estre besoing ne diminuer, et le tout est demeuré entre les mains des susdicts.

A Caumont le xiie du moys de mars, mil cinq cens quatre vingt dix.

Tamisé.                   de Savignac.

 

A la suite et sur le même cahier vient le compte qui suit :

Estat de la despance, fraix, fournitures et avances faictes par M. de Vivant ou les siens en son absance, pour le secours et conservation de la ville de Domme, pendant que les seigneurs de Monpezac[38], Monluc[39], Pompadour[40], Clermont[41], Camburat[42] et aultres rebelles au roy, ont esté avec leur armée devant icelle; desquels fraix ledit sieur de Vivant supplie très humblement sa Majesté luy en ordonner remboursement, à ce qu'il puisse s'acquiter envers ceulx ausquelz, pour raison de ce, lui et les siens sont obligés.

Premièrement, le vingt-troisiesme d'aoust dernier, ayant lesdits rebelles, par intelligence, surprins partie dudit chasteau, estant encores dans une tour d'icelluy nommée la Brune, le cappitaine Costes. affin de s'oppozer à leurs dessains, il fut despéché par ordonnance du Sr baron de Monségur, son gendre, qu'il a laissé par vostre commandement (sire), dans ladicte ville de Domme, pour y commander en son absance, mesmes pendant que ledit sieur de Vivant seroit comme il est de présant près vostre Majesté, divers messagers, tant à cheval que à pied, devers monseigneur le mareschal de Matignon[43], Messieurs le comte de La Voûte, gouverneur de Lymosin, de La Force, gouverneur de Périgort, de Thémines, gouverneur de Quercy, Sainct-Chamaran, gouverneur d'Agenois, de Rastignac, gouverneur d'Auvergne, de Téride, gouverneur de Montauban, de Fontanailhes, gouverneur d'Armagnac, de Cabrères, de Murat, gouverneur de la vicomte de Turenne, de Sainct-Légié, que plusieurs autres seigneurs, gentilhommes, et cappitaines, serviteurs de sa Majesté, pour lesquels voyages a esté employé, six vingtz dix escus.

Le mesme jour survindrent au secours de ladicte ville et tour dudit chasteau, le sieur de Rignac, gouverneur en la comté de Monfort pour Monsieur le viconte de Thurenne, ensemble le cappitaine Guy, avec cent soldatz qui fuient logés dans ladite ville, aulx despans des habitans, jusques au xxix dudit mois que leur fust baillé argent, à cause de l'indigence des pouvres habitans de la dite ville qui n'avoyent de quoy vivre pour eulx. (La somme donnée n'est pas indiquée; voir les rôles des compagnies qui précèdent).

Le xxv dudit moys arrivarent dans ladite ville ledit sieur de Murat, gouverneur de la viconté de Thurenne avec dix hommes de cheval armés et quatre vingtz arquebuziers, qui furent pareillement logés dans ladite ville aulx despans des habitans, jusques au xxixe dudit moys que lesdits gens de pied receurent de l'argent et les gens d'armes des vivres du magasin. Le xxviie arriva M. de Thémines, séneschal et gouverneur de Quercy, avec cinquante gensdarmes et six-vingtz arquebuziers qui furent logés aulx despans desdictz habitans, jusques audit jour vingt-neufiesme, que lesdits gens de pied recourent argent et les gens de cheval heurent des vivres du magazin.

Se voyant lesdits rebelles descheux de leur première attente à cause de la résistance de ladite tour Brune, et d'ailheurs que l'entreprinze qu'ilz avoyent sur la ville fust descouverte et les traistres exécutés à mort, ils se délibérèrent d'emporter par force, et ville et chasteau, et, à cest effect, s'assamblèrent devant icelle et y mirent le siège ; tous les chefs desdits rebelles, sçavoir : les seigneurs de Montpezat, Monluc, Pompadour, Camburat, Clermont, de Vertilhac, Sainct-Progect[44], La Chapelle Biron, Giverzac[45], Pieferrat, Tayac[46], et tout tant qu'il y a de leur cabalhe en Guienne, firent conduyre des villes de Cahors, Agen et Périgueux quatre piesses de canon pour faire batterie, quoy voyant ledit baron de Monségur, par l'advis desdits Srs de Thémines, de Murat, de Rignac et aultres, despècha de rechef devers lesdits Srs mareschal de Matignon de La Voûte,le Sr conte de Rochefocaut[47], de Sainct-Chamaran, de La Force, de Rastignac[48], de Téride, de Fonteralhes et aultres pour les advertir de ce dessus, et à cest effect, despècha des hommes de cheval et de pied, et bailhe pour lesdits voyages, six vingtz escus.

Aulquelz advis Monsieur de La Force s'en vint dans ladicte ville avec une bonne trouppe, tant de cheval que de pied, et après avoir conféré avec lesdicts Srs de Thémines, de Monségur, de Murat et aultres qui estoyent dedans de ce qu'ilz avoyent à faire, fut résolu à cause de la pauvreté de ladicte ville, et que les gens de guerre qu'ilz avoyent n'auroyent moyen d'y vivre, que ledict Sr de La Force se logeroit à Castelnau[49] et ez environs avec ses troupes et que ledict Sr de Thémines avec les siens et encore cent arquebuziers du régiment du Sr de Montastruc[50], demeureraient dans ladicte ville. Pour l'entretenement desquels, ensamble de ceulx que lesdicts Srs de Thémines, de Murat et de Rignac avoyent admenés et soixante aultres que estoyent ledict jour arrivés de Tournon[51], conduictz par le cappitaine Carnejac, et cinquante qui estoient aussy venuz de Monflanquin[52] avec le cappitaine Vilars, faisant en tout le nombre de cinq cens arquebuziers ; fut advisé entre lesdicts sieurs, que on mectroit toute diligence de recouvrer de l'argent, veu l'urgente nécessité, pour bailler ausdictz soldatz qui estoyent aultrement résoluz d'habandoner ladicte ville, et qu'il leur seroit baillé à chascung soldat deux escuz pour quinze jours, ce qu'auroict esté faict, que revient à la somme de mil vingt escutz, et ledict argent envoyé par Madame de Vivant audict Sr de Monségur pour faire ledict payement.

Et parce que ladicte ville se trouva lors despourveue de tous vivres et commodités, estant de tousiours l'une des plus pouvres de la province et les habitans d'icelle très nécessiteux, mesmes que les principaulx sont rebelles, il fust question de pourvoir promptoment à l'avituallement d'icelle, et fust emprompté dudict Sr de Rignac et de Me Aymar des Champs, fermier dudict seigneur de Thurenne audict conté de Monfor, la quantité de cent soixante charges de bled, moytié froment et moytié seigle, qui fust converty en farine et conduict avec très grand hazard, ayant desia lesdicts ennemys occupé tous les passages dudict Monfort audict Domme, duquel bled ledict Sr de Vivant est obligé, à raison de cinq escuz la charge, revenant à sept cens soixante dix escus, et par cy VIIc LXX escutz.

Et dautant que ladicte quantité de bled ne fust suffizante, en fust aussy emprompté de Mes Jacques Lartis et Pierre du Fau, fermiers de Madame de Caumont, aulx Milandes, la quantité de deux cens charges de bled converti en farine au mesme prix, revenant à mil escus, et par cy, M escutz.

Et parce qu'il n'y avoit moyen de nourrir les chevaulx des susdictz gens de cheval qui estoyent dans ladicte ville, estant dedans deux cens cinquante à cheval, fust advizé par lesdictz Srs de faire magazin de foins et advoines, et à cest effect, de leur adviz, a esté emprompté trois mil huict cens quintaulx de foin du Sr Mongrin et desdicts sieurs de Rignac et des Champs, fermiers dudict conté de Monfort, à raison de dix sols pour quintal, revenant à six cens trente trois escuz, et par cy VIc XXXIII escus.

A esté pareillement emprompté des susdictz Srs de Mongrin, de Rignac, des Champs, Lartis et du Fau, trois cens charges avoine à ung escu ung tiers la charge, revenant à quatre cens escus, et par cy IIIIc escus.

A esté aussy emprompté de Madamoyselle du Chastelain, dudict Domme, quarante pipes[53] vin à raison de huict escus la pipe, montant trois cens vingt escus, et par cy IIIc XX escus.

Plus a esté emprompté de Madamoyselle de Feyrac vingt pipes de vin au mesme prix de huict escus pour pipe, comme apert par oblige, revenant à cent soixante escuz, et par cecy CLX escus.

A esté achapté desdicts Lartis et du Fau, deux cens moutons pour fournyr à l'entretenement desdicts gens de guerre, à raison d'ung escu pour chascun mouton, revenant à deux cens escus, et par cecy IIc escus.

A esté aussy achapté de Guilhaume del Bost, et Jehan Borde, trente bœufz, montant à raison de dix escus chascun, trois cens escuz, et par cecy IIIc escus.

Et estant lesdictz rebelles, comme dict est, assamblés entrés grand nombre, et ayant investy tant ladicte ville que chasteau, fust advisé de mestre encores deux cens soldatz dans ladicte ville, tant pour deffendre ladicte tour Brune qu'estoit battue de quatre piesses, que pour conserver le passage de Monfort afin de recouvrer des vivres et munitions, les cappitaines Lavaur, du Fau et Lescure vindrent avec ledict nombre et arrivèrent le sixiesme de septembre, auquels fust bailhé pour quinze jours, quatre cens escuz, à raison de deux escuz pour chascun soldat, que ladicte dame de Vivant envoya par Jehan du Rutier audict Sr de Monségur, pour faire ledict payement, et par cecy IIIIc escus.

Le terme de quinze jours des soldatz des susdictz Srs de Thémines, de Murat, de Rignac, Montastruc et aultres jusques au nombre de cinq cens et dix estant achevé, fut bailhé de rechef de l'argent pour les arrester encore huict jours, et leur fust baillé à chascun ung escu, qui est en tout cinq cens dix escus, que ladicte dame de Vivant envoya audict Sr de Monségur par ledict du Rutier, et par cecy Vc X escus.

Voyant lesdictz Srs de La Force et de Thémines, de Cabrières et de Murat et aultres, que les ennemys estoyent oppiniastrés devant ladicte ville et qu'ilz faisoyent furieuze batterie à ladicte tour Brune dudict chasteau, s'advizèrent de despècher encore devers les susdictz Srs, et à ces fins fust bailhé à ceulx qui allèrentdevers lesdictz Sr mareschal, de la Voute, de la Roche-Focaut, de Sainct Chamaran, ensemble devers le Sr de la Viston, soixante escus qui furent empromptés de Madamoyselle de Plapech, et par ce, cy LX escus.

Lesquelz Sr de la Roche-Focaut, de Sainct-Chamaran et de la Viston s'estans joinctz avec ledict sieur de La Force, après avoir conféré avec les susdicts Srs de Thémines et Monségur et aultres qui estoyent dans ladicte ville, de ce qu'ilz auroienct à faire pour molester lesdictz rebelles, fust advizé ensamblement, qu'il estoit expédiant de conduyre dans ladicte ville, l'une des coulouvrines que Monsieur de Turenne avoit laissées à Beynac, ce que ayant esté délibéré, afin de le mectre à exécution, fust assemblé dans le conté de Monfort, terres et baronnies de Beynac, Salaignac[54], Sainct-Sibra, Castelnau et les Milandes, des bœufs et charrettes, pour conduyre ladicte piesse et pourter les balles et munitions. Pour faire laquelle levée, ledict Sr de Rignac, gouverneur de Monfort, les cappitaines Lescure et le capitaine Beulaygue furent envoyés, et pour faire les menues fournitures leur fust deslivré, par l'adviz desdicts Srs, en tout, six vingtz douze escus qui furent empromptés de Jehan Sarlat et Fautet, habitans de ladicte ville, et par ce, cy CXXXII escus [55].

Estant l'une des roues de ladicte coulouvrine rompue, a esté payé pour la faire remonter à Pierre Madras, maistre mareschal à Beynac, quatre escus ung tiers, et par ce, cy IIII escus Itrs.

Plus pour deux cables et aultres cordages pour ladicte piesse, a esté payé dix escus, quinze sols, et par ce, cy X escus XV soubs.

