<<Retour

Source : Bulletin SHAP, tome XXV (1898), pp. 227-248 (extraits).

 

SUR LA BARONNIE DE MAREUIL[1].

Sur la route nationale qui va de Périgueux à La Rochelle, quelques kilomètres avant d'arriver aux confins départementaux de la Dordogne et de la Charente, au confluent même de la Belle et du ruisseau de Saint-Pardoux, on voit dans la vallée, à l'ouest d'un assez gros bourg auquel il donna naissance, un vieux château des XIV et XVe siècles, classé parmi les monuments historiques. Ce château a pour nom Mareuil et fut jadis le siège d'une baronnie puissante.

Il était appelé Marogilum, Marcolum, Marolium, Maroll, Marolh, Marveilh, Marvelh, Marvelles, Marvoil. Miroil, Meruoil, Maruel. L'historien de Thou disait : Mareolius vicus ; Nostradamus : Myrveilh. Quelques auteurs écrivaient aussi : Maroialum. Ce nom aurait pour racine une expression qui servait à désigner une masse d'eau, et à laquelle notre langue doit les mots « mare » et « marais »[2] ; sa forme française la plus ordinaire est Mareuil, vocable de treize communes et d'un nombre plus considérable d'écarts. — Mareuil, comme Limeuil, Nanteuil, Valeuil, aurait ainsi une origine celte. L'étymologie paraît très vraisemblable; on sait, en effet, que César mentionne les Petrocorienses au nombre des peuples de la Gaule celtique. Mais l'existence de Mareuil, à une époque aussi lointaine, est difficile à établir. Selon M. Audierne, le Vieux-Mareuil, probablement antérieur à Mareuil[3], tirait son nom de Lucius Marullius AEternus, duumvir à Vésone, et fut primitivement une villa de cet illustre personnage. Il convient toutefois d'observer que, si Mareuil venait de Marullius, il se trouverait alors plusieurs Marullius fondateurs de villes ou de villages dans les Gaules[4]. Quoi qu'il en soit, le territoire du canton actuel était traversé, aux temps gallo-romains, par la voie de Saintes à Périgueux. De plus, en ce qui concerne l'archéologie préhistorique, les périodes néolithique et magdalénienne y sont représentées, et les antiquités de tous âges y abondent[5].

Mareuil est cité pour la première fois au Xe siècle dans une chronique latine de la Bibliothèque nationale. Une charte de février 1099, concernant l'église Saint-Etiennne de Bousac (Beaussac), révèle un Guillaume de Mareuil. Un peu plus tard, on trouve Hélie de Mareuil dans une bulle d'Innocent II, en faveur de l'Ordre de Fontevrault (1130). Le premier nom, digne de mémoire, est celui de Raymond III, fils d'Aldebert III, au douzième siècle.

En 1142, Raymond de Mareuil succédait à Geoffroi de Cauze comme évêque de Périgueux. Ce fut, rapporte le P. Dupuy[6], un « très bon prélat, tout pieux et de bon génie ». Plusieurs actes nous apprennent sa générosité. Il donna l'église de Quinsac au monastère d'Uzerche[7], celle de Saint-Martial d'Excideuil au couvent Saint-Martial de Limoges. Il confirma les prérogatives de l'abbaye de Saint-Astier. Les religieux de Chancelade surtout obtinrent des marques réitérées de son affection : il fit don à leur mense des églises de Saint-Martial d'Artenset, de Saint-Sernin de Blis et de Saint-Vincent ; il consacra la petite église qui subsiste encore hors de l'abbaye de Chancelade ; il célébra la première messe en leur église de Marnac et y bénit le cimetière ; mais le plus signalé bienfait qu'ils en reçurent fut un morceau de la vraie croix : sur le reliquaire une lamelle d'argent portait cette inscription : Hae sunt reliquiae quae misit Fulcherius Patriarcha Hierozolimitanus Reymondo Petrachoricensi Episcopo ».

Au sujet des contestations entre les clercs de La Rochebeaucourt et les moines de Cluny, le pape Eugène III lui écrivit de contraindre par excommunication les clercs à livrer leur église à ces moines, s'ils ne les en mettaient pas volontairement en possession (1146). Les difficultés recommencèrent bientôt en 1159, les clercs chassèrent les moines ; mais l'évêque du Mans, arbitre désigné par Adrien IV, adjugea l'église aux moines de Cluny et condamna les clercs à les en laisser jouir en paix[8].

C'est sous l'épiscopat de Raymond que fut fondée, au mois de mars 1153, l'abbaye de Peyrouse qui, « dans peu, fut splendide en grands revenus, desquels elle dota l'abbaye de Boschaud. » Alors saint Bernard visitait le Périgord. Raymond consacrait aussi l'église de Cadouin, et une bulle confirmait les revenus que les papes lui avaient donnés.

Après le décès de l'archevêque Gaufridus, en 1158, les évêques de Périgueux, de Poitiers, d'Angoulême et d'Agen se réunirent à Bordeaux. Henri II, roi d'Angleterre, leur recommandait d'élire Jean Sochius, principal du collège de Poitiers, « homme qui n'avoit cognoissance des divines lettres encore qu'il fut capable pour les humaines ». Les prélats inébranlables représentèrent au roi l'insuffisance de son protégé et répondirent noblement : Honores ecclesiastici non precibus, non largitionibus, sed virtute et doctrina comparandi. Leurs suffrages vinrent à Raymond qui devint archevêque de Bordeaux, après avoir gouverné dix-sept ans l'église du Périgord. Quelques mois plus tard, à Chancelade, il dédiait à Dieu la chapelle de l'infirmerie. Il mourut cette même année 1159, et fut enseveli dans l'église métropolitaine Saint-André à Bordeaux.