Pour faire amener les bateaulx dudict Monfort au port de Galiardon dudict Domme, iceulx racommodés et asseurés afin de passer ladicte coulouvrine sur la rivière de Dordoigne, a esté payé vingt cinq escuz, comme appert par acquitz et certificatz, et par ce, cy XXV escus.

Et parceque ladicte ville se trouva pareillement despourveue de pales, pioches, pau, fers et aultres outils nécessaires pour faire rampars et tranchées, fut recouvert des villes de Bergerac et Monflanquin, deux cens pales, cent pioches et cent paulx, et d'iceux payé, sçavoir : à sire Jehan Planteau, marchand dudict Bergerac, pour six vingt pales et cent paulx, à raison de quinze sols pour chascune pale et trente sols pour chascun pau fer, quatre vingtz escuz, et par ce, cy IIIIxx escus.

Plus à sire Pierre Contenson, marchand audict Monflanquin, pour quatre vingt pales et cent pioches, à raison de quinze sols pour chascune palle et vingt sols pour chascune pioche, a esté payé cinquante trois escuz ung tiers, laquelle somme ensemble celle qui a esté payée audict Planteau, marchand de Bergerac, fust emprompté à sire Jehan Laliase, comme apert par l'oblige sur ce faict, et par ce, cy LIII escus Itrs.

Les quinze jours dudict payement des deux cens soldatz des cappitaines Lavaur, du Fau et Lescure escluz le vingt uniesme septembre, dautant que l'ennemy estoit encores devant, fust advizé de bailler ausdictz soldatz, encores à chascun, ung escu pour huict jours, que furent empromptés de Madame de Caumont, revenant à deux cens escuz, et par ce, cy IIc escus.

Estant pareillement le terme de huict jours des aultres cinq cens dix soldatz desdicts sieurs de Thémines, de Murat, de Rignac, de Montastruc et aultres escheu le XX dudict mois, leur falut aussy, de l'advis desdictz sieurs, baillé argent pour aultres huict jours, qui fust pareillement emprompté de madicte dame de Caumont, revenant à raison d'ung escu pour chascung soldat, à cinq cens dix escuz; et par ce, cy Xc X escutz.

Et parce que le siège prenoit grand longueur et que les vivres qu'estoyent dans ladicte ville commençoient à faillir, mesmes les bledz empromptés desdicts fermiers de Monfort et des Mylandes, à cause que le régiment du Sr de la Viston, composé de six cens hommes, avoit vescu quatre jours dudict magasin, fut advizé d'emprompter deux cens charges de bled des Srs de Paluel et de Fayrac, qui seront, la moytié converty en farine pour mectre dans ladicte ville, et l'autre en bled, ce que fut faict et est encores de présant en nature dans ladicte ville, fors trante charges quy en ont esté prinses pour satisfaire à la nourriture desdictes troupes, et dont du tout en y a estat de despanse dressé, revenant ledict bled à mil escus, M escus.

D’autant aussy que en plusieurs et divers combatz, tant de cheval que de pied, qui ont esté faictz pendant et durant ledict siège, furent blessés plusieurs gentilshommes, cappitaines et soldatz et d'aultres qui furent malades, afin de leur assister, furent appelles Mrs Cassina et Pinchoy, médecins, qui ont demeuré l'espace de cinq sepmaines dans ladicte ville, et ont heu pour leur salaire, comme apert par quictance, cent soixante escus, CLX escus.

Furent aussy appelés à cest effect Mes Jehan de Pratz, Estienne Mages, Jehan Virol et Anthoine Lacombe, chirurgiens expérimentés, pour panser et médicamenter lesdictz malades et blessés, ayant à panser ordinairement cent ou six vingtz blessés ; et ont heu pour leurs salaires, pour ung moys et à raison de cent escuz chascun, quatre cens escus, et par ce, cy IIIIc escus.

A esté payé à Mes Jean Richard et David Poumiers, appoticaires, qui ont fourny les drogues et médicamentz desdictz blessés et malades, comme apert par leurs parties closes et arrestés desdicts médecins et chirurgiens, deux cens quatre vingt six escuz, laquelle somme, ensemble le payement des médecins et chirurgiens a esté empromptée de Madame de Caumont, IIc IIIIxx VI escus.

Despuis ledict jour XXIIIe aoust que ledict chasteau fut surprins[56], jusques au pénultiesme septambre suyvant que le siège s'est levé de devant ladicte ville, a esté prins de sire Bernard de Guilhem, marchand pouldrier, trente six quintaulx six livres de pouldre à raison de vingt ung escu le quintal, revenant à sept cens cinquante sept escuz, comme apert par l’estat de ladicte despanse, et laquelle somme est encores deue audict de Guilhem, et d'icelle en est obligé ledict sieur de Monségur.

A esté achapté pendant et durant ledict siège, de mèche d'arquebuze pour bailher auldictz soldatz, six vingtz quatre escus ung tiers. A esté pareillement achapté dix quintaulx de plomb à raison de trois escuz ung tiers le quintal, revenant à la somme de trente quatre escuz ung tiers.

A esté achapté aussy, pendant ledict siège, de Madamoyselle du Chastelain, soixante douze charretées de boys pour fournyr à douze corps de gardes qu'il (y) avoit dans ladicte ville, à raison d'ung escu pour chascune charretée LXXII escus.

Plus a esté achapté pendant et durant ledict siège, six quintaulx quarante six livres de chandelle à raison de dix escuz le quintal, revenant à soixante quatre escuz trente sols.

Ny ayant plus de moyen tenyr ladicte tour Brune dudict chasteau, où les ennemys avoyent faict batterie l'espace de cinq sepmaines et tiré contre icelle 400 coup (sic) de canon; forcés de la quicter après l'avoir, par artifice, faict bondir sur lesdicts ennemys et enterré soubz icelle bon nombre d'iceulx[57], estantz contraintz d'abandonner ledict chasteau et se retirer dans ladicte ville, afin de ramparer et fortifier la muraille d'icelle devers ledict chasteau où les ennemys faisoyent samblant de vouloir dresser une batterie, fust faict venyr en diligence ung maistre ingénieur et XXV maçons qui furent admenés de la vicomté de Turenne ; lesquelz avec l'extrême diligence des Srs cappitaines et aultres gens de guerre et des pouvres habitans qui restent gens de bien dans ladicte ville, auroyent, en peu de temps, dressé ung grand rampart et ung retranchement, et demeuré seulement douze jours, et a esté bailhé, tant audict maistre ingénieur que ausdictz maçons, tant pour leur despans que salaire soixante douze escus.

Plus à ung maistre ingénieur que ledict sieur de Thémines feist venyr de Figeac, pour faire des artifices et grenades à feu pour tirer de ladicte tour Brune, dans les barricades des ennemys et corps de logis dudict chasleau où ilz s'estoient logés, par lesquelz artifices on fist brusler une petite écurie dans l'enclos d'icelluy, ou fust thué quelques ungs des ennemys ; luy fust baillé, tant pour sa despanse d'ung moys qu'il y demeura que salaire, ou pour les matières qu'il falust pour faire lesdicts artifices, achaptées des susdictz appothicaires; en tout a esté baillé la somme de deux cens escuz.

Voy lesdictz ennemys le peu d'apparance qu'ilz avoyent de forcer ladicte ville, se résolurent de lever le siège de devant icelle, et afin de molester dautant plus lesdicts habitans et les faire à la longue condescendre à leurs volontés, ilz auroyent laissé dans icelluy chasteau le Sr de Vertilhac avec son régiment de gens de pied, composé de six cens hommes y entretenus par le pays et villes rebelles circonvoisines, comme Cahors, Gourdon, Périgueux, Sarlat, Belvès, Villefranche et aultres lieux, et y auroyent aussy laissé dedans leur coulouvrine, avec deux moyennes, pour battre ordinairement en ruyne dans ladicte ville ; et afin de leur résister, estans les susdictz Srs de La Force, de Thémines, de Sainct-Chamaran, de Cabreyres, de Murat et aultres bons serviteurs de voslre Maiesté résolus ce se retirer chacun en sa charge, de leur advis ledict Sr de Monségur auroit retenu deux cens hommes de pied, oultre la garnizon ordinaire, ausquelz il auroit faict faire monstre pour ung moys entier, revenant à huict cens escus, qu'a esté emprompté du Sr de Bramarigues.

Gustave CHARRIER,

Conservateur des archives municipales de la ville de Bergerac.

(A suivre.)

pp. 471-497.

DOMME.

(Suite et fin).

 

30 septembre 1590.

Estat des frays et despanses qui ont esté faictz despuys le dernier jour de septembre mil cinq cens nonante, que les rebelles ont prins le chasteau de Domme et levé le siège de devant la ville, jusques au premier jour du moys de may mil cinq cens nonante ung, ausquelz Monsieur de Vivans supplye très-humblement Monseigneur de Matignon, mareschal de France, lieutenant-général pour le roy en Guienne, et Messieurs les Prézidans et Trézoriers généraux de France au bureau des finances, estably à Bourdeaulx, en donner advis à sa Majesté, pour après en estre ordonné le remboursement, suivant la commission et lettres patantes de sa Majesté, à cest effaict expédiées, adressantes à mondict sieur.

Après ledit siège levé et que lesdits ennemys auroient ammené leur canon à Salviac[58], estant seulement d'une lieu de ladicte ville, où ilz auroient séjourné environ deux moys, faisans contenance de c'estre là retirés pour se refreschir et après s'en retourner avec ladite armée, et aultres choses qu'ilz fesoient bruict que venoint avec le marquis de Vilars, de l'advis de Messieurs de La Force, de la Rochefoucaut, de Thémines, de Sainct-Chamaran et aultres, fust despèché le cappitaine Rouan devers le roy, pour advertyr sa Majesté de ce qui c'estoict passé pandant ledit siège et des dessains desdits ennemys, auquel fust bailhé pour son vouyaige, deux cens escus, et pour ce IIc escus.

Fust achapté troys cens balles de la coulevrine qu'est dans la ville, desquelles a esté payé à raison d'ung escu pour balle, trois cens escus, et pour ce IIIIc escus.

Et parce que du cousté du chasteau la murailhe de la ville estoict foyble, afin de la fortiffier et fère des rampars et retranchemens, fust faict levée de terres de Monfort, deux cens maneuvres pour travailher ausdites fortiffications, quy y ont travailhé l'espasse de deulx moys avec le peu d'habitans qui restent dans ladite ville, lesquelz maneuvres ont esté nourris aulx despans du maguesin des bledz qu'avoint esté empromptés de Messieurs de Paluel et de Feyrac, comme appert par les roolles de distribution.

Et parce que le terme du payement des souldartz du sieur de Rignac estoict escheu le tiers de novembre et qu'il estoict expédiant de continuer ladite garde, occasion que lesdits ennemys estoint encores audit Salviac, faisant samblant de vouloir retourner assiéger la ville et que la guernizon ordynaire n'estoict assés forte pour leur rézister, fust advizé avee les cappitaines, consulz et juratz, que les compagnies desdicts sieurs de Rignac y seront encores pour ung moys, commansant du tiers jour de nouvembre, ausquelz fust bailhé huict cens escus .

Le roy estant adverty des dessains des ennemys  auroict envoyé le sieur de Brammerignes, guydon de la compagnie dudit sieur de Vivant avec quinze sallades, locquel aussy par le commandement de Monsieur d'Aubeterre, séneschal et gouverneur du pays[59], seroict venu dans ladite ville avec ledit nombre de quinze salades, où il seroict entré le premier jour de novembre, et a receu pour son entretenement et desdites quinze salades, sçavoir : pour luy trante trois escus ung tiers pour moys, et trèze escus ung tiers pour chascun de ses gendarmes, comme appert par leurs acquitz, le tout suivant l'advis de conceilh, revenant à IIc XXXIII escus ung tiers.

Ayans lesdits ennemys retiré leur canon à Gen (Agen) et renouvelé la guernizon du chasteau, et au lieu de Verteilhac y seroict entré le sieur de La Burgade avec son régiment de gens de pied, n'estant la guernizon ordinayre suffizante pour résister ausdicts ennemys, fust advizé de retenir lesdits sieurs de Rignac le jeune, avec sa compagnie et congédier l'esné, auquel fust baillé pour le moys de décembre, quatre cens escus.