Vers cette époque naissait de parents pauvres, au château de Mareuil, le Troubadour Arnaud. Ayant reçu quelque instruction, il se mit à courir le monde. A la cour du vicomte de Béziers, époux d'Adélaïde de Burlats, il s'éprit de la châtelaine et lui offrit ses chansons, qu'accompagnait sur la viole Pistoleta, son ménestrel. Obligé de se réfugier à Montpellier, il y termina, inconsolé, sa vie aventureuse. — Arnaud de Mareuil appartient à cette pléiade de troubadours qui remplirent de leurs noms l'Europe du Moyen-Age. Ses poésies sont personnelles, douces et sentimentales, d'une grâce naïve et consacrées à l'amour. Il ne leur manque qu'une langue mieux formée[9].

Arnaud n'était qu'un clerc, et sans doute ses parents humbles dépendaient de la maison de Mareuil, alliée déjà aux plus grandes familles. Hugues, qui avait épousé en 1180 la deuxième fille du sire de Bourbon, a laissé un souvenir dans l'histoire, en prenant avec son frère Jean une part glorieuse à la bataille de Bouvines.

Philippe-Auguste commandait l'armée royale, renforcée des milices des communes. Il se trouvait au centre et au premier rang avec toute la cavalerie d'élite, avec Guillaume des Barres, Barthélémy de Roye, Pierre de Mauvoisin, Gérard Scrophe, Guillaume de Mortemart, Henri comte de Bar, Jean de Roboroi, Guillaume de Garlandes, Etienne de Longchamps, Galon de Montigny. L'aile droite était sous les ordres du duc Eudes de Bourgogne, secondé par des lieutenants habiles, tels que Mathieu de Montmorency, Gaucher de Saint-Pol, les deux frères Hugues et Jean de Mareuil, Jean de Beaumont, Adam de Melun, Guérin, évêque de Senlis, Hugues de Malaunai. L'aile gauche, enfin, ayant à sa tête les comtes de Dreux et d'Auxerre, comprenait les milices de Gamaches et du Ponthieu[10].

L'ennemi était acharné et puissant. Jean-sans-Terre, Ferrand de Flandre et Renaud de Boulogne, vassaux rebelles du roi de France, avaient intéressé à leur cause Othon IV, empereur d'Allemagne, Guillaume de Salisbury, Hugues de Boves, Henri de Brabant, Guillaume de Hollande, Henry de Luxembourg. La coalition projetait de démembrer la France, et déjà, par anticipation, se la partageait ; la ville de Paris devait revenir à Ferrand. La stratégie était celle de l'armée royale : Othon, au centre ; Renaud et les Anglais, à droite, faisaient face à la gauche des Français, tandis que Ferrand, opposé à l'aile droite où militaient les sires de Mareuil, commandait la gauche.

La bataille s'engagea à Bouvines entre Lille et Tournai, le 27 août 1214, de une heure et demie à sept heures du soir. Pendant plus de cinq heures, nos 23.000 Français luttèrent contre 80.000 Impériaux.

La tactique de ceux-ci consistait à se porter au centre, sur le roi Philippe-Auguste ; mais les terribles assauts qu'essuya Ferrand, à l'aile gauche, l'empêchèrent heureusement d'aboutir. Alors « les trois frères Hugues, Jean et Pierre de Mareuil se signalèrent par de beaux exploits, écrit Mézeray. Selon Capefigue, qui ne mentionne pas Pierre de Mareuil (conformément d'ailleurs à la majorité des historiens), Hugues et Jean de Mareuil frappèrent d'estoc et de taille. Ferrand combattait en désespéré : autour de lui les cadavres s'amoncelaient. Hélin de Wavrin, sénéchal de Flandre, Baudoin des Prêts, Pierre de Moenil, Arnould d'Audenarde, Raze de Gavres accouraient à, la rescousse, et s'efforçaient en vain de le délivrer. « Le combat fut très opiniâtre de ce côté-là, raconte le P. Daniel ; le comte de Flandre y combattit comme un homme résolu à vaincre ou à périr ; mais, ses troupes ayant été rompues, il fut enveloppé, renversé de son cheval, et contraint de se rendre aux deux seigneurs de Mareuil, tout couvert de sang et de blessures. » Rigord (De gestis Philippi Augusti Francorum regis) affirme le même fait : Ipse [Ferrandus] quidem, fere exanimis diuturnitate pugnandi, Hugoni de Maroil et Joanni fratrie jus specialiter se reddidit. Guillaume Le Breton, chapelain du roi et témoin occulaire de la bataille, le rapporte dans sa Philippide :

Et dam se luxant acies, Flandrique tepescunt,

Hugo Marolides, Aciensis Gilo, per hostes

Ferrando medios properi confligere tendunt,

Vulnere qui lœsus jam multo lentius ibat,

Perque diem totum requiem non fecerat armis ;

Cum quibus ipse diu luctatus denique victus,

Forti fortunae cedens, as, ne perimatur,

Dedidit.

(Philippidos. Liber XI).

On lit aussi en note : Hugoni de Maroil et Johanni fratri ejus specialiter se reddidit Ferrandus in terram prostratus, inquit alias Guillelmus ibidem. « De même encore, les chroniqueurs de Saint-Denis : « Si longuement se fu combatuz, que il estoit aussi come demi mors, ne se pooit plus la bataille endurer quant il se rendi à Hue de Maruel et à Jehan son frère ; Tout maintenant que Ferrand fut pris, tuit cil de sa partie qui se combatoient en cele partie du champ s'enfuirent, ou ils furent mort ou pris »[11].

Cette reddition, en effet, fut décisive. Elle glaça d'effroi les plus courageux et entraîna presque aussitôt la déroute de la gauche. La plupart des ennemis furent faits prisonniers ; le reste fuyait à vau-de-route dans toutes les directions. La bataille était gagnée à l'aile droite des Français que la victoire était encore incertaine au centre et à gauche[12]. L'houneur de ce succès revenait, pour une part notable, aux frères de Mareuil, ainsi qu'en font foi des témoignages irréfragables. Les cris de Saint-Denis-Montjoie retentirent partout ; Renaud et Ferrand, les deux meneurs, étaient pris ; et l'empereur Othon, ne pouvant plus endurer la vertu des chevaliers de France, ne dut son salut qu'à la rapidité de son cheval.

Avant de se reposer sur un peu de paille au hameau de Camphin, le roi voulut récompenser, par une sorte de mise à l'ordre du jour, les capitaines dont la bravoure avait aidé à cette journée mémorable. Hugues de Mareuil ne pouvait être oublié[13], et ne le fut pas. Il reçut la seigneurie de Villebois au pays d'Angoumois. Dans son Histoire de France, Bernard de Girard est plus explicite que Mézeray : « Enfin estant environné de toutes parts et jeté par terre, Ferrand fut pris par Hugues de Mareuil qui en récompense eut la seigneurie de Villebois en Angoumois, laquelle a toujours depuis demeuré en la maison de Mareuil » [14].

Ayant payé les dettes de la reconnaissance, Philippe-Auguste vit les principaux prisonniers. Il eut l'âme haute et clémente, surtout à l'égard de Renaud de Boulogne, vassal félon, Cinna plusieurs fois pardonné. Touché par les supplications de la comtesse Jeanne de Flandre, il désira libérer Ferrand, mais les Etats s'y opposèrent. La joie de la victoire de Bouvines fut très grande. Au milieu d'une liesse universelle, tout le peuple accourait sur les chemins, les moissonneurs laissant leurs faucilles pour voir Ferrand en liens, « lequel ils redoutaient un peu avant en armes. » Tous ne craignaient de gaber la capture des sires de Mareuil et d'équivoquer sur son nom. Une chanson disait :

Quatre ferrands (chevaux bais) bien ferrés

Mènent Ferrand bien enferré.

Ajoutons que Ferrand fut, par les soins de Garin et de Jean Paulée, fermé à Paris dans la tour neuve du Louvre. Après douze ans de captivité, jusqu'en 1227, il mourut en 1233 à Noyon des suites de la gravelle contractée en prison.

 

Hugues, sire de Mareuil et de Villebois, chevalier, vivait encore, en 1231. Il fut le père d'Aymery, de Jean, d'Agnès et de Marguerite de Mareuil. Nous ne savons rien de la descendance de ses trois derniers enfants, ni d'un Raoul de Mareuil qui figura à la sixième croisade. On trouve cependant un Ramnulf, archidiacre de l'église de Périgueux, qui reçut, le 13 juillet 1264, une lettre du pape Urbain IV ; un autre Arnaud, aussi archidiacre de Périgueux d'après une pièce du 13juin 1273 (Ms. de la Bibl. de Wolfenbuttel, 131, pièce 472) ; et un Raymond, commandeur et grand prieur de l'Ordre des Templiers dans les provinces d'Auvergne, du Limousin et du Berry.

Hélie, fils d'Aimery, eut deux enfants : Guillaume, et Marguerite (?) qui s'unit en 1308 à Bos de Talleyrand. En 1301, Guillaume de Mareuil épousa Alix de Rochefort. Il prêta serment de fidélité à Charles V[15], et promit, pour lui-même et ses successeurs, de se conduire en féal et vrai sujet, obéissant à toujours contre le roi d'Angleterre. Ce dévoûment lui coûta cher. Les Anglais le spolièrent d'une partie considérable de ses domaines, et plusieurs de ses fils furent faits prisonniers. A cette occasion, pour récompenser ses services et payer les rançons, le Journal du Trésor indique qu'il reçut deux mille livres tournois (Arch. nat. K, 226). L'un des siens surtout, Raymond, allait jeter un nouvel éclat sur la maison de Mareuil.

Raymond servit honorablement sous le connétable Charles d'Espagne et guerroya avec Du Guesclin. Le roi Jean II le Bon lui assurait définitivement, en 1355, la possession de la châtellenie de Villebois. Il résulte des lettres relatives à cette concession que Raymond avait rendu d'éminents services, racheté des prisonniers sans autre secours royal qu'une somme de 400 florins à l'écu, et fait de grandes dépenses pour reprendre Mareuil, le Vieux-Mareuil, ainsi que diverses localités du comté d'Angoulême[16]. C’était un bon, vrai et loyal Français. Lorsque Charles V fit appel aux sympathies de la noblesse d'Aquitaine, il n'hésita pas à se tourner français ouvertement, avec son oncle Louis sire de Malval en Limousin. Voici le texte de l'acte d'adhésion daté de Paris le vendredi 29 juin 1369[17] :

« A tous ceulz qui ces lettres verront, Raymon de Marueil, chevalier du pais de Guyenne, salut. Comme, pour cause de plusieurs griefs et oppressions à nous faiz par Edwart, le prince de Galles, duc de Guyenne, et ses genz et officiers, indeuement et contre raison, nous nous soions adhers aus appellacions faites par le conte d'Armignac et plusieurs autres nobles du dit pais de Guyenne à l'encontre du dit prince pardevant le roy de France nostre souverain seigneur ou sa court de parlement et par ainsi ayens pris et recongneu, prenons et recongnoissons le dit roy de France a nostre souverain seigneur, savoir faisons que nous avons promis et juré, promettons et jurons aus saintes Evangiles que a nostre dite adhésion nous ne renoncerons en aucune manière senz la licence et exprès commandement du roy nostre souverain seigneur, mais la poursievrons par devant luy ou sa dite court de parlement. Et avecques ce, promettons et jurons estre bons, vrais et loyaux françois, et servir le roy nostre dit seigneur de tout nostre povoir ; et se nous faisions le contraire, nous voulons et nous consentons estre tenuz et reputez par devant tout homme, faux, mauvais, parjure et traître chevalier. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre seel a ces présentes.

Donné à Paris le penultime jour de juing l'an mil ccc soixante et neuf. »

Un tel ralliement n'était point sans périls : il provoqua naturellement la colère des « Englès... et ils ardirent le terre de monsigneur Raimmon de Maruel, pour tant qu'il s'estoit tourné franchois »[18]. Il donna lieu aussi, au retour de Raymond, à une aventure qui risqua de devenir tragique et que Froissart nous a contée[19].