A esté achapté dix quintaulx de pouldre à vingt ung escus le quintal, monte deux cens dix escus.

Audit sieur de Bramarignes et à ses gens d'armes pour le moys de décembre, IIc XXXIII escus I tiers.

Audict sieur de Rignac pour sadite compagnie pour le mois de janvier, IIIIc escus.

Audit sieur de Bramerignes pour ledit moys dejanvier, IIc XXXIII escus, I tiers.

Audict sieur de Bignac et à sa compagnie pour le moys de febvrier, pareille somme que dessus, IIc XXXIII escus, I tiers.

Audict sieur de Brammerigne et à ses gendarmes pour ledit moys de febvrier, pareille somme que dessus de IIc XXXIII escus, I tiers.

Audit sieur de Bignac et à sa compagnie pour le moys de mars, pareille somme de IIIIc escus.

Audit sieur de Brammerigne pour ledit moys de mars, pour luy et ses gendarmes, pareille somme de IIc XXXIII escus, I tiers.

Audit sieur de Rignac pour sa compagnie, pour le moys d'apvril IIIIc escus.

Audit sieur de Brammerigne pour ledit moys, IIc XXXIII escus, I tiers.

A esté achapté de mèche XXV escus.

A esté achapté de plomb XX escus.

Despuys le dernier de septembre que ledit sieige fust levé, ont esté blessés en plusieurs et divers combatz, plusieurs gentilzhommes, cappitaines et souldatz, lesquels on esté pansés et médicamanter aulx despans dudit sieur de Vivans ou du sieur du Bosc son fils[60], et a esté bailhé à Me Françoys Le Fémère, Me Jehan Uzol, Estienne Mages et Anthoine Lacombe, en diverses foys, la somme de deux cens escus.

A esté achepté de boys XLVIII escus.

Item, en plusieurs et divers vouyaiges envoyés devers mondit seigneur le mareschal et Mr d'Aubeterre, pour les advertyr de l'estat de la plasse, a esté despandu cent trente escus[61].

De Vivans, voulant avec raison être remboursé des avances par lui faites pour le service du roi de Navarre, lui adressa la requête qu'on va lire :

Au Roy.

Sire,

Le Sr de Vivans vous remonstre, très-hublement, que pour venir rendre à vostre Majesté le service qu'il luy doit et qu'elle y avoit désiré, ayant assemblé, avec beaucoup de despence, le meilleur et plus grand nombre d'hommes qu'il auroit peu, il auroit pourveu par mesme moyen à la seureté et conservation de la ville et chasteau de Domes qu'il commande soubz vostre aulthorité, autant que les moyens qu'il en avoit et toute autre prévoyance humaine le pouvoit permetre, remèdes toutesfois qui n'auroient peu suffire pour empescher que les effortz de vos ennemys, qui à cest effect auroient mis ensemble toute la noblesse et autres forces de ces quartiers là de leur party n'eussent enlevé ledict chasteau de Domes, quelque résistance quy ayent rendue ceulx que ledict sieur de Vivans y avoit laissés, mesmes le baron de Monségur, son gendre, que y commande en son absance ; pour laquelle résistance auroient esté employé de ses deniers plusieurs notables sommes, tant en achaptz de vivres et munitions de guerre, que en habits et entretenement de bon nombre de gens de guerre et despance faicte à la levée d'iceulx que y sont encores nécessaires pour empescher les ordinaires effortz que font dudict chasteau sur la ville vos dictz ennemys, à quoy se sont conservez tous les moyens et creditz dudict sieur de Vivans, qui le réduiroient à extrême pauvreté s'il ne luy est par vous pourvue. Par quoy il supplie humblement vostre Majesté, Sire, qu'il vous plaise mander au sieur mareschal de Matignon de vériffier et arrester lesdictes sommes ainsi par luy fournyes, et d'icelles, selon ladicte vériffication, ordonner qu'il sera assigné et ramboursé sur les deniers de deymes et tailles d'Agenois et Périgord de l'année prochaine IIIIxx XI (1591), et ce par préférence à toutes autres despences et payementz, affin de prévenir les inconvéniens qui pourroient naistre de la nécessité où il se réduict et de la longueur et tardité des assignations de payement de la garnison que vous y avez ordonné, luy en faisant dépêcher toutes expéditions nécessaires.

Au bas de cette requête est écrit :

Le roy renvoyé la présente requeste à Monsieur le mareschal de Matignon pour, en sa présence, procéder à la vériffication des fraiz faits et nécessaires à faire par ledict sieur de Vivans pour la conservation des ville et chasteau de Dômes soubz l'obéissance de sa Majesté, par les présidans et trésoriers généraulx de France à Bordeaux, et sur ce donner advis à sa Majesté, afin de pourvoir d'assignation, audit sieur de Vivans, des sommes qui luy seront deues à ceste occasion, sur les deniers des deymes de l'année prochaine MVc IIIIxx XI, des séneschaussées d'Agenois et Périgort, que sadite Majesté de sa présente... et affecte audict remboursement, sans qu'il en puisse estre employé ailleurs, pour quelque occasion que ce soye. Ordonne sa dicte Majesté à iceulx présidans et trésoriers généraulx de France d'y tenir la main et faire deffance aux receveurs généraulx et particuliers desdictes deymes, de invertir les deniers de leurs charges d'icelle année, à payne de payer doublement.

Faict au Conseil du roy tenu à Senlys, le XXIIIe jour de décembre 1590.

COMBAUD[62].

Par les pièces qui suivront, nous verrons combien il était difficile de faire rembourser les avances faites par de vaillants officiers pour le service du roi.

Voici maintenant deux lettres écrites à de Vivans par le chancelier de Cheverny[63] :

Monsieur,

J'ay receu une lettre qui s'adresse à vous et je n'ai voullu faillir vous escrire par ceste dépesche, et aussi vous mander que le page et le soldat que vous laissâtes ches moy sont guéris et attandent là vostre retour[64]. L'on me mande aussi qu'il est passé ung laquais de Monsr de Terride qui dit avoir trouvé vostre fils par les chemins, qui se porte très bien, et qu'il s'en va dautant plus contant, qu'il a entendu que le chasteau et ville de Dommes sont tous réduitz en l'obéissance du roy. Nos Beausserons ont triomphé comme je mande au roy et ont desfait celluy qui commande à Chartres et touttes ses troupes, luy pris prisonnier avec plusieurs autres. Je me recommande bien humblement à vostre bonne grâce, priant Dieu,

Monsieur, vous donner en très bonne santé, heureuse et longue vye.

De Mante ce XVIIe décembre 1590.

Vostre humble et affectionné à vous faire service.

Cheverny.

Voici la seconde lettre du même personnage

Monsieur,

J'ay receu la lettre qu'il vous a pleu prendre la peyne de m'escrire, et entendu ce que le roy c'est enquis de vous, du voiage que nous avions faict ensemble ; je m'asseure tant de vostre bonne volonté, qu'à toutes occasions qui se présenteront de me faire bon office, vous y apporterez tousiours toute affection et volonté, comme aussi je vous supplie de croire qu'en tout ce que j'auray moiens de vous servir, je ne voudrois jamais en laisser passer une seulle occasion. Je croy que le roy vous retiendra le plus qu'il pourra auprès de luy, comme vostre présence y est fort requise pour son service, et de ma part, je suis contrainct de demeurer icy, attendant le retour de Monsieur d'O[65], il cause des affaires qui s'y présentent. Quant à vostre page et soldat qui sont demeurés chez moy, je désire qu'ils en usent de mesme façon qu'ils feroient chez vous, mesme comme je désire que facent tous ceux qui y viendront de vostre part, et parlicullièrement de vous servir en tout ce que j'en auroy de moien, me recommandant bien fort à vous, je priray Dieu,

Monsieur, vous donner en très bonne santé, très longue et heureuze vie.

De Mante le premier jour de l'an 1591.

Vostre humble et bien affectionné à vous faire service.

Cheverny[66].

Désireux de rembourser à Geoffroy de Vivans les sommes par lui dépensées pour le siège et conservation de la ville de Domme, Henri IV rend l'ordonnance suivante :

Le roy ayant esté adverty que le sieur de Vivans, gouverneur de sa ville et chasteau de Domme, a esté contrainct de faire plusieurs despences à occasion du siège mis devant ladite ville par ses subiectz rebelles qui ont surprins le chasteau d'icelle, pour conserver ladite ville en son obéissance et voullant pourveoir à son remboursement, sa Majesté a ordonné et ordonne aux président, trésoriers généraulx de France establis à Bourdeaulx, de vériffier toutes et chacunes lesdites despences, et, ladite vérification faicte, faire payer ce qu'ils trouveront estre bien et loyaulment deu sur les deniers des deymes de ladite Générallité de la présente année, quelle a expécialement affectées audit payement, en vertu de la présente ordonnance, seulement voullant sadite Majesté, que les recepveurs qui feront ledit payement, en soient et demeurent quittes et deschargés par tout où il appartiendra, en rapportant coppie de la présente ordonnance, ladite vériffication et les quittances des partyes prenantes. Faict au camp de Senlys le XXVIIIe jour de janvier 1591.

Henry[67].

Voici maintenant une lettre adressée à de Vivans par François de Bourbon :

Monsieur de Viventz,

Je ferois tort à vostre antienne affection et fidélité au service du roy monseigneur, sy en l'occasion de ceste lettre je usois envers vous d'autre recommandation que de celle dont avez tousiours rendu de sy bons tesmoignages par le passé, ce sera pour vous donner advis de la résolution en laquelle je suis d'aller assiéger Chauvigny[68] et m'aprocher du pais de Lymosin le plus que je pourray, ce que j'ay faict entendre à mon cousin Monsieur le comte de Vantadour[69], gouverneur dudict pais, affin qu'il advertissc toute la noblesse de ces cartiers là de se tenir preste, et fasse assembler le plus d'infanterye qu'il sera possible. Je me joindray à vous aussy quant vous jugerez estre à propos, et y serviray sa dicte Majesté et ladicte patrie autant qu'on scauroit désirer: vous ferez donc s'il vous plaist scavoir de vos nouvelles à mondict cousin et me tiendrez, monsieur de Viventz, pour celluy que j'ay tousiours esté et seray à jamais, Vostre plus affectionné et parfaict amy.

François de Bourbon.

Au camp de Sainct-Loup ce VIe avril 1591[70].

Après la prise du château de Domme (31 juillet 1591), faite par le maréchal de Matignon, aidé en cela par MM. de Vivans, d'Aubeterre et de La Force, de Vivans dont l'ardeur batailleuse ne pouvait s'accoutumer au repos, écrivit au roi la belle supplique qu'on va lire, pour lui demander l'autorisation de se démettre de son gouvernement de Domme et de voler auprès de lui. Dans cette lettre son caractère aventureux, sa bravoure légendaire et son grand amour pour son roi éclatent pour ainsi dire à chaque ligne :

Mémoires et instructions pour estre reppresentées au roi pour Monsieur de Vivans, à l'effect desquelles il supplie, bien humblement, Monsieur de Belsunce[71] luy fere l'office qu'il s'attend de luy.

Plaira donc audict sieur de Belsunce donner adresse et commoditté à ce porteur, de bailler au roy les lettres que ledict sieur de Vivans luy escript, ensemble à Monseigneur le chancellier et à M. Forget, et faire entendre à sa Majesté comme despuis son despart de devant Chartres, il a esté en continuelle poursuitte envers Monsieur le mareschal de Matignon, pour le faire acheminer de dessa pour la reprinse du chasteau de Doume, de quoy après infinies traverses, oppositions, longueurs, remises et despences, il seroit venu à bout et mis fin à ce négoce, estant à présent ledict chasteau en son pouvoir, soubz l'hobéissance de sadicte Majesté.