Messire Raymond, chevalier périgourdin, avait quitté Paris pour rentrer à Mareuil, lorsqu'il fut pris par les gens de Hugh de Calverly, sénéchal du Limousin, et enfermé dans une forteresse sous la garde de Thomas Percy, sénéchal de Poitou. Edouard III, qui l'apprit en Angleterre, fut moult joieant de cette capture. Désireux de punir Raymond de sa courageuse répudiation et de faire un exemple, il offrit une forte somme (6,000 fr.) à celui qui l'avait pris, sous la condition qu'on remettrait le prisonnier entre ses mains. Informé, Raymond en eut grande détresse de cœur ; il put néanmoins séduire l'un de ses gardiens, écuyer anglais, en lui promettant «  moitié à moitié » toute sa terre. Celui-ci, un pauvre homme, facilita son évasion et lui ouvrit la poterne de sortie. Tous deux s'enfuirent par une nuit d'hiver dans les bois, sur le sol gelé ; poursuivis, ils atteignirent, transis et les pieds déchirés, le fort de La Roche-Posay[20] distant de plus de sept lieues. Revenu à Mareuil, après avoir fait quérir gens et chevaux, Raymond voulut tenir sa promesse et donner à son sauveur la moitié de ses biens ; mais l'écuyer anglais n'accepta que 200 livres de rente, demeura avec lui en son château, et dès lors fut bon Français.

Raymond de Mareuil avait épousé Joyde de Montenaude, qui lui porta la seigneurie de Vibrac[21], dont l'histoire va être intimement liée à celle des Mareuil-Villebois. De ce mariage naquirent Geoffroi et Anne, femme plus tard du seigneur de Soubise. Geoffroi de Mareuil[22], seigneur de Villebois, Angeac et Vibrac, servit d'abord la famille d'Orléans, puis devint en 1420 conseiller et chambellan du roi. Sénéchal de Limousin de 1419 à 1421 avec 500 l.t.  de traitement, il fut ensuite sénéchal de Saintonge[23]. De son union avec Anne de La Rochefoucauld il eut trois enfants : Jean: François, tué à l'armée avant 1475 ; et Marguerite, mariée le 14 mai 1443 au baron de Bourdeille.

Jean de Mareuil, l'aîné, se maria d'abord avec Philippie de Montberon, aujourd'hui Montbron, chef-lieu de canton (Charente). Guy, Jean et François naquirent de ce premier lit. Jean devint évêque de Bayonne en 1454, puis d'Uzès en 1473 [24]. François, qui servit dans la compagnie d'ordonnance de Louis XII, fut chef de la ligue dite de Segonzac. — Du second mariage qu'il contracta avec Jeanne de Vernon issirent Guy, Agnès, Madeleine et Marguerite. Guy eut plusieurs enfants : c'est vraisemblablement Marguerite, de ceste très illustre et grande maison de Mareuil en Périgord » qui entra par mariage dans « la maison noble et bonne d'Authon en Xaintonge »[25]. Antérieurement à 1480, Agnès avait épousé Jacques de Dreux, seigneur de Morainville et de Morennes[26]. J'omets délibérément quelques détails et quelques noms, car il est difficile d'arriver à la certitude, là où les documents font défaut. Les branches diverses d'un arbre généalogique si touffu prêtent à la confusion, et les inexactitudes sont possibles à cause de la pénurie des sources.

Guy, fils de Jean de Mareuil et de Philippie de Montberon, vassal direct du roi[27], nobilissime seigneur de Mareuil, Villebois, Angeac, Vitrac, Bourzac, etc., était sénéchal d'Angoumois et l'un des quatre barons du Périgord. Il prétendait même au premier rang et l'emporter sur ses collègues de Beynac, Bourdeille, Biron[28]. Marié à Philippe Paynel, il en eut trois filles : Marguerite, épouse de Bouchard d'Aubeterre ; Françoise, unie à Forgemont, puis à Philippe d'Harcourt en secondes noces ; Jeanne, femme de Guy, baronne de Montpezat du Quercy. Veuf en 1512, Guy de Mareuil convola au mois de juin 1513 avec Catherine de Clermont, dont il eut François et Gabrielle, sur laquelle nous reviendrons bientôt. Il gagna son procès sur Bourdeille[29] en 1518 et mourut l'année suivante. Conformément aux intentions exprimées dans son testament, on l'inhuma à Villebois, au couvent des Augustins qu'il avait fondé vers 1510[30].

Sa succession souleva des difficultés à cause du décès de son fils. Catherine, sa deuxième femme, acquit les droits des filles du premier lit. François de Mareuil expira ensuite en 1583.

Des lors, François d'Aubeterre, fils de Marguerite, aînée des filles, comme principal héritier de François de Mareuil, son oncle, se saisit de tous les biens de la maison de Mareuil. Gabrielle soutint, au contraire, que tous les biens de François, son frère germain, lui appartenaient, alléguant que la représentation et la forme de succéder ont lieu comme de droit, et que l'article 94 adjugeant les propres aux branchages doit seulement être observé entre héritiers de diverses branches. Et pour empêcher le droit d'aînesse, demandé par le neveu, fils de l'aînée, en la succession de son oncle, elle demanda partage de la succession de son père Guy de Mareuil. Par arrêt définitif du 6 août 1548, la cour maintint les trois filles du premier lit ou leurs représentants, et Gabrielle, en la possession des héritages anciens délaissés par François, chacun pour un quart. Quant au droit d'aînesse, d'Aubeterre en fut débouté [31].

Au cours de ce long procès, Gabrielle se maria, mais dans des circonstances qui méritent d'être notées particulièrement.

 

Nicolas, fils de René d'Anjou et d'Antoinette de Chabannes, né à Saint-Fargeau le 29 septembre 1518, était orphelin à l'âge de six ans. Sa tutelle fut confiée à François de La Trémoille, vicomte de Thouars, ancien prisonnier à Pavie, qui, dès 1530, 1e fiançait à sa fille Charlotte, malgré l'extrême jeunesse des deux fiancés. Un événement imprévu vint renverser ce projet d'union.

Se trouvant à Paris, vers la fin de l'année 1533, à l'occasion d'un important litige, Nicolas d'Anjou était descendu à l'hôtel de Nevers en compagnie d'Hector d'Availloles, sieur de Roncée, son gouverneur, et de quelques domestiques. Dans cet hôtel même, une grande dame, remarquablement belle, et sa fille unique, dans tout l'éclat de ses dix-neuf printemps, occupaient avec leurs gens l'appartement voisin ; c'étaient Catherine de Clermont, dame de Pranzac, sœur du seigneur de Dampierre, veuve de messire Guy baron de Mareuil Villebois, seigneur des Chastelliers, et sa fille Gabrielle, qu'accompagnaient Roberte Desmier et Madeleine Notha, de Mareuil. Les pensionnaires de l'hôtel de Nevers lièrent aisément connaissance- Un jour, tandis que Roncée était au palais à la poursuite des affaires, la baronne, « caulte et malicieuse », en quête d'un gendre, et qui avait réussi à capter le jeune d'Anjou, fit célébrer le mariage. Il y fut procédé, séance tenante, dans la chambre même du jeune homme, par un prêtre nommé Sébastien Groult, par Simon Chenu et Ambroise Evyn, notaires du Châtelet, et par Pierre de la Nauve, procureur au Parlement. Sans perdre de temps, le prêtre rédigea l'acte des fiançailles, les deux notaires dressèrent le contrat (15 décembre 1533) : une donation mutuelle en usufruit fut stipulée en faveur de l'époux survivant; de plus, le futur constituait au profit de Gabrielle une rente de 4,000 livres payable après le décès du donateur.

L'affaire si rondement conclue se heurta bientôt à des difficultés. M. de la Trémoille, qui avouait en demeurer dolent pour jamais, et la reine Marguerite de Navarre écrivirent à François Ier, afin de faire annuler le mariage. Le 12 janvier 1534, un arrêt du Parlement ordonnait l'arrestation des dames de Mareuil et de leurs complices. Gabrielle fut placée chez Guillemette Pellier, veuve d'un conseiller au Parlement, et Catherine de Clermont, chez le conseiller Loys de Besançon. Le prêtre et le procureur furent déposés en la conciergerie du Palais ; les deux notaires restèrent internés dans leurs maisons. Quant au jeune et mal advisé Anjou, un huissier fut préposé à sa garde dans la demeure d'un conseiller au Parlement[32].

Un incident survint. Jean de Barry, seigneur de la Regnauldie en Périgord, prétendit « mariaige par parolles » et témoigna que Gabrielle avait promis de l'épouser[33].

Enfin, le 3 juin 1535, après une procédure qui n'avait pas duré moins de dix-huit mois, les dames de Mareuil furent condamnées à deux amendes : l'une de 1,300 livres parisis envers le Roi, l'autre de 400 livres payable à Nicolas d'Anjou.

Toutefois l'union dissoute se renoua plus tard. Peut-être le jugement ne portait-il que sur le fait de rapt, sans rien décider au fond ! Le 29 septembre 1541 eut lieu une célébration à laquelle rien ne s'opposa plus. Epilogue : Charlotte de la Trémoille, désormais privée de son fiancé, était entrée en 1537 au monastère de Fontevrault.

 

Gabrielle de Mareuil eut cinq enfants, dont quatre filles : 1° Henriette, née à Saint-Fargeau en 1543, morte en bas âge ; 2° Antoinette, née à Mézières le 16 août 1544[34] ; 3° Nicolas, né le 9 février 1545 ; 4° Renée, née à Mézières le 21 octobre 1550; 5° Jeanne, née au château de Pranzac le 12 décembre 1553.

Son mari Nicolas d'Anjou, marquis de Mézières, comte de St-Fargeau, seigneur de Mareuil et de Villebois[35], s'accorda en 1547, au nom de Guy de Mareuil, son beau-père, décédé héritier de l'évêque d'Uzès, avec Odet de Bretagne, abbé de Cadouin, au sujet d'une rente pour messe fondée en cette abbaye par feu Jean de Mareuil, évêque d'Uzès. Chevalier de l'ordre du roi le 18 septembre 1560, il était capitaine de cinquante hommes d'armes et gouverneur du duché d'Angoulême le 18 février 1568. Il descendait d'une branche bâtarde des rois de Naples. Selon Moreri, il était petit-fils de Louis, qui était fils naturel de Charles d'Anjou, comte du Maine, mort en 1472.

Catherine de Clermont mourut centenaire. « J'ay veu, rapporte Brantôme[36], Madame de Mareuil, mère de Madame la marquise de Mézières et grand'mère de la princesse Dauphin, en l'aage de cent ans, auquel elle mourut aussi droite, aussi fraische, aussi dispote, saine et belle qu'en l'aage de cinquante ans. C'avoit esté une très belle femme en sa jeune saison. »

Comme sa mère, Gabrielle était fort belle[37], au témoignage du même historien, « et mourut ainsy, mais non si âgée de vingt ans, et la taille lui appetissa un peu » ; elle décéda donc à 80 ans, en 1593[38].

C'est aux bons soins de celle-ci que Jacques-Auguste de Thou, le dernier des fils de Christophe, dut de conserver la vie dans une maladie qu'il eut à l'âge de onze ans, alors qu'il étudiait au collège de Bourgogne. A peine y avait-il été un an qu'une fièvre violente lui étant survenue, on fut obligé de le reporter chez son père. Le Grand et Le Jay, ses médecins, le croyant sans espérance, l'abandonnèrent pendant trois jours ; sa mère même qui appréhenda que, s'il mourait dans une antichambre qui donnait dans le cabinet de son père, son mari ne voulût plus rentrer dans cet appartement, le fit transporter dans une chambre plus éloignée. Gabrielle de Mareuil, héritière de l’illustre maison des Mareuil en Périgord, qui venait souvent dans la maison pour ses affaires, fut la seule qui eu prit soin dans un abandon si général.