Que le sieur de Vivans se voyant à présent deschargé d'un si pesant fardeau, se prévoyant pour l'advenir de dessa inutile, du moings sans occupation digne de luy, et comme se est de toujours son humeur d'estre ennemy d'oisivetté, et d'accourir aux plus grandes et sinhallées occasions, considérant que son séjour de dessa ne luy pouroit à présent, rapporter tant de gloire que de se rendre auprès de sadicte Majesté, mesmes à ces nouveaulx subiectz qui se préparent, il a pensé en soy de faire ceste despèche exprès devers elle, à ce qu'il luy plaise avoir agréable que ledict sieur de Vivans l'alle trouver, estant tout prest et disposé, après le retour de ce porteur, de sy acheminer promptement, si sadicte Majesté le luy commande.

Et parce que ledict sieur de Vivans délibère d'estre auprès de sa Majesté tout auttant de temps qu'il luy plaira l'avoir agréable, affin d'oster à soy mesme les moyens et les occasions qui le pourroient rappeller de dessa, il a pensé n'y avoir expédient plus propre à cella, que de se démettre de l'un de ses deux gouvernemens.

Que si sa Majesté a agréable, il se démettra du gouvernement de Doume.

Qu'il ne cognoist à présent sieur dans la province à qui ceste charge doibve estre remise plustost qu'à Monsieur d'Aubeterre pour des raisons toutes patentes et vulgaires ores qu'il en ayt, et dans l'armée et désir de tous serviteurs du roy qui l'accepteroient très volontiers et qui la désirent.

Sur quoy ledict sieur de Belzunce, après avoir représenté de vive voix ce dessus à sa Majesté, faira ce bien audict sieur de Vivans, de luy faire sçavoir son intention et luy envoyer promptement sa response.

Si d'aventure le roy apportoit quelque difficulté à la susdicte démission et qu'il commandast expressément audict sieur de Vivans, et de le venir trouver et de se maintenir en sa charge et commettre en son absance quelcun pour conserver la place.

A cella sera respondu que ce sont deux très évidentes impossibilités, à l'une desquelles il fault se résouldre, ou de demeurer de dessa dans Doume sans avoir aultre occupation que de la garde de la place, ou s'en démettre pour, après, aller servir le roy en son armée. De demeurer dans Doume pendant que les aultres seroient employés à de plus beaux exploictz, se me seroit une cruelle prison, d'ailheurs aussi de s'acheminer de della et coumettre la place à la garde d'aultruilz, les inconvéniens du passé se représentent si souvent à luy, qu'il ne vouldroit allant au della, y avoir employé homme du monde quant se seroit son propre fils.

D'ailheurs aussi l'importance de la place est telle, la garde si grande et les moyens de l'entretènement si petits, veu les réglemens que Monsieur le mareschal a faict, qu'il luy seroit très mal aisé à luy, voir du tout impossible de le pouvoir conserver.

D'aullant qu'ayant sa Majesté ordonné l'entretènement de ladicte garnison sur le bailhage de Doume, sur le Sarladais et le surplus sur le Quercy, pour plus proche de ladicte garnison, au lieu d'y obéir, ledict sieur mareschal, pour complaire et gratifier à Messieurs de La Force, de Thémines, de Beynac et de Bruzolles[72], a ecclipsé plus des deux tiers dudict bailliage, la plus grand part duquel a bailhé audict sieur de La Force, le Sarladais à M. de Beynat, les terres de Berbiguières à M. de Bruzolles et à Monsieur de Thémines tout ce qu'est du Quercy ; tellement que de deux cens soldats qu'il y a entretenus et qui sont nécessaires pour la conservation de la place, il ne reste pas de pays libre pour fournir à l'entretènemeut de vingt hommes.

Que s'il n'y est aultrement pourveu, et que sa Majesté s'en face accroire, sans doubte la place est en voye de perdiction.

Que le sieur de Vivans juge ses forces et ses moyens trop foibles et trop petitz pour suppléir à tant de deffaultz, que pour la conserver jusqu'à présent contre les efforts des ennemys, ou pour remettre le chasteau en l'hobéissance de sa Majesté, il y a apporté non seulement tous ses moyens, mais aussi de ces amys qu'il a beaulcoup incommodes, qu'à cest effect y a employé, sans fraude, plus de dix mil escus, oultre ce qu'il a despendu auparavant, pendant que les ennemys de sa Majesté ont demeuré devant ladicte ville lorsqu'ils prindront le chasteau, où il dépensa encore plus de dix mil escus, et d'où il ne peult recevoir commodité, suyvant ce qu'il a pleu à sa Majesté ordonner, quelle instance qu'il en ay faicte envers ledict sieur mireschal et Messieurs les trésoriers généraulx à Bordeaux; qu'il luy seroit, veu ce qui se passe et les traverses qu'on luy donne, du tout impossible, pour l'advenir, s'il ne volloit du tout succomber soubz le faix.

Que l'élection qu'il a faicte pour mettre en la place de la personne de Monsieur d'Aubeterre, luy semble la plus propre et la plus utille, car oultre ce que justement cella luy est deu, occasion de sa charge de séneschal, encore son aulthorité pourra surmonter et les desfienses et les oppositions que les aultres font au préjudice de ladicte garnison et se pourra par ce moyen, mieulx et plus seurement maintenir en son debvoir, sans que ceste démission puisse justement apporter ne envye, ne émulation, ny division ou mescontentement aux aultres.

Du tout, ledict sieur de Belzunce donnera prompt advis, s'il luy plaict, audict sieur de Vivans[73].

Quoique cette pièce ne soit pas datée, on peut sûrement supposer qu'elle a été écrite avant le mois d'août 1591. En effet, le 26 août 1591, le roi ayant accepté sa proposition, de Vivans passa avec M. d'Aubeterre le traité qui suit :

Articles convenus entre M. d'Aubeterre et M. de Vivans, pour le gouvernement de la ville de Domine.

M. de Vivans désire, suyvant ce qu'il a faict entendre à Monsieur d'Aubeterre, tant par sa bouche que pour Monsieur de Lestang, en deux divers voyages qu'il est venu devers luy, de la part dudict sieur d'Aubeterre, que les articles accordés entre eulx, en date du sieisme aoust, soyent inviolablement observes sans y estre en rien altéré au contenu d'iceulx.

Et sur les nouvelles conventions entre lesditz sieurs proposées, à leur entrevue de Saint-Martial[74], pour l'effet d'icelles, Monsieur de Vivans déclare que soubz le bon plaisir du roy et sa Majesté l'ayant agréable, il remettra la ville de Domme entre les mains de Monsieur d'Aubeterre, moyennant le ramboursement entre eulx arresté de dix mil escus, que ledit sieur d'Aubeterre luy fera délivrer dans sa maison de Doyssac, dans le huietiesme jour d'octobre prochain, ou plustost si ladite somme luy est baillée et délivrée.

Comme de mesme, promet ledit sieur de Vivans audit sieur d'Aubeterre, de luy faire rendre le chasteau à Monsieur de Fayrac, moyennant qu'il luy donne la récompense qu'il luy a promise, soit dans ledit jour huitiesme octobre, ou plustost si la commodité dudit sieur le permet.

Que la pension pour six mois du ministre, sera payée par ledit sieur d'Aubeterre, dans huict jours, acconter d'aujourd'huy[75].

Comme aussy sera remboursé ledit sieur de Vivans dans ledit temps de huict jours, des fournitures et advences qu'il a faites depuis leur premier pourparler, tant en la ville, citadelle que chasteau, ensemble du payement qu'il a fait aux capitaines et souldatz de la garnison, acconter dudit jour 6 aoust, jusques au sixiesme septembre, qu'est un mois entier.

Que le recepveur que Monsieur d'Aubeterre commeterra à faire la recepte dans la ditte ville des deniers du roy, fera l'advance et entier payement aux capitaines et souldars de la garnison d'un mois entier, acconter dudit jour sixiesme septembre, jusques au huitiesme octobre qu'espire le temps que ledit sieur d'Aubeterre promettra payer les dix mil escus.

Et où ledit recepveur n'auroit des sommes pour faire ledit payement, ledit sieur de Vivans accourde suivant ce que verballement il a promis audit sieur d'Aubeterre, dans faire prest audit recepveur, duquel mondit sieur d'Aubeterre s'obligera au remboursement.

Monsieur d'Aubeterre promettra aussy s'il luy plaist, suivant les premiers articles, que les tailles des terres de Castelnau et Doyssac[76] seront destinées pour l'entretènement de la garde dudit Doyssac ou autrement, comme il plaira audit sieur de Vivans, de quoy ledit sieur d'Aubeterre le fera jouir tant que la guerre durera, et à cest effect, baillera respondans dans Bergerac.

Et où dans le lemps susdit du huitiesme jour d'octobre, mondit sieur d'Aubeterre n'auroit entièrement satisfaict aux conventions premières et présentes, ledit sieur de Vivans demeurera quitte et déchargé de ses promesses, sans que pour raison d'icelles, il en puisse, pour l'advenir estre recherché, le tout comme dit est, soubz le bon plaisir et intention du roy, ayant ledit sieur de Vivans envoyé, à cest effect, devers sa Maiesté, pour le luy faire entendre.

A l'effait de ce dessus, demeure ledit sieur de Vivans, ferme et du tout résolu, sans espoir d'autre modification, à quoy il plairra à Monsieur d'Aubeterre de se résouldre.

Fait le 26 aoust 1591.

Aubeterre pour avoyr accordé ce que dessus[77].

Les lettres écrites par M. d'Aubeterre à Geoffroy de Vivans, durant les négociations nécessitées par le traité qu'on vient de lire, ont été conservées ; nous allons les donner telles que nous les avons copiées sur les originaux[78].

1re Lettre.

Monsieur,

Le mareschal vous prie de vous haster de venir vers luy, il est besoing qu'il parle aussy pour le service du roy: l'alarme est au camp ; nous avons advis que le comte de Soyssons[79] est arrivé (à) Angoulême. J'ai dressé et signé les articles que nous arestames arssoyr, suivant vostre intention ; si j'ay obmis quelque chose, nous l'acomoderont, mais à mon advis que tout y est ; vous m'en envoyerés, s'il vous plaict une copie signée de vous, et signerés ceste ci que vous garderés.

Je suis votre fidelle et inviolable serviteur.

Aubeterre.

Aux Jonies (?) se 23 aoust.

2e Lettre.

Seur les articles si devant proposés entre les sieur d'Aubeterre et de Vivant pour la remise de la ville de Domme entre les mains dudict sieur d'Aubeterre, le sieur d'Aubeterre conssant que tous lesdicts articles sortent à leur effect, sans neulle exseption, sauf que pour les cinc mille escus qu'il ne peut fournir, à cause de la briefveté du terme, mais il an donnera trois mil cinc sans dans quatre jours à conter de la responce dudict sieur de Vivant, lesquels il dellivrera antre les mains d'un homme que ledict sieur de Vivant auvoyera à Aubeterre, et ledit sieur d'Aubeterre se charge de rendre ledit homme, an toute seurté, avec ladite somme, dans Doume, dans Doyssac ou dans Belvès, dans autre quatre jours après, et pour le restant des quinze sans escus et des cinc mille que ledit sieur d'Aubeterre doit donner dans le segond pacte, porté par lesdicts articles, qui font sis mil cinc sans escus, ledit sieur d'Aubeterre baillera suffisantes cautions, savoir : le sieur de Beauffort qui a vaillant sant mille escus et autres cautions dans Bourdeaux, dans Mucidan ou dans Aubeterre, et le sieur de Longua de Barrière pour sertifficateur, lesquels s'obligeront de payer ladite somme de sis mil cinc sans escus dans un mois, à paynes de touts despans, doumages et intérêts, et s'obligeront à cause de prest.

Si ledit sieur de Vivant veut prandre les quinse sans escus restants de la somme dudit premier pacte seur le passage de Caumont, Monsieur le mareschal lui an fera dellivrer toutes assignations requises et Monsieur de Prugnes s'obligera, en son propre nom, de les fayre valloir bonnes.

Monsieur, je vous envoyé se que dessus pour responce à se que Monsieur de Lestan m'a dit de vostre part ; je désire infinemant de vous satisfayre et contenter de tout se que je pourray, aymant la conservation, tant de vostre amitié que Doume, ni les dix mille escus dont est question ; si vous et moy estions à Aubeterre, nous serions d'acort dans deux heures, à nostre contentement ; je suis sertain que vous ne me demandés, après i avoir bien pancé, que conditions possibles et raysonnables, et je vous les acorderay voullontiers, si vous prenés la payne de venir jusques ici ; de vive voix nous résoudrons mieux toutes choses, je vous en suplie, et qui soyés dans trois heures après midi, je vous atandray jusques à seste heure là, ou jusques à quatre, sinon vous me trouvères au Jonies, où va loger demain Monsieur le mareschal. Si vous ne pouviés, d'aventure, venir du tout, anvoyés quelqun avec charge, bien instruict de toutes vos intentions et qui marche plus advant, si nous tombons d'acort comme j'estime que nous ferons.