Elle assistait continuellement le malade, et passait souvent les nuits auprès de lui. Monsieur et Madame de Thou la prièrent de ne se point fatiguer pour un enfant sans espérance ; mais elle leur répondit que, loin de désespérer de sa santé, elle était persuadée par la bonne opinion qu'elle avait de son tempérament et de son bon naturel qu'un jour il eu aurait de la reconnaissance pour elle et pour sa famille[39]. » Six mois plus tard, l'enfant rentrait au collège. On peut dire que Gabrielle lui avait sauvé la vie, et on doit être reconnaissant à cette grande dame d'avoir conservé ainsi un des grands personnages du XVIe siècle, le père de l'histoire moderne, le rédacteur de l'Edit de Nantes, un magistrat intègre, un conseiller précieux, un homme dont la vie est proposée comme un modèle accompli de vertu patriotique à l'émulation de tous les hommes de bien[40].

Des cinq enfants de Gabrielle, Renée survécut seule. Elle épousa François de Bourbon prince dauphin d'Auvergne, fils du duc de Montpensier; et le roi et la reine honorèrent les noces de leur présence (1566). Cette très vertueuse, sage, très « honneste » dame, d'après Brantôme, fut la mère de Henry de Montpensier, grand'mère par conséquent de Marie de Bourbon, femme de Gaston duc d'Orléans. Henri IV prononçait du petit-fils de Gabrielle de Mareuil ce bel éloge : « Le duc de Montpensier était un grand prince. Il a bien aimé Dieu, servi son roi, bien fait à plusieurs et jamais fait tort à personne ».

En 1594, la baronnie de Mareuil fut cédée par Madame de Montpensier, moyennant 40,000 écus d'or, à François comte d'Escars, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'Etat, et capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances. L'acte de vente, reçu à Paris le 26 novembre par Claude de Vigie et Pierre de Brignes, notaires, comprenait les château, terre et seigneurie de Mareuil, sans exception ni réserve, ensemble tous et chacun les hommages, fiefs, arrière-fiefs, justices haute, moyenne et basse, cens, rentes, domaines, droits et devoirs seigneuriaux, terres labourables, bois, forêts, rivières, étangs, dîmes, champarts, vignes et prés, avec toutes et chacune des autres appartenances et dépendances quelconques, noms, raisons et actions tant rescindantes que rescisoires, telles qu'elles étaient échues et advenues à Henry de Bourbon, duc de Montpensier, pair de France, par le décès de la marquise de Mézières. Le 20 septembre 1895, François d'Escars léguait la terre et la baronnie à son fils Annet.

Peu après, les terres de Villebois, Angeac et Vibrac furent acquises par Jean-Louis de Nogaret, marquis de Lavalette, duc d'Epernon, dans la famille duquel elles restèrent jusqu'en 1660. Louis XIII érigea, au mois de mars 1622, la terre de Villebois en duché-pairie de France au profit de Bernard de Lavalette, second fils du duc d'Epernon.

(…).

Nous ne savons par quels liens Pierre de Mareuil, qui fut à l'abbaye de Brantôme (de 1538 à 1556) le prédécesseur immédiat de Pierre IX de Bourdeille (alias l'annaliste Brantôme), se rattache à la maison de Mareuil. Il eut l'intention, plus tard réalisée, de réunir le monastère à la Congrégation de Chezal-Benoist[41]. Sur sa demande, un marché fut institué par François Ier tous les lundis[42]. Il fit aussi l'acquisition du vaste jardin situé au couchant de l'abbaye, où l'on admire deux cabinets en forme d'hémicycle, qui probablement lui doivent leur existence. Placés en face l'un de l'autre, aux extrémités du jardin, ces cabinets sont séparés par une longue allée[43]. Ce même abbé commendataire devint évêque de Dol, puis de Lavaur. Il assista en avril 1555 à l'entrée solennelle de Guy Bouchard d'Aubeterre, évêque de Périgueux, dont il était parent, et mourut le 20 mars de l'année suivante. Il est inhumé ante majus altare dans l'église de Brantôme.

 

(…)

L'église était au-dessus des simples paroisses, et un prieur la desservait. Vers la fin du xve siècle, la nef à coupoles byzantines de ce monument avait été détruite ou abandonnée[44], et l'on construisit à côté du clocher une large salle ogivale, orientée du sud au nord, qui est actuellement toute l'église, à laquelle on accède par un charmant portique de la Renaissance.

Les siècles ont passé, et la châtellenie n'existe plus. Ce n'est plus la demeure des fiers barons cuirassés de fer, des preux à la flamberge prompte, ou de génies dames comme au temps lointain du troubadour Arnaud. Mais des colons s'y sont installés, dans un décor sordide, pour une exploitation rurale au profit d'un fermier de l'hospice de Chalais. La vaste cour féodale a été transformée en jardin dans sa majeure partie, et notre époque utilitaire l'a encombrée de constructions pour les bestiaux. Pendent mœnia. Le bâtiment avancé de la poterne n'est désormais qu'un bûcher : les rares chambres lézardées qui subsistent ne servent plus qu'à engranger les grains, et la chapelle même, avec sa délicate voûte sur nervures, est devenue une remise à paille. Tout mobilier a disparu du pauvre château délabré. Les fenêtres de style flamboyant sont closes à peine par des volets disjoints ; l'araignée tisse librement sa toile aux vieilles solives de chêne ; les marches limées branlent aux escaliers de pierre qui s'affaissent et qui ploient. L'extérieur a perdu son aspect élégant depuis que de vilaines charpentes plates, couvertes de tuiles vulgaires, ont remplacé les toitures aiguës qui en coiffaient les tours. Derrière la haute enceinte, où veillait un archer dans son échauguette, le pont-levis a disparu, faisant place à un lourd remblai et ne se devine plus qu'aux deux rainures profondes de l'entrée. Les ronces poussent dans les fossés comblés, et les végétations grimpent aux murs encore debout sous les injures du temps.

Joseph Durieux.



[1] Armes : de gueules au chef d'argent et au lion d'azur, lampassé, armé et couronné d'or, brochant sur le tout.

Bibliographie : La Guienne historique et monumentale (vue du château par M. Philippe), p. 140, tome II, 4me partie. — (Annales de la Soc. d'Agriculture, Sciences et Arts de la Dord. 1849, p. 128 (dessin) ; 1866, p. 819.) — Audierne : Périgord illustré, p. 602 (avec vignette). — Magasin pittoresque. 1851, p. 289 (dessin de Léo Drouyn). — Bull. de la Soc. hist. et arch. du Périgord, 1886, tome 13, p. 67 (vue) ; 1896, tome 23. p. 420 et 421. — Origine des villes Analyse d'une étude de M. Grellet-Balguerie, par M. Angel Fayolle, p. 10.Collection Périgord à la Bibl. Nat. : passim.

Je laisse de côté certaines pièces manuscrites, longues à reproduire et sans grand intérêt, les hommages rendus notamment au XVe siècle pour plusieurs « dommaies et héritages assis et scitués en les chastellenyes de Marueilh et de Gresignac » et celui de 1509 par Catherine de Clermont à Alain d'Albret, comte de Périgord et vicomte de Limoges, qui se trouve aux Archives des Basses-Pyrénées.

[2] Revue Celtique, article de M. Longnon. Juillet 1892, p. 361.

[3] Avant le xive siècle, le château de Mareuil était situé dans un endroit voisin appelé Vieux-Mareuil : on présume que les habitants suivirent alors leur seigneur à titre de sûreté ou de protection. (De Verneilh : Hist. d'Aquitaine)

[4] Dessalles : Hist. du Périgord, I, p. 37, 62, 365.

[5] Voy. les Notes de M. Gustave  Chauvet. (Extrait du  Bull, de la Soc. arch. et hist. de la Charente, 1880, 5e série. Tome III), Angoulême, F. Goumard, 1881, in-8°, 29 p.

[6] P. Jean Dupuy : L'Estat de l'Eglise du Périgord. — Collection Périgord, XXX, f° 241. — Le Chroniqueur du Périgord et du Limousin, 4e année, p. 202.— Ph. de Bosredon .- Sigillographie du Périgord, & éd., p. 355.

[7] 28 juillet 1151. Bull. Soc. lettres, sciences et arts de la Corrèze, 1896, 2e livraison.

[8] Rec. des hist. de Fr. Tome XV, p. 598. — Dessalles : op. cit. I, p. 275 et suiv.

[9] Cf. Arnaud de Mareuil, étude littéraire. Lemouzi. Brive, mars 1896.

[10]             C'est Melun, c'est Tristan, c'est Mareuil et Beaumont,

Le brillant Saint-Vallier, l'intrépide Clermont.

Et de Trie et Destaing, et de Nesle et de Roie,

Tous ardents, tous armés du glaive qui foudroie.

Parseval : Philippe-Auguste (Chant xii.)

[11] Extraits des Chroniques de Saint-Denis. Brial, t. XVII.

[12] Lebon : Mémoire sur la bataille de Bouvines. Paris-Lille, in-8°, 1835.

[13] La collection Périgord porte que Hugues de Mareuil releva même de son cheval Philippe-Auguste. J'ignore la source de ce renseignement, probablement erroné et à une confusion. Il est, en effet, constant que cet honneur revient à Guillaume des Barres. Du reste, Hugues luttait, non au centre, mais à l'aile droite, ainsi que je l'ai noté.

[14] C'est à cette époque que doit remonter la famille de Villebois-Mareuil, qui a encore de nos jours des représentants dans la Mayenne. « Beaucoup de papiers concernant ma famille ont été détruits pendant la Révolution, et nous n'avons comme pièce très authentique que les preuves de noblesse faites par mon arrière-grand-père, desquelles il résulte qu'il établissait sa filiation depuis 1530. » Lettre de M. le vicomte C. de Villebois-Mareuil.

[15] Le Livre du Sacre des Rois de France, écrit en 1365, ayant  fait  partie de la librairie fondée au Louvre par Charles V, et actuellement au  British Muséum à Londres, contient f° 75 ce serment, que répéta chacun des  barons de Guyenne venus en l'obéissance du roi. Il a été reproduit dans le Bull. hist. et philol. du Comité des Travaux hist. et scientif.  (1896, in-8°,  n° 3 et 4).

[16] Arch. nat. Reg. du Tr. des Ch. coté 84, p. 283. — Dessalles, op. cit. II. 219, 255.

[17] Arch. nat. J. 642, n° 16".

[18] Froissart : Chroniques, tome VII, p. 428. (Soc. Hist. Fr.)

[19] Ibid., tome VIII, p. 6 à 9, § 671 ; 259, 260.

[20] Canton de Pleumartin, arrond. de Châtellerault (Vienne).

[21] Vibrac, canton de Châteauneuf (Charente). Cette seigneurie, antérieurement et longtemps propriété des seigneurs de Montenaude, comprenait, outre Vibrac, Angeac, en partie Saint-Amand-de-Graves et la portion est de Saint-Simon avec Hautemoure. Le château, aujourd'hui en ruinée, bâti par les srs de Mareuil, dans une Ile de la Charente, n'a guère été habité depuis le xviie siècle, ses propriétaires ayant d'autres châteaux. — L'église d'Angeac fut construite par Guy de Mareuil, époux de Jeanne d'Irchiac.

[22] Voy. sceaux ronds de Raymond et Geoffroi de Mareuil, dans la Sigillographie du Périgord, p. 117, 218.

[23] Dessalles, II, 409, 410, 417, 422, 423, 430, 434.