Je suis inviolablement, Monsieur,

Vostre bien obéyssant amy à vous faire service.

Aubeterre.

Aus Arques (?) se 2... à neuf heures du soyr.

 

3e Lettre.

 

Monsieur,

Il ne tiendra qu'à vous que vous n'ayés touts les contentements de Monsieur le mareschal que vous sauriés désirer, car il an est an très bonne voullonté, mais je suis d'avis que le veniés trouver, estant chose qu'il désire fort, l'on expédiera tous vos affayres, à quoy je vous serviray de se que je pourray. Je vous ranvoye vos articles que j'ay sinnés (signés), et ay gardé devers moy seux qui sont sinnés de vous. Je fais partir dès à présant un homme pour aller à Aubeterre, lequel de demain en huict jours randra l'argent entre les mains de Loyseau[80] à Bergerac, Dieu aydant, où vous me dites que vous vous contantiés qu'il soit ; il vous ressouyendra aussi que vous me promistes qu'avenant qu'il san fallut des dix mille escus, la somme que je vous aurois advancée, vous me donneriés un mois ou deux de terme pour se regard, comme aussi de me rendre ladite advance, avenant que les choses ne s'exécutassent, comme il est tres raysonnable. J'espère que nous nous verrons bientost, sepandant faictes asseuré estat que, sans réservation, je suis à vostre service et demeureray,

Vostre très humble à vous fayre service.

AUBETERRE.

Je feray aller le recepveur à Domme au plustost qu'il se pourra ; je vous suplie envoyer ici l'homme qui va à la court, parce qu'il, est besoing que j'escrive par luy.

4e Lettre.

J'ay se matin faict responce à vostre segonde letre, à présant se porteur m'a randu la première avec selle que vous escrit le consseul de Belvès; vous avés usé fort à propos de luy avoyr escrit et estimé que vostre letre aura eu telle efficace que seste place se conservera[81]         ; je vous ay mandé bien au lonc toutes nouvelles, qui me gardera de vous faire lonc discours, seullement je vous suplieray de vous asseurer qu'il n'a tenu à moy que n'ayés eu la somme que j'avois promis d'avancer, laquelle feut partie à Bergerac, mais vostre homme M. Loyseau ne si trouver, et despuis j'atandois de m'acheminer, de jour à autre, et feusse de delà il i a longtemps, sans Monsieur le mareschal; enfin quoy que j'aye peu fayre, je n'ay peu trouver jusques asteure la somme entière qui a esté aceptée antre nous, car tout estant infiniment rare par deçà ; pour une moytié et davantage je la puis fayre, et le reste de telles asseurances que vous sauriés raysonnablement demander. Je me feusse peu estandre plus avant, mais il m'a fallu, de nécessité, fournir trois mille escus que j'avois promis à des capitaynes, pour faire des chevaus légiers et des jans de pied, et me remetre an esquipage de chevaus, presque tous les miens m'estant morts à se dernier voyage. Vous jugerés s'il vous viendra à propos de recevoyr se que dessus, et quelles conditions vous voudrés fayre pour le restant, et à nostre première veue qui ne peut guère tarder, au plustost m'an résoudre et après que, quoy qu'il en soit, je seray tousjours antièrement à vostre service, mais s'est sans réservation, me remestant du surplus à ma précédante. Je vous bayseray les mains et demeureray, Vostre plus humble à vous faire service.

Aubeterre.

De Mucidan se dernier septembre.

 

5e Lettre.

J'ay dit à Monsieur de Doissac, ainsin qu'il vous a faict antandre ce que je pouvois asseurément vous prometre, si je puis mieux vous le saurés incontinant, et, en se cas ni aura aucun retardement, se je ne vous mande rien, je n'auray peu d'avantage que se qui est desjà dit. J'espère voyr dans peu Monsieur le mareschal et feray retirer vos papiers ; il ne tiendra point à moy que tout ne se parachève, au moins ni aura-il neulle faute de bonne volonté. Je suis bien marri de la prinse de Puy-Laroque[82], il est vray que la perte des ennemis vaut bien leur gain ; Monpesac et tout ce qu'ils ont de forces, tant au Limousin que Périgord sont vers Thiviers[83], et disent que s'est pour aller joindre le marquis (?) ; si vous aprenés qu'il aproche, je Vous suplierai m'en donner advis, et vous asseurér que je ne manqueray jamais de vous estre, Vostre bien humble à vous fayre service.

Aubeterre.

De Mucidan ce 13 octobre.

6e Lettre.

Monsieur,

Je vous envoyé une lettre de Monsieur le mareschal, vous verres la prière qu'il vous faict, à laquelle j'ajouteray la miene bien humble de nous voulloyr assister de tout se que vous pourras ; outre le général il y va de mon particullier. J'auroy un extrême playsir de vous voyr ; faictes tousjours estat sertain de mon affectionné service et que je demeureray jusques à la fin.

Vostre bien humble a vous fayre service.

Aubeterre.

A Eymet se dimanche 21me octobre.

 

7e Lettre.

Monsieur,

J'ay esté fort ayse d'antandre de vos nouvelles, tout nostre faict est en bon ordre et ne désire rien à affectionémant que de nous voyr touts ansemble en besougne. L'homme duquel vous me parlés a remis son voyage au huictiesme du prochain. Dieu veuille qu'il ni manque pas, car se seroit nous achever de rhuyner ; ses remises sont cause que nous temporisons Monsieur de La Force et moy, d'assembler nos jans de cheval, de crainte de les fatiguer, et despuis la levée du siège de Saint-Yries[84], avions eslargi au loing nos jans du pied, pour les fayre plus commodément vivre an atandant le randés-vous ; seur sela, les ennemis se sont mis en campagne et ont prins et brullé les maysons de La Feuillade, Rossignol et La Coste, et sont venus assiéger Saint-Germain où ils sont ancores ; seux de dedans se desfandent fort résoluement ; je me suis soudain randu ici pour les secourir, et n'atant que l'arrivée de mon infanterie que j'estime que sera aujourd'huy, et que dans demain Monsieur de La Force et moy yrons à eux, lequel j'atant à se soir ou le matin. Les ennemis m'ayant seu an se lieu ont retenu leurs pièces à Saint-Hastier[85] où il y a trois jours qu'ils temporisent à les mener dehors, mais sepandant ils sont logés au pied de nostre fort et sapent tant qu'ils peuvent ; je ne viens que d'arriver de les voyr et de raffraichir le courage aus nostres ; eux n'ont jamais sorti du bourg où ils peuvent estre cinc sans arquebusiers et soyssante chevaus, et leur logis bien retranché de longue main. J'envoyeray dès demain vers nostre homme; escusés moy, je ne say que je vous mande, les yeux me tombent d'envie de dormir, ayant esté despuis hier au soir à chenal. Asseurés vous de l'affection que j'ay de vous faire service. Monsieur de La Force et moy avons resoleu de fayre si l'autre ne faict; vous serés adverti du tout, vous baylant le présant avis, resoleu à vous fayre service.

aubeterre.

De Mucidan se jeudi.

 

Comme on le voit par les lettres qui précèdent, c'est M. d'Aubeterre qui, pour la cession de la place de Domme, servit d'intermédiaire entre MM. de Thémines et de Vivans. C'est le 10 janvier 1592, que cette cession fut faite d'une manière définitive.

Durant l'occupation de Domme par les huguenots, M. de Thémines ayant à se plaindre des courses faites sur ses propriétés par quelques soldats de la garnison, écrivit en ces termes à Jacques de Courcillon, seigneur de Dangeau, capitaine protestant :

 

Monsieur Daniau,

Estant arrivé hier céans, je trouve une lettre de Monsieur de Turène ; jé déia satisfait à ce qui m'étoit mandé et vous fut envoyé la décharge. Je ne puis vous en dyre autre chose que je n'aye nouvelles de monsieur le mareschal, et trouvent fort étranges les courses que ceux de Doume ount faites contre les bons serviteurs du roy, m'an resentant à moun particulier, pour m'avoyr esté pris du bétail quy m'apartenoit, et ay juste ocasion de me plaindre de ce qu'on court contre mon gouvernement, et atandant de vous le fère entendre plus particulièrement par quelqu'un des miens, je vous aseurre que je suis,

Vostre affectionné et parfet amy.

Thémines.

Despuis la presante escripte, sont veneus des peisans de Liobart qui se plainient de quelques charges de bled que ceulx de vostre garnison en ont aporté este nuict passé ; je vous prie le leur dire, car le bled est à moy[86].

Six jours après la cession de la place de Domme, le maréchal de Matignon écrivait en ces termes à M. de Thémines :

Monsieur,

J'ay re jeu vostre lettre du xe de ce mois, estant bien aise que soiez demeuré d'accord avec Monsieur de Vivans pour le faict de Domme et m'asseure que le roy l'aura agréable, ne pouvant tomber en main de personne que y serve avec plus de fidellité et affection sa Majesté que vous ferez, comme je lui ay desia faict entendre sur la précédente dépesche que m'en aviez faict. Je vous envoyé le consentement que je vous y puis donner, et vous prie croire que je favoriseray cest affaire en tout ce qu'il me sera possible, tant pour vostre respect que de celluy dudict sieur de Vivans, et me trouverez, tous deux, toussiours disposé pour vous servir en toutes occasions. Je receus samedy, nuict dernière, ung advertissement certain que le marquis de Villars dessendoit à Marmande pour exécuter une entreprinse, le dimanche nuict en suivant, sur la ville de Sainct-Macaire[87], par l'intelligence du sieur de Carbonière, gouverneur du chasteau. Je y fis soudain acheminer La Roche et le sieur de Gignan, qui se présentèrent le dimanche soir à la porte de la ville, où ledict gouverneur luy reffusa l'entrée et mesmes le logis dans le faulbourg, et se retira à demye lieue; et je me rendis le mesme jour à une lieue près, avec M. de Favas[88] et les lansquenetz. Les habitans ayant descouvert le desseing dudict gouverneur qui s'estoyt emparé d'une maison près la porte de leur ville, s'assemblèrent et le contraignirent de quicter et se sauver par dessus les thuiles dans ledict chasteau. Ayant adverty soudain ledict La Roche qui s'y rendit incontinent à leur secours et moy le lundy malin, ledict sieur de Carbonières (ou de Carbonieux) a esté tiré dudict chasteau où j'ay laissé de mes gardes et quelques soldatz dans la ville, laquelle est maintenant bien asseurée pour le service du roy. Je m'en suis venu en ce lieu pour veoir Messieurs d'Aubeterre et de La Force, et m'en retourne demain à Villandreaux[89] pour pourvoir à la garde du blocus que je y fais faire, me recommandant bien affectueusement a vos bonnes grâces, je prie Dieu vous donner,

Monsieur, en santé, bonne et longue vye.

De... ce XVIe janvier 1592.

Vostre obéyssant et plus parfait amy,

Matignon.

Je m'opposeray à vostre marché, si, pour le vin d'ycelluy vous ne me prestez vostre tiercellet[90] jusqu'à caresme prenant.

Le montant des frais faits par de Vivans pour le siège ou la défense de Domme s'élevait à la somme de dix-huit mille écus; après vérification faite par ordre du roi par le maréchal de Matignon, cette somme fut réduite à six mille écus, c'est-à-dire, diminuée des deux tiers ; Henri IV, peu reconnaissant, la réduisit encore de deux mille écus, ce qui équivalait à la ruine complète de Geoffroy. Indigné, ce dernier protesta de toutes ses forces contre un tel règlement.

Voici sa protestation :

 

Sire,

Et nos seigneurs de son Conseil.

Le sieur de Vivans, capitaine de cinquante hommes d'armes de voz ordonnances, vous remonstre très-humblement que, dès le XXIIIe jour de décembre 1590, il vous auroict présenté requeste affin d'estre remboursé des fraiz et despences par luy faictz, tant en achaptz de vivres et munitions, que solde et entretenement des gens de guerre requis et nécessaires pour la conservation en vostre obeyssance, de vostre ville et chasteau de Doume en Périgort, lorsqu'elle fut assiégée par vos ennemis et rebelles, laquelle requeste vostre Majesté auroit renvoyé par devers le sieur de Matignon, mareschal de France et vostre lieutenant-général en Guienne, pour, en sa présance, faire procéder à la vériffication desdictz fraiz et despences, par les président et trésoriers généraulxde France à Bourdeaulx, et sur ce donner advis à vostre Magesté ; et combien que lesdictz frais se trouvent monter et revenir à XVIIIm escus ou environ, comme appert par le cayer et déclaration d'iceulx, par le menu remis à ceste fin par le suppliant par devers ledict sieur mareschal de Matignon et lesdictz président et trésoriers de France, ce néanlmoings, au lieu d'y avoir esgard, de luy faire droict sur iceulx, il luy ont retranché les deux tiers de ladicte somme de XVIIIm escus et l'ont réduicte et modérée à la somme de six mil escuz, ainsi qu'apert par l'advis sur ce donné et aultres pièces y attachées, chose que sy avoict lieu se seroit la ruyne totalle du suppliant, et luy oster tous moyens de se pouvoir acquitter envers ceulx ausquels luy et tous les siens demeurent obligés et engaigés. A ceste cause, Sire, et qu'il ne seroit soubz correction raisonnable que ledict suppliant encoureust aulcune ruyne, perte et doumaige pour vostre service,il plaira à vostre Majesté, nonobstant et sans avoir esgard aux advis et attendu que lesdictz fraiz ont esté bien et loyalement par luy faictz, ordonner qu'il sera entièrement payé et ranboursé d'iceulx, ou à tout le moings des deux tiers montant, et revenant à la somme de douze mil escus, et ce sur les plus clairs deniers provenans, en la présant année, des deymes de la Générallité de Bourdeaulx, et il continuera à prier Dieu pour la prospérité et santé de vostre Majesté.

Vivans.

Au dessous de cette supplique est écrit :

M. de Bussy, après avoir veu l'adviz, tant du sieur de Matignon que des trésoriers de France, sa Majesté a acordé audict sieur de Vivans, la somme de IIIIm escus pour tout ce qu'il demande, pour estre payé de ladicte somme sur les deniers de la recopte généralle de Guyenne, en la présant année.

Donné au camp de Rouen le 2 avril 1592[91].

Geoffroy de Vivans entraîné par sa bravoure habituelle, « ennemi de toute oisiveté », alla rejoindre le maréchal de Matignon au siège de Villandraut. C'est là, que le 19 août 1592, en allant reconnaître les travaux faits par l'ennemi, il fut frappé d'un coup de mousquet ; trois jours après, sans avoir, malgré ses souffrances, cessé de prier Dieu, ce héros rendait le dernier soupir.

A la nouvelle de cette mort, le roi Henri IV écrivit comme suit à son fils Jean de Vivans :

Monsieur de Vivans,

J'ay entendu avec beaucoup de desplaisir la mort du feu sieur de Vivans, vostre père, pour la perte que j'y ay faicte d'un très bon et très fidèle serviteur, comme sa fin en a encore rendu très asseurée preuve et confirmation, de ce qu'il avoit de si longtemps faict cognoistre de la valeur et de l'affection qu'il avoit à mon service. Je le plains aussy grandement, pour l'amour de vous, à qui la perte touche plus avant que nul aultre ; mais l'honneur dont il a accompagné toutes ses actions jusques au dernier soupir de sa vie, vous demeure pour consolation, avec l'asseurance que vous pouvés avoir, de retrouver en moy la mesme faveur et bonne volonté que je luy portois pour ses mérites, comme j'espère que vous serés héritier de sa vertu et fidélité, pour en rendre très bons effects en ce qui sera de mon service, suivant l'instruction et exemple qu'il vous on a donné, aussy que durant sa vie vous avés desjà faict cognoistre, par expériences, en plusieurs bonnes occasions, le vouloir en cela imiter : et pour vous donner moyen de faire plus honorablement valoir ceste bonne volonté, je vous ay volontiers accordé la compaignie de gens d'armes de feu vostre père, ensemble la charge et gouvernement de Caumont et des aultres places de la maison dudict Caumont, où il avoit commandement, et à vostre frère[92] la compagnie destinée pour la garde de la ville dudict Caumont, qui estoit sous vostre nom, ayant du tout fait faire et baillé à vostre homme les expéditions nécessaires pour le vous porter, avec ordonnance, ainsy que pour vous faire employer en l'estat de l'extraordinaire de mes guerres, aussy et en la mesme qualité et appointement que vostre dict père estoit. Sur ce, je prie Dieu, Monsieur de Vivans, qu'il vous ayt en sa saincte garde. Escript à Sainct-Denys le XXVIIIe octobre 1592.

Henry.

Une famille n'a-t-elle pas le droit de s'enorgueillir d'une lettre semblable, à l'égal de ses titres de noblesse les plus précieux ?

Jean de Vivans succède donc aux charges de son père, comme lui il est capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances, gouverneur de Caumont, Tournon, Domme et Saint Géré : il reçut le collier de Saint Michel et le titre de conseiller du roi. En haute estime chez les huguenots, Jean de Vivans fut plusieurs fois député: aux assemblées des églises; après le meurtre d'Henri IV, c'est encore lui qui est désigné par l'assemblée des églises tenue à Bergerac, pour aller vers le roi Louis XIII et « pour le condouloir d'un sy désastreux paricide et réitérer à Sa Majesté leur très fidèle service ».

Geoffroy de Vivans mourut sans s'être vu rembourser les sommes avancées par lui en la ville de Domme. Son fils à son tour revendiqua ce remboursement, et, en 1602, il n'avait encore rien pu obtenir des trésoriers de France malgré les ordres formels d'Henri IV.

Le 10 novembre 1595, le roi écrivait, en faveur de Jean de Vivans, la lettre de jussion[93] que nous reproduisons ci-dessous :

Henry, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à nos améz et féaux conseillers les présidens et trésoriers généraux de France, au bureau de nos finances estably à Bordeaux, Salut. Comme par nos lettres patentes du neufiesme de janvier, nous vous ayons mandé faire payer le sieur de Vivans, cappitaine de cinquante hommes d'armes de nos ordonnances et gouverneur de Caumont, sur  les deniers ordinaires et extraordinaires de nostre recepte généralle dudict Bourdeaux, et mesmes sur ceulx de l'imposition qui se lèvent audict Caumont, de la somme de quatre mil escus, de laquelle nous aurions, par nos lettres du second jour d'avril, mil Vc IIIIxx douze, et autres données en conséquence d'icelle, faict assigner le feu sieur de Vivans, son père, sur nostre recepte généralle, pour les vuivres et munitions de guerre fournis et advancés pour la conservation de la ville de Domme en nostre obéissance, lorsque nos ennemis l'avoient assiégée et surprins le chasteau, dont il n'a peu jusques à présant estre payé, quelque poursuitte et dilligence qu'il aye peu faire, tant par devant nous que envers nos receveurs généraulx de ladicte Générallité, ayant esté condamné et contrainct d'en faire le payement à ceulx qui en auroient faict les advancés, comme en estant responsable, oultre beaucoup de fraitz et despences qu'il luy a convenu faire ausdicles poursuites, et vous ayant présenté mesdictes lettres, vous auriez ordonné qu'il seroit payé de ladicte somme sur les deniers extraordinaires entrans en nostre dicte recepte généralle et non sur ladicte imposition de Caumont, que est directement contrevenir à nostre intention portée par nostre lettre patente, au moyen de quoy, il nous a très-humblement requis et supplié luy voulloir sur ce pourveoir. A ces causes et attendu la nature de son debte qui est de soy favorable comme estant pour fraitz advancez pour le bien de nostre service et conservation de la dicte ville de Domme en nostre obéissance, par ledict feu sieur de Vivans son père, depuis tué pour nostre service, et que ladicte imposition de Caumont avoit esté expressément establye pour l'entretenement de la garnison dudit lieu, Voulons, vous mandons et expressément enjoignons par ces présentes, qui vous serviront de première, seconde et toute autre jussion que scauriez attendre de nous en cest endroit, que suivant et conformément à nos dictes lettres du neufiesme janvier dont coppie est cy-attachée soubz le contre scel de nostre Chancellerie, que vous ayez à faire jouir ledict sieur de Vivant, de l'effect et contenu d'icelles, selon leur forme et teneur, et que, suivant icelles, il soit payé de ladicte somme de quatre mil escus sur les deniers provenant de ladicte imposition de Caumont, sans que les deniers de ladicte levée puissent estre divertis ny employez ailleurs, nonobstant quelconques lettres qui pourroient avoir esté obtenues à ce contraires, ausquelles et à la desrogatoire de la desrogatoire d'icelles nous avons, pour ceste fois seulement et sans tirer à conséquence, desrogé et dérogeons par ces présentes, car tel est nostre plaisir.

Donné à Paris le Xe jour de novembre, l'an de grâce mil cinq cens quatre vingtz quinze et de nostre règne le septiesme. Par le roy en son Conseil:

Faget.[94].

 

Le sceau de cette pièce a été enlevé.

A son tour, Jean de Vivans adresse aux présidents et trésoriers généraux de France cette supplique :

A Messieurs les présidens et trézoriers généraulx de France en Guyenne.

Suplie humblement le sieur de Vivans, cappitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances du roy, disant que dès le second avril 1592, sur l'advis par nous donné au roi des fraix et fournitures faictz et exposés par le feu sieur de Vivans, père du suppliant, à la conservation delà ville de Domme, sa Majesté luy auroit accordé la somme de quatre mil escus sol, laquelle il vous auroict mandé faire payer par celluy de Messieurs les receveurs généraulx de ses finances en Guienne qui seroit en charge, à quoy Monsieur le trésorier de l'espargne auroit preste son consentement, et, despuis par ses lettres patantes des neufiesme janvier et dixiesme novembre 1595, sa dicte Majesté auroit ordonné ladicte somme estre payée des deniers tant ordinaires que extraordinaires de sadicte recepte généralle, et, mesmes de ceulx de l'imposition quy se lève à Caumont, sans qu'ils puissent estre divertis ny employés ailleurs, lesquelles lettres auroient par vous esté vérifiées, et néantmoings le suppliant n'a peu estre payé, quelque poursuite qu'il en aye peu fère. Ce considéré et le longtemps qu'il y a de ladicte assignation et que la despence qu'il luy a convenu fère monte presque aultant que le principal, et que sa Majesté a offerte lesdicts deniers de l'imposition de Caumont au payement du suppliant, comme il apert par les pièces cy-attachées, il vous plaise, de vos grâces ordonner que suivant et conformément ausdictes lettres patentes des neufiesme janvier et dixiesme novembre 1595, ledict suppliant sera payé de ladicte somme de IIIIm- des deniers de ladicte imposition, à mesure qu'ilz se lèveront, sans qu'ilz puissent estre divertis ny employés ailleurs, et qu'à ce fère le receveur d'icelle y sera contrainct par toutes voyes deues et raisonnables et comme pour les propres deniers et affaires du roy et ferez bien.

Au bas de cette pièce on trouve l'annotation qui suit :

La présente requeste sera monstrée et signiffiée aux fermiers desdicts revenus pour eulx oyir et, veue leur responce estre ordonné ee qu'il appartiendra.

Faict à Bordeaux, bureau des finances, en Guienne, le XVe oclobre M. Vc IIIIxx XVIII.

Suivent trois signatures illisibles.

Si certains personnages s'enrichirent en servant le Béarnais devenu, en 1589, roi de France, ce ne fut pas Geoffroy de Vivans ; il ne put jamais se faire rembourser ce qu'il avait dépensé pour le service de son roi, et il ne lui resta que la gloire d'avoir toujours servi la même cause, avec un admirable dévouement et une bravoure à toute épreuve : ses descendants ont le droit d'en être fiers.

Gustave CHARRIER.