[24] Gallia Christ., 2e éd. I., col. 1322. Oublié par M. Roger de La Batut dans ses intéressantes notices sur les prélats périgourdins. — Voy. cachet ovale dans Sigillogr., p. 219.

[25] Brantôme, tome V, p. 395. Agnès portait en dot les terres des Bernardières et des Combes ; l'ainé de ses deux fils conserva la maison d'Authon ; le cadet eut les Bernardières et les Combes, qu'il afferma pour busquer fortune encourant le monde avec un cadet d'Angoumois, de Berneuil-Montsoreau.

[26] Le P. Anselme : I, p. 443. Elle eut sept enfants ; quatre, fils et trois filles.

[27] Dessalles. Livre III,11.

[28] Une querelle de préséance éclata notamment à l'entrée de l'évêque Gabriel Dumas à Périgueux (1498). Coll. Périgord : T. 65. Un siècle après, aux Etats de Nontron, le greffier appelait collectivement, et non plus nominativement : MM. les quatre barons. Et sur le procès-verbal, afin d'éviter toute priorité, ou traçait un cercle autour duquel on inscrivait leurs noms. (Bussière : Etudes hist. s/ Rev. p. 33.) C'était un procédé imité des Chevaliers de la Table Ronde.

[29] Dessalles, 99 et 108.

[30] Bull. Soc. arch. et hist. de la Charente, 1860, p. 119.

[31] Vigier, p. 325, 377, 379. L'arrêt se trouve aussi dans Dumoulin, Chopin, le Vest et autres.

[32] Cl: Le mariage de Nicolas d'Anjou, sgr de Mézières, arec Gabrielle de Mareuil, par Hugues Imbert. Congrès des Sociétés savantes des départements à la Sorbonne : Lecture du 18 avril 1873. Niort, Clouzot (extrait des Mémoires de la Société de statistique, Sciences, Lettres et Arts du département des Deux-Sèvres), 1874, in-8°, 62 p. avec pièces justificatives.

[33] Ce La Renaudie a été, je crois, le chef de la Conjuration d'Amboise. Le Laboureur prétend qu'il se nommait Jean, bien qu'on lui ait donné souvent le prénom de Godefroi.

[34] Mézières en-Brenne, arrondissement du Blanc (Indre.)

Vers cette époque, la Dauphine vint à Mareuil, où elle fit une entrée solennelle. Elle fit sortir de prison Claude Cravanges, prévenu de faux témoignage et à qui François Ier accorda peu après (août 1542) des lettres de rémission. Dessalles, 121 (renvoi aux Arch. nat. reg. Trésor char. 256, p. 365).

[35] Son portrait se trouve à la Bibl. des Arts et Métiers. Me 3, vol. 2, f° 44.

[36] Dames galantes, disc. 4°, T. IX, p. 358 des Œuvres complètes (Soc. Hist. Fr.) Gabrielle était la cousine du père de Brantôme « à cause de messire Guy de Mareuil, son père, lequel estoit cousin germain de mon grand-père à cause de sa femme Marguerite de Bourdeille maryée à Mareuil. Les alliances en sont encor peintes en la salle de la Tour Blanche, aux vitrages » T. X. p. 104.

[37] Le tome IV de la Bibl. hist. de la France indique p. 232 parmi une liste de Français illustres dans la collection Fevret de Fontette un portrait de Gabrielle de Mareuil, d'après un graveur inconnu. On ignore malheureusement ce qu'est devenue cette collection, possédée, prétend-on à tort, par la Bibl. nat. ; et toutes nos recherches sont restées vaines. Voy. Interm. des Chercheurs et des Curieux, n° 786.

[38] Elle testa le 28 octobre 1592, ainsi qu'on l'apprend d'une inscription scellée au mur près la clôture du grand autel du côté de l'épître dans le chœur de l'église de la Trinité de Poitiers pour une fondation de service religieux faite en exécution de son testament. Elle instituait un anniversaire perpétuel sur le tombeau de Jeanne de Clermont, sa tante, ancienne abbesse de la Trinité, et la somme devait être versée par très haut et puissant prince Henry de Bourbon, souverain de Dombes, duc de Montpensier, St-Fargeau, Châtellerault, marquis de Mézières. Un calque de cette plaque de cuivre armoriée (un parti d'Anjou-Mézières et de Mareuil) se trouve à la Bibl. nat., cabinet des Estampes. Coll. Gaignières. Pe 1 g. fol. 164. — Voy. aussi cachet dans Sigillogr. p 218.

 

[39] Mémoires de la vie de Jacques-Auguste de Thou, conseiller d'Etat et président à mortier au Parlement de Paris. Rotterdam, Reinier, 1711, in-4°, 276 p. — Plus tard, de Thou voyagea beaucoup. Il visita Bordeaux, qui avait alors pour maire Montaigne, « homme franc, ennemi de toute contrainte et qui n'était entré dans aucune cabale, d'ailleurs fort instruit de nos affaires, principalement de celles de la Guyenne, sa patrie qu'il connaissait à fonds. » Il se rendit aussi à Bourdeilles, où il découvrit avec ses compagnons une grande quantité de capillaires qui croissaient de tous cotez : « Bourdeilles est un des plus forts châteaux du Périgord ; il est situé sur un rocher baigné par la Dronne qui se jette dans l'Isle, et creusé par la nature ou par la violence des eaux de cette rivière. » Peut-être vint-il jusqu'à Mareuil!

Il honora toute sa vie Henri de Montpensier, « l'amour et les délices de son siècle », petit-fils de Gabrielle, comme il en fut pareillement aimé.

[40] Patin : Discours sur la vie et les œuvres de A. de Thou, Paris, 1824.

[41] Bulletin, décembre 1894. p. 465

[42] Dessalles, Livre III, 117.

[43] Guienne monumentale, tome I, p. 103.

[44] Félix de Verneilh : L'architecture byzantine en France, Saint-Front de Périgueux et les églises à coupoles de l'Aquitaine. Paris, Didron, 1851 in-4°, 316 p.

 

<<Retour