Conservateur des Archives municipales de la ville de Bergerac.



[1] Ancienne abbaye de l'ordre de Citeaux, dans l'Ile de France (Hurepoix), entre Chevreuse et Rambouillet, avait été fondée en 1128. Son cartulaire a été publié, aux frais du duc de Luynes, par  MM. Merlet et Moutié, 1857-58,

[2] L'acte dit le vendredi après le dimanche ou la messe commence par ces mots : Inrocabit me.

[3] Elles sont citées dans l'Histoire de Domme de M. Lascoux.

[4] Jean de Carbonniéres IIIe du nom, damoiseau du château de ce nom, fils de Jean IIe du nom et de noble Jeanne de Salignac, dame de Pelvésy, épousa eu 1444 noble damoiselle Catherine de Guerre, fille et unique héritière de haut et puissant Bernard de Guerre, chevalier, seigneur de Jayac et d'Archignac en Périgord, et de noble Hélène d'Aubepeyre. Jean IIIe du nom devint par ce mariage seigneur de Jayac et Archignac, fut gouverneur de Dome pour le roi et de Larche pour le duc de Penthièvre ; lequel, par une lettre datée de Ségur le 19 janvier 1447, lui recommanda sa place de Larche, lui reprocha vivement d'avoir mis en liberté, sans l'en avoir prévenu, Archambaud d'Abzac,et lui envoya le prévôt de Perpezac et Me Jean Duchaisne, son procureur de Montignac,.pour aviser à tout ce qu'il conviendra de faire pour la conservation de la dite place. (Note prise dans La Chesnaye.) Cette lettre très étendue est signée Jehan, et adressée à nostre tris cher et grand ami le sir de Geac, capitaine de Dome. Elle est transcrite en entier dans la généalogie de la famille de Carbonniéres que prépare notre confrère M. J. du Rieu de Maynadié.

[5] M. de Pécharnaud, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, appartenant à la famille de la Hamière qui possédait la seigneurie de la Treyne, en l'érigord, et dont le nom s'est transmis de nos jours jusqu'à Mme de Wismes, héritière de la terre de Pécharnaud. Henri IV parle de lui plusieurs fois dans sa correspondance, où il l'appelle Peucharnaud. «  Bien feray-je en sorte, lui écrit-il, le 9 mai 1607, si vous venez icy, que vous receviez contentement en vos affaires et vous feray-je cognoistre que je n'ay perdu la mémoire de vos services. » Pécharnaud s'était entremis avec La Force dans la violente querelle qu'eurent à Agen Montespan et d'Ornano et qui faillit se dénouer dans un duel à issue tragique ; ils réussirent à empêcher la rencontre sur les instantes prières du roi, et à sa grande satisfaction. (Mémoires de G. de Vivans.)

[6] Lascoux (Jean-Baptiste), Documents historiques sur la ville de Domme, Paris, imp. Everat, 1838 ; Vicomte de Gérard du Barry, les Chroniques de Jean Tarde, Paris, Oudin, Picard, 1837 ; de Roumejoux, président de la Société historique et archéologique du Périgord, etc.

[7] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 25e n° 6.

[8] Commune dont le nom est formé de la réunion de deux villages, La Roque et Gageac. M. Gabriel de Tarde, notre érudit et distingué confrère, a écrit la très intéressante histoire de cette petite ville.

[9] Labro, hameau, commune de La Roque-Gageac. Ancien repaire noble eu ruines, sur un tertre qui domine la Dordogne.

[10] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23° n° 2.

[11] Caumont-sur-Garonne, commune du canton du Mas-d'Agenais, arrondissement de Marmande (Lot-et-Garonne).

[12] Monheurt, commune du canton de Damazan, arrondissement de Nérac (Lot-et-Garonne).

[13] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23 n° 3.

[14] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, n° 86.

[15] Pons de Lauzière marquis de Thémines, fils de Jean de Lauzière et d'Anne de Puymisson, gouverneur du Quercy et chevalier des ordres du roi en 1597. Le bâton de maréchal de France lui fut octroyé en 1616 comme prix de sa participation à l'arrestation du prince de Condé. Il mourut en 1627.

[16] Pierre de Vassal, écuyer, seigneur de Rignac, fils aîné de Gilbert de Vassal et de Louise de Peyronenc ; il était gouverneur de Montfort en Sarladais.

[17] Murat était gouverneur de Turenne.

[18] Fut pendu le 6 septembre sur la place de Domme ; de Tarde le nomme François Manir.

[19] Antoine de Gourdon, fils de Flottard de Gourdon et de Marguerite de Cardaillac, vicomte de Gourdon et de Gaiffier, seigneur de Sénevrières, ou Cénevières, baron de Puy-Lagarde, chevalier de l'ordre du roi, conseiller d'Etat et capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances. Il fut marié, sans avoir d'enfants, avec 1° Paule de Coste, 2° Marguerite du Maine, 3° Isabeau de Montbartier. Sa terre de Senevières fut érigée en marquisat en 1612. (Faits d'armes de G. de Vivans).

[20] De Vivans était allé rejoindre M. de Turenne avec ses troupes.

[21] Jeanne de Cladech de Péchaud.

[22] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, n° 16.

[23] Ces neuf pièces figurent aux archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, n° 17.

[24] La charge valait huit pognères ; le tout représentait 320 sacs ordinaires.

[25] Saint-Cyprien, chef-lieu de canton, arrondissement de Sarlat. Ville close de murs.

[26] Beynac-et-Cazenac, commune du canton de Sarlat; bourg des plus pittoresques sur le bord de la Dordogne, dominé par un magnifique et ancien château admirablement conservé. Le seigneur de Beynac était l'un des quatre barons du Périgord

[27] Badefol, commune du canton de Cadouin ; on y voit encore les ruines d'un ancien château.

[28] Les Milandes de Caslelnau, commune de Castelnau, canton de Domme. Le château qui subsiste encore en majeure partie, fut bâti en 1489 par François de Caumont, seigneur de Castelnau et des Milandes, et Claude deCardaillac, sa femme. Sur le bandeau de la fenêtre à gauche delà porte d'entrée, on lit l'inscription suivante, gravée en creux, remplie de plomb: « Lan MCCCCIIIIxx et IX fvren comensades les Milandes de Castelnav. »

L'église collégiale existe encore en son entier, malgré de nombreuses et graves dégradations. Il y a peu d'années encore, les statues tombales du fondateur et de sa femme se voyaient dans la collégiale. Ces précieux monuments, si rares dans notre pays, ont disparu. (Chroniques de Jean Tarde).

[29] Commune près du château de Castelnau. Le château aujourd'hui restauré sert d'habitation à M. de La Tombelle, compositeur de grand talent.

[30] Le maréchal de Biron avait essayé, aidé par M. d'Aubeterre, sénéchal du Périgord, de reprendre Domme à de Vivans, mais celui-ci déjoua leur tentative, et le 10 novembre, Biron désespérant de s'en emparer se retira. (Voir les Chroniques de Tarde.)

[31] Il y a un hameau du nom de Limeuil dans la commune de Domme, mais ce plomb n'en provenait pas; il avait été pris à Limeuil, commune du canton de Sainte-Alvère, au confluent de la Dordogne et de la Vézère.

[32] Lorsque de Vivans se fut emparé du château de Domme, il y mit une garnison commandée par Jean de Blanchier ou Blancher, écuyer, seigneur de Feyrac, Boutz, Rocheflorentes, le Mas-les-Archignac, dont le fils Pierre avait épousé par contrat du 7 mai 1588, Simonne deVivans, fille de Geoffroy.

[33] Bourg, de la commune de Vitrac, canton et arrondt de Sarlat.

[34] Après la retraite du maréchal de Biron, le capitaine Solvigniac (Solminihac) se voyant abandonné, capitule, osorst du château vie et bagues sauves, est conduit avec toute seurté avec les siens à Sarlat. »

[35] Montségur (M. de) François de Fumel, baron de Montségur, chevalier de l'ordre du roi, avait épousé le 27 juillet 1587, noble Suzanne de Vivans, sixième enfant de Geoffroy de Vivans et de Jeanne de Cladech.

[36] Chef lieu d'arrondissement du département du Lot.

[37] Saint-Céré, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Figeac (Lot).

[38] Henri Desprez, baron de Montpezat, fils de Melchior Desprez, seigneur de Montpezat, et de Henriette de Savoie, frère puiné d'Emmanuel-Philibert, marquis de Villars. Leur mère ayant épousé en secondes noces le duc de Mayenne, ils devinront, par le fait, les beaux-fils du roi de la Ligue. Lui-même en fut le chef en Périgord a la mort du vicomte d'Aubeterre. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans.)

[39] Blaise de Monluc, dis de François d'Estillac de Mondenard, né vers 1501, colonel de l'infanterie française en 1558, lieutenant du roi en Guyenne en 1562, maréchal de France en 1574. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[40] Louis, baron de Laurière, puis vicomte de Pompadour et baron de Treignac, chevalier de l'ordre du roi, et lieutenant du roi au Haut et Bas Languedoc, servit sous Charles IX et Henri III. Les Huguenots le nommaient l’Epée dorée de la Cour. Il testa le 16 septembre 1567 et mourut en 1591. Il avait épousé le 1er juillet 1570, Peyronne de La Guiche, fille de Gabriel, seigneur de La Guiche, et d'Anne Soreau. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[41] Clermont de Lodève, Guy 2me du nom, seigneur de Castelnau et de Clermont-Lodève, fils unique de Gui 1er du nom et de Louise de Bretagne-Avaucour, fut sénéchal de Quercy en 1588, d'après le rédacteur des Faits d'armes. Il avait épousé Marguerite Aldonce de Bernui, dame de Seyssac et de Venez, fille de Jean de Bernui, seigneur de Palficat, et de Marguerite de Carmaing de Foix, vicomtesse de Lautrec. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[42] Peut-être fils du capitaine de Massant, dit Camburat, qui trahit l'évêque de Cahors en 1562, livra à Duras Mercuès qu'il commandait, se fit huguenot et enrichit son château de la Grézette des débris du pillage de Mercuès (Chroniques de Tarde).

[43] Jacques Goyon, sire de Matignon, seigneur de Roche-Goyon, comte de Thorigny, prince de Mortagne, sire de l'Esparre (Lesparre), fut élevé auprès du dauphin, depuis Henri II ; il l'accompagna en Lorraine et se signala à la défense de Metz en 1552, à Ilesdin et à Saint-Quentin ; il fut lieutenant-général en Basse Normandio pendant les guerres civiles contre les Huguenots ; le roi Charles IX le créa comte de Thorigny par lettres patentes de 1565; on l'appelait aussi le comte de Matignon ; chevalier de l'Ordre du roi en 1566, capitaine de cinquante hommes d'armes ; lieutenant-général des pays et duché de Normandie en l'absence du duc de Bouillon ; se trouva à la prise des villes de Blois, de Tours et de Poitiers, aux batailles de Jarnac et de Moncontour; maréchal de France le U, juillet 1579, dont il avait le brevet depuis 1575; connu sous le nom de maréchal de Matignon; eut le collier des Ordres du roi le 31 décembre 1579, lieutenant-général de Guienne en 1585, battit le roi de Navarre à Nérac, le 30 avril 1588, conserva la ville de Bordeaux contre les efforts delà Ligue; il remplit la charge de connétable au sacre de Henri IV en 1591, et mourut le 27 juillet 1597 en ?on château de Lesparre, âgé de 71 ans. (Catalogue historique des Généraux français).

[44] Antoine de Toucheboeuf, dis de Jean de Toucheboeuf, 2ème du nom, Sr de Concorès, et de Louise de Salignac, dame de Verteillac et de Saint-Projet ; ou bien Guyon, son frère puiné ?

[45] Marc de Cugnac, chevalier seigneur de Giverzac, fils puiné de Jacques de Cugnac, seigneur de Giverzac, et d'Antoinette de Hautefort. A l'encontre de la tradition paternelle, il embrassa le parti de la Ligue et s'associa aux agissements du duc de Biron, son parent ; fut comme lui, condamné à mort, mais reçut de Henri IV des lettres d'abolition. La date de sa mort n'est pas connue, mais elle est antérieure au 18 mars 1622. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[46] Jean-Guy de Beynac, dit le capitaine Tayac, frère de Jean de Beynac, chevalier, seigneur de La Roque des Péagers, Tayac, Meyrals, chevalier de l'ordre du roi. Impliqué dans la conspiration du duc de Bouillon, il fut condamné à perdre la lète. Deux lettres d'Henri IV à Rosny (un avril 1604) nous le montrent très-repentant de ses accointances factieuses et sollicitant sa grâce, qu'il obtint. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans)

[47] François IV, comte de La Rochefoucauld, prince de Marcillac. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[48] Jean Chapt, seigneur de Rastignac, baron de Luzech en 1604, mort en 1620. Il était capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, conseiller d'Etat, maréchal de camp. (Chroniques de Tarde).

[49] Castelnau-et-Fayrac, commune du canton de Domme, arrondissement de Sarlat. On y voit les magnifiques ruines du château où naquit Geoffroy de Vivans.

[50] François d'Abzac, écuyer, seigneur de Montastruc

[51] Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne).

[52] Chef-lieu de canton (Lot-et-Garonne).

[53] Ancienne mesure, se composait de deux barriques de 225 litres.

[54] Salignac, chef-lieu de canton, arrondissement de Sarlat (Dordogne).

[55] D'après les Chroniques de Tarde, cette coulevrine arriva à Domme le 16 septembre.

[56] Les Chroniques de Tarde disent p. 310, que cette surprise eut lieu le 24.

[57] Voici comment Tarde raconte ce fait. & Le 12 septembre, le sieur de Monluc arriva pour le secours du chasteau, avec cent maistres, douze cens arquebuziers et deux pièces de canons. Ilz assiègent la ville, mettent une barricade au Puy du Caire (lieu-dit entre Saint-Cybranet et Daglan,) pour asservir la porte des Tours, une autre à Roquebral (partie de la falaise de Dome sous le fort du « Gai » et la citadelle de la ville), et une autre à la fontaine (la « Font Giron », sous la porte de la Combe), et montent les deux canons sur la coline de Mondomi, pour batre la tour Brune, et néanmoins font un mantelet grand et fort soubz lequel un bon nombre d'homes alloient saper ceste tour. Les assiégés se voyant canonés et attaqués par la sape, et voyant la tour fort esbranlée, craignant d'est re ensevelis dans ses ruines, se résolvent de la quitter, et aûn que leurs ennemis ne s'en puissent servir contre la ville, ilz la minent par lo dedans, et mettent au plus bas trois ou quatre quintaux de poudre, la font sauter et renverser dans le chasteau et sur le mantelet, avec un bruit horrible. Ce fut le 14 septembre à sept heures du matin, que ceste tour funeste fut renversée au grand préjudice des assiégeans, car tous les hommes qui estoient soubz le mantelet furent estoufés, qu'elle diligence qu'on peut apporter pour les désensevelir ».

[58] Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Gourdon (Lot).

[59] ) François Bouchard, vicomte d'Aubeterre, seigneur de Lussan, baron de-Chadenac, de la Serre, etc., fils ainé de Jean-Paul d'Esparbez, seigneur de Lussan, et de Catherine-Bernarde de Montagu, dame de La Serre. Il fut capitaine de 50 hommes d'armes des ordonnances du roi, sénéchal et gouverneur d'Agenais et Condômois, ainsi que des ville et château de Blaye en 1606, conseiller d'Etat par brevet en 1611, chevalier des ordres du roi en 1612, maréchal de France en 1620. Il commanda l'armée du roi aux sièges de Nérac et de Caumont en 1621 ; il mourut au château d'Aubeterre à la fin de janvier 1628.

[60] Haut et puissant soigneur messire Jehan de Vivans, fils de Geoffroy, écuyer, seigneur de Doyssat, Grives, Castelvieil, Villefranche-de-Périgord, Ségur, Le Dosq, Noilhac, La Salle, Saint-Léon, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de 50 hommes d'armes, gouverneur du château et ville de Tournon d'Agenais, conseiller du roi en ses Conseils d'Etat et privé. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans.)

[61] Les originaux des trois comptes ci-dessus figurent dans les archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, s 4 et 7.

[62] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, n° 18.

[63] Philippe Huraut, chevalier, comte de Cheverny, fut créé garde des sceaux de France par le roi Henri III, en 1573, et chancelier en 1583, après la mort du cardinal de Birague. Il quitta les sceaux en 1588, mais il fut rapelé a la cour par le roi Henri IV qui lui rendit les sceaux en 1590. Il les tint jusqu'à sa mort, arrivée le 30 juillet 1599, âgé de 71 ans (Moréri).

[64] De Vivans avait quitté le Sarladais durant le cours du mois de juin, pour rejoindre le roi dans les environs de Paris. Dans la lettre écrite le 10 avril 1590 à Geoffroy de Vivans par le roy de Navarre, il lui dit : Qu'il doit être des premiers à l'aller trouver, pour donner l'exemple aux autres, « car la honte presse ses ennemis de chercher leur revanche, et je m'asseure que vous et les aultres qui sont mandés pour venir, auriez regret de ne vous trouver à ceste occasion sy elle se présente comme j'estime quelle fera.   »

[65] François marquis d'O, né vers 1535, d'une noble et ancienne famille ne Normandie, mort en 1594, fut surintendant des finances sous Henri III depuis 1578. Bien que haï universellement à cause de ses concussions, il resta en place à l'avènement de Henri IV. Ses prodigalités ayant encore surpassé ses exactions, il mourut couvert de dettes.

[66] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 22, n° 34.

[67] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 21, n° 12.

[68] Chef-lieu de canton (Vienne), ville autrefois forte et défendue par quatre châteaux.

[69] Anne de Levis, duc de Ventadour, pair de France, comte de Brion, baron du Cheylard en Vivarez, de Donzenac, Boussac en Limousin, gouverneur et sénéchal du Haut et Bas Limousin, après la mort de son père en 1591 ; chevalier des ordres du roi en 1599, lieutenant-général du Languedoc, en 1600. Il avait épousé, le 20 juin 1513, Marguerite de Montmorency, sa cousine germaine, de qui il eut sept enfants, et obtenu, l'unnée suivante, des lettres d'érection du duché de Ventadour en Duché-Pairie. Il représenta en cette même année les comtes de Champagne au sacre de Henri IV et mourut à Beaucaire, le 3 décembre 1622. (Faits d'armes de G. de Vivans,)

[70] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 21, n° 99.

[71] Antoine de Belzunce, 2e fils de Jean de Belzunce, vicomte de Macaïe, et de Catherine de Laxe, gouverneur de Puymirol et maistre d'infanterie. Il fut tué au siège de Rouen en 1592. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans).

[72] François de Coustin, seigneur de Bourzolles, vicomte de Carlux, baron de Berbières, conseiller du roi en ses conseils, capitaine de cinquante hommes d'armes, mari de Françoise de Caumont, dame de Berbières. « Je vous prye bien fort, écrivait Henri IV à Vivans le 4 janvier 1584, ensemble le sieur de Boursolles « (Lettres missives, etc. t. Ier, p. 426). (L'original de cette lettre est coté liasse 23, n° 61, dans les archives de La Verrie de Vivans).

[73] Archives de la Verrie de Vivans, liasse 23, n° 23.

[74] Saint-Martial-de-Nabirat, commune du canton de Domme.

[75] C'est le 25 octobre 15S8, que de Vivans installa à Domme le premier pasteur protestant ; il se nommait Bopoil.

[76] Doissac, commune du canton de Belvès, ancien repaire noble, avec justice dans Doissac et dans Grives. A Doissac même, se trouvait le château habité par les de Vivans dès le XVIe siècle ; habitation somptueuse, édifiée en partie par Geoffroy de Vivans, dont nous pensons publier, avant peu, le plan d'élévation accompagné d'une notice.

[77] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, n° 25.

[78] Ces lettres se trouvent dans les archives de La Verrie de Vivans, liasse 22, n° 2.

[79] Charles de Bourbon, comte de Soissons, prince de Condé, né en 1566, mort en 1612.

[80] Guillaume Loyseau, natif de Bergerac, chirurgien renommé qui sauva Geoffroy de Vivans, dangereusement blessé à la bataille de Coutras. Il soigna aussi Henri IV d'une carnosité, occasionnée par une gonorrhée de huit ans, et le guérit. Voici la copie d'une lettre que lui écrivait le Béarnais: « Loiseau, je vous fais ce mot pour vous dire que vous ne fassiés faute de vous rendre auprès de moy, au tems que vous mande M. de La Rivière, d'autant que j'aurai besoin en ce temps là de votre service. M'assurant que n'y ferés faute, prierai Dieu, Loyseau, qu'il vous aye en sa garde.

Henry».

Ce M. de La Rivière avait écrit à Loyseau la lettre suivante:

« Monsieur Loyseau, » Ne faites faute de vous randre ici à la fin de juin, dautant qu'il est besoin de commencer la cure de la maladie du roy ; lequel m'a commandé de vous escrire exprès de venir, n'ayant loisir d'attendre au mois de septembre, dautant que le mal presse. N'oubliés rien de ce que vous conoitrés estre propre pour la carnosité, et songes à lui demander quelque chose, car il vous le donera ».

[81] Belvès, chef-lieu de canton, arrondissement de Sarlat, ville fortifiée ayant joué un rôle très actif durant l'occupation du pays par les Anglais, ou pendant les guerres religieuses. Notre distingué et érudit confrère M. A. Vigié a publié dans notre Bulletin une remarquable histoire de cette ville et de la châtellenie.

[82] Dans la commune de Lalinde, il y a un village de ce nom.

[83] Chef-lieu de canton, arrondissement de Nontron (Dordogne).

[84] Sous-préfecture (Haute-Vienne) ; est situé sur la rive gauche de la Loue, à quarante kil. de Limoges. Cette petite ville a conservé quelques traces de ses anciens remparts, et la Tour-du-Plot, ancien reste de ses fortifications, qui date du xie siècle; son église, romane par son clocher et la partie occidentale de sa nef, et gothique par l'abside de son chœur, est classée parmi les monuments historiques.

[85] Chef-lieu de canton, arrondissement de Périgueux, ville close.

[86] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 22, n° 37.

[87] Chef-lieu de canton (Gironde), sur la rive droite de la Garonne.

[88] Jean II de Fabas ou Favas, seigneur de Castetz-en-Dorthe, d'abord fervent catholique, puis non moins fervent huguenot. Henri IV lui confia en 1588 les commandements du Haut-Albret, du Condomois et du Bazadois, et, monté sur le trone, le confirma dans ses charges. Gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances et maréchal des camps et armées de sa Majesté, il résigna par acte notarié le 7 octobre 1610 « l'estat de gouverneur de la ville et chasteau de Casteljaloux et du duché d'Albret, en faveur de Jean, son fils » et mourut dans son château de Castetz, entre le 25 août et le 4 décembre 1618. Ses mémoires ont été publiés dans la collection des Bibliophiles de Guyenne, par M. J. Delpit. (Faits d'armes de Geoffroy de Vivans.)

[89] Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bazas (Gironde).

[90] Tiercelet, nom donné au mâle des oiseaux de proie et particulièrement à l'autour mâle, parce que ces mâles sont d'environ un tiers moins grands et moins forts que les femelles.

[91] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 23, 26.

[92] ) Henri de Vivans, frère puiné de Jean. Un autre frère nommé Bernard, mourut à Ostende à l'âge de dix-huit ans. Avant son départ, le 8 juin 1603, il fit son testament en présence de noble Antoine du Lion, de Tréniac, d'Antoine de Courtilz sieur de Bois-Jolly, Jehan de Bounal, Uieu François d'Aspremont sieur de la Taillade, Pierre l'echmeja et Jehan Lixandre ; son légataire universel était Jean son frère aine. Ce testament figure dans la liasse Ie  n° 27 des archives de la maison de La Verrie de Vivans,

[93] (Du latin jussio, ordre). On appelait autrefois lettres de jussion, des lettres scellées, adressées par le roi au Parlement pour lui enjoindre de faire quelque chose qu'il avait refusé de faire.

[94] Archives de La Verrie de Vivans, liasse 21, n° 13.

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